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payer tes intérêts Sc le capital a certaines époques ;
ou des avions qui repréfèntent un capital appartenant
à une compagnie formée d un nombre dinté-
reflfés qui ont chacun dans cette maffè une ou plusieurs
actions, en vertu de {quelles ils gagnent les
dividendes que les directeurs de la compagnie par-
tao-ent tous les ans aux actionnaires. Ces effets peuvent
circuler & circulent en effètaufli facilement que des
lettres de change ou des billets payables au porteur,
à cela près que leur valeur refpeCtiye eft fuiceptible
de variation , & q u e , pour valider la ceflion qu'un
actionnaire fait à un autre de FaCtion qu’il pofféde,
il faut que le nom de l’acquéreur de l ’aCtion, foiç
éc r it, à la place de celui du vendeur de la même
aCtion, dans les livres de la compagnie. Il n’en eft
pas ainfi des obligations qui font prefque toujours
payables au porteur , & qui par cette raifon appartiennent
uniquement & Amplement à ceux qui en
font les poffèffeurs. L a circulation des obligations,
des aCtions & autres effets publics, forme proprement
un commerce d’achat & de vente dont la pratique
eft utile & même néceflaire : malheureufemenc
i l s’eft introduit une autre pratique, non-feulement
pernicieufe au commerce en général, mais fouvent
funefte aux particuliers qui s y livrent incpnfidéré-
ment. Cette pratique s’appelle vulgairement je u
d ’actions ; & on entend par aclionnijles ceux qui
s*y livrent. Difons en peu de mots ce que ç’eft que
ce jeu , & ce qjji y a donné lieu.
Les fonds d’Angleterre ont jufqu’à préfenç excité
puiffamment la« cupidité des actionniftes. On y joue
de deux manières; par la première, on vend -une
aCtion qu’on pofféde à quelqu ün qui la defire, a
condition de la lui livrer à une certaine époque pour
le prix qu’on ftipule, mais à la charge pour les
deux parties contractantes , de fe rembôurîer réci-
praquernent la différence du prix convenu d avec
celui que vaudra l’aCfion a l’epoque fixée. L a fécondé
manière de jouer, çonfifte à faire à quelqu’un^la
vente conditionelle d’une aCtiq^ à un prix qu’on-
fpécifîe , avec l’obligation p o u f le vendeur, de la
livrer à l’acheteur, après un certain temps , mais
avec la liberté pour celui-ci de jrefufer de s’en charger
à ladite époque , moyennant une certaine primç
qu’ il s’engage de payer en ce cas. Les çje.ux exemples
fuivans rendront pljis fenfibles ces deux manières
de jouer. ; ,
A a. vendu à B io aérions de la compagnie des
Indes orientales d’Angleterre a raifon de i jo livres
fterlings chaque aCtion, & fous la condition de lui
livrer les 10 aCtions le i er. août liiivant. Les aCtions
ont hauffé à cette époque à 165 1,, & de cptte façon
l’acheteur fe trouve avoir gagné i ç o 1. j fi au contraire
elles avpient baifle à 140 1 . , il en auroit
perdu 100. Spuvent il arrive que celui qui vend ainfi
ùes aCtions n’en a pas une feule dpnt i l fe puiflç dire
maître; cependant'telle eft la manie du je u , qu’on
ne fait attention qu’à l’effet, s’en s’embarraffer fi la
Çaufe exifte ou nexifte pas. On a vu des joueurs
pouffer la folie au point cle ne pas craindre dç fç
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charger d’unô quantité d’aCtionS dbnt la valeur èeoià
beaucoup au-deffus de leur fortune , fè faire de Far«4
gent en hypothéquant ces mêmes aCtions à dès prix
plus bas qu’elles ne leur coutoient pour en acheter
de nouvelles, & continuer ce jeu jufqu’à ce qu’é-
crafés par des pertes réitérées , & par les frais qu’a-
voit coûté l’opération , ils fufFenç dans l’impuiffance
de faire face à leurs engagemens.
Second exemple de la manière de jouer dans les
aâions. A fait une gageure avec B que les aCtions
dç la compagnie Anglojfe des Indes orientales vaudront
au premier décembre prochain 160 livres fterlings
chacune , & il s’oblige à prendre de B 10
aCtions à ce prix en cas qu alors elles vaillent davantage
; mais fi elles font au-deflous de ce prix ,
il fuffira qu’il lui paie une prime de Ço livres fter-
lino-s. Au i er. décembre, les aCtions. ne fe trouvant
valoir que 150 l iv . , A paie à B la prime convenue
, les aCtions ne lui convenant point au prix de
160 l iv ., Sç fe libère ainfi avec ço l iv . , des 100 liv.
de furplus de la valeur aCtuelle-des 10 aCtions , s’il
les prenoit à iû o liv. Mais fi à l ’époque fixée les
aCtions hauffoi en t à 170 l i v . , il feroit alors de l’intérêt
de A de fe çharger des 10 aCtions, & il en
rembourferoit à B la valeur convenue, fçavoir i <?oq.
j livres.
On peut donc confîdérer le jeu d’aCtions comme
une gageure faite par deux aérionniftes dont l ’un
parie qu’elles hau {feront & l’autre qu’elles bai fieront
vers une époque fixée par eux, époque à laquelle
ils s’engagent de folder leurs comptes par le
rifeontre ou virement des fommes qu’ils ont gagnées
ou perdues dans leur gageure.
L e genre de commerce que nous venons d’expliquer
eft tellement -décrié à Amjlerdam , qu’il
n’y a que des maifons exceflîvement opulentes, ou
des gens paffionnément adonnés à ce jeu , qui ofent
braver l ’opinion,’générale de la bourfe qui eft de
n’accorder prefque aucun crédit au négociant qui fe
livre à un commerce auffi çtangerèux. Il en eft .autrement
du commetçç firnple .& naturel de l’achat
& de la vente des effets p u b lie sd an s le nombre desquels
on çomprend principalement les billets & obligations
d’un fouverain ou d’un état, ces billets &
obligaçiqns çonfervànt leur valeur tant que les intérêts
en fhnt payés exactement. L a manie des emprunts
ayant gagné des fouverains aux petits états,
de ceux-ci aqy villes, aux communautés, aux fo-
çiétés de commerce particulières, il y a aujourd’hui
tant d’efpèces d’effets publics , qu’il nous feroit difficile
, peut-être même, impoffible d’en faire Fénu-
roération, Nous nous bornerons donc à expliquer
de quelle manière fe font ordinairement à Amjlen
dam les négociations pour le compte d’un état, ou
pour celui de quelque fociété.
L a maifon de commerce chargée d’une pareille
négociation, dépofe d’abord entre les mains d un
notaire la procuration donc elle eft munie de la pars
de l’état, pour le compte duquel elle doit faire un
cynprûqt , de quatre millions .dè florins par exemple-
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Elle publie enftfite un profpeétus ou. eft expofé
! le plan qu’on fe propofe de fuivre dans cette opération.
Pour rendre celle-ci-plus fa c ile , on fait 4000
billets, chacun de 1000 florins courans payables au
porteur : dans ces billets l’état qui emprunte déclare
le temps auquel il rembourfera le capital, comme
' y j 10 , i f , î-o an s , plus ou moins; ajoutant que
les intérêts courront à raifon de 4 p f par an (plus
; ou moins ) jufqu’à l’entier rembourfement du capital
, & feront exactement payés chaque fîx mois par
[ la maifon chargée de l’opération. On joint en con-
j féquence à chaque billet de 1000 florins, le nombre
i'de coupons néceffaire, de zo florins chacun pour
chaque terme oi\ cette fonime doit être payée par
j la maifon chargée de là négociation, à mefure que :
!■ les intérêts de chaque billet de 1000 florins écherront,
fçavoir de fix mois en fix mois. Si les inté-
| rets n’étoient payables que chaque année , les cou-
| pons feroient de 40 florins, comptant l ’intérêt à 4
• p .| l’an. L a négociation ouverte, la maifon qui
opère fait négocier les 4000 billets par fon courhier
; celui-ci trouve furie champ des entrepreneurs
I qui avancent la fomme de quatre millions pour une
floromiflîon qu’ils fe font payer de 1 à z p f , plus
ou moins. Ces entrepreneurs placent enftiite pour
leur propre compte ces 4000 billets chez les capi-
taliftes qui ne demandent pas mieux que de placer,
leur argent fur de pareils effets, lors fur-tout qu’ils
ont de la confiance dans l’opération.
Les frais qu’une pareille opération coûte à l’état
qui fait l’emprunt , ne font point confîdérables eu
égard à la nature de la négociation; car fi elle fè
fait pour zo ans , ils ne s’élèvent guère qu’à ~ ou
tout au plus à | p f par an. Ordinairement ces irais
font de z à z ~ p f de commiflion pour la maifon qui
opéré, 1 à z p f ,. pour les entrepreneurs qui fe chargent
de tous les billets pour les placer enfuite pour
leur compte chez les capitaliftes, & 1 p § pour les
autres frais dans lefquels le courtage fe trouve compris.
Outre ce la , la maifon chargée de la néo-ocia-
fion,_ devant en payer les intérêts aux échéances
j refpeérives, prend fur la fomme à laquelle s’élèvent
ces intérêts une commiflion de 1 à z p § , fuien
t le plus ou le moins de peine qu’exige c e -
paiement.
Au furplus, ees frais peuvent être fufceptibles
ée plufieurs modifications , félon que l’opération eft
\ plus ou moins difficile & compliquée ; & la peine
I qu on fe donne pour la faire réuflir doit fervir de
, réglé pour le bénéfice des commiflïcnnairçs & autres
agens.
Cpnclujion du commerce (TAmjlerdam. Circonftances
qu i ajjurçnt à cette v ille le premier
rang parmi celles qu\ fo n t le p lu s grand
commerce dans les quatre p a r tie s du monde.
,,^ ar que nous venons de dire du commerce
■ dmjlerdam , on peut fe former quelque idée de.
* opulence de cette ville célèbre. Nous n’avon's pu ,
Murer dans les. détails des moindre^ brançhfts de cç
ïQmmerçft T m t U ■ i l .
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commercé ; elles n’en méritent pas moins à tous
égards l’attention du négociant qui defire fe mettre
en état de fpéGuIer avec fruit fur tous les différent
objets qui font partie de cet enfemble étonnant. Nous
ofons avancer ici qu’il n’y a pas de ville de commerce
dans l’univers qui préfente autant de reflour-
ces qu’Aniferdsim , pour la -vente & l’achat de
quelque article ' de' trafic que ce foit. Non-fcuîe*
ment on y trouve raffemblées toutes les marchan-
difes & denrées des autres nations, mais on y fa ic
tous les genres de commerce qu’ il eft poflible d’imaginer.
On diroic que cette ville n’eft qu’un entrepôt
commun des richefïès des autres peuples, con>
me elle eft en effet la patrie de tout étranger que
des convenances de commerce, ou d’autres affaires
attirent en H ollande..
Cette facilité qu’a un étranger, de quelque na»
tion qu’il puifïè être , de s’établir à Amjlerdam , d’y
vivre, de s’y occuper de-fes affaires , avec la même
liberté & les mêmes prérogatives, s’il s’eft fait recevoir
bourgeois , que l’habitant le plus ancien , que
celui même qui eft né dans le pays , eft une des
principales caufes qui y attirent & donnent de l’adl-
vité à une infinité de branches de commerce. (Le
droit de bourgeoifie ne coûte à Amjlerdam que
?o florins ). En effet, ces étrangers en venant s’établir
dans cette ville, apportent de nouvelles relations
& de nouvelles affaires de. leur pays, & font
ce qu’ils peuvent pour engager leurs compatriotes
à faire quelques entreprifes ne commerce ; circonf-
tance fi vraie , que s’il n’y avoit pas autant de maifons
étrangères établies à Amjterdam qu’il y en a ,
le commerce de commiflion tomberoit de lui-même
& qu’entraînant dans fa chute toutes ou prefque toutes
les autres branches de commerce', il occafîon-
neroit un vuide irréparable. C’eft une vérité conf-
tante que les'grands moyens font méprifèr les petits
bénéfices , ceux fur-tout qui exigent de Faffiduité &
du travail. Les Hollandois, quoique naturellement
laborieux & foigneux dans leurs affaires, nefefou-.
cieht guère d’en embraffer de trop grandes, principalement
quand ils ont affez de bien pour vivre
honnêtement dè l’intérêt, de leur argent. Les étrangers
au contraire , en venant s’établir en H ollande ,
font excités par l’ambition de fe faire une fortune
qui après un certain laps de temps les mette en
état de retourner dans leur pays, y pafîèr le refte
de leurs jours dans une agréable aifance ; d’après
ce plan, ils travaillent fans1 relâche à fe former un
capital. Mais tel eft le malheur des hommes, que
ceux même qui réuflifiènt dans leurs projetl ïîè
fçavent pas prefciire une borne à leur* ambition
& qu’efçlaves de cette paflion tyrannique , ils con-
fumenp leurs plus beaux jours dans lesfoucis, Gint,
avoir fçu jouir du fruit de leurs -veilles & de leurs
travaux.
Mais, pour revenir à notre objet qui eft d’achever
de développer les circonftances qui foutiennenf
le prodigieux commerce que fait Amjlerdam, nous
ne fai-fous point difficulté d'affluer que tant, que
Nsvm