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Elpagnols y ont tranfplanté d e l ’Aniérique , & qui
y réuflît parfaitement bien ; des peaux de ce r f, &
ae plufieurs autres animaux domeftiques & làuva-
ges ; des bois pour-les bâtimens de terre & de
mer ; du fil , & des draps de plantain , dont la*
pièce a fept à huit verges de long ; diverfes huiles,
entr’autres celles de graine de lin & de felànne ; les
graines dont ces huiles fe foht ; de la çivette , &
les animaux qui la produisent ; du vin de pa lme,
du fafran, des noix de cocos , & de toutes marchandifes
que cet arbre merveilleux produit ; enfin
d\i fagu , qui Sert de nourriture aux pauvres du
pays , & qui eft très-bon pour les Moluques.
On a parlé ci-delfus , à l’article des Moluques,
de la manière dont on y apprête la moelle de cet
arbre , pour en faire ou du pain , ou de la boil-
fon. A Mindanao , S& dans le refte des M a n ille s ,
l ’apprêt s’en fait différemment : au lieu de le râper,
comme aux Moluques , on le pile dans un mortier
avee de l’eau ; & le fediment qui refte , après
qu’on a laifle repofer l’eau , & qu’on l’a retirée
par inclination, fert à faire des tourteaux , qu'on
cuit fous la cendre,
Avant que les Hollandois fufîènt maîtres des ifles
des épiceries , c’étoit à M an ille ( qui les tiroit en
droiture des Moluques, & des ifles de la Sonde )
que les Chinois & les Japonois venoient quérir leur
caneile f le u r mufcade , & leur clou. Depuis ce font
les Hollandois qui en fournifTent ces nations , &
tout le reftë des Indes & du monde.
Les vivres & toutes les denrées font à fi bon
marché aux M an ille s , que quatre arobes de vin
de palme , qui font io o livres poids de France , ne
coûtent que 3 livres, monnoie aufli de France; douze
boiffèaux de ris ^ 6 livres ; trois ponles, 6 fols ; un
boe u f, 1 éca ; le cent pefant de fucre , 4 livres ;
deux grands paniers de fafran , r< fols ; le quintal'
de fèr où d’acier , 7 livres 10 fols & le reftë à
proportion.
ISP AH AM , capitale de la Perfe. Voye^ le détail
de fon commerce; dans l ’Etat général, tome I.
pages 408 , 40p. .
ISSU E. On nomme à Bordeaux droits d ’ijjiie ,
ç e qu’on’ nomme ailleurs droits de fo r iie .
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IT A L IE . (Commerce d')
§ . I er. L ’ i t a l i e e ft bornée a u nord par la Suifle
& l'Allemagne ; à l’eft par le golfe de Venife ou la
mer Adriatique ; au fud par la Méditerranée , & à
l ’oueft pa rle Dauphiné & la Provence. Elle eft fituée
entre lés 37 & 47e degrés de latitude feptentrionale,
&-les x6 & 36e de longitude orientale ; les géographes
lui comptent environ 170 lieues depuis la
Savoie & le Valais jufqu’au fond de la palabre ;
la largeur eft inégale.
L ’ Italie eft un des plus beaux & des meilleurs
pays de l ’Europe ; l ’air y eft pur & ferein , excepté
Jlans l’état de l’églife , & en général fain, quoique
1 T A
extrêmement chaud vers le midi. Il n*y a point de'
pays au monde où il y ait autant de villes, grandes,
magnifiques & bien bâties, qu’en I ta lie . Le terroir
y eft par-tout très-fertile en fruits & légumes ex-
cellens ; en ris, bleds, vins, olives, & par confé-
quent en huile^ La quantité de mûriers qu’on y
cultive fait qu’on y élève une infinité de vers â foie;
auffi la foie eft-elle un des meilleurs revenus de ce
pays ; caifon en envoie de grandes quantités dans
tous les cantons de l’Europe ou l’on'fabrique des
étoffes de foie. Les laines , le chanvre, le lin viennent
aufli fort bien en Ita lie . La manne de Calabre
& la térébenthine de Venife font fort eftimêes; On
trouve dans ce beau pays toutes les efpèces dè marbres
, agathes, çornalifies, criftaux, &c.'; F Ita lie
poflede des mines d’or, d’argent, de' fer, d’alun,
de vitriol. On y fabrique toutes fortes d’étoffes de
foie, de velours , des bas , des draps & autres étoffes
de laine, des toiles & une infinité d’autres articles.
Les volcans donnent beaucoup de foufre en Ita lie .
Quoique VItalie foit poiïedée par divers fouve«
rains, nous la eonfidérerons comme un feu l& même
pays dans la defeription que nous allons faire de fon
commerce.
Les villes maritimes principales d’Ita lie , font:
Livourne , Gènes, Venife & Naples. L e commerce
qu elles font, fur-tout les trois premières, confifte en
marchandifes qu’elles tirent , d’un côté, de divers
ports du levant, & d’un autre côte , des pays cir-
convoifins & limitrophes de Y Italie même-. Avant
de donner un détail du commerce' de ces villes,41
eft néceflaire de faire connoître les,lieux d’où vien«
nent les marchandifes qui contribuent à faire fleurir
• ce commerce.
§. II. Commerce de$ échelles du Levant.
On comprend fous len om S échelles , en terme
de commercé j les ports ou villes d’étape, où les
négocians & marchands Européens qui fuivent le'
commerce du levant, notamment les François, An-
glois, Hollandois & Italiens , entretiennent des con-'
luis & des commiflïonnàires ; où de plus ils ont des
magafins & des bureaux, & où ils envoient'régulièrement
chaque année des vaifleaux chargés “ de
marchandifes propres au levant, lefquels vaiffèaux
rapportent en retour d'autres, marchandifes, ou;fa-
briquées dans ces v ille s , ou venant du dedans des
terres. Les principales échelles du levant & où il fe
fait le plus de commerce, font: Smirne, A lexan •
drette , A l e p , Sey d e , Chipre, Echelle-neuve,
Angore, Beiba^ar, S a lé , Confiantinople , Ro-
fe tte j le Caire , le Ba flion de France-, Tunis ,
A lg e r , Tripoli de Sirie , Tripoli de Barbarie,
Nappli de Romanie, la Morée, l’ifie de Negre-
p o n t , l?iile de Candie, Dura^ro , Z e a ,' N ax is
& P a r a s , l’ifle de Tine & M ic o n i, Scio & les
autres ifles de l'Archipel les plus confidé.rabies *.
* Quelques - uns ajoutent à ces échelles encore
deux ou trois ports des royaumes de Fe^, Maroc
8ç Tremejen ; mais, comme ils font prefque tous
■ au-delà
I T A;
au-delà du détroit, bien des négocians leur refufent ’
Je nom d[échelles.
. De toutes cas échelles nous ne ferons unemention
particulière que de Conftantinople, Smimé , 1e Caire,
Tripoli de Barbarie, Tunis & Alger.
C o n s t a n t in o p l e , capitale de 1 empire Ottoman,
eft une des plus .grandes & des plus célèbres villes
de l’Europe; fa fituation fur le fameux détroit qui
fépare l’Afïe de l’Europe, à l’extrémité orientale de |
la Romanie ou Romélie, autrefois la Thrace, eft
la plus avantageufe & la plus agréable qu’on puiffè
imaginer. Cette heureufè fituation qui la fait en
quelque façon dominer en Afie comme en Europe,
jointe à la beauté,& à la fureté de fon port , en
pourroit faire la , ville du plus grand commerce du
monde , fi les habitans, qui font affujettis à une fe-rr ■
vitude qui leur ôte prefque,,1a propriété de leurs
biens, oloient p enfer à s enrichir par le négoce.;
ou fi les étrangers,, que ;le commerce y attire, y
étoient traités avec moins de hauteur Sc de févérité
& n’y étoient pas expofés à des avanies aufli
fréquentes que révoltantes. Malgré des raifons fi
propres à dégoûter les nations chrétiennes du commerce
de Confiant inople, on y voit en tout temps
arriver quelques-uns de leurs navires chargés de
diverfes marchandifes, particulièrement de draps :
c eft l’article qui forme la branche principale du
commerce d’importation à Confiantinopl^.Los marchandifes
qu’on en tire de retour font des laines
pelades & trefqidlLes, dont il fort année -commune,
5,000 balles, fçavoir, 1,000 des premières ,
& 3 ,000 des autres ; des peaux de,bufles, de. boeufs
& de vaches ; des ^Cendres-, dites potafehe , de la
cire jaune & quelque peu de fil ou p oil de chèvre.
Smirne , ville de la Natolie en Afie j'fituée dans
un golfe de l’Archipel, a un port célébré & capable
de contenir le. grand nombre de navires qui y
abordent de toutes les parties de l’Europe. Ces navi-
res portent à Smirne des piaftres , des draps ', des.
étoffes de foiei 8c de laine ,! des bonnets, du papier ,
de la cochenille , du tartre , du verdet, de l’indigo ,
du-^afé , d u fucre,-des épiceries, de l’étain & d’au-
V^i^rriçles.,;Le chargement de retour de ces navires
confifte prinèipalement ,en coton filé , - foies ,
ardaffes, ardaflines & fcerbafïi, poil de chameau ,
poil:de; .çhévre., c i r e n o ix de g a lle, peaux apprêtées.,
cuirs en p o il, laines de Caramanie, toiles
de coton, camelots , mouflèlines , drogues pour la
medecine , ambre, mufe , & une infinité d’autres
articles d’orient. Les négocians de Livourne envoient
tous des? ans. quatre ou fix : navires à Smirne ;
les Vénitiens , deux à trois ; & Gènes de.temps
en temps, quelques-uns.. O n voit auffi beaucoup d e .
navires François, Anglois -, Hollandois dans cette
echelle , . qui eft la première du levant.
- L e .C a ir e , capitale: rie l’Egypte , eft fitué fur
^e: d e f f u s des fept bouches par lefquelles
ce drie fleuve fe déchargé dans la Méditerranée. Alexan
& Rofette, éloignées l’une de l’autre de dix
a douze lieues, & qui font fituéès à deux des em- Commerce. Tome II. Part. II.
J t a ^ m
houcbrui'es du. N i lF e r v e n t rie,ports.à cette fameufè
ville,, qui en eft diftante de ^9 . lieues ; c’eft .dey.arrt
l ’unè ou 1 autre que les navires, d’Europe, vienn ;eitt
aborder,, pour y . décharger leurs marchand-ife
dont la majeure partie eft rieftiuée pour le Caire
c’eft aufli dans l ’une ou l’autre qu’ils attendent
prennent celles quion doit leur envoyer pour açhbr
ver la cargaifon ppur leur retour-:- celles-ci confif*
tent en une infinité de drogues pour la médecine,,
en café de moka , c i r e l a i n e , nacre rie perlés ,
toiles peintes,^toiles fimples, mouflelines & autres
pareils articles. Les marchandifes d’importation font
des» draps 8c étoffés_ de laine & de foie , des mé-r
taux de diverfes fortes , ouvrés ou non ouvrés, de
I4, cochenille , , &c.
. T it jp.oli de Barbarie,.capitale d’un royaume du
même nom, en Afrique..,,eft fitué far la côte de la
mer Méditerranée , dans uiie plaine £ablonéu£e à
11 o lieues de T un is , '8c 'i ^ o d’Alger. Les feuls articles
.qu’on tire.de T r ip o li .& qui forment prefque
tout fon commerce , font du fafran & des cendres
calcinées. .
T u n is , fur. la côte de Barbarie eft aufli capi-f
taie d’un royaume . de fon nom. Le^ principal 'coni-r
mercë de Tunisf avec l ’Europe ., fe fait avec les
Vénitiens & les Génois, qui tirent de cette ville.des
hu iles, b leds , cires, laines. , cuirs & maroquins.
A l g e r , capitale d’unpumant royaume du même
nom , eft fituée avantageufemeut fur le penchant
d’une coline, & a lin beau port bien défendu; cependant
le commerce d e . cette ville fe réduit à fi
peu de choie qu’il, ne mérite guère qu’on en parle ,;
i l , feroit moindre encore fans les' çou-rfes des, Algéfj
riens fur les Chrétiens dans .toute la Méditerranée ;
car les -prifes qu’ ils leur font, forment le principal
objet de leur commerce. On tire néanmoins de cette,
ville quelque peu de cu irs, .de cire , de cuivre ,
de laines brutes & couvertures de laines, de mouchoirs,
de datées,, de plumes d’autruche & quelques
autres articles.
§. III. Commerce Ses p r in c ip a le s ville s de Vin-*
térieur de /’Italie.^
R om e , capitale de Y lta lie , autrefois la plus
célèbre de toutes les villes ehi monde par fes riche f«
fes , fa magnificence , fa grandeur & fa population ,
‘.a confervé un peu de fa jcéjébrité , -parce, qu’après
la chute de l’empire romain, elle deyint;la refile:',ce
du chef fuprême da l’eglife c-hçétieane;; mais fi)a
commerce, eft, fi peù: de, choie., qu’elle tire prefque
tout, du .dehors par fon port,, qui eft Civica->
Vet:chia qu porto., où 1 e Tibre fe décharge,,dan§i
la mer. Les bateaux ont quatorze lieues pour remonter
de là à Rome. On tire de cette ville de
l’alun , des laines, de l’anis , de la terre d’ombre
& quelques autres articles. A ncône, M agliano ,
F o lig n i, Ravenne , Bologne & Ferrare, font les
autres villes principales de l’étar de l ’églile.
Milan , capitale du Milanois, eft une des plus