
I l s’y fait auflî quelques papiers dans les deux
moulins établis au bourg d'e S. Benoît.
COMMER CE D E L A R O C H E L L E , P A Y S
d’A üNÏS, X a INT ON GE , &C.
L e principal négoce de cette v ille , fi célèbre par
fa puiüknce & par fa chute , fe fait du côté de la
mer.
: Lés produirions des provinces & pays qui corvi-
pofent fa généralité , font des fe ls , des v in s , des
eaux-de-vie , des chanvres.
On y élève aufiï quantité d’excellens chevaux,
Le s arméniens 8ç cargaifons des Rochellois fe
£>nt ordinairement pour les ifles Françoifes de l’A mérique
, celle de Cayenne , la côte de S. Domin-
g u e , dans çe qui n’eft pas de la concefiion de la
compagnie établie en 16^8 , le Canada , la côte
de Guinée » les ifles Açores & le Portugal.
Avant le traité d’ Utrecht, ils en faifoient auflî
pour }a baye d’Hudfon & l ’Acadie 5 mais l ’une a
été reftituge , & l’autre a étç cédée aux Anglois par
çç traité,
. L a charge des vaiffèaux qui partent pour les Colonies
Françoifes des ifles Antille s, confîfte en tout
ce qui eft néceflaire pour l’habillement & la nourriture
des habitans, comme des vins, des eaux-de-vie
, de la farine , du boeuf d’Irlande , des toiles &
de toutes fortes de marchandifes feches. On y ajoute,
pour le Canada , de la quincaillerie, de la -mercerie
, des haches , des couteaux, des armes , des
aiguilles, de la poudre & du plomb.
On retire de ce commerce diverfes marchandifes,
fuivant qu’elles fe cultivent dans ces différens lieux 5
' D es ifles A ntille s, du fucre brut & b lanc, du
çacao, du rocou , du gingembre , de la caffe, de?
cuirs , des bols de Brefil, du bois de campêche', du
bois de citron, du carret, ou écaille de tortue, &
quantité dé fruits confits.
Saint-Domingue fournit de la cochenille, du quinquina
, du ca cao, du carraque , de la vanille , même
dés perles , des émeraudes & des piaftres 3 mais
comme tout cela provient des pnfes des flibuftiers
on n’y compte pas comme fur un commerce réglé.
Ses marchandifes font, lès cuirs , le tabac , & quelques
bois pour la teinture Sc la marqueterie.'
L e Canada & les Colonies du côté du nord donnent
de la morue verte & feche, du ftoekfiche’, du
foumon & des anguilles folécs, de l’huile de poiflon,
des mâts & toutes fortes de pelleteries ; mais celles-
pi ne font que pour la compagnie des caftors.
« T oui ce qui fe charge à la Rochelle pour les
» Colonies , ne paye aucuns droits de fortie ; mais
>> ce qui en revient & toutes les marchandifes qui
» s’y chargent "pour tout autre endroit , payent à
» l’entrée & à là fortie les droits des cinq greffes
» fermes, & généralement çous les nouveaux droits « î? meme quelques droits particuliers , tels que ce^
» lui de là prévôté, qui eft dé 4 dçPfoï? pour livre
9 Fefthpâffog.gj *' '* ’ ' -
L e nombre des vaiffèaux que les marchands de
la Rochelle employent au commerce des ifles , eft
environ de cinquante bâtimens, depuis quatre-vingt
jufqu a cent cinquante tonneaux. Ces vaiffèaux partent
dans les mois de novembre & de décembre pour
les vins nouveaux, & de temps en temps pendant
le cours de 1 année pour les autres marchandifes. Ils
reviennent aùflï en tout t-emp?.
Les navires deftinés pour le Canada & les Co lonies
du nord partent dans les mois de mai & de
ju in , 8c font leurs retours en décembre.
On va feulement ajouter ici les prix ordinaires
des principales marchandifes qui font les retours
des vaiffèaux de la Rochelle , & de quelques-unes
qu’on y envoie.
L e fucre brut fe vend vingt-trois à vingt-cinq liv.
le cent ; le fucre blanc, cinquante à foixante ; l’indigo
, fix francs la livre 3 le rocou , vingt fols 3 le
cacao., quatorze à quinze fols ; le coton, cent 8c
çent çinq livres Je quintal 5 le gingembre , trente â
trentercinq livres auflî le quintal. Il y a des pelleteries
de tout prix. Pour le caftor , il n’y a que la
compagnie qui en puiflè vendre.
L e boeuf d’Irlande {è vend depuis quinze jufqu’â
vingt livres le baril 3 le fuif du même pays , trente
livres le quintal 3 & le beurre auflî d’Irlande , depuis
foize jufqu’â, vingt-cinq livres le cent.
Il faut remarquer que ces prix changent quelquefo
is , augmentant & baiffant fuivant les conjonctures
3 mais Fon a pris une eftimation moyenne , à
laquelle ils ont coutume de toujours revenir.
En temps de gu e r re , les Suédois. & les Danois
viennent à la Rochelle charger des vins & des eaux-
| de-vie.
Pendant la paix,, les Anglois & les Hollandois y,
en chargent pareillement 3 à quoi ils ajoutent du
papier d’Angoulême , des toiles de Barbefieux , des
ferges de Poitou , des fyrops , de l’indigo de Saint-
Domingue , & des,caftors de là compagnie,
On envoie auflî de la Rochelle des eaux-de-vie
en Normandie & en Picardie 3 en Portugal , des
foieries de Tours & de L y on , & des étoffes d’A miens
& de Saint-Maixent 5 & en Efpagne., du cacao
des Colonies Françoifes de l'Amérique,
L e commerce que les marchands de la Rochelle
font à la côte d’Afrique , leur fournit du morfîl ,
des cuirs , d e là cire & de la poudre d’or. Celui de
Portugal, de la mofeouade du Brefil, du chocolat
de l’écorce de citron -, des oranges & du tabac d<?
Brefil. L ’Angleterre/, du plomb & de l’étain. L ’Ir*
lande, du boeuf Talé pour les Colonies, des beurres
des fuifs & des cuirs. Enfin la Hollande , des épiceries
, des fromages & des huiles de baleine.
L e commerce d’Afrique , d?Efpagne & de Portugal
n’étant pas ré g lé , les Rochellois n’y defti-
neat pas un certain nombre de vaiffèaux ,fe contentant
d’en armer foivant les conjonctures. Pour celui
d’Angleterre, de Hollande & du Nord , il fe fait
plus ordinairement par les i$yij:es de ces na,-
tlons , qui viennent elles-mêmes charger les mar-
chandîfes qui leur conviennent. .
Les raffineries de la Rochelle font très-confidé-
rables 5 & c’eft-là que font raffinés tous les fucres
bruts qui viennent des ifles par les retours des vaif-
féaux.
Les fels policrètes & anodins que les droguifles
de la Rochelle préparent, font propres pour l’Ef-
pagne & le Portugal, où l ’on en fait quelques envois.
I S L E D E R H É.
C ’eït dans Yijle de R h é que fe fait cette excellente
fenouillette , ou eau-de-vie d’anis , qui a une
égale réputation en France & dans les pays-étrangers
, particulièrement parmi les nations du Nord.
Cette ifle eft fort abondante en, vins & en fel. L e
vin y eft méd io c re .m ais il eft excellent pour en
faire de l ’eau-de-vie 3 on prétend qu’année commune,
i l s’en enlève près dé quarante mille barriques , que
les habitans font brûler.
O n ne parlera pas des pêches abondantes de
toute forte de poiflons frais , qui fe font le long
des côtes du pays d’Aunis & de Xaintonge , nï de
celle des fardines qui fe nomment fa rdines de
R o y an , qui fè fait aux mois de juin 8c de juillet à
l ’embouchure de la Gironde , .parce que le débit
n’en eft que pour les provinces de la généralité,
ou quelques-unes qui en font voifines, & que d’ailleurs
, â l’égard des fardines folées , il en eft parlé
à un endroit particulier. Voye-{ s*ard ine.
On fèT^cont entera même d’indiquer en cet endroit,
que c’eft dès marais folans de Brouage-, de
Marennes & de l’ifle de R h é , que fe tire cette
quantité extraordinaire de fel qui fuffit prefqu’à tout
le royaume, & qui en fournit encore en abondance
âux etrangers 5 ce commerce, qui fait la plus grande;
& la plus- folide richéflè de cette généralité, méritant
un article particulier.
M É M O I R E f a r ce qui fe pratique au bureau
général de l a Rochelle , lorfque les vaiffèaux
y arrivent ou en fartent.
Lorfqu’un maître de navire ou barque arrive dans
les rades ou havre de la Rochelle , il eft obligé de
venir au bureau faire fa déclaration dans les 24
heures , dans laquelle il doit'faire mention généralement
de tout ce qu’il a dans fon bord, ne fut-il
même que de relâche.
S’il décharge dans cette ville , après qu’il a mis en
général tout ce qu’il a dans fon bâtiment, il explique
en détail le nombre des balles ., ballots ,
caiffès , tonneaux, &c. qu’il peut avoir pour chaque
mardhand en particulier , duquel i l met le nom dans
fa déclaration, l’extrait de laquelle eft pris par les
officiers dés quais & de la patache , pour s-’en fèrvir
a la vjfite & déchargement du bâtiment.
Apres la déclaration ainfi faite , le marchand à .
qui la marchandife eft adreffée vient prendre 'fon
congé, fur lequel le commis qui le délivre, met le
numéro de l’a déclaration, & les receveur & contrôleur
y cottent un garde. C e billet de congé doit
être rempli non-feulement de la qualité & quantité
des marchandifes , mais auflî du poids, fuivant l’article
I V du titre II de l ’ordonnance du mois de février
16 84.
L e congé eft enfuite porté par le marchand aux
receveur & contrôleur , qui en chargent chacun
leur regiftre tout au long , avec cette différence néanmoins
qu’ils laiffènt le poids en blanc , oblicréant
en même temps le marchand qui le leur apporte
de faire fa foumiffion fur un regiftre particulier ,
qu’ils appellent le regiftre des déclarations des
marchands, Par cette foumiflîon il s’engage de
payer les droits de fes marchandifes, dont i l énonce
le p oid s, ainfi qu’il eft mis dans la déclaration qu’il
a donnée au commis-fcribe qui lui a donné fon
congé , & qu’il eft porté par ledit. billet de congé.
On remet enfuite le billet entre les mains du garde
cotte & nommé pour la décharge dés marchandifes ,
par les rèceveur & contrôleur 3 lequel gardé avertit
un des officiers des quais pour être préfent à ladite
décharge.
Les marchandifes, à mefure qu’elles fortent du
bâtiment, font portées au bureau , & y font conduites
par un garde qui en charge les vifiteurs , & leur
remet le congé après avoir certifié au dos, que la
décharge en a été duement faite.
Lorfque quelque marchand fe préfente pour retirer
fes marchandifes , les vifiteurs les lui délivrent
après les avoir vifitées, pefées , comptées ou mefu-
rées fuivant leur nature & qualité.
S’il fe trouve quelque différence fur la qualité de
la marchandife, on faifît le tou t, fi ce n’eft que for
la quantité ou nombre on faifit feulement l ’excédent^
mais lorfque la différence eft fur le poids-, fi-elle,eft
confidérable, on retient-ce qui eft excédent à là. déclaration
du marchand , & l’on en dreflè un procès«*
verbal pour en pourfuivre la çonfifeation & raraeii-
de.j- fi. , au contraire, il fè trouve moins de marehan-
difes qu’il n’en a été déclaré, on en fait néanmoins
payer les droits conformément à la déclaration.
L e poids & la vifite étant faite par les vifiteurs,
ils le portent fur leurs regiftres , & chargent pareillement
les billets de congé, qu’ils rendent enfuite aux
receveur & contrôleur, pour remplir le blanc.qu’ils
avoient laifle dans ceux qu’ils tiennen t pour la recette
& contrôlé.
Après la vifite, il eft permis aux marchands de
foire porter chez eux leurs marchandifes, quoiqu’ils
n’en payent pas les droits comptant, le bureau leur
accordant ordinairement trois mois pour le paiement j
ce qui va fouvent â‘ quatre , a cinq & quelquefois à
fix.
L ’on donne des acquits à caution pour les marchandifes
qui fortent par mer & par t e r r e ,& Ton:
fait payer j feavoir , quand les droits vont à vingt
fols & au-denus , jufqu’à 3 livres 2 fols 6 deniers, &
lorfqu’ ils montent à 3 livres & au-defîiis , y fols.
Les paffavancs fè donnent indifféremment par mer