
len e y , Ponaar , &c. ; bien foignés & tirés à p ropos,
ils fè gardent trois à quatre ans. Avalon produit du
vin rouge qui a du corps, & fouti'ent beaucoup
mieux le tranfport que les précédens , auxquels il
eft d'ailleurs inférieur. Joigny a des vins rouges ef-
timés, mais inférieurs aux précédens. L e vin de
Chablis eft un vin blanc, fin , .léger & d'une fève
très-délicate. On le compare au vin de Murfàult.
Plufieurs le préfèrent au vin de Champagne 3 cependant
fi quelquefois il égale ou furpafle celui-ci, il
lui eft communément inferieur. On recueille aufli à
Auxerre , & particulièrement à Tonnerre , de très-
bons vins blancs, qui ne cèdent guère à ceux de
Chablis. Une qualité effentielle aux vins d'Auxerre,
ïren cy , Coulanges, Chablis, c’eft d'être ce qu'on
appelle f r a n c s , c ’eft-à-dire, fans aucun goût de terro
ir , qualité aflez rare & que n'ont pas toujours les
vins les plus célèbres. Les vins de la bafle Bourgogne
s’enlèvent pour Paris, la Normandie , la Picardie
, la Flandre & l’Artois. Les marchands de Rouen
en envoient de la première qualité en tonneau dans
l'Angleterre & la Hollande. Ils en envoient même
en Danemarck, en Suède & en Ruffie 3 mais ils ont
foin de les mettre auparavant en bouteilles. Tous
les vins de Bourgogne s’accommodent mieux du charroi
que du tranfport par eau. L e temps propre à
voiturer les vins de Bourgogne, eft depuis le mois
de janvier jufqu’au mois de mai inclufivement ; on
prend aflez communément la précaution de les faire
voiturer en double futaille ou en emballage.
G r e n o b l e , capitale du Dauphiné, eft le chef-
lieu de toutes les fabrique^ des environs à trois
lieues à la ronde. Les principales marchandifes qui
fortent de ces fabriques fon t , des draps , des dro-
guets, ratines , ferges & autres étoffes de laine 3 des
toiles , des chapeaux, du papier & des cuirs. On
trouve aufli dans ce gouvernement des manufactures
d'ouvrages de fer & d’acier , ces métaux étant
abondans dans le Dauphiné, pays couvert en grande
partie de montagnes. Les autres villes & bourgs de
cette province qui méritent d’être nommés, font V oi-
ron , Tu lin ,St. M a r c e llin , B o y b o n , Sesre, Beau -
repaire, St. Jean-en-R oyans j P o nt -e n-R o ya ns ,
Crejl) Montelimarty Tillinant, D ie u - le - f it , B u i s ,
Valence & Vienne. Il fe fait une aflez grande
récolte de foie en Dauphiné, furtout dans le haut
& bas Valentinois & dans les baronies 3 les mûriers
qu'on y cultive viennent parfaitement L a manufacture
de Vienne pour le moulinage & le devi-
dao-e des foies eft confidérable 3 elle entretient un
grand nonbre d'ouvriers. L e filage’des foies occupe
aufli quantité de femmes & de filles du peuple.
V . Commerce d e là Provence y du Languedoc,
du Comte' de P o ix , & de la P r in c ip a u té de
Béarn.
Ces gouvernemens , particulièrement les deux
premiers, font aflez " fertiles en productions naturelles
, principalement en fruits, dont le débouché
eft facile.par les ports de Marfçille , Toulon
& Cetfe , qui en expédient tous les ans de fortes
parties pour l'étranger.
M a r s e i l l e eft non - feulement la ville la plus
commerçante de toute la Provence 5 mais elle peut
encore, par la richeflê & la réputation de fon
négoce, entrer en concurrence avec les principales
villes du royaume q u i, peut-être , l’emportent
fur elle à beaucoup d’autres égards. L e ’ commerce
de cette fameufe ville ne s'étend néanmoins guère
au-delà d e là Méditerranée, fur laquelle elle s'eft
toujours confervé un commerce très-floriflant 3 8c
fi fes vaifleaux pafient quelquefois le détroit, ce
n eft que pour aller dans les ports que la France
a fur- l'Océan , '& dans quelques autres ports des
nations voifines, ou tout au plus aux Ifles Fran-
çoifes de l’Amérique , oi\ les Marfeillois ont coutume
de borner leurs voyages de plus long cours.
Nous n’entrerons pas ici dans un grand détail touchant
le commerce que les François font aux
échelles du Le van t, parce que nous en parlerons
à l’article de l’Italie où cet objet trouvera fa place
mieux qu’en cet endroit. Nous obferverons feulement
que les François 8c fur tout les négocians de
Marfeille y ont fait des établifîemens de commerce à
Conftantinople, Smirne, Salonique , la Ganée , Chi-
pre , Alep , Acre, Seyde, Tripoli de Sir ie , le Ca ire,
Alexandrie, Rofètte & dans les échelles de la Morée ,
fçavoir. Modon & Navarrin ÿ Patras, Corron & Naples
de Romanie j il y a encore une échelle à Larta
& trois autres en Barbarie , où les François ont
formé des établiflemens. C ’eft avec de grandes difficultés
que s’eft élevé le commerce de cette nation
au Levant j il fait à préfent un objet de quarante
millions, tant d’envoi que de retour.
Les marchandifes d’envoi peuvent être divifées
en trois efpèces , la première en marchandifes du
cru ou des fabriques du royaume 3 la deuxième en
denrées de l’Amérique 5 la troifiéme enfin, en mar*
chândifès étrangères.
Les marchandifes du cru ou des fabriques du
royaume font compofées , pour la plus grande partie
, de draps qui fe fabriquent en Languedoc fous
les noms de M ahoux , Londres , Londrins larges
y Londrins ordinaires ^ fe i^ a in s , vin g ta in s ,
vingt-quatrains & vingt-fixains ; de draps d’E l-
bceuf, de Louviers, de Sedan & plufieurs autres
draperies inférieures ,du Languedoc 8c du Dauphiné j
de ferges , camelots , bonnets façon de Tunis ,
fàtins , tabisd’or & d’argent 3 de toiles, liqueurs,
huile , bijouterie , plomb en grenaille , d o u x ,
quincailles & beaucoup d’autres articles.
Le s denrées dé 1 Amérique qu’on envoie au
levant font, de l’écaille de tortue , du gingembre,
quelques pelleteries , du fucre en poudre 8c en
pain , du café & de l ’indigo. Enfin, les marchandifes
étrangères confiftenten girofle , canelle , mufeade ,
poivre , ambre g r is , bois de teinture , cochenille ,
vif-argent, co ra il, tutie , liège , plomb & étain.
Les retours du Levant font du ris , des bleds,
orges , raifins fecs;, fromages, vin de C h ip re ,
éponges, cire 3 du féné , de la rhubarbe & autres
drogues médicinales 3 des foies de différentes qualités
, des laines , cotons , crins, poils & fils de
chèvre 3 des cuirs en p o il, du cuivre & du bois de
bonis 3 des huiles d’o live , des cendres , des noix
de galle , de l’alun , du Vitriol 3 des marroquins ,
peaux de chagrin, tapis , étoffes de lain e , mouchoirs
, mouflelines peintes & autres articles.
L e négoce que font les Marfeillois fur les côtes
de Barbarie , n’eft pas bien confidérable. Ils envoient
à Tripoli en Barbarie des vins & des piaftres, &
ils en rapportent du féné , des laines & des plumes
d’autruche. Les navires doivent porter à T unis, des
noifettes , des châtaignes & autres fruits de Provence
5 & ils rapportent en retour du bled , de la
cire & du caillotis. A A lg e r , le commerce fe fait
comme à Tunis : on y trouve du bled & des cuits.
Les négocians de Marfeillë font un commerce
de cabotage très-grand fur la Méditerranée , en production
de leurs pays & en marchandifes du Levant
& des côtes de Barbarie , lefquelles marchandifes
font débitées en grande partie dans divers ports
d’Italie & d’Efoagne. 'C’eft dans le dernier de ces
états que les Marfeillois font leur commerce. Ce lu i
qu’ils font Hors de la Méditerranée n’eft pas à beaucoup
près fi confidérable j i l confîfte en fruits de
toute efpèce , en quelques vins liquoreux , dont la
confommation en pays étranger n’eft pas bien grande,
en quelques marchandifes du Levant 8c en favon
blanc & marbré. Donnons un compte fimulé 3e ce
dernier article pour l’ufage de ceux qui voudront
en faire la fpéculation.
Compte fimulé de 100 demi-caiflès de fa v o n marbré> pefànt
>• enfemble • • • • • Brut 24,140 tt>
Tare . . . . 2,446
Cordes,1 . . . 100 * (> DK a1b a•is, 3,22t.
Cercles , ■ . • 17*5 f
Bon poids • • 500
Net . 21,019 a 22^ 1. le q 1. .•L . 4,729 j e
Efcompte à; 4 \ p £
F r a i s , d’expédition.
Pefage & droit du r o i , ........................................
Aux porte-faix pour paflage & port au niagafin
Pour port à. b o r d .................... .... » •
Pour la caifie à 25 f. piè ce , . . . . . . •
A u x emballeurs , cordes , cercles , &c. . . .
Billet de chargement & courtage, • ! . . . .
Çommifllon fur L . 4,746 à 2 p | . '. . • . .
2 12 16
4.S I * 9 6
3“ 19 6
, 4,839 8
.. T o u lo n eft une ancienne & forte ville , avec un
des ports les plus grands & les plus fùrs qu’on
connoifle , ouvert au midi & garanti des vents du
nord par les hautes montagnes qui l’entourent de ce
côté. L ’arfenal eft fourni de tout ce qu’il faut pour
les vaifleaux de guerre. On y fabrique des canons ,
des bombes , grenades , boulets & autres inftrumens
de guerre. Toulon fait aufli quelque commerce en
vin & autres articles, mais pas aflez pour qu’il foit
compté parmi les villes commerçantes.
Antibes y M a rt igu e s & la Tour-du-Bouc, font
les trois ports de Provence les plus confidérables
apres Marfeille & Toulon. Les autres villes de
ce gouvernement qui méritent d’être nommées ,
font A i x y capitale de la Provence, A r le s , H ie r ëS y
Fréjus , Grajfe , D ig n e , A p t , A v ig n o n , Çar-
pentras. Comme les manufactures ne font pas aufli
multipliées en Provence quelles polirroient l’être , &
qu’il n’y a que celles de favon qui excèdent la
confommatron néceflaire au pays , il arrive de là
que fon commerce , qui d’ailleurs embrafîe tous les
objets , eft plus aétif que p a flif, & plutôt d’induf-
trie que naturel au pays.
T o u l o u s e , capitale du Languedoc , eft fituée
fur la Garonne. Cette ville a des manufactures de
couvertures & bas de laine , de chapeaux , cuirs ,
bergames & petites étoffes. -
M o n t p e l l ie r , ville après T ouloufela plus confî-
dérable du Languedoc*, eft une des plus peuplées, des
plus riches & des plusagréables du royaume de France.
Il s’y fabrique quantité d’eaux fpiritueufes, telles
que l’eau de la reine d’Hongrie , l’eau de canellê, de
lavande , de cédrat, &c. qui fe débitent avec le plus
grand fuccès , tant en France qu’ailleurs ; on y fait
aufli des confitures féches & liquides, des parfums, &c.
&c. Il y a d’ailleurs à Montpellier une blanchiflèrie
de cire , & nombre de fabriques en futaines, taffetas
, couvertures de laines, cuirs , toile s, indien