
leurs fe déterminent rarement à envoyer leurs vaif-
féaux jufqu’à la Caille Saint-Louis & r if le a V a ch e ,
parce que les fucres font moins bons qu’au C a p ,
& que les habitans les font trop attendre pour leurs
payemens.
Les vailfeaux qui reviennent de la côte de Saint-
Domingue , rapportent ordinairement de trois fortes
de marchandifes, du lucre b ru t , de l’indigo & des
cuirs de taureaux ; il eft rare de leur voir rapporter
d’autres marchandifes , à moins qu’elles ne proviennent
des prifes fur les Elpagnols, fur les Interlopes-
JAnglois ou Hollandois , ou fur les Forbans.
L e fucre brut paye au r o i , en arrivant, 3 pour
cent d e l’évaluation, eftiméà 17 1. 12 f. par quintal
net ; c’eft le propriétaire qui paye ce droit, & n’en
doit aucun autre s’il le fait fortir du royaume pour
l ’étranger ; ce qui arrive rarement, parce que la
plus grande partie de tous les^ chargemens de fucre
brut qui arrivent à la Rochelle , fe confomme
pour les rafineries de cette ville ; ils" fè vendent
depuis 25 jufqu’ à z6 livrés le quintal fuivant leur
qualité;, payables à differens termes de 3 , 5 & 7
mois , à les prendre dans l’entrepôt, c’eft à-dire , que
l’acheteur s oblige d’en payer les droits d’entrée au
bureau des fermes , qui confident , fçavoir 5
Chaque quintal de fucre paye 1 6 f. 8 d.
Les 4 f. pour liv. de 16 f. 8 den.
montent à . ..................... . 3 4
Pour le domaine d’occident chaque
quintal doit . • • • • • « . « . . 1 1. i j " 4
D e manière qu’un quintal de fucre
b rut, non compris les trois pourcent,
paye . • • • • • • . • . . . 2 1. 13 f. 4 d.
Comme ces bariques -qui contiennent les fucres
bruts font très-pelântes , le vendeur donne à l’acheteur
17 pour cerit de tare, & en outre quatre livres
de trait par chaque barique.
Lorfque ces fucres proviennent de vente de nègres
, ils ne doivent que la moitié des droits dè
l ’autre pa rt, ce qui fait une différence de z 6 f. 8 d.
par quintal 5 mais on exige toujours au bureau des
fermes le droit de trois pour cent en entier.
L e fucre blanc ou cafîonade de Saint-Domingue
jja y e à l’arrivée le droit de trois pour cent de l’évaluation
qui eft réglée à z 8 liv. le quintal, dont on
déduit la tare à- 17 pour cent ; fi l’on envoie ces
fucres à l ’étranger , ils ne doivent aucun autre droit.
S’ils fe vendent pour fe débiter en Franc-e , ils
payent.au bureau des fermes les étroits ci-après.
Chaque quintal de fücre blanc doit
au r o i , .............................. 6 I.
Pour les quatre fols pour livre , . . 1 4 f.
Pour le domaine ' d’occident par
quintal , . * • • * • * ....................2 * ■
P 1. 4 f.
vant leur bonté & qualité, depuis 35 jufqu’à 41 1.
le quintal net , jpris dans l’entrepôt, c’eft-à-dire ,
que 1 acheteur s oblige encore de payer au bureau
des fermes du roi les droits de p 1. 4 f. mentionnés
ci-defîus.
L e vendeur donne à l’acheteur 12 pour cent de
tare par quintal à caufe du poids de la barique , &
41* de trait par chaque barique.
Afin de donner une idée parfaite à ceux qui ne
font pas inftruits du commerce des fucres que les
vailfeaux rapportent des ifles de l’Amérique, & du
profit que l’on fait fur les marchandifes & denrées
que l’on y envoie à fre t, qui ordinairement n’excède
pas de 50 à 70 pour cen t, à moins d’une difette
extraordinaire , ce qui arrive rarement , pour lors
1 on profite de 1 occafion, & l ’on peut gagner jufqu’à
cent pour cent.
U n particulier envoya à la Martinique , les mar-
chandifes fuivantes.
zo bariques de vin de Bordeaux, faifànt 5 tonneaux,
revenant avec les frais, commiflîon & droits
de rivière , à raifon de z zo 1. le tonneau , fait la
fomme d e ........................ • . . n o o 1*
50 barils de farine de Nérac à
? $ 1. io f . le baril, tous frais compris
, . . . . . . . . . . . 1175
Pour le fret d’encombrement de
douze tonneaux, à io o l .................. 1200
Port à bord du vaille au & arrimage
,.. . \ . 20 -
To ta l 2 /jp 5
Vente à la Martinique en troque de fucre blanc >
à 3 7 livres le quintal»
S ç a v o 1 r :
18 bariques de vin à 140 I. la barique , les
deux autres bariques ayant fervi pour rempliffâge
ou ouillage , montent à . . . 25:20 1.
50 barils de farine de. N é ra c ,
à 60 1. le b a r il, montent à •' « 3000
^ j •
Sur quoi à déduire pour maga-
finage , commiflîon & autres dé- _
penfes . . . . . . . . . . . 206 8 f.
Refte . . 5313 1. 12 f.
Paiement en fuere blanc ou caffonade.
24 bariques de fucre b la n c ,. pelant enfemble net
14000 1. à 37 1. le quintal, font la
fomme de . . . . . . . . • 5181.
Pour divers frais &port à bord, 133 12 fl
| § 8 .1- H
Ces lucres ou caflonades blanches fe vendent fui-
Reception & vente defdites 24 bariques de fucre
à la Rochelle.
Vendu à M ..„ 24 bariques de fuc re b lan c , payables
comptant,
prifes dans l’entrepôt,
pefant
, 15440 i . j Net ,3 i, à
Déduction de M f , j l . ,8 f. le
tX ÏX ’853 > «« C^r u s n i
par b arique, p é j %
F ra is fa it s pour déception & vente de f dits fucres
a la Rochelle.
P.our les porter
au bureau \
& dans lema-
* g afin, . . •
P-our les avaries
ordinaires
& extraordi14
1. 12 f.
naires, . .- .
Pour les droits
de trois pour
7* 10
cen t , . . •
Pour le fret,
à un fol de la
liv re, 14 pour
s% 16
cent déduit, •
Pour le poids
663 î8
du r o i , • •
Aux portefaix
pour les
3 M.
pefer, . . •
Au x commis
de l ’entre3
5
pôt , . • • .
Pour la commiflîon
à deux
pour cent de
6
la vente, . •
Ports de lettres
& magafî-
96 n
nage , M • 12
P 7 i 1. 1 2 f . 3 dl
To ta l du produit net des fuc res , 3 8 7 11. 1 2 ^ 3 d.
Net produft •
Achat. • . .
Profit „
3871 1.' '12 f.
349 5
376 1. 12 f.
Si ce particulier àvoît fait aiïurer pour l’aller &
le retour , il lui en auroit coûté 10 pour cent , ce
qui auroit abforbé le gain qu’i l , a fait fur fes
denrées.
Quoique ce profit paroiffe modique , comme il
eft véritablement, il eft encore à proportion plus
favorable que celui qu’ont fait les armateurs depuis
trois années confécutives. Plufièurs ont perdu des
fommes confidérables fur leurs arméniens ; fi leurs
vailfeaux n’avoient pas rapporté des fucres & indigo
à fret à très-haut p r ix , la plupart n’auroient pu continuer
leurs armemens ; c’eft ce feul article qui les
a foutenus dans leur commerce maritime ; & l’on
peut avancer en général que ceux qui ont eu le
plus de bonheur, n’ont pas gagné au-delïiis de 151
à 25 pour cent ; les gros frais que les armateurs
font obligés de faire , tant en France qu’à l ’Amérique
, les droits du roi , les aflurances, & le haut
prix que les habitans de l ’Amérique vendent leur
fucre & indigo , caufent une perte confidérable fur
les retours & denrées que l’on rapporte, à' caufe
des déchets ordinaires fur ces fortes de marchandifes ,
qui font au moins évalués d 6 pour cent.
D u commerce de Vindigo,
Uindigo que les vailfeaux rapportent de Sainf-
Domingue , eft de deux qualités, que l’on appelle
vulgairement cuivré & bleu ,* ce dernier eft plus efti-
mé , & vaut ordinairement-huit fols par livre plus
que le cu ivré, s’il eft tout bleu fans être mêlé.
L 'indigo pris à Saint-Domingue en l’année 1 7 2 7 ,
a coûté depuis 52 f. jufqu’à 58 f.
L e beau cuivré s’eft vendu hors de l’entrepôt, de
3 1. à 3 1. 2 f. la livre ; le bleu fans être mêlé ,
depuis 3 1. 6 f. jufqu’à 3 1. 10 f.
Lorfqu’on vend f indigo , l’on le pèfe n e t , c’eft->
à-dire , qu’on le renverfe fur une toile afin de pefer
la barique féparément pour en faire la tare.
Le vendeur fait à l’acheteur : une déduction de %
pour cent fur le total du montant de la vente.
L 'indigo de la Grenade ou de la Martinique , eft
plus commun que celui de Saint-Domingue , & fe
vend 8 à 10 f. par livre de moins, à caufe de fa qualité
inférieure.
Uindigo paie à. fon arrivée- trois pour cent de
l’évaluation eftimée à 46 f. la livre ; en outre 5 livres
par quintal, 8c les 4 fols pour livre.
Le s cuirs tannés paient au roi les droits de trois
pour cent de l ’évaluation à 48 liv. le quintal; ceux en'
poil paient les trois pour cent de l’évaluation à 5 liv .
r o fols par cuir ; ils fè vendent ordinairement de 6 à
7 liv- félon leur plus ou moins de pefanteur.
C O M M ER CE DE L A R O C H E L L E
a v e c C a y e n n e .
Les armateurs de la Roche lle n’envoient chaque
année qu’un ou deux petits vailfeaux à Cayenne qu’ils
chargent de vin,.eaux-de-vie, farine y chandèlle, &
'd’autres marchandifes fèches, propres pour l’habillement
& confommation des habitans ; ils rapportent
en retour du fucrè blanc ou calïonnade , du fucre
terré, & du rocou en pain & en malfe.
L e fucre blanc vaut à Cayenne depuis 25 1. jufqu’ à
3 o> 1. le quintal net.