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du commerce de tous les peuples. II y a d'ailleurs
un motif pour les nations tant du nord que du
midi de l’Europe, de le fervir de l’entremife des
Hollandois pour le faire réciproquement les paie-
mens de leurs envois ; & ce motif fondé fur la défiance
réciproque qu’elles ont les unes des autres, lublîf
tera fans doute long temps, peut-être toujours, &
par ce moyen les Hollandois conferveronc cette
branche qui n’eft pas des moins importantes, & des
moins lucratives de leur commerce.
Les opérations en font fimples & faciles. Un négociant
de Bordeaux ayant befoin d’un chargement de
chanvre, donne ordre à fon correfpondant de Ko-
nigfberg de l’acheter pour fon compte, & d’en
prendre fon rembourfèmenc fur une maifon de
Hollande qu il lui indique. Il fait parc en même-
temps à cette maifon, de l’ordre qu’il vient de donner
à fon ami de Konigfberg, la charge d’accueillir
les traites que celui-ci tirera fur elle dans
le cas que l’achat du chanvre ait lieu, lui ordonne
d’affr éter un navire fi l’expéditionnaire la prévient
qu’il n’en peut pas affréter un chez lui, & enfin
lui recommande le foin de faire l’affurance de la
fomme que ledit expéditionnaire lui marquera valoir
le char gement du chanvre, avec tous les frais. La
maifon de Hollande , fuivant la bonne régie , écrit
alors à celui qui eft chargé à Konigfberg, de lexé-
cudon de l’ordre du négociant de Bordeaux , & lui
fait part des ordres dont elle eft munie par le même
négociant. Elle attend la réponfe, & d’après les
avis qu’elle reçoit de l’expéditionnaire de Konigfberg
, accueille les traites de celui-ci, affrété le j
navire, & effectue l’affurance félon qu’elle en eft !
requife. Cela fait , elle prévient de tout le négociant
de Bordeaux , lui fournit Ses comptes d’affrètement
&d’afturance , & prend fur lui le rembour-
iement du montant, de même que celui des traites
fournies par l’expéditionnaire de Konigfberg, a
moins que le négociant de Bordeaux ne lui en faiïe
la remife dans le temps. '
De même, un négociant de Dantzick ordonne à
fon commifîionnaire à Bordeaux, d’acheter pour fon
compte une partie de vin, de café & d’indigo , dont
il devra ordonner l’aflîirance à une maifon a Am fier-,
dam qu’il lui indique ; & fur laquelle le même
commiflionnaire a ordre de prendre le rembourfe-
ment du montant de fes envois. La maifon & Amsterdam
prévenue de ces difpofitions, par le négociant
de Dantzick, accueille* les traites du commiffion-
naire de Bordeaux, & foigne l’affurance fur la
valeur des marchandifes que charge celui-ci dans
le premier navire deftiné pour le port de Dantzick./
La même maifon d’Amjlerdam ne pouvant pas
prendre le rembourfemént de fes avances fur le
négociant de Dantzick, en attend la provifion que
celui-ci a le foin de lui faire parvenir avant le temps
de l’échéance des traites ;du comrpiflfonnaire de
Bordeaux,
- Voilà deux exemples applicables à toutes les
villes de commerce du midi & du nord de l’Europe.
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1 II nous refte à expliquer les maximes que tout négociant
d'Amjlerdam eft tenu de fuivre rigoureufe-
men t, par rapport aux acceptations dont il fe mec
à découvert pour compte étranger, afin de fe confer-
ver le crédit & la réputation dont il jouit fur la
place.
En général le négociant d' Amjlerdam t ifolé dans
le cercle de fes affaires, fans aucune communication
, fans aucun rapport particulier'd’intérêt avec,
i qui que ce fo i t , n’en eft pas moins expofé à la cen-
fure de tous les individus qui forment le corps dont
il eft membre , & qui ont les yeux plus ou moins
attachés fur lu i, en raifon de l’intérêt que chacun
croit avoir de l’obferver. D e - là , le fyftêrne de la
plupart des maifons, fur-tout de celles qui font le
commerce de lettres de changé, de, n’accorder aux
négocians de la p la c e , que des crédits proportionnés
à leurs facultés refpeCtives. Cela fait fouvent
que le crédit d’un négociant eft borné à des limites
plus refferrées que ne font fes moyens, & fouvent
auffi plus étendues que fes facultés ne le comportent.
Auffî , dans le commerce , comme en bien
d’autres chofes, eft-on quelquefois dupe de l’apparence.
Il eft des .négocians qui font d’excellentes
affaires- fans fe faire remarquer , tandis que d’autres,
en attirant les yeux fur eux par leur étalage , en
font de beaucoup moins bonnes, h Amjlerdam on
fe fait une efpèce^d’étude de calculer les crédits de
prefque toutes les maifons ; ce qui fait que la plupart
, même parmi celles dont le crédit eft pour
ainfî dire inébranlable, font fort circonfpeCtes, dans
l’appréhenfion de voir rouler dans, la place une
trop forte maffè de papier fur elles , n’y ayant rien
qui nuife autant à la réputation, d’un négociant-,
que le grand nombre d’acceptations auxquelles il
s engage. Fondés fur ce principe, les négocians
d3Amjlerdam ont pour maxime d’éviter autant qu’ils
peuvent le commerce d’acceptations. Par cette raifon
, ils n’accordent que des crédits bornés aux
maifons de commerce avec lefquelles ils font en relation
dans l’étranger 5 & ils aiment mieux que celles-
ci leur faflent des remifes des fommes dont ils fè
trouvent en acceptations pour leur compte, que
d’être obligés à s’en rembourfer en tirant fur elles.
L a raifon en eft fimple & naturelle : il eft extrêmement
difficile de. trouver fur la bourfe, des perfonnes
qui prennent du papier d’un négociant pour de plus
fortes fommes que celles que peuvent comporter
les affaires qu’on lui connoît ; fouvent même il ne
peut y en négocier qu’une partie ; au lieu qu’il lui
eft ailé en tout temps de fe faire efcompter les
bonnes lettres de change qu’il peut avoir en portefeuille
, à un intérêt raifonnable & toujours avantageux
pour l u i , attendu qu’il porte en compte a
fes commettons l’intérêt ordinaire de 4 p£ fuiyant le
ftyle de la place. Une autre majime très - utile
qu’obferve rigoureufemeut le bon négociant Hollandois,
éft de ne fe prêter à.accepter des traites , dont
l’objet fegarde une. fpéculatjon en marchandifes,
qu’avec Ja condition expreflè qu’il fera charge en
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même-temps du foin d’en faire l’affùrance. Il gagne
par ce moyen une double commiffion, &c fi- on le
charge d’affréter le navire, il a encore le bénéfice
de la commiffion fur le fret , comme nous l’avons
dit ailleurs.
L a commiffion ordinaire d’acceptation de traites ,
pour compte d’un tiers , eft comptée à £ p £ , &
prefque toutes les maifons fuirent là-deffus la même
régie. Il y en a cependant quelques-unes qui fe contentent
de quelque chofe dé moins, fuivaqf les ca?
& les circonftances q u i, d’un autre côté, concourent
à rendre le fort de l’accepteur plus avantageux.
Dans les opérations de banque , où l’on ne fçau-
roit retirer un bénéfice-honnête, qu’avec de l’économie
dans la commiffion & les autres frais, les
arrangemens que font entr’elles la maifon aCtive
& la maifon paffïve d’une opération quelconque4}
different fuivant les conditions auxquelles l’opération
elle-même eft fubordonnée. En fuppofant qu’il
n’y eut point eu de conditions faites‘ pour une opération
de banque dans laquelle un banquier de
Paris auroit remis à une maifon 8 Amjlerdam , du
papier long ou cou rt, fur cette dernière ville , pour
en avoir les retours en papier fur l’Efpagnej la
maifon d’Amjlerdam en remettant au banquier de
Paris, le compte de l’opération , luipaiïèroit d’abord
l’efcompte de fes remifes à 4 p£ l’an , puis -
p| de commiffion, & enfuite 1 p££ de courtage
pour les retours. Les chofes feroient bien différentes
fi la maifon d'Amjlerdam, par une convention
avec le banquier de Paris , s’étoit obligée à efcomp- 1
ter les remifes que celui-ci lui auroit faites 5 à lui en i
faire les retours fur l’Efpagne fans lui en faire
payer de courtage 5 & à fe rendre garante du papier
des mêmes retours : dans ce cas ce feroit dans la ■
cbmmiffion que tous les frais fe trouverofent compris, '
& cette commiffion ne pourroit pas être moindre^
de y à | p | , ni plus forte que 1 p £ , pour que le i
banquier de Paris & la maifon d’Amjlerdam y
trouvaffènt réciproquement leur compte. I l y a des
conditions moyennes entre celles du premier & du
fécond exemple que nous venons de rapporter j elles
fe préfentent fi naturellement à Pefprit de tout négo- I
ciant qui fait en cette partie , qu’il feroit inutile de
s’y arrêter. »
L'es négocians J l Amjlerdam qui ont de grands
capitaux., ou des ronds morts, hors de leur commercé
ordinaire, ne manquent pas de moyens pour i
en tirer parti. Ils peuvent tous lés jours placer leur
argent à un intérêt, modique il eft v ra i, mais' f ur
& profitable, & cela de deux façons 5 l’ûne en prenant
des lettres de change fous efcompte, au cours !
dont on convient ; l’autre en avançant de l ’argent
fous hypothèque dé marchandifes,"Où d’autres effets
reeJs y dont la valeur doit) fervir de garantie au prêt
a l’intérêt qu’en doit retirer le prêteur. ' 1 -
La première méthode eft la plus généralement
lui vie par toutes les maifons d’Amjlerdam qui ont
eloin de fonds pouf leur commerce, avant l’é-
chéance de« lettres de change qu’ils ont en porte-
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feuille. Rien de plus commode & de plus avantageux
que cette manière dé fe faire de 1 argents
Eft-on pourvu der bon papier payable à deux ou trois ‘
mois dans la place , on en donne la note au courtier,
qui trouve fur le champ des perfonnes qui efeomp-
tent les lettres de change qu on leur prélente, à un
intérêt modique. Cet intérêt varie du plus au moins
entre z & 3 p f l’an , fuivant l’abondance ou'la-
rareté d’argent qu’il y a fur la place. L e courtage
qui eft de 1 par mille, eft payé par la maifon
feulement qui a fait efcompter le papier qu’elle a
jugé à propos.
L a fécondé méthode defe procurer de l ’argent,
fous l’hypothèque de marchandifes ou d’autres effets,
convient peu a une maifon établie à Amjlerdam ,
& lui feroit perdre infailliblement une grande partie
du crédit qu’elle pourroit avoir fur la place} auffi
n’eft-elle pas fort en vo gu e, & peu de maifons d’un
certain nom prennent 1e parti d’hypothéquér des
marchandifes à elles appartenantes pour fe faire
de l’argent. Mais il eft des cas où. la réputation des
maifons qui font hypothéquer, foit des marchandifes
dont la vente n’eft pas courante, foit des diamans,
& d’autres effets précieux, ne fouffre nullement,
parce que l ’on fçait qu’elles en agiffent ainfi par
commiffion étrangère , & non parce qu’elles ont
elles-mêmes befoin d’argent. Les capitaliftes H o llandois
fe prêtent volontiers à ces forces d’opérations,
dès qu’ils font fùrs qu’ils ne courent aucun rifque,
d’autant plus que le bénéfice eft plus grand que
celui de l ’efçompte des lettres de change. L ’intérêt
fur ces fortes d’emprunts, roule de 3 a 4 p f j& l e
courtage eft de £ p£, que doit payer au courtier
celui qui emprunte. Au re fte , les capitaliftes qui '
prennent en hypothèque un effet, quelqu’il fo it ,
ont foin de le faire taxer préalablement par des
experts, & de n’en avancer que la £', les f ou les ^
de la fomme à laquelle il a été évalué fuivant la
nature de l’effet & d’autres circonftances. L a maifon
chargée d’effeCtuer une pareille opération , fe fait
payer pour fa peifpe, une commiffion de 1 à 1 p£
plus ou moins, fuivant la convention qu’elle peut
avoir faite avec fes commettans.
L e crédit que les négocians & les capitaliftes Hollandois
accordent à une puifiance. ou un état quelconque
, eft fondé fur les revenus que cet état ou
püiiïance peut exiger dp fes fujets fans nuire ni au
commerce ni à l’agriculture, & fur la perfuafion où
font les prêteurs, que l’emprunteur remplira exactement
fes engagemens. D’un au.tre côté, le crédit
que ces mêmes capitaliftes accordent aux grande*
compagnies de commerce, eft fondé fur l’idée qu’ils
ont de leurs’ reflburces. Ces deux fortes de crédits
ont donc chacune leurs limites refpeCtives, & ce
font ces limites, tantôt p lus, tantôt moins refferrées,
qui occafionnent dans les effets publics , une altération
de valeur qui donne lieu au commerce qui s’en
fait.'Ces effets fo n t , ou des obligations qui représentent
la dette qu’a contracté l’état envers les acquéreurs
defdites obligations, à qui i l s’engage d’en