
pièces de tres-bonnes étamines, qui contiennent cha-
cune de 41 à 43 aunes ; elles fe vendent de 2,8 à 30
fols 1 aune : lorfqu’elles fortent pour être envoyées
<ians les provinces , elles payent 3 1. du cent pelant,
& les 4 fols pour livre.
C O I G 11 A C ET SON ÉLECTION.
L a ville de Coigruic 8c fort élection , eft compos
e dans fèpt à huit lieues de circuit , de 149 villes,
bourgs, paroiïïes , villages , châtellenies , & hameaux
j toutes les terres font labourables, vignes ,
près & bois d’un bon rapport. L ’on n’a pas jugé à
p ro p o s , crainte d’ennuyer le lecteur , de rapporter
par détail les noms de toutes ces villes , bourgs , 8c
paroilTes , il fuftrra pour la làtisfa&ion du p u b lic ,
de fçavoir le grand commerce qui fe fait chaque
annee d’eau-de-vie & de vin dans cette ville & fon
élection.
11 fe recueille , année commune , dans f élection
de Coignac, deux cent mille banques de vin propre'
a brûler, qui font cinquante mille tonneaux, qui
doivent produire 13 400 pipes d’eau-de-vie de trois
banques. Chaque pipe que l ’on appelle vulgaire-
fiient fur le lie u , pièce de trois banques d’environ
81 veltes, quelquefois plus ou moins, parce qu’il
y a des pièces qui contiennent j'ufqu’â 90 veltes;
d autres 75 , 78 , 80, 8c 83 veltes : l’on compte
toujours que le produit ordinaire eft de plus de
quarante mille banques, qui contiennent chacune
zy veltes d’eau-de-vle.
Lorfque l’année eft abondante , ce produit peut
augmenter confiderablement & même doubler cette
quantité,
Il y a des années que. les vins font foibles : en
ee_eas il faut fix banques de vin pour en faire une
d’eau-de-vie de 27 veltes. I l eft rare de faire une
banque-d’eau-detvie avec quatre banques de vin ;
lï les vins font paflablement bons , neuf banques
de vin font deux banques d*eau-de-vie de 27 veltes.
L ’eaurdervie de Coignac eft fupérieure 8c plus
eftimée que toutes les autres : les étrangers en font
charger a Charente chaque année de 24 à 27 mille
banques.'
Lorfque les vignes de la rivière de Loire manquent
, il s’en voiture de grandes quantités par
terre à Châtelleraut pour la route de Paris , &
même pour la Flandre dans le temps de Guerre;
mais dans celui de paix toutes les eaux-de-vie de
Coignac 8c des environs , deftinées pour l’étranr
ger y fe chargent par mer à Charente ,' fur les vaift-
feaux de plufieurs nations, ou à fret fur des bâtimens
François«
Il fe tientjj â Çoignactoûs les famé dis de chaque
fomarne , un 'marche pour la vente dés éaux-de-vie ;
tous .les marchands & . brûleurs s’y aftemblcnt pour
faire'ce cômmerée : en 1728 la Banque deaû-de-
vie^ de 27 veltes , yaloit' 8o' J. dans les magasins du
çndçnrj -
D ro its que pay en t les eaux-de-vie dé Coignac,
Les nouveaux droits d’une barique
de 27 veltes ou de 2 16 pintes,
font de i
L e droit de revente eft de
Si la barique d’eau-de-vie fé-
journe plus d’un jour dans le lieu
où elle eft tranfportée, • 1
Enfin, l’eau-de-vie doit le droit
de vente à chaque mutation de
main, â moins que celui qui la
charge , ne prouve qu’elle eft
faite du vin de fon crû , & que
ce foit pour fon propre compte
qu’il l’envoye.
Chaque b a r iq u ed ’eau-de-vie ,
qui fe charge, à Charente, paye
au bureau des traittes , 15
d’eau-de-vie
1. 1 f.
4 9 d.
1. 1 6 f.
De manière que s’il fe charge feulement à Charente
chaque année 27 mille banques d’eau-de-vie
de C oign ac, le droit feul de 15 1.-16 f. par barique
produit au roi par année 426600-1.
L ’ élection de Coignac produit encore, année
commune , 2500 tonneaux de vin de grande ,
moyenne & petite borderie ; il s’en recueilloit autrefois
une plus grande-quantité, niais le grand hiver
de 1705 , a fait mourir les plus anciennes vignes
qui étoient celles qui produifoient le meilleur vîn
ae cette qüalité , & depuis ce temps ils ne font pas
auffi bons qu’ils l’étoient auparavant.
C’eft dans les paroilTes dé Rîchemond, Jaurefàc
& Saint-Laurent , qu’on recueille tous les ans environ
800 tonneaux ae vin de grande borderie; lorC
qu’ils font doux & bons , ils fe chargent pour Hollande
, Angleterre & le nord; ils fe conlervent ordinairement
à la mer pendant les voyages de long
cours ; mais fi la douceur leur manque, ils ne
font point potables , & deviennent troubles, brunis
8c tournés pendant le voyage.
Dans les bonnes & moyennes borderies , on y
recueille ordinairement 2^0 tonneaux.,de vin; & dans
les petites, de 14 à i f o o tonneaux dont la plupart
le brûlent pour faire des eaux-de-vie , c’eft-a-dire ,
ceux qui fe trouvent de rebut..
L e tonneau de vin de grande borderie tiré au fin ,'
revient ordinairement à 200 1.
L e tonneau de moyenne borderie , à 1 170
L e tonneau de petite borderie , à 140-
Lesprixci-deflus font a peu près ce que fe vendent
eés vins, année commune ; quelquefois dans
les grandes yinées ils valent moins, & fe vendent
fùivant leur qualité 8c bonté.
Le vin ne paye que 3 6 fols par tonneau lors de
l’enlèvement, qui font payés par le vendeur 8c 20 f,
pour le droit derevente, qui fe payent pa rle chargeur.
Si le vin féjourne plus d’un jour entier en
ville , il paye encore 33 f. par tonneau pour le droit
d’inlpéétevir aux boiflbns ? foit qu’il fe charge ou
qu’il demeure en magafin ; s’il palïè d’une main à
une autre , la revente eft encore due comme delfus :
les traitans multiplient ce droit tant qu’ ils peuvent,.
& 1 interprètent à leur avantage. Car il eft dit par
led it qu’il ne doit rien qui’après trois jours defejour;
mais ils comptent le jour de l’arrivée, celui du lendemain
& le j‘our qu’on le charge ; ce qui fe fait
quelquefois en moins de quarante heures*
A N GO U L S ME.
Le feul commerce d’ Angouléme fe borne a
quatre fortes de denrées & marchandifes.
L e plus confîdérable eft celui des eaux-de-vie,
qui peut aller tous les ans de 5 à 6000 bariques ,
qui payent les mêmes droits que celles de Coignac.
Le fécond commerce eft celui du papier qui fe
fabrique dans ladite ville.
L e troifiéme, eft celui du fafran, dont on recueille
tous les ans environ 3000 1.; ils’eft vendu autrefois
jufqu’à 40 !.. la livre ; en l’année 1728 il ne valoir
que 20 â 25 1.1a livre.
L e quatrième , eft celui du produit des forges de
l’Angoumois 8C du Périgord.
C O M M E R C E D’ O R L É A N S .
ET DE SA GÉNÉRA L I TÉ .
D É T A I L du commerce des productions de la '■
généralité d 'O r léa n s y p a r fe s élections.
. L e grand commerce de f élection à'Orléans 8c
de celles de B lo is 8c de Beaugency , confifte en
vins & en- eaux-de-vie, qui s’enlèvent pour Paris ,
ou qui fe débitent dans le refte de la géné ralité
cCOrléans. On en vend auffi aux Anglois & aux
Hollandois, lorfque les vignobles du pays Nan-
tois 8c ceux de lifle de Rhé, ont manqué. Qn
prétend, qu’année commune, l’Orléanoispeut donner
jufqu’a cent mille tonneaux de v in , & que Blois
& Beaugency n’en fourniffent pas moins.
L a Beaujfe 8c le Vendômois produifent quantité
de bleds & autres grains : ceux du Vendômois ,
la confommation du pays prélevée, fe conduifent
par terre dans les marchés de Tours & de B lo is ,
& dans quelques autres petits marchés des environs
ceux de la Beaufte font la plupart pour Paris. Il fe
recueille auffi quelques vins dans le Vendômois,
qu on mène par charrois en Normandie , dans le
Maine & dans le Perche.
L élection de Châteaudun produit du v in , du
bled & des fruits. Les fruits fervent à faire des
cidres qui fe confomment fur les lieux. Les bleds 8c
vins ont le même débit que ceux de l ’éle&ion de
Vendôme.
L e pays Chartrain 8c fon élection e ft , fi. fertile
en bled, qu il peut en fournir plufieurs provinces ,
aiifti ceux qu on y recueille en font tout le commerce.
O n les mene dans les marchés voifins, d’où les marchands
de Châtres les tirent en détail pour en faire
Commerce, Tome I L P a re . I,
des magafins , 8c les vendre enfuite en gros avec des
grands profits , lorfque l’occafion s’en préfente.
Les élections de D o u rd a n s 8c de P e th iv ie rs ,
abondent pareillement en bleds : ceux del’éleétion de
Dourdans fo conduifent à Môntlhery & à Paris par
charrois : l’éle&ion de Pethiviers débite les fiens i
Orléans , â Montargis & à Etampes.
Les vins, les bleds , les fruits 8c les foins , font
les productions des élections de M o n ta rg is 8c de
Clamecy ; mais il s*en fait peu de négoce au dehors,
ce qui s’en recueille fuffilant à peine pour le pays
L e débit s’en fait dans les marchés des villes ou les
gros bourgs de l’une & l’autre élection.
L e fafran qui fe recueille à Boifne 8c â Boifcom-
mun dans le Gâtinois, forme auffi un commerce
cqnfidérable dans cette géné-alité. Voye^ safran.
Il y a auffi des mines de fer qui y entretiennent
plufieurs forges. Les fers & les ouvrages de ce métal
qui y font fabriqués , s’envoient dans les grandes
villes voifines, à des marchands qui en font un trafic
aflez confîdérable.
Com merce de la ville d’ Orléans.
L a ville à’Orléans eft. proprement l’entrepôt de
toutes les marchandifes qui fe tr&nfportent par la
Loire fur laquelle elle eft fituée , foit en montant
foit en defeendant.
Il eft vrai que la plus grande partie eft deftinée
pour Paris, où on les conduit par les voitures de
terre & par la commodité du canal, que de l ’O r léanois
q u i i traverfe, on appelle c a n a l d’O rléans •
mais il y en refte auffi beaucoup, partie pour l ’ufàee
du pays , & partie qui fe répandent enfuite dans les
provinpes voifines.
L a Loire en defeendant, lui procure les marchant
difes que produifent la Provence, le Languedoc ,
le Lyonnois , le Bourbonnois , le Nivernois, & le
Berry , avec celles qui entrent en France par la
Méditerranée :. & la même rivière en remontant
lui apporte les marchandifes de l ’Océan , & celles
de la Bretagne , de l’Anjou , du Poitou 8c de la
Touraine.
Les-marchandifes de tous ces endroits qu’on amène
â Orléans , font des b leds, des avoines, des vins
des eaux-de-vie, dès vins de liqueurs, des épiceries
, des fircres, des fels, des foies , des laines
des chanvres, des huiles, du fe r , de l’a c ie r , du
poifton falé & d’eau douce ; des fruits, des fromages
, des bois, quarrés, d’autres de feiage. & de cha-
ronage ; des planches de chêne & de fàpin , des
échalats, des bois de chauffage, du charbon de bois
8c de terre ; de la poterie ., de la fayance , des - ar-
doifes, des pierres, des cuirs , 8c plufieurs autres
fortes de fembhbj.es marchandifes , du crû des pro vinces
que la Loire arrofe , ou qui n’en font pas
éloignées.'
De toutes ces marchandifes , celles dont les marchands'
d'Orléans font 'le plus grand commerce
font les vins, les eau x -d e -y ie le s bleds & l’épice -
Ü o