
4e Surinam & 4a la rivière des Amazones, le tout
forme une efpèc'é de gouvernement de plus de iod
lié.iiies de côtes dans la Guy aune, L ’ifle de Cayenne,
qui donne Ton nom à ce gouvernement, & qui le
prend elle-même d’une rivière , dont les deux branches
la féparent de la Terré'fermé, eft fie liée au 4e* degré 40 minutes de latitude , à une centaine de
lieues diï grand fleuve des Amazones. Cette ifle a
environ 18 lieues de tour/dont cinq font baignées*
Par. fO c é a n ," & le refte par les’ deux branches de
T a rivière dé Cayenne. Son principal négoce con-
ufte en Lucre', cacao, rocou, indigô, coton & vanille.
Ce pays donne les plus beaux bois qu’on
jauiiïè employer pour la marqueterie. On y cultive
aufli du tâbàc.
Les François ayoient autrefois des poiïeflîons con-
fidérables fur le continent de l ’Amérique Septentrionale
; mais, depuis qu’ils ont cédé la Loùifianne aux
Elpagnols , & que la Nouvelle—France avec le Cap-
Breton leur a été enlevée par les A n g lo is , ils n’ont
çonfervé que les ifles de Saint-Pierre & de M iquelon
pour fervir d’abri aux navigateurs François
qui vont à Terre-Neuve , ou qui y demeurent pour
fa ire la pêche de là morue. Ce trifte établiffement leur.
a 1Xîf n}e été pris par les Angloîs au commencement
"de la guerre aéfuelle entre dès deux nations rivales.'
Nous avons peu de chofe à dire des établifle-
mens 'qu’ont les François aux Indes orientales, &
du commerce qu’ils y font depuis l’année 1769 ,
que le r o i , en fufpendant le privilège e x c lu t de.
la compagnie des Indes, accorda 4 tous {es fujëts
la liberté depuvviguer & de commercer aù-delà du
Cap dé-Bonne-Efpérànce. Cette liberté du commerce
de l’ înde fut néanmoins affujettiepour les armateurs
particuliers à l ’obligation de fe munir des pâfleports
de la compagnie , à qui ils paient un droit de cinq
pour cent fur toutes les marchandifés venant des
Indes 8c de la. Chine, & de trois pour cent fur toutes
celles venant des ifles de France & de Bourbon;
& de p lus , à l’obligation de faire leur retour dans
le port de l’Orient? exélufivçment à tout autre. Les
armateurs particuliers expédient aux Indes toutêsles
années en temps de paix plusieurs navires, qui vont :
faire le commerce fur les côtes du Bengale / d eC o - \
romandel & de Malabar; de même qu’à la Chine, ;
dans le golfe Perfîque & dans la mer Rouge. L é s .
François ont des factoreries dans tous ees'pays , .&
Sis y ont poiT/dé jufqu’ici les loges &" lés . établît- :
femèns fuiv.ans.
PONDicHERy , ville fïtiieé dans les terrés du prince ■
de G i ç g ÿ , à 1 2, dégré’s dé làtitudfe , 8c 98 dégrés 7 .
-minutes de longitude/ ëtojt avant la guerrë a&üelle
l ’entrepôt des marchandifés que les François ap-
portoient d’Europe aux Indés , & de celles de l’Inde
qu’ijs deftinoietit tant pour l ’Europe., que pour la
Perfe & la mer'Rougé. Les matenandifes que les
'Fraèçôis achettent aux Indes ; principalement aux
côtes de Malabar, de Coromandel, de Surate &
de Bengale, pour envoyer en Europe? font du poir
yrp , des étoffes dç coton 8c eje fôjç * dçs mouçhoirs
de coton, des diamans & autres pierres précieufes ;
du coton filé , de l ’indigo , du ris & quelques autres
articles;
M ahé, fur la côte de Malabar; K a r ic a l / F a non
& Ida^itlipatam , fur la côte de Coromandel ;
Chandernagor, dans le Bengale, & Surate , font
les lieux où les François avoient avant la guerre des
loges .&! comptoirs. aux Indes. v 1
/ L i l l e B o u r b o n , qui eft au nombre des ifles
d Afrique , 'appartient aux F ratlçois depuis \6 jz \
elle eft proche de I’ ifle de France, diftante feulement
de 40 lieues de la grande, ifle de Madagafcar
ou de Saint-Laurent, & de 100 lieues du Cap-
I de-Bonne-Elperance. On lui donne io lieues de Ion«*
fur 8 cle large , 8c 60 de tour. Elle produit du café
qui eft inferieur à celui d’Arabie / da-poivre blanc,
de l’aloes , du tabac , du bois d’ébène &c ; on trouve
fur le rivage de l’ambre g r is , du corail & beaucoup
de coquillages.
L ’ifle d e F r an c e , ci-devant nommée ijle de
Cerno ou Ijle M a u r ic e , eft ficuée au 18e. degré
30 minutes, à n lieues de l ’ifle Bourbon. Elle n’ a
que 15 lieues de tour, mais le fo ly eft crès—Fcrèile ,
& produit également deS fruits des Tildes & dés
fruits d’Europe. L ’air y eft aufli très-fain 8c propre
à rétablir les équipages fatigués de la mer. Sa principale
utilité confifte dans fes deux ports.
Les François ont quelques établiffemens fur les
côtes d’Afrique , un peu en deçà & au-delà du Cap-
V e rd , pour la commodité du commerce en mar-
chandifes, & pour la traite des Nègres/Ils font feuls
maîtres avec les Portugais , du commerce qui fe fait
vers le Cap-Vérd, & dans l’étendue çomprife entre
la rivière Sénégal, qui eft une des branches du
Niger , & I^i rivière dç Serre-Lionne. Sur la côte
d’or /'& dans les royaumes d’A c a rà , Lampi, Jud a,
Ardres , Bénin, A n go la , Congo , Loango , M à -
limbo 8c Cabindon , les François étoient admis à
faire la traite fans aucune difficulté de la part des
naturels de ïe s p a y s , & des nations Européennes
qui y avoient avant eux des établiffemens ; mais
c’étdit au Sénégal fur-tout que les François" tâchaient
depuis long-temps de fixer leur commerce en Afrique
, & ils y auroient probablement réufli, fi dans
la guerre de 176z les Anglois ne fe fuffènt rendus
maîtres des établiffemens que les François avoienc
d?.ns‘ ce pays. Malgré c e la , les François y ont corn*
tinuéieur eommérCe, qui confifte principalement en
cnii;s de boeuf & de taureau, en gomme, ciré jaune,
dpnts d’éléphant, un peu d’or ; en plumes d’autruche'
, aigrettes, ambre gris , indigo, civette, & quantité
' de greffe toile de coton; enfin, en efclàves
Nègres qu’on tranfportç dans les ifles de l’Amérique.
§« III, Idée générale du. commerce de France *
& description de ce - royaume.
Les productions naturelles de la F ra nce , celles
qu’elle, reçoit dç fes pojTeliions en Amérique , en
Afi? & en A fiiqu è, 8c l ’induftriç de fes nabitans
çonçouiont
concourent à rendre le commerce de ce royaume
un "des plus floriffans de l’univers. L e commerce de
France fourniroic feul matière à un ouvrage volumineux
, fi l’on vouloit entrer dans le détail de tout
ce" qui le Concerne ; mais nous fournies forcés de le
reffer ter dans des bornes étroites, & fuivant notre
méthode ordinaire , de parler feulement des articles
principaux, qui de l’intérieur dés terres font portes.
dans les plus fameux ports de France , tels que
Marfeille & Cette fur la Méditerranée; Bayonne ,
Bordeaux, Nantes , Rouen , le Havre de Grâce &
quelques autres furTOcéan ; pour de ces ports être
expédiés dans les quatre parties du monde. Cela fait,
nous.ne ferons,,pour ainfî dire, qu’indiquer les
autres villes principales du royaume, & les mar-
chandifes qu’on y trouve.
Pour abréger la defeription géographique de la
France , nous divifons ce royaume en cinq dépar-
temens. L e premier comprend les gouvernemens de.
Paris, de i’ifle de France, la Picardie, la Brie, la
Champagne , le duché de Bourgogne, la Brefle, le
Bùgèy 8c le Dauphiné ; le i e. , les gouvernemens
de Provence , de Languedoc, le comté de F o ix , &
la principauté de Bearn ; le 3e. , les gouvernemens
du pays des Bafques, la Gafcogne, la Guienne,
la Saintonge & l ’Àngoumois ; le pays d’Aunis & le
Poitou ; le 4e. , fes gouvernemens de Bretagne, de
Normandie, du Maine & du Perche, d’Anjou, du
Saumurois, de Touraine, du Be r ry , de la Marche
, du Limofîn de l’Auvergne, du Lionnôis ,
du Bourbonnois , du Nivernois & de l’Orléannois ;
le f e. , les gouvernemens des Pays-Bas François , de
la Lorraine , l ’A lfa c e , la Franche-Comté & lè Rouff-
fillon. Ainfi, la marche que nous allons fuirre ne
nous écarte pas de l’ufage où l’on eft maintenant
en France de divifer le royaume en gouvernemens.
§. IV . Commerce de Vijle de F ra n ce , de la P i cardie
, la B r i e , là C h am p a g n e , le duché
de B ou rgogne, la B rejfe, le B u g e y & le D a u phiné.
L e commerce de ces gouvernemens n’eft pas
aufli confidérable qu’il poürroit l’être, fi les provinces
cjui les éômpofent, & qui pour la plupart font
extrêmement abondantes en vins & autres productions
naturelles & artificielles , étoient fituées fur les
bords de la mer , & qu’elles euffent des ports commodes
par lefquels elles puffènt expédier elles-
memes en pays étranger le luperflu de leurs articles
de commerce. Ces provinces font néanmoins entre
elles & avec celles qui font fituéès entre elles & la
m e r , un commerce q u i, pour être intérieur, ne
laiffe pas d’être fort aérif; les grandes villes lui donnant
de la vigUeür par le débouché qu’elles procurent
aux marchandifés '& denrées des petites villes
& des campagnes. Les principales de ces villes font:
^ P a r i s , la plus grande 8c la plus peuplée de 1 Europe, capitale du royaume de France. Elle eft
"fitùée fur la Seine dans une plaine vafte & u n ie ,
au milieu de la province de Vijle de Frange. Sans
Commerce. Tome. I L P a r t . L
ê£re proprement une ville' de commerce , parce qu’il
fe trouve trop éloigné de la m e r , P a r is en fait
un qui eft extrêmement étendu, même avec les nations
étrangères, qui tirent de cette ville une infinité
d’articles qu’on y fabrique. Il feroit trop long
de rapporter en détail les manufactures, les fabriques
& autres établiffemens de commerce qu’on con-
noît à P a r is ; mais nous ne pouvons nous difpenfèr
de rapporter .ic i quelles font les marchandifés qui
en fortent 8c qui font les plus recherchées des étrangers.
Telles font les fuperbes tapifferies de haute
& baffe liffe des Gobel’ins, les g lace s, les étoffe’s
d’or & d’argent , de foie & de laine mêlée avec la
foie ; les rubans, les galons ,, franges, bas, chapeaux
; les marchandifés de bijouterie & de mode ,
de toutes les efpèces qu’on puiflè imaginer" en ces
deux genres ; les cuirs , le lavoir, la porcelaine ,
les ouvrages de marqueterie , les çarroffes & autres
voitures, & une infinité d’autres articles de luxe de
de néceflité. Il y a fix corps de marchands à P a r i s ,
par qui fe fait prefque tout le commerce de cette
vilm : ce font les- corps de marchands drapiers ,
épiciers, merciers, pelletiers , bonnetiers & orfèvres.
Les ,mafchands de vin forment un lèptiéme
corps , mais qui eft tout-à-fait diftinâ: des fix autres.
Tous ces marchands^ obfervent des réglemens
auxquels ne font point alfujettis les négocians & les
banquiers établis à P a r is pour faire le commerce , .
foit de banque, foit de Ipéculation en marchandifés.
P a r is fait un commerce de banque d’une étendue
prefque incroyable , & l’on peut dire", lans aucune
exagération , qu’il n’y a pas de ville dans l ’univers
qui lui foit fuperieure à cet égard. Comme cette ville
renferme des capitaux immenfes & qu’elle n’offre a
ceux qui en font poffeffeurs , que peu de moyens
pour les placer avantageufèment, la plupart d’entre
eux fe livrent aux opérations de banque , qui quelquefois
leur rapportent des bénéfices au-deffùs de 1 intérêt ordinaire. Ce commerce eft alimenté par
les paiemens que les provinces font obligées de faire
à P a r is y foie aux étrangers, foit à des gens de quelque
autre province dont elles font éloignées. Mais
ce qui procure la plus grande adivité au commerce
de banque à P a r i s , eft fans contredit le trafic de
piaftres, prefque continuel, que cette ville & quelques
autres du royaume font avec l ’Efpagne. Cette
affertion eft démontrée par les çirconftances de la
guerre entre les Elpagnols & les Anglais. L a difficulté
, le danger que trouve la cour de Madrid à
faire venir fes tréfors de l’Amérique depuis la rupture
entré ces deux puiffanees , influent tellement fur
le commerce de banque à P a r i s , qu’il y eft tombé
de plus de moitié depuis la guerre. Nous n’ofons
nous permettre la defeription des principaux établiffemens
de ■ P a r i s , parce que cela nôus .meneroit
beaucoup trop loin.
Se nlis , Compiégne , P ont oife, M a nte s , Mont-
fo r t , D r e u x , E tampes , Melu n , Nemours ,
M e a u x , R o fo y , Coulommier, P ro v in s :> Nogent t
\ MontereaU, Se ns , J oig n y , Saint-Florentin
Y