
ê r à brûler ; & Ton élève: de gros & de menus bestiaux
dans les pâturages.
L a foire qui s’y tient à la Saint-Michel, eft très—
confidérable, & il s’y vend quantité de marchandife
du crû du pa ys , & la meilleure partie des étoffes
qui fe fabriquent dans le bourg ou aux environs :
on en débite aufli beaucoup à fes marchés qui fe
tiennent tous les lundis de chaque femaine.
. G r u c h e t . Le s frocs qui fe fabriquent dans çë-
petit bourg , font de mêmes qualités que ceux de
Bolbec : neuf maîtres y font travailler environ quinze
métiers. '
F escamp. On peut diftinguer les manufactures
de Fefcamp , en anciennes & en nouvelles. Les anciennes
font des ferges très-fortes, d’une aune de
la r g e , & des frocs de la qualité de ceux de Bolbec.
Lè s nouvelles, font des draps fins façons d’Angleterre
& de Hollande. Les premières qui n’occupent
que fept à huit maîtres , & environ quinze métiers,
fe font tout de laine du pays. Les autres qui font
travailler jufqu’à cinquante métiers , emploient partie
laines étrangères , & partie laines des meilleures du
royaume. Cette dernière fabrique eft afïëz nouvelle,
& n a ete établie à Fefcamp , qu’en l’année 1 69 z ,
en vertu d’un privilège accorde au fieur le B a illy ,
marchand de Rouen.
Les commencemens de cet établiflèment ont été
afîez difficiles par la faute de ceux à qui l’entrepreneur
i’avoit d’abord confié; mais l’habileté de trois
étrangers qui en ont teu enfuite la conduite , l ’a
poufle fi près de fa perfection, qu’il en eft forti
des draps auffi beaux & auffi parfaits que ceux d’Angleterre
même.
Les ferges & les frocs qui fe fabriquent à Fefcamp
, fe débitent ordinairement fur les lieu x, les
draps fins fe deftinent pour Paris & pour Rouen.
Outre les étoffes de draperies, il fe fait encore à
Fefcamp des toiles , des dentelles & des chapeaux; :
mais fur-tout les tanneries y font confidérables.
L e s habitans de cette ville font du nombre de
ceux qui envoient leurs bâtimens aux grandes pêches,
particulièrement à celle du hareng dans la
première frifon : ils en envoient moins fur le grand
banc pour la morue. A l’égard de la pêche de la
marée fraîche , ils la font toute l’année avec de
petits, bateaux le long des côtes. Ce poiffon eft la
plupart deftiné pour Paris.
D i e p p e . Cette ville fi célèbre par fon grand comr
merce de mer , l’étoit aufli autrefois par fès manu-
fa& u r esà e lainage, & il s’y frbriquoit beaucoup de
draps noirs & de ratines de cinq quarts de large. Il
ne s’ y en fait prefque plus préfentement, & il y a
apparence que cette fabrique tombera entièrement,
fur-tout, l’expérience ayant fait connoître que ce.
lieu eft peu propre pour les manufactures : aufli
n’en frit-on mention que pour en confèrver la mémoire.
On parlera ailleurs des autres objets de fon
négoce.
V il l a g e s d u p a y s d e C a u x . I l fe frit quantité
de frocs & de belinges dans plufièurs villages du
bailliage de C a u x , particulièrement entre Fefcamp
& Dieppe , mais de moindre qualité que ceux de
Bolbec, foit pour la fabrique, foit pour la bonté
des laines.
SAiNT-VALLERy en C a u x . On y travaille en
draperies , en frocs & en toiles, qui fe débitent au x
marchés qui s’y tiennent tous les mardis & vendredis
, & principalement à la foire qui s’y tient les
deux fêtes qui fuiverit celle de la Pentecôte.
Généralité de Caen.
Cette généralité n’a pas un commerce moins
étendu & moins important, que celle de Rouen :
mais il femble que chaque élection s’en foit, pour
ainfi dire , approprié une portion , en s’appliquant
à différëns négoces.
Dans l’éleCtion de C a e n , on frit des draps, des
lingettes & des toiles façonnées, qu’on nomme communément
g r a n d & petit C a e n , & linge ouvré,
C ’eft aufli à Caen qu’on tranfporte par charroi tout
ce qui fè travaille de ces fortes' de màdchandifès
dans les élections , de Vire , Falaife & Argentan.
On y recueille aufli quantité de drogues & de
plantes propres pour la teinture ; comme du voide ,
de la gaude , de la gravelle & du fumac.
Les beurres d’Iffiguy , que les marchands de
Paris & de Rouen tirent par la mer ; les Tels blancs,
ui fè font dans diverfes falines ; les toiles depuis
ouze fols jufqu’à quatre livret l’aune, qui fe font
à Bayeux & aux environs,. font les marchandifes
dé l’eleCtion de B a y e u x .
L ’éleCtion de Ca,rantany n’a de trafic que celui
de fes laines & de fon cidre.
A Cherbourg, on confirait des navires marchands,
& les chantiers y occupent aflez d’otivriers, & con-
fomment aflez de bois ae la généralité.
A Quieville & VFfpieufe , où r il y a marché
toutes les femaines , on trafique de bled & de cidre.
A Montebourg , à la Ho u gu e & à la Pemette,
il fe vend beaucoup de laine du pays , aux foires
qui s’y tiennent tous les ans.
Enfin, à P o r t e b a il, il y a plus de vingt falines,
oû il fè frit Adu fel. blanc.
Les laines , la garence , le pa ftel, la gaude, toutes
herbes à teinturier, aufli-bien que les chardons
à drapier & à bonnetier, qui fe recueillent prefque'
fans peine dans l’éleCtion ae Coutances, font une'
partie de fon négoce, & font tranfpôrtés ailleurs ,
à la vérité avec quelque profit , mais non pas tel
qu’il étoit, lorfque tout s’employoit dans les fabriques
du pays.
L e chanvre & le lin , qui croiflent beaux & en
abondance dans ce.tte élection , paffent dans les
élections voifines, qui en fçavent mieux profiter.
Four le commerce de mer, & particulièrement
la pêche de la mohie * où les habitans du Cotentin
maritime s’adonnoiept fo r t , il eft prefque réduit
à celui qui fe fait à G ranville ; encore en fort-il à
peine fept ou huit bâtimens pour le grand Banc ,
au lieu de quarante > qui y ' a Ilote ut autrefois. Les
ftavires , qui en reviennent, vont ordinairement décharger
leur morue ; fi c’eft de la .morue fe ch e ,à
Marfeille & autres ports du Levant ; ou à Bordeaux r
pour être envoyée en Efpagne.
Les cidres de l’éleCtion SA v ra n ch e s r qui p a ffent
pour les meilleurs de la bafle Normandie ; les
chanvres & les lins, qui s’y cultivent en quantité ;
& le petit fel b lanc, qu’on nomme le quart-bouillon
, font tout fon négoce. Le s habitans des côtes,
transportent toutes ces marchandifes fur des bateaux
plats , de vingt à vingt-cinq tonneaux , à Granville,
à Saint-Malo & en baffe Bretagne. I l va néanmoins
une partie de leur chanvre & de leur l in ., en Anjou
& au pays du Maine.
I l y a trois groffes forges de fer dans l’éleCtion de
V ir e , où il fe fabrique quantité de dinanderie ;
l ’une , eft celle d’Envou ; l ’autre , celle d’Alouze ;
& la troifîéme, celle de Cherbourg.
I l y avoit aufli jufqu’à quinze moulins à papier,
dont ce qui s’en fabriquoit, fe portoit à C a en , &
de-là étoit embarqué pour l’Angleterre & la Hollande.
L a fa b r iq u e en fubfîfte toujours, mais avec
beaucoup moins de moulins ; l’interruption du commerce
étranger les ayant diminués.
L e refte du commerce de cette éleftion confifte
en draperies , lingettes, poteries, & quelques grofi
fes toiles.
Les toiles fe font à A t h i s , Fiers & Halou-^e,
& fe portent à Caen , Rouen & Bayeux.
I l fe fait des poteries à F i lle 'D ie u .
Il y a à V il le -D ie u , une fonderie confidérable
pour le cuivre.
L e pays à’A u g e prbduit des grains & des lins ,
& une quantité extraordinaire de pommes dont on
frit d’excellent cidre. L a forêt dej Jougne fournit
des bois pour bâtir & pour brûler. I l y a auffi des
falines où l’on fait de très-beau lel blanc. On parle
ailleurs du gros bétail qui fe nourrit dans fes pâturages.
Ma n u f a c t u r e s de la géné ralité de Caen.
C A E N . Les draperies & autres étoffes de laine
qui fe fabriquent à Caen , conflftent en draps façon
de Hollande & d’Angleterre, en ratines, en ferges
nommées lin g e tte s , en frocs & en revêches.
. Le s draps & les ratines fe font dans une manufactu
re qui doit fon établiflèment au fieur Maflîeu,
qui en obtint le privilège fur la fin du dix-feptiéme
fiecle. Les laines qu’on y emploie , font toutes laines
d’Efpagne. Douze métiers, un teinturier & un
moulin à fou lon , travaillent pour cette fabrique ;
dont le produit v a , année tommune, à plus de
foixante & dix pièces d’étoffes. L e principal débit
s èn fait a Paris ; on en tire néanmoins quelques
pièces pour d’autres villes du royaume.
Les autres étoffes de laine Occupent près de fept
cent métiers , trois moulins à foulon , autant de teinturiers
du grand teint, & cinq teinturiers du petit
teint. Leur produit v a , année commune, depuis
neuf jufqu’à dix mille pièces, qui fe débitent aux
foires franches de cette ville & à la G u ib ra y , &c
delà par tout le royaume.
On peut voir ce qu’on dit ailleurs de ces foires.
Foye-[-en l’article.
Les eaux de cette ville font très-bonnes pour la
teinture., & ,les campagnes des environs produifent
plufièurs des drogues des teinturiers , comme on l’a
déjà dit.
L a bonneterie de Caen eft très-confîdérable &
fort eftimée ; cent métiers fourniflènt tous les ans
plus de vingt mille paires de bas.
Ses tanneries n’ont pas moins de réputation, fur-
tout pour les cuirs forts > qui s’y préparent aufli-
bien qu’en aucun,lieu du royaume. On a dit çi-
deflus, que les cuirs qu’on y travaille , font prefque
tous des cuirs étrangers, particulièrement de Saint-
Domingue , du Bref i lde la Havanne, de Cartha-
gèn e , de Curaçao, du Mexique & d’ Irlande, qui
y arrivent par la voie de Rouen.
Les toiles font aufli un des principaux objets de
commerce de cette v ille ; il s’y en fabrique en -fi
grande quantité & aux en v iro n sq u ’elle eft un des
fix dépajrtemens des infpe&eurs des manufactures
pour les toiles , établies dans le royaume. Son in£-
peérion comprend en particulier la fameufe foire de
la G u ib ra y , où fe débitent la plupart des toiles. des
trois]généralités de Normandie & de celle de Bretagne.
On peut voir le détail de ce négoce à l’article
des toiles , ou il eft parlé de' celles de Normandie.
S a in t - L o. Cette ville eft en réputation pour (la
manufacture des ferges fortes auxquelles elle a
donné fon nom : on y frit aufli des finettes & des
raz qui font fort eftimés. Ces différentes fabriques
occupent plus de deux mille ouvriers , quatre-vingt
dix métiers, huit moulins à foulon , trois teinturiers
du grand teint, & un ou deux teinturiers du
petit teint. Leur produit monte , anné.e commune,
a près de quatre mille pièces d’étoffes, ' qui fe débitent
à Paris -, à Rouen , à Lyon & dans quelques
autres villes du royaume, mais particulièrement aux
foires de S a in t-L o mèmè , de Caen, & à la G ui-
b ra y .. ,
Toutes ces étoffes font d?un excellent ufer, fur-
tout lorfqu’on n’y emploie que des laines du Cotentin
, où l’on voit que les vers ne fe mettent
jamais. Les ferges de , fervent communément
aux habits des religieux & religieufes»
Un autre objet de commerce de cette ville con-
fifte- dans les cuirs dont il y a plufièurs tanneries ,
qui prefque toutes ne travaillent qu’en cuirs menus,
entr’autres à ceux qu’on nomme des cuirs de tempeigne
, qui fervent à frire le deflus des fouliers.
L ’apprêt en eft fi bon , que les peaux de vaches y
égalent les veaux mêmes d’Angleterre, tant elles
font douces & molles. I l s’en tire quantité pour
Paris, où les cordonniers les eftîment* beaucoup*
I l y a trois foires à S a in t -L o ,* l’une à la Saint-
Gilles , l’autre à la Magdelaine, & la troifiéme à la