
par lui-même ou par Ton fermier , foit fur la quantité
, foit fur le prix des denrées de fon territoire 3
& a caufe qu’ il paie auHI Y impôt fur fa propre
confommation.
H u i t i è m e q u e s t i o n ,
.„Pour que ce rencbériffement fe monte jufqu’a
doubler le prix des falaires-, ouvrages ou marchandi-
fe s , & par conféquent pour qu’ il en coûte aux propriétaires
la moitié de leurs jouiflances, faut-il que
les impôts foient doublés ?
R é p o n s e .
N o n , il s’en manque beaucoup 3 il ne faut que
les augmenter d’un cinquième , par une raifon que j’ai déjà dite & détaillée R a v o i r que le produit des
impôts eftimé par la recette du.tréfor ro y a l, n.eft
jamais & ne peut jamais'être au total que la dixiéme
partie tout au plus de ce qu’il en coûte à la nation ,
foit en fauffè.dépenfe , foit en perte de vrais revenus..
Donc Y impôt ou le renchériffement de Y impôt
coûte dix fois 'plus qu’il ne vaut : de ces dix fois
p lu s , il y en a probablement cinq en augmentation
de dépenfes pour tous les confomraateurs , & cinq
en perte dp revenus,.
Donc fi .vous augmentez Y impôt de 4 fols pour
livre , l’aceroiflement des fauffes dépenfes eft de 20
fols par livre , & le renchériffement double le prix .
de chaque objet, ou retranche aux propriétaires la
moitié de leurs jouiffànces.
S E C O N P '(C O R U U A IR E .
D o n c , en fé con d lieu , T impôt retombe fu r les
propriétaires en augmentation de dépenfe.
Car les ouvriers, les marchands , les vo'ituriers de
les gens à talens quelconques ne vivent que fur la
dépenfe des fermiers & ’ des propriétaires. Il faut
qu’ils fe retrouvent, c’eft-à-dire , qu’ils fe faffênt :
rembourfèr toutes leurs dépenfes.
O r , les fermiers en font de même le plutôt qu’ils !
peuvent, & après avoir diminué leur b a il, premièrement
à proportion, du revenu, détruit, ils le diminuent
encore fecondement à proportion de leur de-
penfè augmentée.
Donc tout retombe fur les propriétaires , qui n e .
rivent fur la dépenfe de perfonne, mais fur le retenu
quitte & net de leurs terres,.
P r e m i è r e o b s e r v a t i o n ,.
Ue demande, i ° . comment tout ce qui fe perd
fur le revenu des terres , pourroit fe perdre autrement
que pour les propriétaires ?
Si tout ce qui fe perd exiftoitau Heu d’être perdu,
les propriétaires en jouiroient eux-mêmes, ou le
donneroiënt aux gagiûes, ouvriers, marchands,
voituriers & gens a talens quelconques. Oui 3 mais
en le donnant ils recevroient en échange desfervices,
des .marehandifes , des journées, c’eft-à-dire, de fu tilité
oad u plaifir. C ’eft-là ce que Y impôt leur fait
perdre.
S e c o n d e o b s e r v a t i o n »
Je demande , 2®. comment, quand toute la clane
des gens à talens, ouvriers, marchands, voituriers >
5eft obligée d’augmenter fa dépenfe annuelle jufcpi a
la valeur d’un quart, par exemple ( dans le même
temps que les propriétaires perdent fur leur recette
annuelle plufieurs millions ) comment toute cette
claffe de fâlariés pourroit retrouver ou regagner
l’augmentation de fa dépenfe, fi ce n’eft fur la claffe
propriétaire, & cela en lui fourniflant le quart moins
de çhofes, pour le même p rix que le tout valoit auparavant?
■ ■ • j ’ -'-'.
Car il n’y a pas moyen de fournir ni plus de cho-*
le s , ni même autant au même. prix. Puifque les propriétaires
ont moins de quoi payer, il faut donc
uéceffairement diminuer du quart la quantité , &
vendre les trois quarts autant que fe vendoit le toufl
à prix égal.
T r o i s i è m e o b s e r v a t i o n .
Je demande, i° . comment les fermiers, qui d un©
part paient Y impôt eux mêmes., qui de 1 autre trouvent
tout le refte renchéri, & qui vendent encore
moins & à plus bas prix , comment ils pourroient
en même-temps augmenter ou ne pas diminuer leurs
fermes : ‘
Tout cela n’eft-ii pas manifeftement la choie
impoffible ?
Qu’on réfléchifle bien. De-là viennent les friches
abfôlues, les terres • dégradées , la chétive .culture
des meilleurs fonds, l’epuifement & le mal etrede
tous les propriétaires.
L e nombre & l’aifance de ces propriétaires va
toujours- en décroiflànt à mefure que s’augmenteiv
les impôts fur les confommations, Impôts qui cau-
fent dix fois plus de fauffes dépenfes ou de deftruc-
tion de vrai revenu qu’ ils ne valent de recette au
tréfor royal.
Q u a t r i é m e o b s .e r v a t ï o,n.
Les revenus des fonds aéluels paroiflent augmen»
tés quand on ne fait attention qu’à eux & à l’argent ;
mais E n’y a-t-il pas beaucoup de fonds, autrefois
bien cultivés & affermés avant l’aecroiffement
des im pô ts , qui font en friche ou en 'mauvaife culture?
•
U n fonds qui rapporte aujourd’hui 5400 l iv .,
ne rapporté que cent marcs d’argent, précifément
autant qu’en rapportoit fous Louis X IV un fonds
affermé 2700 liv. 3 car le marc d’argent qui valoit
27 liv ., en vaut ?4- . c
j ° . Avec vos 5400 liv. d’aujourd'hui, qui ne font
que cent marcs , comme faifoient autrefois 2700 liv.
vous n’aurez pas à la ville ni à la campagne la moitié
des denrées, ouvrages ou marehandifes que vous
auriez eu au commencement ou même au milieu du
dernier régne pour les 2700 liv. : c’eft un fait no*
toirement connu de tout le monde. Donc vous êtes
j[ plus pauvre du’double avec votre ferme de f 4° °
I M P I M P 721
que n etoït votre pere avec la fienne de 2700 liv.
^ C’eft à quoi il ne faut pas fe biffer tromper^ car
l’argent pris au poids augmente en nom , & diminue
en efficacité.
t r o i s i è m e p a r t i e .
Compte par ticu lie r du fouverain.
C H A P I T R E P R E M I E R .
Ca lcu l fondamental.
P R O B L È M E .
Quelle proportion peut-on établir en gros , &
à peu près, entre les revenus particuliers du roi ,
6c ceux de .tous les autres propriétaires du royaume
colle&ivement pris ?
S O L U T I O N.
On peut croire que les revenus du roi font le
tiers du produit quitte & net de tout le^ royaume ,
& que les autres propriétaires ont, entr’eux tous ,
les deux autres tiers de ce produit quitte & net a
partager.
É C L A I R C I S S E M E N S ,
RE M I È R E Q U E S T I O N .
Comment pouvez-vous évaluer ainfi : que la portion
attribuée au roi dans le total du revenu quitte
& net du royaume, eft environ le tiers de ce produit
ou revenu quitte & net?
R é p o n s e .
Premièrement, c’ eft en formant, comme j’ai fait
oi-deffus , une évaluation commune & mitoyenne.
Car il y a de grandes variétés à cet égard, comme à
l’égard de tout le refte. Les mêmes biens-ne font pas
également chargés dans tous les lieux du royaume , & les diverfes ëfpèees de biens ne fouffrent pas
également des impôts qui font aujourd’hui le revenu
du roi. g
En prenant le jufte milieu autant qu’il eft poffi-
ble, chaque propriétaire peut fe convaincre aife-
ment que le roi retire actuellement des fonds de i
terre environ mille livres au moins quand le pro- ,
priétaire en retire deux mille.
Mais pour bien faire ce calcul, il faut compter
d’abord ce que; le roi prélève fur le revenu avant
que le propriétaire même ait le fîen, puis ce que
le roi lève encorë fur ce même revenu de propriétaire
après qu’il l’a reçu.
S e c o n d e q u e s t i o n .
Qu’entendez - vous d’abord par ce prélèvement
dont vous parlez , qui fe fait pour le ro i, avant que
le proprietaire ait fon revenu?
Commerce. Tome I L P a r t . I L
R é p o n s e .
entends la totalité des impôts de toute efpèce
que paient les fermiers & les ouvriers néceffaires à
î exploitation des fonds, & au moins la moitié de
ceux qui font mis fur les denrees du crû.
E x e m p l e .
Vous demandez combien vaut tel domaine , ou
de cap ita l, ou de revenu quitte & net.
On vous répond qu’il eft afferme mille écus»
Voilà le revenu du propriétaire. O u i , mais fi le.
fermier ne payoit ni tailles, rîi capitation , ni induf-
trie , ni corvées , ni f e l , ni aides, ni tabac 3 fi tous
les journaliers & ouvriers qu’il emploie n’en payoient
point, il vous donneroit volontiers trois mille fix
cent livres de votre ferme, & il y auroit encore bien
du profit pour lui.
V oilà ce qui vous fait fentir eu quoi confifte cc
prélèvement.
T r o i s i è m e q u e s t i o n .
Qu’entendez-vous en outre par la portion du revenu
que le roi lève enfuite fur celui des propriétaires
quand ils l’ont reçu.
R é p o n s e .
J ’entends les vingtièmes, la capitatipn , les tailles
ou autres taxés per formelles des propriétaires , 8e.
les impôts qui fé prennent fur leurs confonimations.
Q u a .t r i è m e q u e s t i o n .
Comment évaluez-vous donc en gros ces deux-fortes
de perceptions pour le ro i, & leur proportion
avec le revenu des propriétaires ?
. R é p o n s e .
Je dis, premièrement, qu’i l y a bien peu de;pays
dans le royaume, s’il y en a , où un bien affermé
crois mille livres , ne fût pas affermé trois mille fix
cent au moins, s’il n’y avoir pas le premier prélèvement.
Je dis, en fécond lieu , qu’il y a bien peu de
propriétaires , qui ayant trois mille livres de rente,
n’en paient pas fix cent livres au roi en impôts
ré e ls , perfonnels , ou fur les confommations.
P r e m i e r c o r o l l a i r e .
Donc fur x6oo liv. de vrai revenu quitte & net
a& u e l, le roi en prélève 600 liv; qui réduifent la
ferme ou le produit de la régie à 3.600 l i v . , & encore
il en reçoit 600 liv. fur la dépenfe du revenu $
çé qui'réduit le propriétaire à 2400 H v., & forme
1200 liv. pour le revenu du roi.
S e c o n d c o r o l l a i r e .
Donc tous les revenus du roi quife partagent entre
tous ces gagiftes ou falariés quelconques , font le
I ûe-rs des revenus de tous les propriétaires du roya^u-
ï y y y