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u’outre qu’il feroit peu utile & fans doute ennuyeux ,
. ’entrer dans un plus long détail, ce qu’on dira des
ha lles de cette ville 8c des réglemens donnés pour
leur police ^fuffira pour donner une idée de toutes
les autres.
H A L L E S D E P A R I S .
C ’eft à Philippe- Augufteque la ville de Paris doit
l’écab-jijjçment de fes futiles dans le lieu où elles fe
trouvent préfentement , quoique depuis il y (oit
arrivé divers changemens.
Ces halles qui ne confiftoient d’abord qu’en deux
grands bâtimens couverts, & en une vafte enceinte
de-murailles remplie de quantité de petites boutiques
, femblablçs à celles qu’on nomme des échop
e s , dont les ha lles d’aujourd’hui font encore toutes
pleines , fervoient moins aux marchés ordinaires des
dentées , qu’aux foires que ce roi avoit transférées
des fauxbourgs S . Martin 8c S. Denis dans cette partie
de la v ille , qui étoit alors vague & fans bâti-
mens, qu’on appelloit alors les champeaux ou cham-
pinelles,.
Ces ha lles s’étant converties enfiiite en marchés
pommuns pa rla fuppreflion des foires qui s’y tenoient
au commencement , on en refferra l’enceinte par
divers bâtimens qu’on éleva aux environs ; & de
temps en temps on y conftruifir aufli quelques nouvelles
ha lles couvertes , mais plus petites que les
anciennes & deftinées à d’autres ufages , comme on
ya bientôt le dire.
Enfin les deux grandes ha lles bâties par Philip—
pe-Auguft© ne fubfiftant plus qu’a peine , & fe
trouvant aux environs quantité de places vuides od
l ’on n’avoir point encore élevé de bâtimens, Henri II.
ordonna en i f ço que les ha lles feroient rebâties, &
u’on cfinftruiroic des maifons pour fervir à l ’avenir
, ’enceinte aux marchés ou ha lles découvertes qu’on
ïéferveroit pour la commodité publique.
Il n’eft point arrivé depuis de changement con-
fidérable aux ha lle s de P a r i s ; 8c elles fe trouvent
préfentement à peu près de même qu’elles furent rebâties
dans le milieu du feiziéme fiécle.
Toutes les ha lles de P a r i s , à la réferve de la
ha lle aux vins, font renfermées dans celui des vingt
quartiers de cette capitale, que de-lâ on appelle le
quartier des h a lle s . Ce quartier contient cette partie
de ville qui eft bornée â l’orient par la rue S.
D en is , au feptentrion par la rue Maueonfeil , à
■ U’occident par les rues Comtefîè-d’Artois & de la
Tonnellerie , & au midi par celles de la Ferronnerie
, de S. Honoré & de la Chauflèterfe.
C*eft au milieu de ce quartier , & dans l’un des
marchés ou ha lles qui le compofent, qu’eft élevée
cette tour fameufe qu’on nomme le p ilo r i , lieu fu-
nefte où l’on expofe aux yeux & à l’indignation
du peuple , plufieurs fortes de malfaiteurs , particulièrement
les banqueroutiers frauduleux.
O n appelle les p ilie r s des halles , de hauts piliers
de pierre qui foutfennent le devant des mai-
H A L
fons qui font le long des haltes du p ilo r y , & qui
de lâ continuent depuis le pont Alais jufqu’ à la rue
S. Honoré.
C’eft fous ces piliers , qui forment des efpèces
de rues ou d’allées couvertes , que font les boutiques
des principaux marchands frippiers de Paris ;
& c eft aufli entre ces piliers que tous les jours de
marché les boulangers forains viennent étaler & débiter
leur pain ; & que les haïtiens , c’eft-à-dire,
les cordonniers, tailleurs & autres pauvres maîtres
des communautés de Paris , qui ont droit de hallage
, établirent les mêmes jours leurs boutiques portatives
, pour faire le petit négoce qui leur eft permis
par leurs ftatuts.
Par ce qu’on a dit jufqu’ici des ha lle s de P a r i s ,
on comprend allez qu’il y en a de deux fortes $ les
unes qui font couvertes & les autres qui ne le font
pas.
Les halles couvertes fon t, la halle a u x draps,
la halle a u x toiles , la halle a u x cuirs , là halle
à la fa l in e , autrement le fief d’A lb i , la halle à
la marée fra îch e , le parquet de la marée , 8c la
ha lle a u x vins r celle-ci- n eft pas dans le quartier
des ha lles . mais a été conftruite affez nouvellement
au-delà de la porte S. Bernard.
Les ha lles découvertes font , la grande h a lle ,
qui contient la halle ou marché a u x bleds 8c
autres grains qui s’y vendent ou diftrïbuent tous les
mercredis & famedis ; la halle à la fa r in e , qui
ouvre tous les jours ; la halle au beurre , qui fe
tient tous les jeudis après dîner , où l’on débite les
beurres en groflês mottes, qu’on nomme beurres de
Gournay ,• la halle à la chandelle, où les chandeliers
privilégiés apportent celles qu’ils font; celle-
ci ne tient que tous fes famedis r la halle a u x chaumes
, fila jfe s & cordes à p u its , où cette marchan-
dife fe débite tous les jours : la ha lle a u x p ots
de g ra is & à la boïjfeterie, qui eft aufli ouverte
toute la femaine , comme la précédente : enfin la
halle* à la chair de porc f r a i s & f a l é , qui tient
fes mercredis & famedis.
A u milieu de la grande halle eft établi le poids*
le -ro i, pour y peler toutes les diverfes fortes de
marchandifes qui fe vendent dans ces différentes
ha lles , dont les pefées font trop fortes pour être
faites dans des balances communes.
Outre toutes les ha lles comprifes dans l’enceinte
de la grande h a lle , il y a encore la halle d u p o if-
fo n d’eau douce le long de la rue de la Coflonne-
rie , qui commence à crois heures du matin & finit
à fept; la halle du p i lo r y , où fe trouvent la halle
au beurre en petites m ottes, 8c la halle a u x oeufs
que les coquetiers apportent de Normandie fur des
fourgons, & de Brie & autres lieux fur des bêtes de
fom me.
Enfin on met auffi au nombre des ha lles découvertes
la. halle a u x poirées, où les marchandes bouquetières
, les herbières & les herboriftes ont leurs
échopes ; & la rue aux fers , oi\ les jardiniers apportent
fes différentes fleurs dont fes bouquetières rom
H A L
les bouquets , ou celles qui entrent dans des Côm-
pofitions galéniques, comme fes fleurs de pêché,
les violettes , le rofolium & autres.
C’eft pareillement dans la ha lle à la p o ir é e ,
devant la porte de la grande halle., que fes petites
.regratières débitent leurs fruits félon les faifbns,
comme les cerifes, grofeilles , pêches , abricots.
Des fept ha lles couvertes de Paris, dont on a
parlé ci-defTus , les deux plus confidéràbles font la
halle a u x draps & la h a lle -a u x toiles ; ce feront
aufli les feules au fujet defquelles on entrera
dans quelque détail ; fe contentaht d’indiquet pdur
les autres les articles de ce Dictionnaire où il en eft
traité.
H a l le a u x d r a p s . C’eft un grand bâtiment défi-
tiné à recevoir tous les draps & autres étoffes de
lainerie qui font apportés à Paris , pour y être vi-
fités , aunés , & marqués par fes maîtres & gardes
des deux corps de la draperie & de la mercerie, &
les auneurs par eux commis.
Avant que d’entrer à la h a lle , ces étoffes doivent
être conduites à la douane , d’où après la vifite
deTinfpe&eur du roi pour les manufactures, & leur
enregiftrement fur fon regiftre, elfes font envoyées !
fous la conduite d’un gagne-denier au garde de la ;
h a lle , qui en tient pareillement regiftre , & qui
certifie l’infpeCteur par une efpèce de récépifle de
la délivrance qüi lui a été faite de la quantité &
qualité des pièces contenues dans fon billet d’envoi.
Les marchandifes deftinées pour les foires de S.
Germain & de S. Denis , font exemptes de l’entrée
à la halle a u x Araps , 8c font conduites en foire
fur un paflê-debout que délivre aux marchands &
'voituriers , 1’infpeCteur de la-douane , qui de fa part
tfent un regiftre particulier de l’envoi aux foires*
-ÎÜfdites marchandifes.
Cet envoi aux foires n’exempte pas cependant les
marchandifes de la vifite des maîtres & gardes, non
plus que de l’aunage & du droit de l’aunage, ainfi
qu’on 1e peut yoir a l’article des auneurs de draps,
où l’on a parlé de leur établiffement, des droits
qui leur font dus & de la vifite des maîtres &
gardes.
I l y avoit autrefois un infpe&eur des manufactures
de lainerie établi à la halle a u x draps de
Paris ; mais fa commiflion a été révoquée 8c fup-
primée en partie dans la première année du régne
de Louis X V . C ’étoit lui qui avec l’infpeCteur de
Beauvais étoit chargé de l’infpeCtion des foires de S.
Germain & de S. Denis pendant toute leur frau-
chife, & qui y faifoit l’ouverture des cailles & ballots
de marchandifes, pour les vifîter & voir fielles étoient
fabriquées fuivant les réglemens. Sa commiflion a été
confervée à cet égard.
H a l le a u x t o i l e s . Cette halle fe tient dans le
même bâtiment qui a été conftruit pour fervir de
halle a“ux draps ; avec cette différence que tous les
appartemens hauts, & une partie de ceux d’en bas
font deftinés pour la draperie, & feulement quel-1
ques travées du bas pour la toilerie.
M A L y 17
L e commerce des toifes étant beaucoup augmenté
en France & particulièrement à Paris-, cm penfa dès
l’année ré'j i , adonner p lus d’érenrdne à cette partie
de la ha lle aux draps réfervée pour les toiles ; & il
fut ordonné par des lettres patentes de fa majefté ;
qu’on prendroit pour cette augmentation le deflbus
de la halle aux draps juïqu’à la petite porte de la
rue de la poterie.
C e projet n’ayant point été exécuté , & lè nombre
des auneurs de toiles ayant été augmenté jufqu’à
cinquante par ledit du mois de mafs 16514 ,
il fut ordonné de nouyeau par arrêt du eonfeil du
n mai «de la même année , que pour faciliter les
fondions de Gês nouveaux officiers , la halle a u x
toiles feroic augmentée de fix travées; & qu’il feroit
élève aux frais des auneurs un mur de cloifon pour
la fëparer du reftant de la ha lle baffe dés draps ,
fans que cette nouvelle étendue accordée pour celle
des toiles , put à l’avenir être retranchée ni diminuée
pour quelque râifon que ce put être.
Les premiers réglemens qui ont été faits pour la
conduite de la marchandife de toiles 8c autres ouvrages
& étoffes de fil 8c de coton à la ha lle a u x toiles
de Paris, font du 4 mars 1 3P5 , qui depuis ont été
fuivis de quantité d’édits, déclarations , ordonnances
, lettres patentes , arrêts du parlement & fe latences
des- offficiéFs du châtelet , qui ont fixe la
police dfc cette halle.
Les principaux de ces réglemens nouveaux font
ceux du 7 Janvier 157^ , 4 août 160%, 3 octobre
1616 , 30 o&obre 1 6 3 7 , 1 décembre'165z , 16
avril 1674 , juillet 1681 , mars, mai & oétobre
i<Sp4 , 11 août 170Z & enfin 21 juillet 1704*
En général, par tous les réglemens , & particulièrement
par l’édit du mois de mars 16^4, qui les
rappelle , & qui en enjoint l ’exécution, il eft ordonné
que toutes les marchandifes de toile s, tant
fines que groflês , étrangères 8c du royaume , can-
nevas , coutils , treillis , coupons., bougrans , fer-
viettes, mouffelines, batiftes, futaines, bafins , toiles
de coton & de lin & autres ouvrages de f il, qui feront
amenés & vendus en la ville & fauxbourgs de
Paris, même ceux defdits ouvrages qui auront été
fabriqués dans ladite ville, foit qu’ils y foient amenés
par des marchands forains, foit qu’ils foient pour le
compte des marchands 8c ouvriers de Paris, feront
conduits en droiture; fçavoir les marchandifes de
toiles venant des pays étrangers , ou des provinces
dans lefquelles les bureaux des cinq groflês fermés
ne font pas établis, au bureau des cinq groffes fermes.
de Paris : 8c celles qui viennent des provinces
où font établis léfdits bureaux , à la ha lle a u x toiles
, pour y êtrè vifitées , aunées & marquées, conformément
aux articles 6 , 7 , 8 , £ & 11 de l’ordonnance
du mois de juillet 1681 , fur les peinés
de confifcation & d’amende portées par ladite ordonnance.
Jufqu’à l’ édit de 1 6 9 4 , la vifite des toiles ainfi
dép.ofées à la h a lle , ou.en droiture, ou apres avoir
p^fle à la douane , ' avoit toujours appartenu aux