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.55 longueur depuis Sainc-Pourçain jufqu'à Brioude.
_ un pays fort abondant en bled , en vin , en
fchanvre, en noyers 8ç en prairies; mais le meilleur
j anC?R ^ deP™ Gannac jufqu’à M o ire , le long
j lA li ie r . Les prairies, particulièrement auprès
de^ Riom & de Clermont, le fauchent jufqu’ à trois
fois par an ; les terres ne s’y repofent jamais ou tout
au plus une fois en vingt ans.
-Oilfeps terres de la haut?-Auvergne & des montagnes
, qui font à la droite & à la gauche de la baffe,
£pnt beauçoup plus, ingrates, mais on y nourrit une
quantité furprenante de gros b eft j aux , qui font la
xicheffè du p a y s , & qui fe/diftribuent, nori-feule-
inçnp dans les provinces voifin.es, mais encore dans
les provinces au royaume les plus éloignées, &
meme dans les pays étrangers , entr’autres en
Elpagne,
^ suffi 1 Efpagne qui fournit de l’ouvrage à
une partie des habitans de la haute & de la baffe
Auvergne , qui ne trouvant pas de quoi s’occuper
.dans la province , vont tous les ans fervir les Efpa-
gnols dans des travaux quç la fierté naturelle de cette
n a tion , lui fait regarder comme an-deffous d’elle ;
& ce font ordinairement les Auvergnats qui labourent
& femem leurs terres, qui coupent leurs b leds,
# qui fauchent leurs prés. On compte qu’il paffe ,
année commune en Efpagne, cinq ou fîx mille de
ces travailleurs d’Auvergne, & qu’ils en rapportent
lept ou huit cent mille livres, leur travail leur tenant
auffi lieu de commerce.
aU.^ ^Auvergne que fort la plupart de ces
chaudronniers qui parcourent le royaume, & qui
gagnent leur vie fur la batterie neuve de cuifîne 1
q u ils fabriquent,‘ ou fur la vieille qu’ils raccommodent.
-
I l y a bien des fortes de manufactures en A u ve r-,
g n e , 8c prefque tous les ouvrages qui s y fabriquent,
font de très-bonne qualité.
L^s manufactures de p a p ier y font fur - tout
excellentes. I l ne s en fait point ailleurs de plus
p ro p re .pour être employé aux éditions des livres;
!& c eft du papier d Auvergne , que fe font les
plus belles impreffions de Paris , de Hollande &
*d Angleterre.
Les moulins d Ambert, 8ç ceux des environs de
Thiç rs & de.Chamaillères, pris Clermont, foumif-
lent les papiers les mieux'conditionnés : & il n’y a
guères d’apparence que les A n g lo is, Hollandois
& Génevois , qui depuis les guerres de la fin du
Ç S ne Louis X I V , ont tenté d’établir chez eux
de pareilles fabriques, y puiffenc jamais réuffir : y-
ayant quelque lieu de croire que cette blancheur &
cette excellente qualité du papier S Auvergne 9 vient
de celles des eaux fur lefquelles les moulins font bâtis,
6c qui fervent a le fabriquer.
Nous parlerons ci - après des étoffes qui fe
fabriquent en Au ve rgn e, 8ç des lieux où elles fe
fabriquent.
Les beftjauj engraiffes» la nourriture des mules
& mulets, & les haras qu’on entretient en Auver-
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gnç, ne font pas un des moindres commercer de h province.
Les boeufs & les vaches «’engraiflènc dans les
montagnes, où les herbes font très-propres pour cec
ufage: mais outre ce qui eft deftiné pour la boucherie
, qui fe conduit jufqu’à Paris , & qui, en temps
.r§l^rie» k mene même jufqu’aux armées Fratr-
çoiles les plus éloignées, on en élève un très-grand
nombre pour le tirage & le labourage ; & c’éft de-1*
que: le. Nivernois, le Berry, & une partie de là
Guienne^ & du Languedoc, tirent tous les ans de
jeunes bêtes pour remplacer les boeufs & vaches
qu on prend pour mettre à l’engrais.
Les vachçs réfervées pour donner du lait, fè nour-
riffent en d’autres cantons , dont les herbes , fans
produire de graiffe, produifenr beaucoup de lait ; 3c c eft-là ce qui fait la grande quantité de fromages
qui fe tranfpartent a Paris , & dans quelques pro*
vinces du royaume,
• Les fromages qui fe font Vers Aurillaç, Moriac
& Volers, vont en Languedoc & en Guienne; 8c ceux du côté de Bèze, delà Tour 8c d’Ardes, f$
deftinent pour Paris,- pour les villes fur la Loire*
& fe tranfportent jufqu’à Nantes par cette rivière^
Le menu bétail, qui fe nourrit dans Pélè&ion de
Brioude , fe mène à Paris 3c à Lyon.
Les mules & les mulets, non-feulement naiflênc
en Auvergne y nuis on y en envoie auffi quantité
îeunes de Poitou, a neuf ou dix mois , pour
y etre eleves. Les meilleurs haras de ces forces d’animaux
, font dans un canton appelle la P la n c h e ,
entre Saint-Flours & Murat. Les marchands Efpa-
gnols & les voituriers de Lyon & de Languedoc ,
viennent les acheter aux foires de Saint-Flours, du
Puy-en-Velay, & de Maillargues. Le négoce en eft
très-grand dans le temps de guerre.
Pour les haras de chevaux, ils ont été affez négligés
après la mort du marquis de Seignelay & du marquis
de Louvois, qui fucceffivement ayant été chargés de
la direction générale des harras de France , s’étoient
appliqués avec attention à leur établifTement : mais
depuis le commencement du. cfix-huiciéme fiécie, ils
fe retabliflènt, & l’on recommence de faire eftime
des chevaux Auvergnats, & d'en tirer un affez bop
nombre de la province. Ces chevaux font bons*
pourvu qu’on les ménage jufqu’à fix ans : alors, ils
peuvent fervir avec beaucoup de vigueur bien au-
delà ae dix à douze ans.
Les àutr.es commerces de Y A u v e rg n e , font Ie$
bois de fàpins, foit eh planches, foit en bois quarré,
qu’on voiture à Paris par la Loire & le canal de
Briare ; foit auffi en mâts de différentes hauteurs 8c groffeurs , pour la marine , qu’on defcend à Nantes
par la même rivière.
Le charbon de terre , qu’on tire des mines de
Braifîac, près Brioude, & q u i, au défaut de celjii
d Angleterre, fe voiture auffi à Paris par la Loire &
le canal.
Les pommes de reinette & de calville, qu-j fç ï recueillent en abondance dans la Limagnç,
Les
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Le s cires, qu’on tire d’Aurillaç 8t de Monfkloy.
Le s colles-fortes, de Chaudes-Aigues.
Les fuifs, labourre de boeuf, & les lacets de f i l ,
qui fe font aux environs de Thiers & d’Ambert.
Quelques toiles de chanvre ; le chanvre lui-meme
b ru t , & non ouvré.
Enfin, les noix 8c l ’huile qu’on en tire»
C ommerce p a r t icu l ier des principales
v i l l e s d’ A u v e r g n e .
C L E RM O N T . Cette ville eft très-marchande,
& quoiqu’elle ne foit fituée fur aucune rivière navigable
, on la regarde cependant comme l ’entrepôt
de la plus grande partie du commerce qui fe fait
du bas-Languedoc & de Provence à Paris, & l ’on y
trouve toutes les marchandifes qui fe fabriquent à
Paris, même à L y o n , à T ours 8c dans laplus grande
partie des autres provinces du royaume, par la
facilité qu'il y a de les y faire venir par le retour
des mulets qui y paffent continuellement, n’y ayant
tuères de villes ou d’autres lieux un peu confédérales
, où les marchands de Clermont n’entretiennent
des correfpondançes.
C ’eft auffi le paffage de tant de muletiers & d’autres
voituriers , qui lui tiennent lieu en quelque forte
de éommerce, par là grande quantité d’argent comptant
qu’ils, ont coutume d’y laiffer , pour leur dé-
penfe 8c celle de leurs animaux.
C ’eft à Clermont que toute la province d’Auvergne
8c quelques-unes de celles qui en font voifînes,
viennent fe fournir de tout ce qu’elles ont befoin ,
particulièrement d’étoffes , d’habits, de dentelles ,
de lin g e , de rubans, 8c de toutes fortes d’autres
aflorPîmeris.
I l s’y prépare auffi des cuirs qui s’y débitent
poujr Lyon,
Il s y fait auffi un allez grand commerce de pâtes
d’abricots & de pommes qui font extrêmement efti-
mées, & que l’on préfère à tontes les autres confitures
de cette forte, qui fe font ailleurs, même à
T ours & a Paris,. On croit qu’elles méritent cette
préférence, par la meilleure qualité des fruits qu’on
y emploie, autant que par ^habileté des confifeurs
qui les font.
On parlera plus bas des manufactures de Clermont
, lorfqu’on donnera le detail de celles de la
province.
A u r i l l a ç . Son principal commerce confifte
en fromages qui fe font f dans les montagne^ voi-
fines, fur-tout dans cellç d e a l e r s , qui n’en eft pas
éloignée, '
Lç s pâturages y font fi excellens , & les herbes
quils produlfenç, font fi propres à faire venir du
lait aux v a c h e s q u ’il eft ordinaire de dpnner tous
leç aps aux propriétaires de ces animaux, jufqu’à
deu$ quintaux de fromages pour chaque vache, ce
qui eft un produit trè?-cohfidérablç j e quintal de
G&mme<rtii. Tçme I L fart-. §*
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fromage fè rendant communément entre douze 8C
quinze livres.
L a manufacture des poin ts fubfifte toujours I
A u r illa ç y mais avec beaucoup moins de réputation
qu’autrefois, puifqu’ii en fortoit autrefois pour fix
à fept cent mille liv res, 8c que ce commerce eft
préfentement réduit à cent cinquante mille liv re s,
o.u environ,
S a in t - F l o u r s . Cette ville eft célèbre par le«
foires qui s’y tiennent, qui y attirent un grand commerce
& beaucoup de marchands , fait du royaume,
foit des pays étrangers, particulièrement d’Efpagne.
Les mules 8c les mulets qui s’y vendent , paffeac
pour les meilleurs de l’Auvergne , qui elle-même
a lapréférence fur le Poitou, & les autres lieux
de France où on en éléve. L e canton de la Planche
entre S a in t -F lo u r s 8c Murat a de la réputation, 89
il n’en fort guères que d’excellentes bêtes.
U n autre objet de commerce pour S a in t -F lo u r s t
confifte dans les feigles qui fe recueillent aux environs
, & elle eft un des greniers du pays pour ce*
fortes de grains.
On y fait quantité de quincaillerie , mais guère»
autres chofes que des couteaux, des rafoirs & de®
cifeaux.
I l s’y prépare auffi des cifirs qui fe débitent 2
Lyon.
On parle plus bas de fes fabr iqu e s de la inage•
T h ie r s . L e commerce de Thiers a quatre objets
différens ; Ravoir, les cartes à jou er, le papier, I*
coutellerie, 8c le filet ou fil à marquer. L a f ib r e *
qùe du p a p ie r 8c des cartes font les plus confidé-
râbles ; le débit s’ en fait par to.ut le royaume, mal«
principalement en Efpagne, d’où ces deux marchant
difes s’envoyent par les gallions, dans l ’Amérique
Efpagnole.
A m b e r t , C ’eft une des villes d’Auvergne de«
plus riches & des plus confidérables par fon commerce.
Ce commèrce confifte comme i Th ie r s, ci*
cartes à jouer & en papier; & de plus en rouleaux de
f il, en épingles & en étoffes de laine. On parlera
plus bas de la fab riq ue de ces étoffes. V oy e z l’étaç
des manufactures d ’Auvergne.
L e s cartes ont le même débit qu’à Thiers , & s’envoyent
principalement en Efpagne. Pour le papier,
on l’emploie aux plus belles impreffions de Paris ,
d’Angleterre & de Hollande. Les fabriques de
papiers que les étrangers ont établies chez eux ,
n’approchent point de la qualité & de la beauté de
celui S Ambert; 8c les autres papeteries de Françc-
ont même affez de peine à l’imiter. Cette forte
de papier ffert auffi à imprimer des tfièfes 8ç des
eftampes.
On piçteud que l’eau des ruîffeanx fur lefquels les
moulins S Ambert font bâtis, contribue autant qu’autres
chofes à la bonté 8c à la beauté de ce papier.
Les rubans de fil ou rouleaux font apres Iç papier
8c les cartes â jouer, le meilleur négoce d'Ambert *
prefque tout le menu peuple y travaille, & les enfans
* même dç l’âge de quatre ou cinq ans , ont part au-
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