
Rennes 5c a N antes où elles fe vendoient en gros.
P i efentement ces trois villes les ont de la première
main, 8c elles s y envoient en droiture des lieux ou
elles fe fabriquent.
Leur prix eft depuis fèpt jufqu’à onze fols l’aune.
41 s en peut, faire dans, les quatre lieues aux environs?
de V it r e , pour quarante ou quarante-cinq mille li-
_v,res' par an. ’ • . ., ; - |
: V 'S droits- de cqmmifuon pour ces toiles & les?
profits que les-marchands en gros y peuvent faire,
l'ont comme des ouvrages de fu blanc.
- , I l y a plufieurs habitans de V it r é qui font en
E(pagne un négoce affez confidérable & qui même y
tiennent maifon ; ce négoce s’y fait fans avoir de
magafins , & fans que les niajrçhandifes pafTent par
leurs mains ; mais ils en font faire les achats par les
commiflionnaires qui les envoient dir e élément à
Saint-Malo, pour les embarquer fur les yaifïeaûx qui
chargent pour l’Efpagne, .............
Le s marchandiles qu’ils deftinent à çe commerce ,
font ordinairement des caftors & des merceries qu’ils
prennent a Paris, des .étoffes dé fpie à Tours,' des
foies a Lyon , 8ç différentes toiles fines & blanches
à Rouep, L a va l, Quimin,• Morlaix 6c autres villes
de Bretagne,
L on fait aufil à V it r é quelque trafic des feigles
qui fe recueillent dans fou terricoire ; Rennes, Fougères
, la Guerche 6c Chateau-Giron , font les villes
qui en tirent davantage. L e refte fe eonfomme
fur les lieu x, auffi-bien que les fruits 6c denrées
du-.cru,
C o m m e r c e d e M o r l a i x .
L a ville de M o r la ix eft célébré par le grand com-
rnerce qui s y^ fait de toiles. I l s’en faut néanmoins j
beaucoup qu’il foit auffi confidérable qu’autrefois ; j
les Apglois qui avoient coutume d’en enlever, année
Goiirmune , pour quatre a cinq millions , ayant
diminue leurs achats depuis que les longues guerres
que la France a eues avec eux fous le régne de Louis
X I V , les a obligés d’établir des,fabriques de toiles
chez eu x , on les a accoutume a fubftituer aux toiles
de M o r la ix , des toiles de Hollande & de Hambourg.
Plufieurs perlbnnes intelligentes dans ce commerce
eroyent que. celui des Anglois pourra fe rétablir, non-
feulement à çanfe que la qualité des. toiles de Mon»
la ix eft meilleure que cejle des toiles qui leur ont
été fubftitnees, mais encore parce que les toiles Bretonnes
leur reviennent toujours à meilleur marché
que celles qu’ils tirent de Hollande & de Hambourg,
6c même que celles ,qu ils font fabriquer chez eux.
f Apres fes An g lo is, ce font les négocjans de Saint-
Malo qui en tirent le plus; ces toiles faifant une des
meilleures parties de la çharge des yaiflçaux qu’ils
envoyent en Efpagne. ’ ' ' * '
I l en vient aufli quantité à paris 6c .dans quelques
autres villes du royaume.
Les Anglois payent une partie des toiles qu’ils
.enlèvent ? .en plomb , en étain, en charbon | | terrç ?
& autres telles marchandifes, ou de leur cm , ou
ç^ui leur viennent des pays étrangers; le furplus
s acquitte en lettres de change fur Londres, Paris.
Rouen , &ci *
• A l egardd.es marchands de Saint-Malo, ils acquit-
tent leurs achats par d’autres marchandifes. qu’ils
tirent du Levant ou de la côte de .Provence, comme
lavons, liuiies , ;aliin«: & ftêics fecs.‘
Quoique toutes lçs toiles qui'font le fonds du
commerce de M o r la ix en ayent pris le nom, il ne
S-y en fabrique pqurtant atjcqne ; & toutes celles
qui s y achètent.font apportées, pat les tiflcrands &
marchands, des pavoiffes de l’évcché de L é o n , qui
eit le pays du ces toiles fe font pour la plus grande
parçie, \L__, . ° . -
t e s habitans de M o r lq ix ont feuls droit de les
acheter de la première, ni,iin j q’çft-à-dire, de celle
du fabriquant ou du marchand qui les appprte ven-
dre dans leur ville ; 6c c’eft un privilège qui leur a
« e açcqrdé par les dues de Bretagne, Sç confirmé
par les rois depuis la réunion de cette province à la
.couronné, qu’aucun étranger ou marchand forain
ne puilfe les acheter au prejudiçs des habitans , ni
nieme entrer dans l’hôrei de ville , qd' les fabriquais
6? les particuliers 4c la campagne font obligés de les
décharger quand ils les apportent à M o r la ix , & de
les y expoler à certains jours de la fomaine, afin que
les bourgeois.s’en fourniflent. " 4
Ce privilège eft caufe. que les Anglois & même
les marchands de Saint-Malo, qui fpnt le commerce
des toiles de M o r la ix , ou au moins les com-
pfiflionnaires que les-Anglois tiennent dans cette
yill# , R.e les peuvent recevoir que de la main f e «
habitant.
Ou çroit que fi les habitans de M or laix faifoiçnc.
le conuperce des toiles par eux-mêmes dans les pays
ççrangçrs, 6c qu’ils voululfent en faire des cargaifons
pour l’Angleterre &■ pour l’Èfpagnè , 1a ville en reti-
reioit encore un plus grand profit ; mais ils n’ont
jarpais ete dans l’ulàge d’avoir des vailfeaux à eux $
foit parce que les bâtimens un peu forts ne peuvent
pas aborder jufqu’à M o r la ix , ôc font obligés de fe
tenir à l’entrée de la rivière ; foit parce que le principal
trafic qu’ils en font eft avec les An g lo is , 6c
que les marchands de cette nation font en pofiel-
fion d’introduire eux-mêmes en Angleterre la plupart
des marchandifes qu’ils tirent des pays étrangers 6c de
ne les y laifler encrer, autant qu’ils peuvent, que
fur leurs propres vaifièaux, conformément au célébré
aéte de navigation paffé en leur parlement en
l’année i66q. V oy e^ N avigation.
L e commerce des fijs eft encore tjrès-confidérable
À -M orla ix ; on y en apporte de*touç cotés, 5c les
deux marches où ils fe vendent, 6c qui s’y tiennent
le mercredi & le fàmedi, font les plus fréquentés de
toute la Bretagne; aufli n’ eft-il pas rare d’y yoir
enlever dans Te tems que le trafic ya bien, jufi-
qu a Soixante 6c djx mille livres pefant de fil par
(emairçe. On les paie qrdiqaiFemêht,ou en argent
ou en tpile.
C o m m e r c e
C o m m e r c e d e P o r t - L o u i s .
L a fituation de P o r t-L o u is eft très-avantageufe
pour le commerce, 6c il y a lieu de s’étonner qu’il
n’y foit pas plus confidérable qu’il eft , 6c qu il ne
s’y foit pas établi un plus grand nombre de marchands.
I l eft vrai qu’on prétend que quelques-uns de ceux
ui y font, ont voulu de tems en tems entreprelire
le voyage-des ifles de l ’Amérique pour y faire
le même commerce que les marchands de Nantes,
mais qu’ils n’y ont pas réuflï, parce qu’ étant obligés'
de tirer de Nantes les marchandifes qu’ils y por-
toient , ils ne pouvoient pas les donner dans les
ifles à un fi bon prix que les Nantois , ni par con-
féquent en trouver le débit autrement qu’à beaucoup
de perte pou^eux.
Une autre entreprife qui n’a pas été plus heureu-
f e , eft celle de la morue, quoiqu’on n’en puiffe pas
bien concevoir la raifon ; cette ville n’ayant pas
moins d’avantage pour cette pêche que les autres
villes de Bretagne qui y envoyent.
Tout le commerce du P o r t-L o u is fe réduit donc
en quelque façon à la pêche de la fardine , qui occupe
pendant l’été plus de trois cent chaloupes 6c
tous les matelots du pays. Ou n’entrera ic i dans
aucun détail fur cette pêche , parce qu’on en doit
parler amplement dans un autre endroit de ce- Dictionnaire.
Voye\ l’article de la fardine.
Ce ne font pas les pêcheurs qui accommodent,
preffent 8c fiaient ïa, fardine , mais des marchands
qui en font le commerce en grqs 6c qui les achètent
d’eux à mefure qu’ils font de retour de la mes.
L e débit s’en Hit par bariques , 8c l’on en çharge
beaucoup pour Saint-Sébaftien 8c Bilbao , 6c pour
toute la Mediterranée o;^ il s’en fait une grande éon-
fiommatioH. Ce font ordinairement les marchands
. de Saint-Malo qui enlèvent cette marchandife,
L a banque fe vend depuis vingt jufqu’à cinquante
livres , fuivant la qualité du poiifon , ou que la pêche
a été plus ou moins abondante.
L ’huile de fardine eft encore un objet de commerce
pour le P o r t-L o u is . Trente à quarante banques
de fardines peuyent dçnner une baric^ue d huilé.
Elle fe vend depuis cinquante jufqu’a quatre-
vingt francs.
L e P o r t-L ou is fait, année commune, jufqu’à quatre
mille bariques de fardines, à neuf ou dix milliers
de poiffons par banque.
C o m m e r c e d e C h a t e a u - L in , d e C o v e r o n ,
8ç d ?A v r a y .
C h a t e a u - L in j gros bourg de la baffe Bretagne,
dans le diocèfe de Quimper.
fer que jggjj prépare par le moyen de la petite rivière
I l fe trouve dans fon voifinage quantité d’ardoi-
fières qui fourniffent de l’ardoife très-fine, qui eft
prefque toute enlevée par les étrangers.* Il eft
aufli très-eonfidérable par les mines de cuivre & de
Commerce. Tome I L P a r t . J.
d’Aufon , fur laquelle font bâtis divers moulins
pour le fervice dés forg e s, des fonderies, 6c des
martinets qui fervent à Fondre 8c à exploiter les mi-
nerais dé ces deux métaux.
L a pêche des faumons qui fè trouvent en abonr
dance à l’embouchure de 1 Aufon , qui fe jette dans
la baye de Breft, à peu de diftance de Çh a tea u -L in ,
eft aufli un objet confidérable de commerce pour lec
habitans de ce bourg. ,
C o v e r o n . Gros bourg de Bretagne avec un
petit p o r t, à trois lieues de Nantes, Ses vins rouges
font les moins mauvais de la rivière de Nantes ; aufli
les étrangers en enlçyent-ils pour leur bojffon, ce
qu’ils ne font guères des autres. Les eaux-de-vie qui
fe font avec fiés vins blancs, font les meilleures de
toute la Bretagne. J1 s’y fait une pêche confidérable,
aufli-bien qu’à Aunay , petit port à une demi - lieue
au-deffous où fo n prend les premières alofes qui
entrent dans la Loire.
A v r a y , petit port de mer , dans la province dé
Bretagne.
L a commodité du port d’A v ray > où les plus gros
vaifîeaux font en fureté, facilite à fes marchands
un commerce confidérable avec les Efpagnols. Les
marchandifes qu’ils portent en Efpagne font du
poiflon falé , des peaux de vaches , du beurre , 6ç
d’autres denrées de la province : les retours confif-
tent en vins, en fruits fecs , 6c particulièrement en
fer de Biîcaye.
É T 4 T D $ S F A B R IQ U E S E T D E N R É E S
du crû de Bretagne , qui en fo r ten t toutes les
années p ou r les autres provinces du royaume-
& pour les p a y s étrangers , ou. qui f e confonv*
ment p ou r les armemens.
On a cru ne pouvoir mieux faire connoître le
vafte commerce de la Bretagne , 8c les richeffes
qu’il répand dans la province , qu’en mettant ic i,
comme une çfpèce de récapitulation , tout ce qui
y entretient ce commerce , 6c les fommes que chaque
efpèce de marchandife y peut produire : le
tout vérifié fur des regiftres des (orties , 6c -réduit en
une année commune , ainfi qu’ il s’enfuit,
Sçayoir :
Toiles de toutes fortes , pour izoooooo
Fils blancs , crus 8c de couleur IOOOOOO
P ap ie r ,
zooooo
Etoffes de laine pour les ifles 6c
pour
les vaiffeaux , 40000
Miel 8c cire , fiooooo
Beurre , 100000
Chevaux, IOOOOOO
Boeufs , 35 0000
Cochons, 100000
1 Moutons -, 40000
1 ï >430>ooo L
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