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L ’ordre de ces nuances eft le gr is blanc , le
gr is de p erle, le gris de plomb , le gr is de lavande
, le gris de caftor , le gr is de ramier , le
g r is d’ardoife , le gr is de moron , le gris brun,
le ferbrun ou gr is noir , autrement gris minime ;
le gris de fer & le vrai gr is , celui-ci ne fe décharge
point. Tous ces gr is doivent être teints en cra-
moify , avec guefde ou paftel , fans mélange de
brefil ni d’orfeille.
Outre ces gr is dont les nuances fe fuivent, il y
en a encore plufieurs autres qu’on peut appeller
des gris interrompus, comme le g r is cendré ou
g r is fale , le gr is de rat ou de fouris , qui a moins
d’éclat que les autres 5 le gr is argenté, le gris
violant, le gris vineux , le gr is de lau ge, un grjs
d’eau & un gr is verd ou merde d’oye.
On met aufli au nombre des gr is la couleur de
pain ou trift-amie , & la couleur de prince ou de
noifotte.
On appelle gr is de lin une nuance violette qui
à plufieurs dégrés depuis le plus clair jufqu au plus
brun.' Petit gris. Ce qu’on nomme p e t it gr is eft de
deux fortes 5 l’un eft la peau ou fourure d’une ef-
pèce de rats ou d’écureuils qui fe trouvent dans les
pays froids. L ’autre eft une des fortes de plumes
que l’on tire de deflus l’autruche. Vers de gris. C ’eft la rouille du cuivre. Papier gris. Voye^ papier.
GRIS A TR E . Qui eft de couleur tirant fur le gris.
Une étoffe grifiltre.
■ GRISER. Devenir gris. ( Terme de teinturier.)
I l fe dit des bleus de mauvaife teinte dont la couleur
fe change & tire fur le gris.
G R IS E T T E . Petite étoffe légère , ordinairement
mêlée de foie , de laine , de fil, de poil ou de coton,
& quelquefois toute de laine , que les perfonnes
de médiocre condition qu’on nomme à Paris par
piaifanterie des grifettes , ont commencé à porter,
& qui ont en fuite paffe jufqu’aux perfonnes du premier
rang. ■
Ces petites étoffes étoient d’abord grifes , mais
on en a depuis fait de toutes couleurs & façons ,
de pleines , .de rayées, à fleurs, &c. qui toutes
cependant confervent toujours leur nom de gri-
fe tte s .
Ce font les férandiniers qui les fabriquent & qui
les vendent , aufli font-elles pour la plupart des
efpèces de ferandines ; il s’en fait néanmoins d’étamines.
On ne peut dire combien le commercé de
ces étoffes eft confidérable a Paris , & combien il
s’en fait d’envois dans les provinces. '
Leurs largeur & longueur fe règlent fur celles
des étoffes qu’elles imitent, ceft-à-dire , des ferandines
ou des étamines.
G R IV E , o u . G R ÏF . Monnoie de compte de
Mofcovie.
G R IV E L É E . Profit injufte & fecret que l’on fait j
dans un emploi ou fur des marchandises qu’on
gehete par conunifllon.
G R O
G R IVE LER . Faire de petits profits illicites fur
fon correfpondant, fur fon affocié , ou fur ceux
pour qui on fait des emplettes.
G R O CH , ou G R O CH EN . Petite monnoie de
P o lo gn e , qui fort de monnoie de compte aux
marchands & banquiers Polonois poùr tenir leurs
livres. A Berlin le groch de compte vaut deux
fols fix deniers : les livres s’y tiennent en.riche-
dales & en grochs , de même qu’en Pologne j mais
avec cette différence que la ricnedale dans les états
de Brandebourg ne vaut que vingt-quatre grochs
de Berlin , & qu’il faut quatre - vingt - dix grochs
Polonoifes pour faire la richedale.
I l y a aufli des grochs en Allemagne , qui valent
1 fol 7 du pays , c’eft-à-dire , environ 2 fols de
France.
G ROCHE. Les. Turcs nomment quelquefois de
la forte la reale ou pièce de huit d’Eljpagne : elle
a cours à. Conftantinople pour quatre-vingt alpres
de bon allôi j mais fi l’alloi eft bas, on en donne
fix vingt pour la réale.
Au Caire la croche , fi c’eft en échange , pafle
pour trente - trois meidins j. & fi c’eft en efpèces ,
pour quarante , & quelquefois davantage..
Les pièces de huit ou rëaux d’Elpagne valent
plus à Conftantinople & au Caire à les échanger
contre des temins & des afpres , & autres, mon-
i noies de bas a llo i, qui ont cours dans la Turquie ,
fuivant qu’elles font recherchées des marchands
Arméniens, Perfans & Arabes qui les portent dans
leurs pays , préférablement à - d’autres monnoies.
Voye-{ LA TABLE DES MONNOIES. .
G R O IZ O N . Sorte de pierre ou craye blanche
réduite en poudre très-fine, dont les Mégiflîérs, fe
fervent pour préparer le parchemin.
G R O S . Terme relatif qui fignifîe ce qui a beau-
coup de largeur à? d'épaijjeur , & qui eft d’un
plus grand volume qu’un autre corps avec lequel
on le fait entrer en comparaifon.
Gros s’entend aufli abfolument & fans relation
avec une autre chofe, & c’eft de cette manière qu’il
fe prend en parlant de quelques poids & de diverfes
monnoies.
Ce terme a encore plufieurs autres lignifications
dans le commerce , qu’on va toutes expliquer dans
cet article.
G r o s d ’ a u t r u c h e . C ’ e ft l e p lu s , g r o s d u duvet
o u p o i l d ’a u t ru c h e q u e l’on a fé p a r é d u fin , p o u r
ê t r e em p lo y é a u x B fie r e s d es d r a p s fin s d e l a in e ,
d e ft in é s p o u r ê t re te in ts e n n o i r j o n l ’ a p p e lle aufli
laine o u p lo c d'autruche.
G r o s b o is . C ’eft du bois à brûler taillé en bûches
d’une certaine groffeur & longueur fixée par
les ordonnances. On le nomme gros pour le diftin-
guer des bourées , fagots & cotte rets qui ne font
compofés que de menus morceaux de bois & branchages.
&S Quand on parle dit bois quârré ou bois de charpente
, & que l ’on dit qu’il a tant de pouces de
G R O
'gros , cela doit s’entendre qu’il a tant de largeur &
d’épaifleur.
Aux eaux & forêts , 8c parmi les marchands
de bois qui en font exploiter , on dit qu’ un arbre
a tant de gros , pour dire, qu’il a tant de pieds de
tour. . ;
G ros b o n , ou bule. C’eft ainfi que Io n appelle,
dans les manufa&ures de papier , la p â te
commune faite de vieux chiffons ou drapeaux de
toile de lin ou de chanvre qui s’emploie à faire le
gros papier. _ ■
G ros cu ir . C ’eft du cuir de boeuf plaque , p ro -1
pire à faire des femelles de fouliers.
G ros. Signifie quelquefois riche ou celui qui a
réputation de l’être. U n gros marchand , un gros
banquier.
,On appelle marchand en gros celui qui ne vend
que les pièces, que les balles entières qui ne détaille
point & qui vend en magafins.
On dit qu’un négociant a gagné gros , pour
faire entendre qu’ il a beaucoup profité dans une en-
treprife de commerce.
G ros. Ce qui eft le principal, la plus confidérable
, la plus grande partie d’une chofe : ce marchand
né fait qu’un tel commerce en g ro s .
G ros a v e n t u r i e r . Celui qui met de l’argent
â la groffe aventure.
G ros. Droit d’aides établi en plufieurs provinces
de France : on le nomme droit de g r o s , parce
qu’il fe perçoit fur les vins , bières, cidres, poirés,
& eaux-de-vie qui fe/vendent en gro,s.
Ce droit confifte au vingtième du prix de la
vente de. ces liqueurs ; c’eft proprement un droit
de fol pour livre : fon établiffement eft de l’an i $ ? Ç
fous le régne du roi Jean.
G ros. Sorte de petit poids qui eft la huitième
partie d’une once , ou une dragme ; le gros fo di-
vife en trois deniers , le denier en vingt - quatre
grains j & chaque grain eft eftimé pefor environ un
grain de bled3 les foixante & douze grains font un
g m - .
G ros. Petite monnoie de billonou cuivre tenant
argent, qui a voit cours en Franche-Comté avant
ue cette province eût été réunie à la couronne de
rance fous le régne de Louis X IV 3 il fe reçoit
encore en Lorraine & dans quelques .états voifins.
L e gros vaut dix deniers tournois , & ne tient de
fin que deux deniers quatorze à quinze grains : les
doubles gros font à plus haut titre & tiennent d’argent
cinq deniers quatorze à quinze grains. Les uns
& les autres ont été fabriqués à Befançon & à Dole
pendant que ces villes étoient fous la domination de
la maifon d’Autriche.
G ros. Eft aufli une monnoie en ufage dans les
pays de S ax e, Siléfic , Bohème , &c. que l’on prétend
du poids des dragmes attiques , & des vieux
deniers Romains.
On appelle livre de gros une forte de monnoie
de compte ou imaginaire dont on fe fort, en Hollande
en Flandre & en Brabant. L a livre de gros
G R O jop
vaut plus ou moins fuivant les lieux oû elle eft
en u fage, & elle augmente ou diminue de valeur
à proportion que le change haùffe ou baiffe. V o y ,
LES TABLES DÉS MONNOIES.
G r o s d r a p . Celui q u i a été fabriqué de laine
commune & groflièrement filée : on appelle aufli une
große d ente lle, une große toile , celle qui eft faite
& manufaéturée de gros fil de chanvre ou de lin.
G r o s n o ir . Sorte 'd’ardoifes.
G r o s p a p i e r . C’eft du papier fait de pâte commune
, que l’on nomme gros bon , ou bule.
G r o s d e T o u r s , ou g r o s d e N a p l e s . Sorte
d’étoffe toute de foie , qui n’eft autre chofe qu’une
elpèce de gros taffetas plus fort & plus épais que
les autres ; la largeur ordinaire eft d’une demi-aune
moins un douze. On en tiroit autrefois beaucoup
de Naples3 mais depuis que. les Tourangeaux fe
font appliqués à les bien fabriquer , il n’en eft pref-
que pas venu d’ Italie.
On appelle aufli gros de Tours des étoffés fabriquées
à la Chine, a peu près femblables aux gros
de Tours de France , ce qui apparemment leur a
fait perdre leur véritable nom Chinois , pour eh
prendre un François plus connu.
Les gros de To urs forgés font des efpèces - de
forges de foie quelquefois unies.. & quelquefois
façonnées.
G ros V erdun. Efpèce dé dragée.
G r o s v i n . Celui qui eft fort couvert & épais.
G r o s -f i l é . O n appelle ainfi en Guyenne -, dans
la fabrique dès tabacs , le plus gros f i la g e ' que
l’on y falle avec des feuilles de. tabac fans côtes,. I l
y a encore deux filages , fçavoir le prim filé & le
moyen filé \ . le gros - f i l é a environ iin pouce de
circonférèrice.
G R O S IL , G R O IS IL , ou G R E S IL . Verre caffé
en de trop' petits morceaux pour être employé aux
ouvrages des vitriérs. L e g ro fil fe renvoie aux verreries
pour y être refondu fuivant fa qualité : il fe
vend au baril.
G R O S SE , eft une expédition en parchemin des
contrats , des obligations, arrêts & fentences que
délivrent les notaires & les greffiers , & qui font exécutoires
quand elles font fcellées.
G r o s s e . Se dit du profit ou intérêt de tant pour
cent que l’on donne pour l’argent que l’on prend ,
ou que l’on donne à la grolle aventure. Ainfi l’on
dit , la groffe fur le pied' de douze ou quinze
pour cent plus ou moins.
On appelle contrat ou obligation à la große
aventure^ une certaine convention par écrit , qui
fe fait entre deux perfonnes , dont l’une envoyé des
marchandîfos par mer & l’autre lui donne une femme
d’argent , fous condition de la retirer avec un
certain profit, fuppofé que le voyage fe falfo avec
fuccès ; ou de la perdre fi les marchandifos viennent
à périr.
Donner de l’argent à la g roffe aventure , c’eft i hazarder fon argent fur un vâilïeau , ou fur les mai- i chandifes de fa cargaifon , dans l’elpérance d’un