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I sles Moluques. ( Commerce d e s )
Ces ijles font partie de T Archipel oriental,- &
néanmoins compofent entr’elies ,un Archipel particulier
de plus de 70 iftçs*
O o les ëlivifè en grandes & en petites M oluq u es,
& ces dernières fo n t ençoj/e p a r ta g é e s en Moluques
proprement dite-s , & en ifl,es de Banda. Quelques-
ùns mettent auffi l ’ifle dy Amboine au n om b r e des
Moluques.
Toutes ces id es, dont on pariera dans la fuite,
fuivanc cette diyifipn- , furent découvertes par les
Portugais en 15 i t.
Les Efpagnols les. leur; députèrent pendant quelque
temps, fondés, à ce quils^publioient, fur ce
fameux partage , dans lequel Rome, devenue comme
l'arbitre des Indes orientales & occidentales ,.
avoit a J jugé celles-là au Portu gal,. & celles rd a
PE (pagne mais par le traité de 1510 entre les
deux nations, les Moliiques. furent cédées aux Portugais.
Ces derniers les p o (fé d è r e n t ju fq u 'e n i6 o r , que
les Hollaudois , nouvellement arrivés aux Indes,
commencèrent à les troubler dans leur pofïèffion,
qui ëft e n fin demeurée à ceux-ci ; les Portugais n'y
ayant pu conferver aucun établiifement, & ayant
été entièrement c h a f îe s de ces ifles, que cqmmu-
qément ils appelloient les ijles, des. épiceries -, à 1
c a u f e de la noix. mufcade, du macis & du clou de
girofle, que plufieurs d’entr’ elles produisent en abondance
, & qui ne fe trouvent, en aucun autre lieu du
monde..
G R A N D E S I S L E S M O L U Q U E S .
Le s grandes ijles Moluques fon t, entr autres ,
Celebes-, G ilo lp , Ceram & Bottou.
C elebeS; , qu'on nomme auffi M a ca jfa r , eft la
plus confidérable de toutes, ayant 10 0 lieues de
large , & 2,00 de long 5 ce qui pourtant doit, s'en-r
tendre, non d’une ifle d'un feul continent , mais
de quantité d'ifles fi proches les unes des autres,
qu’elles femblent n’en compofer qu'une.
L e nom,de Macajfar lui vient d’an de lès fpyau-
xnes, le plus fertile de tous, & prefque. lç féuljoù-
les Européens faflent commerce. _
L a capitale, célèbre par fà grandeur, le nombre
«Je fes habitans,, & la b e a u té 'd e fes. hârimens, piéf-
que tous à l ’Européenne , eft fituée dans la. partie
méridionale de lifte ,, à cinq d e g r é s , 6\minutes de. la
ligne... ^
C'eft-là ou les Portugais fai (oient autrefois prefque
feuls un.de lçurspjtus-grands négoces des Indes.
Les Hpllandpisr s’y étojçnt -dçp.uis établis ; & du
confentement du roi de MacafTar.;, qui paroifloit
fatigué de‘cette efpèce de, feryitude, où les premiers
les.retenoient, y avaient bâti Panakoke &. Sambou-
p o , deux forts qui. affuroient leur négoce , & à
çe qu’ils vo'uloient faire, croire aux. Macaffars, la
liberté de leur pays*
1 s L Mais ces nouveaux hôtes n’ étant guères plus traf*
tables que lès anciens en fait de commerce , & voulant
faire les maîtres à MacafTar , & y donner l’ex-
;clufion à toutes les autres nations, les Portugais
I reprirent leur crédit ,-$ç les Hollandois étaient: poêts
I d’en être chaffés, lorlque prévenant les deueinsrdc
! leurs ennemis, qii’ ils avoient preftentis , ils. paru-
i rent devant MacafTar en 1660 avec une flotte de.
•trente-trois v a i f lè a u x & après avoir été également
| victorieux fur mer, où ils prirent , brillèrent, ou,
■ coulèrent à fond fix gros, navires Portugais riche-
. ment chargés ; & fur terre , où dans une defçente,
ils forcèrent l’épée a la main deux forts aux portes
j de la ville j ils intimidèrent tellement le coi & fes.
: peuples , quoique les plus braves des Indes, qu ils
1 s’obligèrent par un traité,, qui fut-conclu à Batavia.
: la même année, de ne plus fouffrir les Portugais
. dans tout le royaume,, & de lailfer les Hollandcis-
en poffeflion de leurs forts & de leur commerce.
C e ne fut cependant qu’en 16 69 ,. que ces:1 derniers
fubjuguèrent entièrement cette nation inquiète
&: féroce,, qui malgré le traité de 1660 , & un autre
de 1667 ^ les troubloit coutinuellement dans le
commerce dés épiceries ; envoyant en fecret fur lés-
côtes des ifles de Banda & des Moluques-, de petits
bâtimens qui traitoient avec les habitans , de clous
de girofle & de noix mufeades, qu’ils revendoienc
en fui te aux Anglois.; & entretenant, difok-on , des:
intelligences avec des ennemis de la • compagnie
pour lui enlever Am b o in e u n de fes fix grands-
gouvernémens des Indes.
Cependant, malgré tant de dépenfê, & tant do
fang répandu, les Hollandois n’ont pu établir a
MacafTar un négoce exclufif ;. le port & là ville étant
reliés ouverts à toutes les nations des Indes & de
l’Europe, à la réfèrve des Portugais, qui pourtant
y viennent trafiquer comme les autres, depuis qu’à
caufe de leur foibleffé aux Indes , ils ne donnent
plus de jaloufîe aux .H'ollandois. ‘
Ce qui y attire le plus de négocians, eft la fran—
ichife des entrées & des fprties , les marchandifes
'n’y payant aucun droit.
; Les. principales de -celle? qu’on en tire -, font du
Iris-en très-grande-quantité-, dont les Hollandois font
5 des cargaifons çordidé râbles pour les -Moluques 8c
lies ifles de Banda ;. de l’or , dé l’yvoire(, du fàndal,
du cqton, du camphre, du, fe r , plufieurs fortes de
quincaillerie de .ee métal , des armes propre? aux
Indiens , dii gingembre , du poivre long &. des perles
q u ife pêchent fur quelques côtes de l’ifle Cele-
ibes ,; celles qu’on y. porte ,. confiftenc en . draps
d’écarlate & étoffes d’pi & d’argent > en toiles: de
Cambayer, en étain & en cuiy.re>
L ’ifle de G ilglô; tient le/ecoiief rang parmi les
grandes, ifles-Àe l’Archipel àés Moluques. Quelques-
uns lui .donnent • 200 lieues de. circuit, & d autres
feulement 150. Les Hollandois y font établis . & y
ont les forts de-Tacome &, de Üabou, moins pour
Jy. faire. c.pu'W'nw.ce.j que, poux empecher quon n y
•dultive les clous de girofle, qui y viennent allez
bien.
La meilleure marchandife qu’ils en tirent , eft le
fagu , dont ils ne peuvent guères fe pafler pour la
nourriture des habitans de leurs petites ifles Moluques
y & des ifles de Banda, qui eft ufent au lieu
de ris , & qui même en font leur boiffon.
Le fagu eft la moelle d’une efpèce d’arbre affèz
femblable au fapin pour la légèreté de fon bois :
■ cette moelle fe'rappe, & fe réduit en une farine
.•douce & blanche , dont les Moluquois font des espèces
de galettes, fort au feu, dans une forte de
tourtière de fer; foit au folei-1, • en les y laiffant
expofées jufqu’à ce qu’elles foient très-féches : on
Æii fait auffi de la bouillie, qui eft gluante, mais
d’afTez bon goût y & fort nourriffante ; détrempée
«dans de l’eau , elle fert • de boiffon.
On tire auffi du ris pour les mêmes ifles & quantité
do toutes' fortes de vivres. •
C eram n’eft guères moins grande que Gilolo.
Une partie des côtes, a long-temps appartenu au
loi de Ternate , &ra été long - temps un fujet de
guerre entre ce prince & les Hollandois, à caufe
du clou qui s’y, cultive. Depuis la paix faite entre
eux, eivTtf 38, 'Ceram a eu le même fort que Termine
& les àùtres ifles qui1 en dépendent. Les girofliers
ont été arrachés , & les Hollandois ont bâti
en plufieurs endroits , des redoutes & • des forts ,
pour empêéher ce commerce , ou s’en rendre maîtres.
Voye?: ci-après T e-r-nate.
n’étahf com p o fée que d’ une feu le m o n ta g n e , qu i
commence dès les c ô t e s , & qui po r te fo n fommeC
; très-haut. • - - :
. Botton , eft la dernière des quatre grandes ifles-
Moluques y & peut avoir environ 80 lieues de circuit;
il n’ÿ croît point de ris, mais :i-t s’y fait un
affez grand çoranierce defekives. On y ; trouvé aüffi
un peu d’ambre gris, d’aflez^ médiocre qualité.1
• L e meilleur négoce eft celui dès tamettes , ef-
pèces de toiles qui s’y fabriquent , & qui font
bonnes pour les Moluques. Les Hollandais en enlèvent
quantité ■ chaque année , & les achètent avec
desxaflies , cétte-menue monnoie-de cuivre des Indes,
dont on a déjà parlé plufieurs fois.
Jufqu’en '•ï-è 1-2 ,:îl n’y âvoit aucune monnoie dans
dette, ifle, aù dieu de quoi on fe1 fer-voit- de: petits
morceaux de fer ou de plomb , bizarrement taillés.
«Les Hollandois, par le traité qu’ils;firent cette année
avec le roi , qui lès avoit favorablement reçus
, s’engagèrent d’y apporter des eaffies & autres
. efpèces de cuivre; ce qu’ils exécutèrent avec un grand
profit, leur ayant donné cours, fur un pied bien
plus haut qu’ils n’avoieht alors dans le Java, & dans
. le refte -des Indes.
Elles font toutes très-petites, Ternàte qui en eft
la principale , n’ayant que fept lieues ; M ichiam
environ 6 ; Motier feulement 4 1 Bachiàm eft plus
grande , mais a demi déferte.
Toutes ces ifles font aux environs de la l ig n e ,
Motier eft préeifément défions.
L e roi-de Ternate dominoit autrefois, non-feulement
P E T I T E S I S L E S M O L U Q U E S ,
Les ijle s qu’on appelle proprement Moluques ,
ne1'font qu’au norrïbre de cinq ; T ern at e , T tdor ,
Motier ou Mgtîr , Machiam & Bachiam &
eëft ce qui eonipofe le quatrième des fix grand?
gouvernemens dés Hollandois en A fie.
■ Le terrein de ces ifles eft forç ? gha'cune
fur . ces cinq ifles , mais encore fur celles
! de l’Archipel des M oluq u e s? au nombre de 72. Ses
1 fujets étoient alors obligés d’apporter leurs épiceries
dan? fa. capitale , & c’étoit-là que les marchands
étrangers , Javans, Malais, Chinois, & les Portugais
au commencement, -venoient s’en fournir.
Peu après que ces derniers furent arrives aux In-
; des, cette-grande puiffancè des Teirnatois commença
; à s’ébranler ; & les habitans de MacafTar , de Tidor ,
& de plufieurs autres ifles, s’étant révoltés, & s’étanc
ligués, allèrent attaquer leur roi jufques dans la
fiënne.
Les Portugais attentifs à tout ce qui pouvoit éten-
; dre leur empire & leurs conquêtes dans les Indes ,
; fe- mêlèrent bien-tôt de la querelle ; & profitant de
| la conjoncture , s’établirent dans Ternate , même
, du confentement du roi; & enfuite par droit de,
| conquête, dans T id o r , Machiam-, Amboine, Banda
, Timor & S o lo r , où ils élevèrent des forts , qui
les rendirent les maîtres des épiceries.
En i £ o f , les Hollandois parurent à Ternate :
les Ternatois las de la domination Portügaife, les
reçurent , & leur permirent d’y bâtir le fort de
TerlüGo, un des premiers qu’ils.aient eu aux Indes.
Ce-changement de maîtres b’ayant point adouci
la fervitudeAes Ternatois ,' qui au joug des Portugais
, avoient ajouté celui des Hollandois ; ils tâchèrent
plufieurs fois de fecouer celui de ces derniers,
mais toujours inutilement, ayant été obligés de faire
divers traités-, en 1609 , en 1/612 , & enfin en 1638 , r
qui achevant de leur ôter le peu de liberté qui leur
reftoit , exclurent entièrement les étrangers des ifles
Moluques , & affûtèrent uniquement aux Hollandois
tout le commerce du elou qui fe recueille dans
ces ifles.
Par ce traité, qui renouvelle tous les anciens, 8c
qui reftitue au roi de Ternate toutes les places dont
les Hollandois-s’étçient emparés dans cette dernières
guerre de 165S ; il eft convenu.que tous les fùjets
du roi fortiroient d’Amboine, & que ce prince renonce
roit pour toujours en faveur des Hollandois ,
4ux droits qifils avoient fur cette ifle.
Que dans fes ports , il ne fèroit reçu aucun négociant
, Indien ou Européen, fans paiïe-port du
gouverneur général de Batavia , & que ceux qui y
arriveroient. ayec pafTè-port ,n e pourroient aborder
à Amboine que fous le fort de la Viâroire ; à Hitpu,
a la H o u , •& à- Cambelles dans l ’ifle de Ceram , que
fous- les redoutes.
Que ceux qui mouilleroieot en ces endroits .
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