
s’envoyent partie à Paris , à Rouen, à Bordeaux, a
Lyon , & dans quelques autres Villes du royaume;
& partie à l’étranger, particulièrement en Efpagoe,
en Italie & dans les villes de Flandre; fur-tout à
Gand d’où elles paffent en Angleterre. Vingt ou
vingt-cinq marchands de Saint-Quentin en font
prelque tout le commerce.
L a plupart des toiles qui fe font à Saint-Quentin
8c aux environs, font des toiles de lin , où 1 on emploie
ordinairement celui du pays qui eft excellent,
& celui du Vermandois, qui eft encore plus fin &
d’une meilleure qualité.
L e s différentes efpèces de ces toiles, font :
Des toiles de batifte de deux tiers de la rg e, &
de douze aunes & demie de lon g , du prix depuis
dix jufqu’à cent livres la pièce.
Des batiftes claires de trois quarts de large , & de
quatorze aunes & demie de lo n g , du prix depuis
quatorze jufqu’à quàciè-vingt livres la pièce.
Des demi-Hollande & toiles fortes de trois quarts
de large, depuis vingt jufqu’à cent vingt livres la
pièce.
Des trufettes de’ demi-aune demi-quart, depuis
feize jufqu’à foixante livres la pièce. E lles font propres
à faire des mouchoirs.
Des linons de deux tiers de large, & de quatorze
aunes un quart de long, de même prix queles batiftes,
dont ils ne diffèrent que parce qu’ils font encore
plus clairs.
Des gazes rayées de diverfes longueurs fur demi-
aune de large.
Des toiles à cravates de différentes largeurs , longueurs
& espèces, auffi-bien que dedifférens prix.
Il faut obferver que les prix des toiles ci-deflfus,
ont été réglés fur les années. 17 17 & 17 1 S , & que
les différens mouvemens arrivés depuis ce temps-la
dans les monnoies & le commerce de France, peuvent
les avoir augmentés de près d’un tiers 8c même
davantage.
L e droit de courtage & d’aunage , qui fe paie fur
les toiles, eft de cinq fols par pièce ; celui pour la
marque , de . douze deniers.
I l fe fait aufli à Saint-Quentin quantité de groffes
toiles d’étoupes de lin.
Les eaux de la Somme, qui a fa fource à deux
lieues au-defïus de Saint-Quentin , font fi propres
pour; les apprêts & le blanchiffage des toiles de
batifte, que non-feulement les marchands de cette
ville s’en fervent pour blanchir celles qui fe fabriquent
chez eux; mais encore que les villes voifines
& particulièrement Cambray où il s’en fait des.
mêmes fortes qu’à S a in t-Q u en tin , y envoyent les
leurs.
P é r o n n e , dans le Santerre. Point de fabrique
d’étoffes, quoiqu’il s’y recueille & aux environs
près de quarante milliers de laine, qui fervent au
négoce & aux manu factures du dehors.
Le s toiles qui s’y fon t, font de mêmes qualités &
largeurs, & de même prix que celles de1 Saint-
Quentin. I l ne s’y en fait guères que mille pièces
par an , quoiqu’il s’y en vende beaucoup davantage ;
mais les trois quarts & demi de ce qui s'y en débite
viennent de Cambray, d’Arras & de Bapaume.
On fait aufli dans plufieurs villages qui font pro-'
che de Péronne , beaucoup de groffes toiles d’écota-
pes de lin , de même qualité que celles de Saint-
Quentin.
Les droits de courtage & d’aunage fur les toiles
aufli-bien que celui de contrôle, montent à fîx fols
par pièce. L e droit démarqué eft de douze deniers*
N e s l e . On y recueille la même quantité de laines
qu’à Péronne ; & , comme à Péronne, il n’y a- pas-
non plus de fabrique d’étoffes de laine-
Les toiles y font aufli de mêmes qualités , mais i l
ne s’y en fait pas un fi grand nombre ; & i l s’y en-
vend peu ou point de foraines;
T il lo y . Il fe fabrique dans ce lieu & dans q uel-
! ques autres aux environs , des ferges façon de Cre -
vecoeur. Toutes ces étoffes, fé- marquent au bureau
du T illo y ; deux maîtres & gardes élus à la p lu- .
ralité des voix de tons les ouvriers de ces villages,
eu ont la direction. L ’éleôtion s’en renouvelle tous
les ans.
Cette fabrique occupe jufqu’à. foixante métiers;
Les étoffes qui s’y fon t , s’achètent toutes par les
marchands d’Amiens. Fienvillier &: Naours; Les payfans de ces
deux rillages qu ifo n t affez voifins, Font aufli des-
. ferges de Crevecoeur. L ’infpeéïeur des'manufallures
de" ce département, commet une perfonne pour les
yifiter & les marquer fur les lieux.
B e a u c h am p - e e - V i e i l . On y fabrique des tire-
taines de demi-aune de large ; le produit de ces
étoffes, paffe trois mille pièces par an. Ces. tiretaines
fe nomment des belinges. Gra’NDVilliers & villages circonvoifins- Les-
ferges que l’on fait dans tous ces lieux, font efti-
mées y elles ont demi-aune demi-quart de large. Il
s’y en fabrique année commune, douze à quatorze
cent piècès.
Quarante-cinq maîtres qui d'e'meurent à Gratuit
v illie r s , fbrrr travailler un grand nombre de métiers,
dont la plus grande partie eft difperfée dans, les villages
& hameaux duvoifinage , n’y en ayantque très-
peu dans le bourg. L e bureau de la marque & vifite
: de ces é t o f f e s e f t établi à Gfahdvilliers où. elles
font vifitées & marquées par les jurés de la communauté.
I l y a une foire le jour de la faint. Leu
fàint Grlles , & marché tous les lundis-
F e ü q ü ie r s . Cette manufacture eft très-eonft-
dérable. Les étoffes qu’on y fait font des ferges façon
de Crevecoeur & d’autres façon de Londres. Un feul
manufacturier la conduit , la foutient 8c. y entretient
un très-grand nombre de métiers.
P o ix . Il fe fait à P o ix . 8c dans quantité de villages
circonvoifins ,u n affez grand nombre de ferges.
C’eft au marché ..de ce bourg que fe portent & fe
vendent toutes les^étoffes qui fé port bien r autrefois
à A umale, ce qui va année commune , à plus de
quinze cent pièces. Ce font les. marchands d’Amiens
<qui ont coutume de les y acheter | particulièrement
•lés ferges.
L e bureau pour la vifite & pour la marque, y
eft aufïî établi.
D ÊPARTEME ' N T DE L * IN S P E C T EU R
des manufactures de B eau va is.
B e a u v a i s . V ille de France, capitale du Beau-
voifis , dans le gouvernement de l’ifle de France.
On la compte toujours comme une des villes de
Picardie, quoiqu’elle en ait été féparée : elle eft
le chef-lieu du département'd’un infpecteur des
manufactures, duquel dépendent Mouy , Merù ,
T r ic o t , Cotircelles , Mery , Vaux , Fretoy, Tron-
q u o y | Rollo-t, Affimilliers , Orviler , Co cu re l,
Halluin, R iermont, Pleuron , Envoille , Glatigny ,
Crevecoeur, Blicourt, Pu chy, Piffelîeu & Senlis.
L a fergetterie de Beauvais n’a pas moins de
réputation que la fayetterie d’Amiens , foit pour la
bonté de feS fabriques , foit pour le grand nombre
d’étoffes qui s’y fabriquent tous les ans.
Autrefois l’on y diftinguoit deux corps différens
de drapiers , dont l’un fe nommoît le g r a n d c o rp s ,
&. l ’autre le petit corps. Ils furent réunis- en 16 61 ,
& les réglemens de 1667-, qui furent dreffés pour
la fergetterie de B e a u v a i s , ne les regardent que
comme une feule & même communauté ; . cependant
leur union ne fut entière qu’en 1670 , que’ le
confeil d’état du roi , par de nouveaux articles de
réglement, ôta la diftinétion qui reftoit encore entre
les anciens drapiers & les modernes. On parle dans
ce Dictionnaire de cette union., & l’on en rapporte
les, réglemens. Foye^ sergetterie.
Malgré une union cimentée par tant d’arrêts, &
depuis fi lo n g - tem p s i l refte encore dans la fergetterie
de B ea u va is une idée de fon ancien partage,
& l’on y regarde toujours comme maîtres du grand
corps ceux qui font les plus belles étoffes, telles
que font les ratines , les; ferges à poil , les efpagno-
lettes , les fommieres , les flanelles, &c. & pour maîtres
du petit corps, ceux qui n’en fabriquent que de
communes , comme font les revêches & les lerges
ordinaires ; quoique les uns & les. autres aient le
droit de monter leurs métiers pour telles étoffes qu’ils
jugent à propos.
En général, les étoffes qui fe fabriquent dans la
fergetterie de Beauvais , font :
Des ratines larges de cinq quarts.
Des ratines fines d,We aune.
Des ratines fortes aufli d’une aune, dont les chaînes
font de laine de France , & la trame de moyenne
laine d’Efpagne.
Des ratines communes.
Des eftamets ou bures.
Des ferges à dieux envers de laine de France.
Des ferges à poil d’une aune, la chaîne de laine
de France , & la trame de laine d’Efpagne.
Des ferges; fines, dé laine; d’Angleterre , de deux,
tiers de large.
! Des fèrges'façon de tricot des meilleures laines de
France , de deux tiers de large.
Des efpagnolettes aulïï de deux tiers de large, de
laines fines de France en chaîne, & de laines d’E f pagne
en trame.
Des fommières de demi-aune & demi-aune demi-
quart , de laines fines de France.
Des revêches façon d'Angleterre , de trois- quarts,
de large , de laines de France.
Des flanelles 'façon d’Angleterre, d’une aune trois
quarts de large, & d’autres de moitié moins ; toutes;
de laines de France.
Des ferges communes de demi-aune demi-quart ,
de laines du pays.
Enfin,, des revêches communes, les unes de cinq
quarts ,.les autres de deux tiers, de mêmes laines
que les précédentes.
Les maîtres qui font de belles étoffes , & qui pour
cela iont cénfés du grand corps , ne font guères que
foixante & dix. Ceux du petit corps , c’ eft-à-dire ,
qui ne travaillent qu’en étoffes communes, paiïent
le nombre de cent. Environ cinq cent métiers travaillent
pour les uns & pour les autres.
On eftime que -les premiers, c’e fL à -d i r e c e u x
du grand corps , emploient dans leurs fabr iqu e s ju£
qu’a cent quinze mille livres de laines d’Efpagne,
deux mille livres de laines d’Angleterre 8c cent
foixante mille livres de laine de France , avec quoi
ils font près de treize mille pièces d’étoffes; &- que
les derniers confomment cent quatre-vingt-cinq mille
livres de laines communes de France , dont le produit
eft d’un tiers moins que les autres.
Quatre teinturiers du grandi & bori teint, 8c fîx
teinturiers en petit teint, font occupés à la teinture
de ce grand nombre d’étoffes qui fe fabriquent dans
la fergetterie de B ea u va is.
A 1 égard du débit, ce font les marchands memes
de B e a u v a i s , qui en font des envois dans toutes les
principales villes du royaume, & particulièrement
a Paris dans le temps des foires de Saint-Germain.
& d§ Saint-Denis.
Les mêmes marchands, achètent aufli en écru quan«,
tité de ferges de Crevecoeur qu’ils font fou ler, teindre
& apprêter à B e a u va is , qu’ils joignent enfuite
aux envois qu’ils font des étoffes fabriquées dans;
leurs villes.
Il fe fait dans tout le Beauvoifîs, mais, moins d'ans;
B e a u va is même qu’au dehors, quantité de toiles fines,
appellées demi-Hollande , qui fe blanchiffent
aux blanchiries de B e a u v a i s , dont le blanchiment:
eft excellent; ce qui. y attire aufli quantité d’autres;
toiles, particulièrement de-Paris & de Saint-Quentin..
On compte que les. marchands de ces deux dernières;
villes 8c ceux de B e a u v a i s , y en envoient année
commune , vingt-huit à trente mille pièces.
L a manufacture de tapijfene de haute & baffe:
liffe , qui y fubfifte toujours avec beaucoup de réputation,[
doit fon-établiflement au fîèur Louis Hinard^,
& fa perfeftion au fie-ur Beagle. Les lettres patent
tes accordées au premier, font, d^, l’année 1665» ^ 8z