
Saint-Mathieu. Il s’y tient auSfi un marché confiée-
râble tous les jeudis.1
V ir e . Les draps qui fe fabriquent à V ir e , &
qui en portent le n om , font des draps communs
a une aune de large. Il s’y fait pareillement des
ferges ou lingettes auffî-bien que dans plufieurs villages
des environs , entr’autres à Condé, C a lign y ,
Monfegre, Cartemont, Cerify & Frênes* Les draps
fe débitent à Paris, en Touraine r en Anjou & en
Bretagne, où on les tranfporte ordinairement par
charroi ou fur des chevaux ; les ferges vont en
Bretagne. Il vient auSfi des uns & des autres à Paris
& à Rouen.
Toutes ces manufactures occupent plus de trois
cent métiers , vingt Sept moulins à foulon , & deux
'teinturiers. Les étoffes qui s’y fabriquent, montent
ordinairement à près de douze mille pièces par an.
L e commerce du papier a été long-temps très-*
çonfidérable à Vir e , & l’on y failoit travailler
jafqu’à cinq moulins , cpi en envoyaient tous les
ans une grande quantité a Caen , où on l’embarquoit
pour l’Angleterre , la Hollande & autres pays étrangers.
Les continuelles guerres du régne de Louis
X I V , avoient interrompu ce négoce , & diminué
le travail dés moulins y mais la paix fi heureufe-
sient confervée fous celui de Louis X V , a rétabli
en partie ce commerce fur f ancien pied. On voit
néanmoins qu’il ne fera pas poffible qu’il le foit
jamais entièrement, à caufè des droits qui y fonç
de quinze pour cent plus forts qu’en Bretagne , ce
qui détermine les marchands à s’en pourvoir dans
les papeteries' de cette dernière province.
L a dinanderie y occupe aufli quantité d’ouvriers,
comme font les fondeurs, les brifeurs, les batteurs
& les poliffeurs. On y excelle fur-tout en forces à
tondeurs ; & on s’y eft fi bien perfectionné, qu-au
lieu que les fabriquans de cette ville en tiroient autrefois
de L y o n , c’eft elle présentement qui en fouiv
nit aux faétutiers de Lyon.
I l fe tient à Vir e , quatre foires considérables cha>-
que année ; fçavoir, la première ,1 e vendredi d’après
Pâques;- la fécondé , â la Saint-Michel; la troifiéme,
à la Sainte-Catherine ; & la quatrième, à la Saints-
Nicolas. Il y a aufll un grand marché tous les
vendredis de l’année.
- V alosnf,. L a fabrique des draps de cette ville
étoit -autrefois' considérable, & avoir de la réputation
pour la bonne qualité des draperies qui s’y fai-
foient. Ç ’eft peu de chofe préfentement ; & à peine
s’y trouve-st-il fix maîtres facturiers ; dont encore
cinq feulement travaillent pour leur compte.
Les draps de Valogne font trous draps forts ; les
uns blancs , les autres gris , qui font propres pour
les habits des religieux ; ils fe font tous de laine de
p a y s , qui eft affez bonne, quand elle eft bien dé-
graiffée. I l ne fe fait que quarante pièces de: draps
blancs, & feulement uné quinzaine’ de draps- gris.
I l y a cependant jufqq.es’ 3 cinq moulins a. foulon
pour en faire îles apprêts.
CgERRQu2.-^8.Les draps quifé fopt çncçttç y i llç ,
font de même qualité que ceux de V a lo gn e , tant
pour la fabrique , que pour les laines; mais il y a
bien de la différence pour le nombre des ouvriers
qui y travaillent, & la quantité de pièces qui s’y
en fait chaque année.
Plus de trente maîtres foutiennent cette fab riq ue ,
& il y a jufqu’â treize moulins pour faire les apprêts
du degraiffage & du foulage des étoffes, Le produit
fe monte année commune, à quinze cent pièces ,
qui pour la plus grande partie , fe tirent pour les
marchands de Paris.
Cette ville étoit autrefois çonfidérable par foi»
commerce maritime ; mais ayant été démolie ea
1689 , & fon port ayant été négligé, il n’y peut
plus entrer que des hâtimens au-deflous de trois cent
tonneaux, avec le fquels néanmoins fes habitans font
encore quelque commerce le long des. côtes du
royaume & de celles d’Angleterre. Il s’y fait aufli
des conftruCtions de navires marchands , mais aa
plus de la quantité de tonneaux que l’on vient de
dire.
C outançes. Cette ville eft trèsrpropre pour Pé-
tabliflement des manufactures de lainage, & réunit
chez elle prefque tout ce qui pouvoit contribuer
â les y faire fleurir.
Les laines qu’on y recueille , font excellentes ,
& ont de plus la qualité Singulière, que les vers
ne s’y mettent jamais , ou du moins rarement. Le s
eaux y font admirables pour les teintures , particulièrement
pour celle en écarlate, O» y .trouve
en quantité les chardons à drapiers & à bonnetiers »
qui font fi néceflaires dans les fabriques des étoffes
de laine; & l’on y peut avoir en abondance la garance
, le paftel & la gau de, qui viennent prefqûe
fans culture dans tous les environs.
Coutançes a long-temps profité de cet avantage,
& l’on fe fouvient encore dé la réputation des draps
& 'des ferges auxquels elle- avûit donné fon nom 5
mais les guerres de la ligue ayant difperfé la plii-i
part de fes habitans , fes principaux drapiers & fes
plus habiles ouvriers qui le retirèrent à V a lo gn e ,
V ire , Saint-Lo , Cherbourg , quelques autres
villes de baffe Normandie , de plus, grande défenfe
que Coutançes, y portèrent leurs manufactures ,
qui y font reftées, & qu’il n’a pas été poffible de
rappeller depuis dans la capitale du Cotentin.
Les feules, fabriques qui s’y trouvent prçfenterne
ne , font quelques petits droguets qu’on' nomme
vulgairement des belinges, & d’autres légères étoffes
quon appelle des laines c ç jd é es , qui ne font pas
un grand objet de commerce , & qui ne font propres
que pour le menu peuple & |es payfan.5 de. la campagne
: les-que § & les autres, fe font partie, de fil 8c
.partie d^s. laines çju p?tÿs : le refte de ces laines fq
débite dans les :^utrçs fabriques.: de la province ,
fur-tout à Saint-Lo , où l’ancienne manufacture des
ferges de Coutume es eft principalement reftéq,
J if e fait néanmoins à CautançQS un auez bon
négqcp :$lrap.e.îriçs §ç eje hjne ;
les marchands de cette ville s’en pourvoient aux
foires de Caen & de Guibray.
Les toiles faifoient aufli autrefois un des principaux
négoces de Coutançes ; il s’y en faifoit avant
1664, pour fept à huit cens mille livres par an;
mais les tifleranjis les ayant fabriquées d’une leze
plus étroite que de coutume, 8c le blanchiment
ayant commencé à s’y négliger & à s’y faire avec
de la chaux & de la craie, les marchands de Saint-
Malo & les Efpagnols , â qui elles fe débitoient ,
s en font dégoûtés ; & quelques r égie mens qu’on ait
pu faire depuis, pour en rétablir la réputation, particulièrement
ceux du 13 novembre 1673, & du 7
avril 1693 , il n’a pas été poffible de remédier au
mal. ■ *
On voit qu’outre ces raifons , I’établîffément d’un J
marché de Cerizy, à trois lieues de Coûtantes , a
beaucoup contribué à faire tomber cette fabrique ,
les marchands n’ayant plus depuis ce «temps-là fréquenté
celui de Coutançes, qui eft refté entièrement
fermé.
On peut , voir ce qu’on a dit ci-deflus du commerce
de l’éleétion de Coutançes.
Les tanneries de Coutançes font affez confîdé-
rables ; elles font pour la plupart établies dans le
fauxbourg de Soûl, où il y a aufli quelques teinturiers
& divers autres ouvriers. Lés cuirs s’envoient
à Paris.
Baveux. 'Les étoffes qui fe fabriquent dans cette
ville , font des draps, des forges & des ratines, qui
s’y font prefque toutes pour les bourgeois , s’en, débitant
tres-peu au-dehors. Elles font d’une affez
bonne qualité, & pourroient avoir cours dans le
royaume , fi les fabriquans étoient en état de fou-
tenir ces manufactures fur le pied qu’elles étoient
autrefois, -
On n y compte plus préfentement que vino-t
maîtres, qui ne font qu’environ cent pièces d’étoffes
par an.
' > ]Ges teinturiers n’y font qu’au nombre de trois,
-qui: pourtant, par la.beau te de leurs ouvrages, foutiennent
encore affez bien l’ancienne réputation que
cette ville avoit pour les teintures;
Il fe fait a B a y eu x quelques ouvrages de bonneterie
, particulièrement des bas d’eftam, qui font
eftimes ; mais il y a déjà long-temps que cette
■ fabrique commence a déchèoir.
F resne & Saint-Pierre d’Antremont. Ces
deux lieux fournifïent environ douze cent pièces
d étoffes par an, partie ferges de la même qualité
.de celles qui fe fabriquent à Caen , & partie petites
étoffes, fil & laine ; les unes & les autres fe font
_<de laines du pays.
Prés de cent métiers travaillent pour ces manufactures
, & dix-huit moulins à foulon font les
apprêts du degraiflage & du foulage
T ornes ces étoffes fe débitent en baffe-N ormandie,
ou s’envoient en Bretagne. I l fe recueille une affez
grande quantité de laines dans toute généralité
de Caen.; mais qui font de différences qualités, fui- Commerct. Tome IL Part. I.
vaut lès endroits. Celles des environs de la ville de
Caen , font les moins bonnes de toutes; & celles
depuis Bayeux jufqu’à Cherbourg, & le long de
la cô te , font au contraire les meilleures : ce font
ces dernières qui s’emploient à Saint-Lo, V i r e ,
Valogne & Cherbourg.
L ’on compte que dans toutes les élections- de la
géné ralité de Caen , il fe fabrique environ , année
commune , vingt-neuf à .trente mille pièces d^étoffes
de laine.
Généralité d'Alençon,
Cette géné ralité n’eft point inférieure aux deux
autres généralités de Normandie , foit pour la diversité
, foit pour l ’importance de fon commerce.
Outre les laines du pays, qui font employées dans
les différentes manufactures , les fabriquans en
tirent aufli des provinces voifines en affez grande
quantité* I l fe fait cinquante ou cinquante-deux
mille pièces d’étoffes de laineries dans cette généra
lité , année commune ; & il s’en marque tous
lés ans plus de feize mille à la feule foire de Guibray.
On fera un article à part de cette foire, la plus
importante de la Normandie. Voye\ G u i b r a y .
Les épingles qui fe font à La ig le & ,à Conches ;
la quincaillerie 8c dinanderie de cette dernière v ille ;
les tanneries d’Argentan , Vimoutiers, Conches ,
& Verneuil; la fabrique des fabots ; les bois quarrés ,
les planches & le mairain , qui fe conduifent à la
mer par les rivières de Dire & de T o u q u e ; l’engrais
des volailles-, dont il fe fait de fi grands envois
a Paris ; les beurres & les oeufs qui y font aufli
conduits, & le falpêtre de l’éleétion d’Argentan ,
| font encore d’une affez grande ;confidération dans le
: négoce de la généralité d’Alençon. Mais deux au-
| très commerces qui enrichiffent davantage cette
1 partie de la Normandie, font les verreries & les-
I forges de fer.
A l’égard des verreries , on a déjà dit, que ce
font des manufactures nobles, & qu’il n’y a que
des gentilshommes qui puiffent avoir "des fours à
verre : aufli y peuvent-ils travailler , fans déroger
à nobleflè : ce font même eux fouis qui ont droit
de fouffler ia felle.
Les principales verreries de cette g én é ra lité ,
.font celle de N onant, dans la forêt d’txm e : celle
de Tortiflambert, dans la forêt de Montpinfon,
8c les deux qui font établies dans le Thimarais*
On fabrique dans les deux premières , des verres
de criftal, de pierre de Chambourin, & des verres
de fougère : dans les deux autres, il ne- s*en fait
gueres que de cette dernière force , & quelques petits
ouvrages en criftal.
Pour lés forges j les plus considérables font à
Chanfegray , Varennes , Carouges, Rannes , Conches
8c la Bonneville. Cette dernière, quoique
feulement établie depuis le commencement du
dix - huitième Siècle, é g a le , Si elle ne furpaffe
pas même, les anciennes pour la bonne qualité de
, fon fox 8c des ouvrages qui s’y font.