
I l y a de l’apparence que les termes de dentelle
& de p affem en t, viennent ; le premier, de ce que
la partie qui forme le bas de l’ouvrage ( qu’on appelle
ordinairement le p ico t de la dentelle ) , eft
compofée de plufieurs petites dents rangées les unes
contre les autres, à diftances égales, fur une même
ligne j d’un bouta l’autre de la dentelle ; & lè fécond
à caufe qu’en travaillant fur l’oreiller , les fils dont
tout l’ouvrage eft formé , fe paflent & s’entrelaflent
les uns dans les autres par le moyen des fufeaux.
Il fe fabrique des dentelles de plufieurs façons
& qualités, a -raifeauj à brides, à grandes fleurs,
à jjetités fleurs , de girofles ou communes , de
moyennes & de fines, de lâches'& de fe rrées , de
très-hautes , de moins hautes , de baffes & de très-
Hafles 5 les unes toutes de fil d’o r , ou toutes' de
£1 d’argent, ou partie fil d’or & partie fil d’argent ;
.d’autres de foie de différentes couleurs , & d’autres
de -fil de lin très-blanc.
Leur ufàge le plus ordinaire eft pour orner les
habits, le lin g e , les coeffures des femmes , & les
paremens d’eglife , en les coulant & appliquant
deflus.
Les dentelles font partie du commerce des marchands
du corps de la mercerie. Les maîtrefles Ent
r e s en font aufli négoce 5 mais ce n’eft que de
celles de fil de lin blanc.
Les dentelles d'or & d'argent , tant fin que
faux , fe fabriquent p refque toutes à Paris , a L y o n ,
-•& en quelques endroits des environs de ces deux
grandes villes..
Celles de fo ie , les plus fines , fe font à Fontenay
, à Puifieux , -à Morgas & à Louvre en Parifis :
pour ce qui- eft des communes & groflïères , elles
•fe manufacturent quafi toutes à S. Denis en F rance,
â Montmorency j à V illie rs-le-Bel, à Cercelle , à
Écouan, à Saint-Brice, à Groflait , à G ifo r s , à
•Saint-Pierre ès Champs, à Eftrepagny , à Doumef-
nil , & en quelques autres lieux voifins de ces petites
villes , bourgs & villages.
C ’eft particulièrement à Louvre en Parifis où fe
manufacturent -îa plupart des hautes dentelles de
J o ie n o ir e, deftinées pour les écharpes des femmes.
Les pays & lieux principaux d’où fe tirent les
dentelles de f i l de lin blanc , font , Anvers,
Bruxelles, Malines, Louvain & G an t, toutes villes
de la Flandre Efpagnole ; Valenciennes , Lille &
quelques autres endroits de la Flandre Françoife ,
Charleville, Sedan , le comté de Bourgogne , 1a
Lorra ine, Liège j D iep p e , le Havre - de - Grâce ,
Honfleur , Harfleur, Pont-l’évêque, Gifors , Fef-
camp , Caen & autres villes de la province de Normandie
j Arras , Bapaume & autres lieux du pays
d’Artois.5 le Puy en V ela y 3 quelques endroits
d’Auvergne & de Picardie ; Louvre en Parifis
S. Denis en Fiance , Montmorency , Villiers-le-
B e l, &c.
Les hauteurs ordinaires des dentelles de f i l , font
depuis quatre lignes en augmentant imperceptiblement
juiqu’à quatre pouces de roi 5 les pièces coutriant
depuis trois aunes & demie de longueur jufc
qu’à huit.
A l’égard de celles deftinées pour les toilettes ,
les aubes & les fùrplis, elles fe font depuis un quart
d’aune de haut jufqu’à deux tiers ; chaque pièce
contenant quatre , cinq , ou fept aunes de long ,
le tout mefure de Paris.
Les plus fines & les plus belles dentelles de f i l T
font celles de la Flandre Efpagnole, enfuite celles
de la Flandre Françoife ; parmi lefquelles les véritables
Valenciennes fe diftinguent , puis celles de
Dieppe 3 & après, celles du Havre & de Honfleur ,
car pour celles des autres endroits ,. elles font pour
la plupart groflïères & d’un prix médiocre, quoiqu’il
s’en fafle un négoce &Une confommation très-
confidérable.
' L a plus grande partie dès dentelles , tant d’or ,
d’argent, de foie , que de f il, fe confommentdans
le royaume. I l n’y a guères que de celles de foie ,
particulièrement des noires , dont il fe fafle des envois
confidérables en Efpagne , en Portugal , dans
les Indes Efpagnoles, en Allemagne & en Hollande»
I l fe fabrique une forte de dentelle de f i l de lin
blanc, particulièrement deftinée pour les Indes E£*
pagnoles. On l’appelle dentelle fa n s fo n d , parce
qu elle n’eft compofée que de grandes fleurs fans;
raifeau , ni brides. Cette efipèce de dentelle étoit
autrefois fort en ufàge en France 3 mais à préfent-
il ne s’y en porte plus du tout 3 c’eft en Flandre où
il s’en manufacture le*"plus de cette qualité.,
Bifetre, mignonette, gueufe, campane 8c guipure
, font des- noms- que l’on- donne à certaines
fortes de dentelles , qui fe trouvent, expliquées chacune
à leur article.. .
On appelle engrêlure, cette partie d’en haut
qui règne - tout le long de la dentelle , par où on la>
coud aux habits , à- l a toile ,. &c. Ce. terme ne
s’applique guères qu’aux dentelles de f i l & de foie-.
L e pied d’une dentelle eft une petite dentelle
très-baffe , qu’on joint à une autre plus haute, en-
les coulant enfemble , engrêlure contre engrêlure.
L e toilé d’une dentelle , eft ce qu’on appelle-
dans les points à l’aiguille , le tijfu, ou point fe rmé
, qui reflemble beaucoup à de la toile bien frappée.
C ’eft une bonne . qualité à une dentelle, que
d’avoir le toilé bien ferré. Il ne fe dit guères qufe des
dentelles de f i l ..
Les droits d’entrée & de fortie du royaume &
des provinces réputées étrangères , pour les dentelles
, de quelque efpèce qu’elles puiffent être, fe-
paient au poids, & les droits fo-nt plus oii moins,
forts, fuivant leurs différentes efpèces, qualités,.
matières, & lieux de leur fabrique.
L ’article 4 du titre 3 de l’ordonnance fu r ie fait
des cinq grofles fermes, de l’année 1687 , fixé les-
entrées des points & dentelles de f i l , du comte-
de Bourgogne, par les bureaux d’Auzonne & de
Saint-Jean-de-Laune ; de celles d’Angleterre , p a r
Calais, D ieppe, & le Havre j de Lorraine, par Chaumont
5 de Sedan, par T o r c y j d’O r illa c , par Gaa*
ïiâf 3 & ordonne que les droits d’entrée y feront
payés. , * . ,
Quant à celles des Pays - B a s , le meme article
veut, qu’elles paflent parle feul bureau de Peronné,
auquel les marchands & voituriers font obliges d en
faire leur déclaration, & de prendre des acquits à
caution, pour les conduire au bureau de Paris, pour,
y être les droits payés, & elles vifitees & plombées
aux deux bouts de chaque piece, en prefence des
marchands auxquels elles font adréflees. a
« Les dentelles de fo ie 8c de guipure , paient
» les droits d’entrée, à raifon de 8 francs la livre ,
» conformément au tarif dé 1 667,
» Les dentelles de f i l f p o in t cou pé, ou paffe-
v> ment de f i l , d’Anvers , Bruxelles, Malines, &
» autres pays étrangers , entrant dans la Flandre
v Françoife, paient 40 francs de la livre, fuivant
» l’arrêt du 14 août 1 688 ; 8c fuivant feelui, ne
» peuvent entrer que par Rouflelars 8c Conde..
» Les dentelles de Lièg e , Lorraine & du Comté,
» fines & grofles', de toutes fortes, paient 10 francs
» de la livre, par le tarif ée 1664.
I dent fur leurs tables & bureaux , pour les faire voir I à ceux qui les marchandent, foit pour les aflortir
I foit pour en mieux confidérer la qualité & la bonté.
Quand on déplie des étoffes pour en faire la mon- I tre , il eft très-important de les replier dans les mêmes
plis, de peur de leur en faire prendre de faux.
» Et par le même tarif, les dentelles d'or 8c d’ar-
» gent f in , & dentelles mêlées d'or 8c de fo ie ,
» 5 liv. pareillement de la livre.
» A l’egard des droits de fortie , les dentelles
» d’or 8c d'arg ent, de la qualité ci-deflus , paient
» la livré pefant 15 fols, luivant l’arrêt du 3 juil-
» let 16pi-f allant aux pays, étrangers.
» Et celles de f o i e , or 8c argent f a u x , 5. fols ,
» conformément au même arrêt.
» Les dentelles fin e s de f i l , fuivant le tarif de
» \66if, 40 liv. du cent pelant.
» Et les dentelles grojfières de France , Liège ,
» Lorraine & du Comté, 10 liv. aufli du cent
» pefant.
» Les droits qui fe paient pour les dentelles de
» f i l à la douane de L y o n , font pour les den-
» telles de pays , 4 francs la livre pefant.
» Et pour celles de Liège , Lorraine & Comté,
» 40 fols de la livre, le tout avec les nouveaux fols
» pour liv.»
DÉ PAR E ILLE R . Oter le p a r e il. I l fe ditordi-
.. nairement des chofes qui doivent être doubles, comme
des bas, des gants, des fouliers, & autres fembla-
bles marchanaifes , qui ne font plus de débit quand
elles- font dépareillées.
DÉPARER DE L A MAR CH AND ISE . En ôter '
la beauté, l’agrément, l’ordre. Il ne fe dit guères
que parmi les marchandes de fruits, 8c autres telles
denrées , qui ont foin de parer le deflus de leurs
paniers, de ce quelles ont de plus beau.
DÉPENSE. Chapitre de dépenfe. C’eft un des
trois chapitres, dont un compte eft ordinairement
compofé. Il fe met après celui de recette, 8c devant
celui de reprife.
D EPLIER. Etendre en long ce qui étoit plié.
I l fe dit particulièrement des étoffes de toutes fortes
, que les marchands en détail déplient 8c éten-
D É P LO Y E R . Se dit dans le même fens ; un
marchand ne doit point être pareffeux à déployer
fes étoffes, s’il les veut vendre.
D É P O S IT O . Donner ou prendre à dépojito. Signifie,
donner ou prendre ' à intérêt. Ce terme ,
qui a paffé d’Italie en France , n’eft d ufàge dans
cette lignification, qu’en quelques lieux dé Provence
& de Dauphiné.
D É P O U IL L E . Récolte des fruits de la terre.
D É P O U IL L EM E N T . A ftion par laquelle on
dépouille quelque chofe. I l ne fe dit guères qu’en
fait de compte & de commerce. Avez-vous travaille
au dépouillement de ce journal î A chevez le dépouillement
de mon compte.
D É P O U IL L E R un compte 7 un liv re , un journal
, un regiftre. C’eft en extraire les articles , les
parties , les fommes , ou les autres chofes dont on
a befoin pour fon commerce , ou pour fes affaires.
D É P R É D É , E’E. L ’ordonnance de la mariné de
France , appelle effets déprédés, marchandifes dé-
prédées , ceux & celles qui ont été pillés fur un
vaifleau par les ennemis, ou donnés par compofi-
tion aux pirates, pour le rachat du navire & des
marchandifes. L e rembourfement de ces marchandifes
ou effets , font du nombre des grofles avaries.
DÉPRI. C’eft la déclaration que font les marchands
aux bureaux des douanes , que leurs marchandifes
font deftinées à pafler debout.
Dépri. Se dit encore , en fait des droits d’aides,
de la fourni(Jîon qu’on fait aux commis des aides,
de payer les: droits de gros du v in , que l’on a def-
fein de tranfporter, & de vendre ailleurs que dans
le lieu où il a été recueilli, ou dépofé.
DÉPRIER. Faire fa déclaration aux bureaux des
cinq grofles ferfties , ou à ceux des aides , de payer
les droits dûs pour les marchandifes , ou les vins 7
qu’on a deflein de tranfporter.
DÉPRISER. Diminuer la valeur , le p r ix , le mérite
d’une chofe , en l’eftimant moins qu’elle ne vaut.
Pourquoi déprife-ç-vous ma marchandife ?
D É P U T É D U COMMER CE. C ’eft un Marchand
négociant , faifant actuellement le commerce
, ou qui l’a exercé pendant plufieurs années ,
qui gft élu à la pluralité des voix , ou par le ferü-
tin , dans l’aflemblée général©' des chambres particulières
de commerce , ' établies dans quelques-unes
des principales villes de France, pour aflifter au nom
de la chambre, dont il eft d éputé, au bureau
du commerce établi à Paris.
I l n’y a que le député des états de la province
de Languedoc, qui foit difpenfé de la profeflioa
aCtuelle du négoce, ou du moins exercée pendant
Ipng-temps 3 le roi ayant trouvé bon, que le fyn