’Exemple.
Suppofé que la longueur du navire foit 60 pieds ,
L a largeur d'un bout \ i?
L a largeuii du milieu 2,0
Et la largeur de l’autre bout 14
L à hauteur d’iin bout S 7
L a hauteur dû milieu 6
Et la hauteur de l’autre bout 8
' Avant que de faire la fupputâtion, il faut trouver
la largeur commune & vérifiée , ce qui doit fe
faire ainfî î
Ajoutez enfemble les deux largeurs extrêmes ,
qui font quinze pieds ■ & quatorze pieds, vous aurez
vingt-neuf pieds , defquels prenez la moitié , vous
aurez quatorze pieds & demi ; ajoutez cés quatorze
pieds & demi avec la largeur du milieu, qui eft
vingt pieds , vous aurez trente - quatre pieds & .
demi, dont la moitié , qui eft de dix-fept pieds un
quart , fera la véritable largeur du navire laquelle
eft appellée largeur commune & jufiifie'e.
I l faut pareillement trouver la hauteur commune
, & vérifier auparavant que d’arriver à la fup-
putatioa des tonneaux ; & cette opération fe doit-
fairè de la meme manière qu’il a été dit à l’égard
d’é la largeur.
Polir troüvèr donc la hauteur commune & juf-
tifîée, ajoutez enfemble les deux hauteurs extrêmes ,
qui font fept pieds & huit pieds , vous aurez quinze
pieds, defquels prenez la moitié, vous aurez fept
pieds demi 3 lefquels fept pieds & demi il faut
ajouter avec la hauteur du milieu, qui eft fixpieds ;
.vous aurez treize pieds & demi, dont la moitié ,
qui eft fix pieds trois quarts , fera la vraie hauteur
au navire , laquelle eft appellée & jujli fiée. hauteur commune
En forte que la longueur fera 66 pieds
L a vraie largeur 17 p. 4.
Et la vraie hauteur 6 p . | .
Pour parvenir à la fupputâtion des tonneaux.
I l faut multiplier 60 pieds de long
par , 17 pieds \ de large.
420
600
Pour le quart 1 ç pieds»
L e produit eft 1035 pieds,
lequel doit être multiplié par
la hauteur 6 pieds-|. '
Pour fix pieds 6210.
Pour demi-pied ? 17 6 pouces.
^ : Pour un quart de pied 258 9 pouces.
6986 pieds.
L e quotient eft de 166 tonneaux & 14 pieds ref-
tans , ce qui donne la quantité de tonneaux que le
navire peut porter , & régie par conféquènt le fret
du bâtiment fur le pied de ces 166 tonneaux..,
AUTRE P RA TIQ UE DE JAUGE
pour les navires , dont quelques vifiteurs ont
coutume de Je fervir à la Rochelle, à B rouage, .& dans les autres ports de la province d’Autiis
& de Saintonge.
Comme il eft affez" difficile d’établir une régie
certaine & uniforme de jauge , qui convienne a
toutes fortes de vaille aux à caufe de leurs différens
gabaris, les bâtimens à deux ponts ne devant pas
être jaugés , de même que ceux qui n’en ont qu un ,
ni les vaiffeaux frégates , ainfi que ceux qui ne le
font pas , l’on a inventé la pratique fuivante, qui
eft plus facile , & demande moins- d’opération que
celle qu’on a donnée ci - de {fus. Il eft vrai qui!
paroît qu’on ne s’cn doit guère fervir que pour les
navires’ qui chargent dés fe ls , & que d’ailleurs elle
dépend principalement du -jugement du vifiteur &
d’nne; grande habitude de vifites.
Cette jaugé fe doit faire avec un bâton dé la
longueur -d’une.. barique , ce qui revient à trois
pieds. Après avoir mefuré* combien le vaiffea«
contient de bariques de long , on mefure combien
il a de pieds de profondeur, & combien il en a
de large. 3
On prend enfuite la moitié de la largeur qu on
multiplie par la moitié de la profondeur , & le
produit donne la quantité des rangs de bariques,
lequel produit doit auffi être multiplié par-la longueur
du navire fur le nombre des bariques , & l’on
trouvera la quantité qu’il en peut contenir , laquelle
il faut diviler par quatre pour en compofer des
tonneaux.
Par exemple :
U n vaiffeau avec un pont, & par-tout égal dans
fon fond de c a lle , aura vingt-quatre, bariques de
long , feize pieds de largeur & huit pieds de profondeur
| pour réduire cette continence en tonneaux
, il faut multiplier la'moitié de feize par la
moitié de huit , vient trente-deux. Ce produit étant
enfuke multiplié par vingt-quatre, qui eft le nombre
des bariques que le vaiffeau a dans fa longueur,
vient 768 bariques 3 lefquelles diyifées par quatre,
Pernier produit
J A U
eu prehant le quart de 768-, viendra 191 | qui eft
le nombre de tonneaux que contient le vaiffeau
jaugé. - ; . f , , H
L a moitié de 16 eft 8
L a moitié de 8 eft - 4
Multipliez 8 par 4 vient 3 a
Multipliez 32 par 24 bariques 24
128
64
Vient 768
Divifez ce nombre par 4 , ou %
tirez le quart.de ce produit, vous ( I^2, )
avez le nombre des tonneaux ; # # #
fçavoir, 191 tonneaux.
Si c’eft un vaiffeau frégaté , on prendra la longueur
des bariques , comme dans l’exemple précédent
, & pour la profondeur on aura égard que
le fond étant étroit, il faut en donner pour faire
la largeur du haut 3 & s’il eft plus large derrière
que devant, on prendra les largeurs , & on les partagera
par moitié 3 ce qu’on fera auffi de la hauteur
du devant & du derrière , fi elles font inégales.
Pour le refte, l’opération fe fait comme dans le premier
exemple.
Lorfque c’eft un vaiffeau à deux ponts de trois
ou quatre cent tonneaux, on' doit pareillement le
jauger par fes longueurs, fes profondeurs & fes largeurs
3 mais on obferve de lui donner une fixiéme-
partie d’augmentation , à caufe que leurs ponts font "
ordinairement chargés de vins & d’autres marchan-
difes. D’ailleurs cette augmentation eft jufte , & doit
fe faire à proportion fur les trois vaiffeaux , à caufe
de la différence de la mefure du grand tonneau de
mer , qui eft d’un fixiéme.
Il faut que les vifiteurs attentifs prennent garde
fi les navires qu’ils vèulent jauger , font porqués &
renforcés de' courts bâtons , de bancs & de genoux,
& fi les varangues des fonds du devant ou du derrière
font hautes ou plattes, parce que cela change les
proportions , & par conféquènt le port des vaiffeaux.
Il faut auffi augmenter plus ou moins fur la ja u g e ,
félon que les navires font hauts entre deux ponts j
pour ceux qui n’en ont point, il n’y faut pas faire
d’augmentation , ou du moins en faire très-peu.
Enfin il faut obfervej^. fi le vaiffeau eft vieux ou
neu f, étant certain qu il porte moins s’i l eft vieux 5
en un mot , la bonne j auge dépend plus d’une longue
expérience , que de quelque régie certaine.
G r a n d e j a u g e , p e t i t e j a u g e .
On diftingue à Bordeaux deux fortes de ja u g e s ,
la grande & la petite. L a barique de la grande ja u g e
contient 119 p o ts , & la barique de la petite ja u g e
feulement 90. Quelques vins du pays Bourdelois
J A U
font réputés • de la grande jauge , & d’autres feule-
ment de la petfoe.
Les paroiffes de la grande jauge font :
Langon. Prignac.
Saint Pey. Bados.
Touleme. Landiras.
Saint-Macaire & fes dé- Santerne.
pendances. Daume»
Fargües»
Les vins réputés de la petite jauge font :
Joubertes. Radeque Taillade*
Caftes. Rouaillon.
S. Pardon. Lunifon.
Coymeres. Et autres lieux aux etw
Aures. virons»
Les vins de la grande jauge, lorfqu’ils defcen-
dent à Bordeaux , ne paient aucun droit de defe
cente , mais feulement â la cargaifon comme vins
de ville.
A l’égard des vins de petite jauge, ils paient à
la defcente comme vins de haut pays , c’eft-â-dire
8 1. par tonneau.
Jau g e . Se dit auffi chez les ouvriers en bas au
métier , d’un certain morceau de fer p o li, étroit 8c
p la t , long de trois pouces de ro i, en forme de petite
rég ie , qui fert à jauger ou mefurer les métiers ,
pour connoître combien ils portent de plombs , y
en ayant de 1 8 ,2 0 ,2 2 , 23 , 24 , z6 8c z8 plombs ,
qui diminuent de grofleur à proportion de leur
nombre , chaque nombre fe devant rencontrer jufte
dans la diftance des trois pouces de roi que contient
la jauge.
Jauge eft encore parmi lès marchands de fils
de fer & de léton , auffi-bien que parmi les maîtres
chaînettiers , une efpèce de mefure pour juger
de la grofleur de ces fortes de fils , & en connoître
le diamètre.
Cette jauge , qui eft d’acier, eft compofée de
plufieurs efles redoublées , & c’ eft" l ’efpace qui fe
trouve entre la panfe des deux efles qui fert a mefurer
le fil dont la grofleur eft marquée à côté par
un chiffre qui la défigne. Les marchands de fer de
Paris , particulièrement ceux qui ne font que le
commerce de ce fil , ne fe fervent de cette jauge
que pour les efpèces dont les numéros ne font pasr
fixés , tels que font , .par exemple , les fils de Bourgogne
8c de Champagne, 8c de quelques lieux d’A llemagne.
Jaug e. Se dit auffi, parmi les charpentiers, d’une
petite régie de bois dont ils fe fervent pour tracer
leurs ouvrages & couper fur le trait.-
| J A U G E A G E . Action de jauger les tonneaux y
les navires. Çet homme entend bien le jaugeage.
On a fait \e jaugeage de ce tonneau , de ce navire.
J augeage. Se dit auffi du droit qui fe prend par
les jurés-jaugeurs', ou officiers qui jaugent les vaiffeaux
à liqueurs.
J augeage. Se dit encore d’un certain droit qui
fe perçoit par les fermiers des aides fur les vins &