
celles pour le fieur Beagle , de Tannée 1-684. Cora-
me on parle ailleurs très-amplement de cette manu-
facture, on fe contentera d’en indiquer ici l’endroit. !
Voy e-[ HAUTELISSE.
L a bonneterie eft auffi un objet de commerce affez
connderable pour la v ille de B e a u v a i s , particulièrement
celle qui fe fait dans quelques villages des
environs. 1 &
Dans d’autres villages c’eft aux dentelles de foie
noire & aux guipures, que les femmes & les filles
s’occupent.
L fe fa*c a B e a u va is un commerce allez grand
d épicerie & de bétail, particulièrement de moutons,
qui 1e conduifent à Paris,
Mo u y . Petite ville de France , fituçe dans cette
partie de P ica rd ie qu’on appelle Beau voijis,
3 C ette petite ville a donne (on nom aux ferges qui
$’y fabriquent. Il s’y en fait de deux fortes de largeur
j les unes de'demi-aune demi-quart, & les au*
très de trois quarts de large. Qn y emploie des laines
de Senlis, de Meaux & dçs environs.
On y fait auffi d’autres ferges à lizières bleues ou
il entre les mêmes laines , mais mêlées ayec des laines
d’agnelins. Voye\ serge,
Soixante J| djx maîtres y entretiennent plus de
deux çent métiers. L e produit de cette manufacture
çft année commune, environ de neuf mille pièces
gui fe débitent aux foires de Paris & de Saint-Denis,
a Amiens, à Rouen, a Beauvais & par tout le
foyaume.
I l s’y tient tous les ans une foire aflez eonfidéra-r
ble, & toutes les fçmaines un marché.
M e r u , Qn y fait des ferges comme à M ou y , &
pn y emploie les mêmes laines ; auffi fe vendent-*
çlles pour véritables ferges de Mouy , & fe débic
tent comme elles & avec'elles. Quatre métiers en
font environ deux cent pièces.
T r i c o t . Ce bourg eft. fîtué à dix lieues d’A -
miçp v Lçs^ étoffies qui s’y font & dans dix ou douze
yillages voifins, font toutes ferges fortes & ferges titrées
a poil j qu’on rvomxntferges drapées, de deux
tiers de larges. Elles font propres pour les habille-
mens des troupes, particulièrement pour faire des
çulotes & des veftes aux foldats. L e menu peuple du
pays a auffi çoutume de s’en habiller.
L e produit de cts fa b r iq u e s eft confîdérable , 8c
j l s’en fait par an plus de fept mille pièces , qui à
raifon.de cinquante-cinq livres la p iè c e , montent à
près de quatre çent mille livres. On y emploie, des
Jaines du p a y s , de Brie, & de quelques autres pros-
yinces de France.
L a chaîne- eft de pignon ou de laine balte, & la
trame de mère laine. Cette étoffe n’eft prefque d’u-
fage que dans le royaume.
Les villages de la dépendance dé Tricot où l’on
fait de ces fortes d’étoffes, font : Çourcelles , Meru,
V e a u x , F re to y , Tronquoy, Rqllot, Âffimiiliers,'
O rv ile r , Co cu re l, Hallujn, Riermont 8c Plçuron.
Jl y a difperfés dans tous çes lieux , plus de çent
$uarat^ maîtres 8c près dé deux ççnp métiers | la
plupart des étoffes" qu’on y fabrique , fervent à habiller
les troupes. 1 ^
. C eft à Tricot qu’eft établi le bureau pour la vifite
pour la marque.
1 , E nvoiixe & G l a t ign v . Cent métiers , & plus
de taxante & dix maîtres, foutiennent ces deux f a briques.
Les étoffes qu’on y fait, font de ferges
groffietes de demi-aune demi-quart ,& de deux tiers
de large. On y emploie toutes fortes de laines douces
de France, particulièrement du pays. Ces ferges
ne iont propres que pour les gens de la campagne.
. Les ceux lieux en fourniffent environ deux mille
cinq cent pièces par an , qui s’achètent prefque tou-
tes par les marchands de Beauvais & dé Rouen.
C revecgsur , B récourt , P uchy 8c P is c e u eu .
Les. quatre lieux de fabrique fon t, après Amiens 8c
Beauvais, les plus confidérables de la province de
Pica rd ie. Il s y fait par an près de vingt-deux mille
pièces^ d étoffés, 8c Io n a même vu des années aller
jumu a vingt-fept mille. Cette fabrique occupe au-
dela de quatre cent cinquante métiers.
- Les étoffés qui s y fon t, font de deux fortes 5 les
unes font des ferges fines de demi-aune demi- ’
quart ; & les autres des ferges à doubler, de même
largeur.
Ces fèrges font d’un très-bon, ufage , la chaîne
& la trame étant également dé coeur de laine :
avec cette différence cependant que les ferges fines
le font des meilleures laines qu’on tire des autres
provinces du royaume , & que les ferges à doublure
ne font que de laine du pays. Il s’y en fait de
gnfes , de couleur de mufe, de mêlées & de noires,
naturelles ; outre quantité de blanches , qu’on teint
enfui te. en toutes fortes de couleurs.
Les ferges de Çrçveeoeur s’envoyant par ;out le
royaume, & même dans les pays étrangers. Elles
fe vendent ordinairèment en ëor'u , dans le marché
du bourg dont elles ont pris le nom, où les marchands
de Beauvais., d’Amiens & d’Orléans , les
viennent ^enlever, pourenfuite en faire leurs envois ,
apres qu ils les prit fait fouler , teindre 8ç apprêter
chez eux.
IJ y a à Çreveeoeur 8c dans chacun des trois
autres bourgs où il fe fabrique de ces ferges, un
bureau pour en faire la vifite & y appliquer le
plomb. Il s’y tient une grande foire tous les ans le
lendemain de la fête du patron & un marché tous
les mardis.
Les ferges qui fè fabriquent à B le cou r t, P u çhy
& P i f c e lie u , font ordinairement vendues par les
marchands pour véritables Çreveeoeur.
Seneis. Ceçte fabrique eft peu confîdérable , &
les quatre métiers qui y font , ne donnent guères
que cent cinquante pièces d’étoffes par an. Ces étoffes
font des ferges groffiéres de deux tiers de la r g e ,
toutes de laine du pays ; Je débit $’en fait fur les
lieux»
Les autres endroits de la P ica rd ie où il fe fabrique
quelques étoffes de laine, f o n t G f f i g n y ,
Bet|mbaut & §areii.
II s’employe dans le département de Beauvais
jufqu’àfept cens quarante-cinq mille livres de laines
de France , & cent quinze mille livres de laine
d’Efpagne , dont il fe fabrique environ foixarite &
huit mille pièces d’étoffes. On y compte près de
quarante moulins pour leur donner les apprêts du
dégraiffage & du foulage. -
É t a t d e s l a in e s qu i s e r e c u e il l e n t
dans la province de Pica rd ie.
Amiens & aux environs , 80 milliers.
A Abbeville,
A Saint-Quentin, 100
A Peronne, 40
A Nefle, 40
A quelques bourgs volfins , z
A Ham, 40
A la F erté, 20
A Guife, 30
A V ervins, 60
A Laon, 3 °.
A Vely près de Laon, . 40
A Chauny , 20
A Noyon,. " 20
T otal. 52-4 milliers.
M é m o i r e s u r l e C o m m e r c e
de S a in t-V a lé ry , de C a la is & de Boulogne.
Sa in t - V a l é r y . Cette ville eft fituée à l’embouchure
de la rivière de Somme, & c’eft le premier
port que l’on trouve à la côte de P ica rd ie •
en fuivant celle de Normandie. L ’entrée de ce port,
fi cependant il mérite ce nom , eft très-difficile.
Outre que des bancs qu’on nomme les bancs de
Somme , qui avancent pl 11 s d’une lieue dans la
mer , -& qui changent fuivant les vents , en barrent'
l ’entrée , il faut que les vaifieaux qui-y entrent ,
fe tiennent le long du rivag e, dans une efpèce de
hanfe qui jointle fauxbourg de la Ferté , &-qni eft
le feul lieu où ils puiffent être en fureté.
C ’eft la difficulté & la vari ation de ces bancs ,
qui obligent les bâtiméns qui veulent monter au-
delà , de prendre des pilotes ou à. S a in t-V a lé ry
même , ou à Cayeux.
Comme ces; ôbftacles ne font pas furmontables ,
& que d’ailleurs le port de Saint- V alé ry eft très-
commode & très-avantageux pour transporter en
Picardie, en Artois , en Champagne & à Paris , les
marchandifes qui y abordent, non-feulement de
tous les ports de France , mais encore de ceux de
Hollande, d Angleterre , de Suède & de Hambourg ;
le _ commerce qui s y fait, y attire tous les ans un
grand nombre de bâtiméns foit étrangers , foit François
, qui y apportent on qui y chargent, les uns
lès denrées du dehors & des autres celles du dedans.
C ’eft furcout pour le commerce avec les Hollandois,
que le port de S a in t-V a lé ry a de grandes
commodités -, un bâtiment y pouvant venir de H o llande
en vingt-quatre heures quand le temps eft favorable
, & les marchandifes dont il eft ch argé,
pouvant être enfuite tranfportées en deux jours 8c
demi à Amiens , & même en trois jours à Paris, fi
l’on veut bien prendre fes mefures & ne pas ménager
les frais j commodité qu’on ne trouve pas dans
celui du Havre.
Il faut obferver que le commerce de S a in t- Va-*
lèry à Amiens fe fait par le moyen des gribarnes
ou bateaux, qui peuvent en tout temps remonter la
Somme1 , cette . rivière ayant la propriété de ne
geler prefque jamais.
Lorfque la ' fdrtie des blés eft permife dans le
royaume , il en fort beaucoup par S a in t - V a lé ry
pour la Normandie & l’Angleterre j mais comme
ce commerce n’eft p a s. toujours ouvert?, les marchandifes
que fes habitans envoyent ordinairement
à l’étranger, font des fils de caret, des-toiles à voiles,
d’autres à emballages;, des petites, étoffes de laine
ou laine & foie , fabriquées dans les manufactures
de P ica r d ie , particulièrement à Amiens & à Beau ,
vais ; des vins de Champagne & de Bourgogne ,
des indigos des ifles Françoiles , des fafrans de G â -
tinois, plufieurs étoffes de foieries & autres fabriques
du royaume , particulièrement de Lyon 3 enfin
des harengs & des maquereaux falés.
De ces diverfes marchandifes , les unes font poui
l’Efpagne & le Portugal , comme le ca re t, les
toiles y & les petites étoffes de P ica rd ie ; les autres
pour l’Angleterre & la Hollande, comme les vins,
les foieries, l’indigot & le fafran ; & les autres
pour l ’A r to is , la Flandre & Paris, comme le poi£
fôn fàlé.
Les marchandifes & denrées qui entrent par le
portde S a in t- V a lé ry , & qui y viennent des autres
ports du royaume, foit pour la confommacion du
pays , foit pour être diftribuées dans les provinces
voifînes , font des fucres des rafinëries de Nantes ,
de la Rochelle 8c de Normandie 3 des favons de
Toulon & de Marfeille 3 des vins & des eaux-de-vie
de Bretagne1, de la Rochelle , de Bordeaux & de
Languedoc 3 des cidres du pays d’Auge 3 des miels
bruns de Bretagne 3 des fels de Brouage pour la
fourniture des greniers , des pelleteries de la Roch
elle, & de la morue falée de la pêche de cette
dernière ville , auflhbien que de celle des Bretons 8c
.des Normands.
A Pégard des marchandifes que les vaiflfeaux
étrangers apportent à S a in t -V a lé r y , elles .confîf-
teiit en cendrés communes de Danemarck pour
les blanchimens, en, cendres .ou potafles de Hollande
'pour la fabrique des favons , en huiles de .baleines
& d’autres poiffons , en laines d’Efpagne & de la
mer Baltique 3 en bois de Campêche , de B re fil,
& en bois jaune pour la teinture 3 en morue falée
& en harengs de la pêche des Hollan dois, ou du
moins qui pafTent pour en être ; en fromages de
Hollande 3 en fers blancs & noirs de Hambourg 3