& à Bordeaux , ne font pas bons, ou n’ont pas 3
donné.
Toutes les marehandifes qui viennent de Mar-
fe ijle , fe vendent très-bien à Dunkerque , parce
que les marchands de cette dernière ville enfour-
niffent en partie, Beigues , Y p r e s , L i lle , Cam-
bra y ,Valenciennes, T ourna y, Saint-Omer, l ’Artois
& la Picardie;
Les marehandifes de Nantes' & de Bordeaux,
font aufli d’un bon débit, mais non pas fi confidé-
rable, parce qu’il en arrive pareillement à Calais,
à Boulogne & en quelques autres ports de Picardie
, qui en’répandent beaucoup dans le pays concurremment
avec la ville de Dunkerque.
Lorfque les bleds font rares en Provence, en
Languedoc ou en Efpagne , les Dunkcrquois y
en portent beaucoup , & c’eft un. de leurs meilleurs
négoces j mais ces cas font rares.
Ils chargent aufli pour Cadix, quantité de petites
étoffes, qui fe fabriquent dans les manufactures de
Flandre, particulièrement de celle de Lille. De ces
étoffes , les unes font tout de laine , d’autres mêlées
de foie ; Sc d’autres , de foie , de poil de chèvre ou
de chameau. Ils ajoutent a ces cargaifons , des toiles
de plufieurs fortes , fur-tout de celles de Cambray ,
qu’en France on nomme des bâti fies.
Il eft vrai que la plupart des navires deftinés pour
PEfpagne, auflî-bien que ceux qui partent de D u n kerque
pour Lifbonne, font chargés a fret par les
négocians de L i lle , & quelques autres des principales
villes de la Flandre Françoife ,• les marchands
Dnnkerquois n’ayant, guères que l’avantage du fret
dans ces embarquemens. Il y en a.pourtant qui chargent
pour leur compte, mais peu ; le plus grand
nombre étant des fretteurs , c’eft-à-dire , de ceux
qui donnent leurs vaiffeaux à louage , (bit au mois,
foit au voyage , foit autrement.
On prétend qu’ autrefois la pêche de la morue
étoit tellement fforifiânte à Dunkerque, qu’elle y
entretenoit jufqu’à cinq ou fix cent bâtimens pêcheurs
, & plufieurs milliers de matelots , outre cinquante
maîtres tonneliers, qui avoient chacun fept
ou huit garçons , pour travailler au barillage.
C ’eft préfentement peu de chofe, ou plutôt rien du
totft.
O n a rffté j a parlé ci-deffus des raffinages des fels
gris , & aes raffinages des fucres bruts v qui font à
Dunkerque : les uns lui viennent des falines de Bretagne
, ôc les autres, des ifles de l’Amérique, où
elle entretient un commerce affez confîdérable.
O n finira ce qu’on a à dire du commerce de
Dunkerque , & du refte de la Flandre Flaming
ante j en aj'outant que de même que la Flandre
Françoife , elle eft traitée fur le pied de province
étrangère pour les droits d’entrée 5c de fortie.
• L e H a in aul t. L a plus grande richeffechi Ha i-
n a u lt , par rapport ai! commerce , confifte dans les
mines de fe r , & dans celles de la houille ou charbon
de^ terre»
L a houille ne fe trouve que depuis Kievrin, prés
Condé, j'ufqu’à Marimont , ce qui fait environ fept'
lieues de longueur : à l’égard de la largeur , lés vei-
'nes du charbon s’étendent environ deux lieues.
Dans toute cette étendue de pa ys, il fe trouve au.
moins cent vingt trous de houillères ouverts ; & le
pays fourni, qui en confômme quantité, il en "fort
au moins trois cent mille wagues, à quinze fols la
wague. L a fuperficie des terres, d’on fe tire la
houille, n’eft pas moins cultivée ni moins féconde ,
que les autres endroits du Ha ina tilt. Foye-{ houille
& WAGUE.
L a grande quantité de mines de f e r , qui fe trouvent
dans la partie du H a in a id t , qui joint l’entre -
Sambre 5c Meufe , ôc celles du pays même d’entre-
Sambre 8c Meufe , entretiennent dans l’une 8c dans
l’autre un. nombre confîdérable dé fbnmeàux , de
forges 8c de fonderies, où fe confomme partie des
bois de la province.
Dans le pays qui j’ointTentr-e-Sambre ôc Meufe ,
on compte quatorze fourneaux, vingt-deux forges
& deux fonderies. Des fourneaux, il y en a neuf
fur la terre .de Chymaÿ, trois fur celle de Trefiou, 5c deux fur celle d’Avênes. Des'vingt-deux forges,
Chymay 5c Beaumont en ont treize j Maubeuge Si
Ces dépendances, fix j 5c Avênes trois. Une des
fonderies eft fur IVlaubeuge, 5c l’autre fur Chymay.
Dans l’entre-Sambre 5c Meufe, y compris la pre-
yôté 'de Poilevache, il y a dix fourneaux , vingt-
huit forges 8c quatre fonderies $ il y a aufli quelques
forges du côté de Cha rlc roy, dont tout le fer fe
fabrique en clou. Les envois de tous les ouvrages de
groffe 8c menue ferreri’e , qui fe font en H a in a u lt ,
font pour P aris, Liège & Hollande.
Les autres manufactures, fabriques 8c productions
de cette province, confîftent:
i° . En verreries, dont i l y a quatre fours, de£
quels trois font à Anor , 5c un à Barbancoti dans
deux de ces fou rs, on fait du verre plat pour lès
vitres, 5c dans les deux autres* feulement des verres
à boire.
z°. En toiles qui fe fabriquent. r environ les deux
tiers vers Enghein 5c dans la châtellenie d A th ; 5c 5c l’autre tiers, du côté de Renay 5c de Grammont :
celles-ci font plus groiïes“, 5c les autres plus fines y
elles paffent toutes dans le pays conquis ou a L iège.
Les toiles bleues pour les bateliers, dont il fe fait
quantité dans le F la in a ult , ont principalement
leur deftination pour cette dernière ville..
3°. En dentelles : elles fe font du côté de Bineh ,
5c prefque dans tous les monaftères de la province ,
.qui fubfiftent en partie par le négoce qu’ils en font.
L a fabrique en eft bonne, 5c peut-être autant que
celles du Bjabant 5c de Flandre ; mais il s’en faut
bien qu’ il ne s*y en faffe une auffi grande quantité,
ni par confequent un auffi grand débit.
4°. En poterie de terre , qui fe fabrique à Sars ,
8c qui fe débite dans les provinces yoifines, 5c s’envoie
même jufqu’à Paris*
ȍo.Lh lins, en houblons, en grains de toute forte, |
tn écorces propres pour le tan, qui s’enlèvent par 1
les tanneurs de Namur ; en bois à briller', en perches
à houblon pour L iè g e , 5c en étançons pour loutenir
les digues, qui s’envoient en Hollande par la Meufe
enfin, en beurres 5c en fromages., qui s y font en
quantité , n’y ayant pas moins de foixance-quinze
mille vaches dans la province.
Il y a auffi des blanchiries pour les toiles aux
environs d’Ath , 5c en quelques autres endroits ; 5c
des- carrières d’ardoife près de la petite ville de Fu-
may, qui peuvent en fournir cent vingt milliers
par an.
Les manufactures du H a in a u lt , par rapport aux
étoffes de lainerie, font fi peu confiderables, qu on
pourroit n’en point pa rler, fans rien omettre de
ion commerce , le peu qu’il s’en fait ne fuffifant
pas à beaucoup près pour la confommation de la
province. C’eft de France qu’on tire tous les draps,
5c une partie des légères étoffes de laine dont on y
peut avoir befoin;
Les vins 5c les eaux-de-vie viennent auffi de
F ra n c e , 5c les tabacs, du côté de l’Allemagne. La
confommation des vins va , année commune , de
douze à quinze cent pièces $ celle des eaux-de-vie, à
environ quatre-vingt mille pots ; 5c celle du tabac,
pour la valeur de plus dé foixante mille livres.
C O M M E R C E DE L O R R A I N E ,
E T D U B A R R O I S . .
I l y a peu de manufactures de lainerie , ni dans
la Lorraine ni dans 1 e B a r ro is , 8c nulle manufacture
affez grand , & on y en fait tous les ans des envois
de plufieurs milliers de pièées.
de foie.
Charles III , ce prince fi brave 8c fi confiant,
avait voulu en établir une de foie à Nancy. Il en
nvoit même affez avancé le projet avant fa dernière
fortie de fes états, en 1 670, où il n’eft plus rentré
depuis j mais l’éloignement du protecteur fit tomber
l ’établiffement, 5c l’on n’y a plus penfé depuis ce
temps-là.
Les toiles de m é ia g e , les. toiles d’étoupes, les
treillis , les bas 5c les bonnets de laine au trico t,
les chapeaux façon de Caudebec , la corderie , la
fabrique des clous, 5c celle du p ap ier, font encore
toutes manufactures établies en Lorraine 8c dans le
Barrois ; mais le commerce qu’ il s en fait au-
dehors, eft fi peu de conféquence, 5c elles font même
fi peü fuffifantes pour la confommation du dedans ,
qu’il fenible qu’il y en ait , moins pour enrichir
les Lorrains par le négoce qu ils en fon t, que pour
faire connaître leur induftrie, 5c qu’ils font capables
Ce qu’il y a de fabriques de lainerie, ne font
qu’à Saint-Nicolas 5c à Sainte-Marie-aux-Mines j
mais les draps qui s’y font, font très-groffiérs ^ peu
eftimés , 8c d’un difficile débit.'
I l y a à N an c y , une fabrique d’une efpèce de
tapifferie un peu différente de la bergame 5c des ligatures
qui fe font à Rouen} c’eft peu de chofe. On n en
parle , que pour n’omettre aucune des manufactures
de Lorraine.
Celle des dentelles de f il, non-feulement eft plus
confîdérable j e’eft même prefque la feule qui mérite
quelqu’attention. Mirecourt, V e z e liz e , Neuf-
château , 8c quelques villages des dépendances de
ces villes, font les lienx où il s’en fait davantage j
& ce travail y occupe cinq ou fix cens femmes ou
filles. Ces dentelles, à la vérité, font groffières :
mais étant bonnes pour l’Efpagne, le débit en eft
de toute forte d’ouvrages , s’ils vouloient s y
appliquer.
Leur commerce le plus important,, confifte dans
les falines, dans les mines de fer, d alun 5c de fal-
pêtre, dans les bois., les beftiaux, les laines , les
huiles de navette, la cire , le miel -, les vins du
B a r ro is , les eaux-de-vie de Pont-à-Mouflon , les
pelleteries 5c le verre.
L ’on conferve en Lorraine la mémoire de deux:
mines d’argent, l’une a Sainte-Marie-aux-raines ,
5c l’autre au village de la C ro ix , qui écoient, a ce
9 qu’on d it , encore ouvertes en 16,70, lorfque le duc
Charles quitta fes états, mais depuis ce temps, il
1 n’en a plus été mention.
Les falines fe trouvent en beaucoup de lieux de
Lorraine, 5c l’on en compte près d’une douzaine
où l’on pourroit faire une grande quantité^ d excellent
fel. 11 n’y en a néanmoins que trois qui travaillent,
l ’une à Rozières, l ’autre a Château-Salins, 8c
la troifiéme à Dieufe 5 les autres font fur les bords
de la Seille 5c de la Sarre.
Comme le fel des trois falines travaillantes, eft
plus que fuffifant pour l’ufage du pays , 1 excédent
fe vend à affez bon compte , en A llace , dans ieP a -
latinat, 5c dans les évêchés de Treves Sc Mayence ,
à Wormes, ôc dans d’autres terres de l’Empire ,
fituées en de-çà du Rhin. On en parle affez au
long en un autre lieu. F o y e \ sel & salines.
Les mines de fer font dans les, montagnes de
Vofg e ÿ i l y en a auffi en plufieurs endroits du plat
pays j elles font abondantes, 5c entretiennent un
grand nombre de forges. L e fer qui s’y Jabricjue,
a fon débit dans le pays , S: dans quelques états.
Les mines d’alun ne fe trouvent que dans le V o y -
v re , du côté de L o n g w i , mais peu utiles k aux
Lorrains, qui ne fçavent l’art ni de le tirer ni de
l’apprêter.
L e falpêtre n’y a point de mines } il fe ramaffe
comme ailleurs , par les entrepreneurs des poudres
.à canon, le long des vieilles maifons , ou autres
édifices antiques.
Les bois s^abbatent dans les montagnes de Voige-,
5c dans quelques cantons du plat pays. On les y
foie 6c débité en planches, qu’on conduit a Nancy
5c Verdun par la Meufe, après en avoir c.ompofe