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L a pianufa&ure de Clermont de Lodève jfuivit
bientôt après, & l’on commença d’y travailler vers
l'an 1678. Pour foutenir ces deux établiffemens naif-
(ans , les états de Languedoc leur firent un prêt de
cent trente mille livres pour plufieurs années fans
intérêts , & leur accordèrent outre cela Unepiftole de
gratification pour chaque p ièce de draps fins qui s’y
fabriqueroient j chacune de ces manufactures ont'au,
moins trente métiers battans pour cette forte de
draps, fans compter les autres métiers qu’elles font
travailler des autres qualités.
L a troifiéme manufacture eft celle de Carcaf-,
lonne, établie & foutenue par le fleur Caftenier, qui
n’a pas moins réuffi que celles de Saptes & de Clermont
de Lodève : aiifîi la province lui a-t-elle fait les
mêmes avantages qu’aux deux autres manufactures
royales.
Ces trois manufactures fon t , année commune ,
trois mille pièces de draps fins pour le Levant ,
qui à trois cent livres chacune , montent à neuf cent
mille livres.
Les états de Languedoc ont encore depuis, c’eft-
«î-dire , vers la fin du dix-feptiéme fiècle , & le commencement
du dix-huitiéme , ajouté deux nouvelles
manufactures pour le Levant aux trois anciennes.,
& toujours avec les mêmes prérogatives & les mêmes
fecours accordés aux premières.
L ’une , établie à R ieu x, a été mife fous la conduite
du fieurGurfe hollandois; & l’autre qui eft dans le
château de la Grange des Prez près Pezenas, eft fous
la direction de manufacturiers françois.
•La dernière manufacture royale du Languedoc*
eft celle du fieur Chamberlin , établie pareillement
fous l’autorité des états. Elle ne regarde pas la fabrique
des draps fins propres au commerce du Levant
, mais feulement les étoffes de laine à la façon
d’Angleterre, dont le débit fe fait en Efpagne.
On à cru ne pouvoir mieux finir ce long détail
du commerce du Languedoc , qu’en donnant ici une
balance de toutes les marchandifés de fon c ru , qui
vont à l’étranger, ou qui fe confomment dans le
p a y s , & de celles qui y font apportées du dehors
avec une évaluation du prix defdites marchandi-
fe s , fixé fur le commerce qui s’en peut faire année
commune.
O11 pourroit entrer dans un affez long détail de
beaucoup d’autres manufactures établies en Languedoc
,• comme du p ap ier , dont il y a des moulins
â Annonay dans le Vivarais , & qui s’envoie en 1
partie dans le Levant j des parchemins, desberga-
mesy des cartes à jouer, des bas de foie & de laine ,
d e là colle-forte,& de plus de vingt-cinq excellentes
tanneries , qui font répandues dans les deux gé-
’ néralités de Touloufe & de Montpellier. On re-
' marquera , en finiffant cet article , que quoique
'le Languedoc n’ait de ports un peu confîdéra-
b îe s , que ceux de Cette & d!Agde , fon commerce
, la consommation de la province déduite
fe monte, année commune, â plus de quatorze
millions»
F R A
B A L A N C E D U C O M M E R C E
* DE LA PROVINCE DE LANGUEDOC.
Sommes pour
Prix à quoi le montant
chaque arti- defquelles il
Marchandifés & den- cle eft fixé par fort à l’étran-
rées du cru & manufac- le commerce ger, & pour
tures de Languedoc. qui s’en peut les autres pro-
■ faire a_n_n: ée• vi_n_c_es , dje-CfHj .
commune. marchandifés
• & denrées.
f Gràins, i,xoo,oobl. 4oo,oooL
Vins, 830,000
00q0
00
1 Eaux-de-vie, 440,000 440,000 1 Eau de la reine 1 d’H ongrie, 1x0,000 1X0,000
j Liqueurs, 1 5 0,000 1 5 ojooo
j Verdet, X00,000. X 00,000
* Huiles d’olives. X,000,000 1,000,000
\ Pafte l, 50^000 25,000
j Satfran, 100,000 80,000
I Prunes, 1X0,000 60,000
I Salicor, 7 50,000 30,00 0
1 T ourne-fbl, 15,000 15,000
! Châtaignes, 1 50,000 60,000
\ Coupe &commerdes
bois ,
•>*
00
0
00
1 5 0,000
Futailles &tonneaux. 60,00.0 30,000
Commerce de foierie, 1 ,800,000 1,500,000
Beftiaux à la in e , 1,000,000 600,000
Forges à fer , I 20,000 8,000
Clouterie r 140,00.0 60,000.
Refonte de vieux cuivre
, X 0,090 .
Papeteries, 140,000 100,000
Manufactures de parchemin
, . 1 5,000
Cartes à jouer, 60,000 3 o,ooO
Savon, 105,000 5,000
Blanchirie de cire, 150,000 50,00p
T o iles ,
PO 0
’ 0
La cets , 10,000
Salage de far dîne., 100,000 60,000
Apprêt & commerce
de peaux d’agneaux &
de chevreaux, . 80®,000 400,000
G ants,
O,
b
00
30,000
Peaux de moutons, de
chèvres, & de boucs
habillés en chamois, 258,000 150,000
Colle forte , 50,000
Verres & vitres, 20,000
Verreries, JO,000
*N ota . L e commerce des denrées & f r u it s monte
à la fomme de 5,4x5,000 liv . , fu r quoi i l en fo r t
pour V étranger & les autres provinces du royaume9
p o u r 3,410,000 liv»
F R A
Prix à quoi
Sommes pour
le montant
chaque arti- defquelles il
Marchandifés & den- cle eft fixé par fort à l’étranfées
du cru & manufac- le commerce g e r , ou pour
tures de Languedoc. qui s’en peut les autres profaire
année vinces, defd.
commune. marchandifés
* Dentelles du P u y , 6o,eool.
& denrées.
40,oool.
Futaines & bafins, * pojooo 60,000
Couvertures de laine, 2 20,000 200,000
Bergame & autres tapifferies,
XO.OOO
Petites étoffes fines &
groffières de laine, 4,100,000
Draperies fines &
autres. 8,4<0,000 5,300,000
Bas de laine, 40,000
Chapeaux, 400,000 150,000
Taffetas , rubans &
bas'de fo ie ,
Étoffes de filofe lle .
£00,000 600,000
80,000 50,000
Confection d’alker- ;
mes, 50,000 50,000
Anguilles d’Ayguemortes,
35,000 20,000
Melaittes de pecais, 3 0,000 15,000
Commerce de grainés
de jardins, 30,000 15,000
26,738,0001 14,038,^00!.
Il entre dans la province de Languedoc des
marchandifés & denrées, tant étrangères qu’originaires
des autres provinces du royaume, pour la
Comme de 4,7£o,2'2 5l.
Sçavoir j
En toiles de Normandie, de Bretagne
, d’Anjou & Lyon nois, pour, 4oo,oool.
Toiles d’Auvergne, Rouergue, Quer-
.cy & V ê la i, . do©,000.
Toiles de SuifTe venant par Lyon , 450,000
Toiles , manufa&ure des Indes avant
qu’elles fuffent défendues, 300,000.
Toiles de Hollande par Bordeaux, 30,009,
Boeufs & moutons par l ’Auvergne, le
Limofin & l e Rouergue, 1,140,000
Epiceries par Bordeaux, 471,000
Poiffon falé de Marfeille & de Bordeaux
, 342,225
3,840,1x5
Un mémoire met le produit des dentelles du
p a y s à 600,ooe liv. & le s envois à Vétranger à
400,000 liv . , i l paro ît qu’i l y a erreur, plufieurs
autres ne mettant que 60,000 liv ..
F R A 44 f
Ci-contre • • • . . • • x
0
00
Fer de Bourgogne & du comté de
Foi*. 100,000
Quincaillerie de Forez & d’Auver-
g n e , 50,000
Mercerie d’Allemagne par L y on ,
Laines d’Efpagne, de Conftantinople,
Salé, Alger & tous les lieux de Barbarie
, quarante mille quintaux valant par
eftimation,
50,000
400,000
4,440,1x5!.
De manière que la province de La n guedo c, outre
fa propre confommatiom , envoyant à l ’étranger
& dans les provinces du royaume , pour quatorze
millions & plus de marchandifés & denrées de fon
c ru , & n’en recevant que pour 4,500000,liv. il lui
refte de profit en argent £,500000 liv.
COMMERCE DE L A BASSE N A V A R R E ,
ET D U B É A R N .
Si le Béarn n’eft guères fe r tile , la B a jfe -N a -
varre l’eft encore moins, & ce n’eft qu’à l’affiduité,
au travail & à l’induftrie des habitans , que l ’on
doit le peu de denrées & le peu de marchandifés
qui y font propres au commerce.
Les vallées de Barétons, d’Afpe & d ’Offant, dans
la fénéchauffée d’Oléron en Béarn , produifent des
lapins pour les mâts des vaiffeaux du roi. Elles ont
auffi des mines de plomb , de cuivre & de fe r , qui
! entretiennent quantité de forge s, de fonderies & de
martinets.
Ce font les habitans d’Oléron , qui font prefque
tous négocians, qui enlèvent ces métaux ouvrés,
ou non ouvrés, & qui en font négoce avec l’Arra-
gon & quelques autres lieux des frontières d’Ef-
pagne.
Il fe fait du fel dans quelques en.droits du B é a rn ,
mais ce n’eft guères que pour la confommation du
p a y s , n’en pafïànt que peu à l’étranger.
Les fruits qu’on recueille dans cette généralité,
dont on fait quelque commerce, font, des vins, des
bleds , du mille t, de l’avoine , des pommes, du lin
& du chanvre.
Les vins' de la fénéchaufîee de Morlac paiïent
pour excellens : les Anglois y viennent tous les ans
en temps de p a ix, & les enlèvent prefque tous3 les
habitans fe contentant pour leur boiffon , du cidre
qu’ils font de leurs pommes , dont même ils font
quelque petit trafic avec leurs voifîns.
Les fabriques de toiles, qui font établies en plu*
fîeurs lieux , confomment à peu près les lins & les
chanvres de leur récolte. Ces toiles font affez groffiè-
res , mais cependant propres pour l’Arragon &
l’Efpagne , où les font paffer les négocians de Saint-
Jean-Pied-de-Porc & d’Oléron.
L a B a ß e - Navarre & le Béarn, fur - tout les
montagnes de la première, ayant des pâturages ad-/