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confacrée à briller dans les temples , & qüieft autant
connue par cet ufage de religion, qu’on connoît
peu les arbres qui la produifent, ou les lieux oû
ces.arbr.es croiflent.
L ’oliban , ou encens mâle , eft apporté en France
Ïrâr la voie de Marfeille : il faut le choifir en belles
armès blaltches, un peu dorées l d’un goût amer
& . défagréable & qu’étant irfâclié , il excite la fa-
live , &-la rende auffi blanche que du" lait j fur-tout
réjèttef celui qui eft rempli de pouflîère , de petites
larmes jaunâtres , & de‘marrons noirs.
,L’encens çles Ind e s , qui vient par les vaifleaux
de la compagnie françoile, n’eft pas â beaucoup
rès fi bon que celui d’Arabie, ou du mont L i-
an. Oh l’ appèlle vulgairement encens de M o ch a ,
Qu
oiqu’ il ne . vienne pas de cette ville d’Arabie.
)n 1 apporte en mafle , quelquefois en petites larm
e s , mais toujours fort chargé d’ordures. Il eft
•rougeâtre , & d’un goût un peu amer. Quelques
marchands épiciers-droguiftes le donnent pour vrai
«liban ; d’autres , non moins hardis , & aufli infidèles
, le vendent pour véritable bedelium.
L a manne d’encens n’ eft autre chofe que les petits
grains ronds, clairs & tranfparens , qu’on trouve
dans l’oliban ; & comme véritablement c’eft de
l ’oliban , on peut s’en fervir aux mêmes ufages. On
appelle cependant encore manne d'encens les petites
miettes farineufes de l ’oliban , qui fe rencontrent
au fond des. lacs , & qui ont été produites par
le mouvement de la voiture.
L a fuie encens eft cette dernière forte de manne
d 5encens , brûlée de la manière qu’on brûle l’ar-
cançon, pour faire du noir de fumée.
' L ’écorce £ encens eft l’écorce de l’arbre qui le
produit ; elle a prefque les mêmes qualités & la
même odeur que Y encens ; aufli l’a fait-on entrer
dans la compofition des paftilles & des parfums inflammables.
Bien d’habiles droguiftes croient que toute l’écorce
d3encens qu’on voit en F ran c e, n’eft rien
autre chofe que ce qu’on appelle vulgairement encens
des J u if s , qui eft une écorce qui vient des
Indes , & qui eft bien différente de la véritable écorce
d ’encens, tant pour le prix , que pour l’odeur &
les propriétés.
L e galipot s’appelle g ro s encens , a la différence
de l’oliban qu’on appelle encens fin. On ne fçait
pas trop pourquoi ce dernier eft aufli nommé encens
mâle , du moins on ne voit point dans les auteurs
qu’ il y ait S encens femelle ; ce qui faudroit,
ce femble, qui fu t , pour avoir donné lieu â cette’
dénomination.
L ’encens b la n c , l’encens commun , ou encens
de village , font aufli des noms fous lefquels on vend
le galipot.
L ’encens marbré, où m a d ré , comme l'appellent
les Provençaux, eft une. des efpèces de barras.
Ce que l ’on nomme encens des J u i f s , n’eft autre
chofo que le ftorax rouge. •
L ’encens mâle , ou oliban, entre dans plufieurs
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compofitions galleniques & chimiques. On s’en fort
aufli pour appaifer la douleur des dents ; mais ce
n’eft pas fans courir rifque de gâter celles qui font
faines, & de ne guères loulager le mal que caufenc
celles qui font gâtées.
« L 'encens de toutes fortes eft du nombre des
j> marchandifes venant du Levant, Barbarie &,autres
» pays & terres de la domination du roi de Perfe
» & d’Ita lie , fur lefquelles il eft ordonné être levé
» io pour ioo de leur valeu r, conformément â
» l’arrêt du confeil du 15 août 1685 , avec les fols
» pour livre».
EN CH ÈRE . M i f e , ou augmentation de p r ix
qu’on fait fur quelques marchandifes qui font vendues
publiquement, foit volontairement, comme ordinairement
les marchandifes arrivées par les vaifleaux
des compagnies de commerce , foit par autorité de
juftice, comme celles qu’abandonne un marchand
qui a fait faillite, pour le payement de fos créanciers.
EN CHÉRIR. Offrir d’une marchandife qui fe
c r ie , un prix au-deflus de celui qu’en a offert le
dernier enchériilèur. Enchérir. Signifie aufli augmenter de p r ix , devenir
plus cher. L a difette des foies & des ouvriers
fait beaucoup enchérir les étoffes de L y on & de
T ours.
Enchérir. Veut dire encore , vendrez plus haut
prix que l’on a de coutume.
EN CH ÉRISSEUR . Celui qui fait enchère fur
une marchandife qui fe crie publiquement. Le s
étoffes de la compagnie des Indes fe font bien vendues
cette année ; jamais il n’y eut tant & enchéri
ffeurs.
L ’huiflier, ou crieu r, eft obligé de délivrer les
marchandifes criées au plus offrant & dernier enché-
rijfeur-, après avoir plufieurs fois averti à haute
voix , que c’eft pour la troifième & dernière fois
qu’il les crie , & qu’il va les adjuger.
EN COMB R EM EN T '% ou EN tOM B R A N C E ,
comme il fe dit â Bordeaux. C’eft: l’embarras que
caufent dans les vaifleaux les marchandifes qui en
font la cargaifon, particulièrement celles qui font
d’un gros volume, comme peuvent être les balles
de liè g e , de plumes, de chanvre, de pelleterie , &c.
Lorfqu’i l s’agit du fret de ces fortes de marchandifes
, l’évaluation du tonneau de mer fe fait par
rapport .1 l'encombrement, ceft-à-dire , par rapport
a 1 embarras qu’elles peuvent caufer , ou a la place
qu’elles peuvent occuper dans le: fond de cale du
vaiffeau , qui eft le lieu de fa charge.
ENCRE. C’eft tantôt une liqueur noire, dont on:
fe fort pour écrire, tantôt une pâte noire & féche y
qui , détrempée dans l’eau , fort à deflïner, ou à
laver .des plans & défleins ; tantôt line compofition
de noir , d’huile & de térébenthine , qui s’emploie
â l ’impreffion des livres & eftarapes ; & tantôt un
compofé de blanc & de teinture de Bréfil, qui s’appelle
rofette , dont on’fe fort pour régler les livres ,
& que les peintres emploient aufli quelquefois dans
leurs ouvrages.
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C ncri 01 la C hine. C ’eft une efpèce Je noircie
fumée réduit en petite.tablettes ordinairement quart
e s , un peu plus longues que larges, de deux on
trois lignes d’épaifleur, dont les Chinois fe fervent
pour écrire, après l’avoir détrempée avec de l’eau ;
& que l’on emploie en France & ailleurs pour
deflïner, ou pour laver des plans , des deflins, &c.
On la contrefait en France , & il en vient aufli
quantité de Hollande , que les HoUandois fabriquent
eux-mêmes. Outre qu’ on peut reconnoitre
la véritable encre d e la Chine d’avec celle qui ne
l ’eft p a s , par la forme des tablettes, & par les figures
imprimées , on la diftingue encore mieux
par la couleur & l’odeur; la véritable étant tres-
noire & d’une odeur agréable ; & l’autre feulement
grisâtre & d’une odeur plus mauvaife que bonne.
Ces différences fuffifent pour en faire facilement le
difeernement. Ainfi on voit bien qu’il faut choifir
cette encre vraie la Chine, c’eft-a-dire , tres-noire ,
d’une odeur agréable & en tablettes prq^ue ,quar-
rées & peu épaifles. >111-
L ’encre de la C hin e, foit véritable , ou contrefaite
, fait une portion du négoce des marchands
épiciers-droguiftes de Paris : quelques merciers en
vendent aufli.
Encre d’imprimeur , encre d’imprimerie,
ou ENCRE a imprimer. C’eft un compofé de térébenthine
, d’huile de noix ou de lin & de noir de
fumée, réduit par la cuiflbn & par le broyement
en une efpèce de pâte liquide, â peu près fembla-
ble à de la bouillie un peu épaifle. On fe fert de
cette encre à imprimer les livres.
E N D E T T É . Qui doit beaucoup, qui a contracté
quantité de dettes.
E N D E T T E R une compagnie, une fociété. C’eft
contracter en leur nom des dettes confidérables.
L a compagnie d e ............... . e f t abîmee ; fes directeurs
l’ont endettée à n’en jamais revenir. Notre
fociété eft endettée bien au-delà de fes fonds.
S’endetter. Faire des dettes en fon propre &
privé nom. Je me fois endetté de tous côtés.
EN D O S SEM EN T . Se dit de l’écriture qui fe
met au dos d’une lettre-de-change, par celui qui en
eft le propriétaire ou le porteur, foit pour en faire
tranfport à quelqu’un , foit pour la rendre payable
à l’ordre d’un autre, foit encore pour fervir de
quittance. *
Il faut remarquer que lorfque Xendojfement d’une
lettre-de-change eft fait pour la rendre payable à
l’ordre d’un autre , on lui donne le nom d ordre.
Voye^ ORD RE.
Dans le tit. V de l’ordonnance du mois de mars
1673, il y a quatre articles qui preferivent en quelle
forme les ordres, que l’on met au dos des lettres-
de-change ,. doivent être conçus, & à qui les lettres
endoflees doivent appartenir.
1®. Par l’article 13 , les figriatures au dos des
lettres-de-change , ne doivent fervir que à’endojfe-
ntent, & non d’ordre, s’il n’eft daté & ne contient
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le nom de celui qui a payé la valeur en argent,
marchandife ou autrement.
2,0. Par l’article 1 4 , les lettres-de-change , en-
doflees dans les formes preferites par l ’article précédent
, appartiennent à celui du nom duquel 1 ordre
eft rempli, fans qu’ il ait befoiu de tranfport ni de
fignification. v j rr
30. L ’article i f veut, quau cas que 1 endojje-
ment ne foit pas dans la forme ci-deflus , les lettres
foient réputées appartenir a celui qui les a endofe
fées, & puiflent être feifies par fes créanciers, &
compenfées par fes redevables.
4°. Enfin, l’article %6 défend expreflement d’antidater
les ordres, à peine de faux.
Les banquiers , marchands , negocians & autres
perfonnes qui endoflent des lettres-de-change , pour
les envoyer recevoir à leur échéance; ceft-a-dire,
qui mettent leur fimple fignature au dos des lettres,
laiflant du blanc au-deflus pour remplir le re çu ,
doivent obferver de mettre ou à côté, ou au-deflous
de leur fignature, ces mots: p ou r fe rvir d'endojfe-
m e n t , oü p o u r acquit.
On en doit ufer ainfi, afin que ceux entre les
mains de qui les lettres doivent refter, après que
le paiement en a été fiait, ne puiflent changer la
difpofition de la fignature , ( qui ne doit fervir que
pour quittance, j en un ordre de payer à un autre
le contenu de la lettre, ce qui pourroit fe faire facilement
fans la précaution ci-deflus marquée , foppofé
que celui entre les mains de qui la lettre-de-change
feroit reftée, fût de mauvaife foi.
I l faut remarquer que les billets de change font
fofceptibles dendoffemens, aufli-bien que les lettres-
de-change.
EN DOSSER. Écrite fur le dos d’une lettre ou
billet de change, y mettre fon endojfement.
EN D O S SEU R . Celui qui endofle, qui derit fou
ordre au dos d’une lettre ou billet de change, pour
la rendre payable à un autre. |
Le porteur d’une lettre-de-change proteftée , peut
fe pourvoir contre les endojjeurs, pour le paiement
du rechange des lieux où la lettre a été négociée ,
fuivant leur ordre. Art. j du lit. 6 de l ’Ordonnance
du mois de mars 1613.
Par arrêt du parlement du 30 août 1 7 1 4 , en,
forme de réglement, rendu lut les conclulïons du
procureur-général du r o i , concernant les lettres Se
billets de change perdus & adhirés , il eft ordonné,
que les articles X V I I I , X IX & X X X I I I du tit. V
de ladite ordonnance , feront exécutés félon leur
forme & teneur ; ce faifant, que dans le cas de la
perte d’une lettre tirée de place en p la c e , payable
à ordre, & far laquelle il y a plufieurs endoffeurs,
le porteur de ladite lettre fera tenu de s’adreflèr au
dernier defdits endoffeurs, pour avoir une fécondé
lettre-de-change ; lequel fera pareillement tenu, fur
I la réquifitiou qui lui en fera faite par é c r it , de
prêter fes offices au porteur de la lettre, auprès du
précédent endoffeur, & ainfi remontant A’endcffeur
en endoffeur, jufqu’au tireur de la lettre adhirée J