
C O M M E R C E D U B E R R Y .
1-es moutons & les laines dn B e r ry , .font
principal objet du négoce de cette province.
-Les grains, les raines de fer., les chanvres, les
lûmes de noix , les vins & le s bois, y entretiennent
aura un allez .bon trafic ; mais, le défaut de rivières
»avigables , rend ce trafic moins confidérable qu.
ne,pourroiç êtÿe. ,, *
On a plufieurs fois, à la vérité, p^opofé de tra-
vaiilér a la rivière d’A u ron , pour la rendre capable
e trànfporter dans les provinces voifines, :ces diver
es marchandifes ; mais on en eft toujours demeur
au p rojet, & cette entreprîfe fi utile , & à ‘ ce qu’el-
timent les connoifleurs, fi facile , ayant été entamée
laus François premier, & prefque r.éfolueen 1 67.8
lo|is Louis-lerGrand, n’a. point eu réexécution. gj
‘4 ^ es *aines de Berry font alfez bonnes, mais on
n en emploie que lés moindres dans la province,
les meilleures & les p lu s . fines étant enlevées tous
}es Wà P** les marchands de Rouen ; ce qui fait que
les fabriquans Beruiers ne font guères que de ces
Çros diaps qu on nomme draps de B e r ry , excellens
a la vérité pour leur qualité, mais qui ne peuvent
lervir qu aux habits des; ifoldats , des domeftiques,
du menu peuple , des artifans des villes, ou des
nabitans de la campagne.
Le s autres étoffes de laine du Berry , font des fermes
groflières, des droguets, des tiretaines, & quelques
pmchinats, mais toutes allez médiocres, & poui
la beauté & pour la bonté.
1 s » ïAoudun, Châteauroux, Vierfon, Selles
j Aubigny & Romorantin , font les lieux où font
établies les meilleures manufactures de. ces fortes
«ouvrages , dans chacunedefquelles.il s’en fabrique
depuis trois jufqu’à quatre mille pièces dont
celle de Romorantin eft la plus eftimée , & en fournit
la plus grande quantité.
Les draps qui fo fabriquent à Romorantin, font
de cinq quarts de la rg e , tous faits de laine du pays :
on y en fait pourtant quelques - u ns, moitié laine
«Efpagne & moitié de la plus fine laine de Berry ;
mais ce font feulement ceux qui font deftinés poiir
la teinture en écarlate. Pour les forges, .elles y font
croifees, & d une aune de large. L a confommation
des étoffes de lainerie de Romorantin , fe fait à
P a r is , Orléans, en Picardie & Champagne.
L e Blan c, Sancerre, Châtillon., Liniere , Ivri-
le - Pre & Cinconet, fourniffent chacun . deux à
trois mille pièces de draps, & autres étoffes de
laine.
Les antres lieux de fabrique de lainerie du Berry,
fon t, Saint-Amand, la Chartres, Mehun, Aubigny,
D un -le -R o i, Sa in t-B en o ît-d u -S au lt, Buzançois ,
Leuvroux , Saint - Savin , Leret , la Chapelle-
Danguillon, Aifhe - le - Château , Saint - Gautier,
Arçenton , Neu vy - Saint - Sépulcre , A rg en t,
V alença y, Bau g y , Sancergues* les A i x , Blancafort :
& Enrichemont , dont les plus forts ne donnent |
guères au-delà de huit à neuf cent pièces, y en I
I ayant beaucoup qui n’en fourniffent que depuis
cinquante jufqu’à cent.
L a plupart de ces draperies fe vendent aux foires
du pays , d’où elles font apportées à Paris pout
celle de Saint - Germain , & pour les deux foires de
Saint-Denis.
Outre les laines qui fo confomment dans la généralité
.pour les fabriques des étoffes, il s’en emploie
aum une .grande partie en ouvrages de bonneterie,
particulièrement en bas & quelque peu en tapifleries
de Bergame ; les laines pouf la bonneterie , font
partie fines & partie moyennes ; celles pour la
tapifferie font groflières.
, Q^efones-uns prétendent que la fabrique de ces
dernieres eft paffée àsx B e r ry en Normandie.
A l égard de la bonneterie , la meilleure fe fait à
Bourges , où l’on y travaille partie au tricot & partie
au métier.,, ce qui fe fait pareillement dans le refte
de la province.
ï L a plupart des ouvriers & des marchands bonnetiers
conviennent que les laines de Berry font non-
feulement plus propres qu’aucunes autres pour leurs
ouvrages, mais encore quo ce ne devroit être qu’à
la bonneterie, que ces laines fuffent employées ; étant
1 ufage qui leur convient le mieux.
Tout ce qui refte des laines , la confommation du
pays prélevée, fe porte à quelques foires de la province
, qui femblent n’être établies que pour ce
commerce , & qui ne font confidérables que par le
grand débit qui s’y fait de. cette marchandife; de
tous les marchands forains, ce font ceux de Rouen
qui en enlèvent davantage.
I Les teinturiers , les tanneurs les parcheminiers
&des tifferands ,_ ont dans toute la généralité uw
affez grand nombre de maîtres de leur profefljon ; f
on eftime fur-tout la teinture, les cuirs., & lapa r-
cheminerie d’ Iffoudun.
A 1 egard des toiles , les ouvriers ne travaillent
gueres pour leur compte dans cette généralité, &
leurs métiers ne font ordinairement montés que pour
le bourgeois!
L e négoce de l’huile de noix & du fer , y eft
cônfîdérable; & les marchands de Paris qui font l’un
ou l’autre trafic , en enlèvent beaucoup par la voie .
d’Orléans.
L e fer de B e r ry eft de bonne qualité, & c’eft •
une des provinces de France d’où il s’en tire davantage.
L e terroir de la plus grande partie de cette généralité
eft,ingrat & mal cultivé; en forte que tout
le pays eft prefque fans commerce, peu peuplé &
]>eu riche ; ce qui pourtant ne doit pas s’entendre
fans exception, y ayant des élevions & des can- .
tons affez fertile^ , raifonnablement habités & où
fe fait un affez bon négoce, même au-dehors de
province.
Les terres de l’éieétion de Bourges , qui font
aux environs de la rivière de Loire , font les meilleures
& les mieux cultivées de toute la province. :
L e débit des denrées que facilite la commodité de
la rivière , en eft la caufe : cependant les plus fécondes
ne rapportent pas plus de huit pour un ; encore
eft-on obligé de les laiflèr repofer de trois-ans
en trois ans. Les médiocres ne donnent que cinq
pour un ; & les mauvaifes, qui font en bien plus
grande quantité, au plus quatre pour un.
I l fe fait quelque commerce de blé fur la rivière
de L o i r e , mais peu confidérable , n’y ayant point
de marchands qui en faffent expreffement le négoce f
comme il y en a dans prefque toutes les autres
provinces du royaume , mais feulement quelques
fermiers & laboureurs qui en chargent de petits bateaux,
pour emporter dans les cantons qui n’en recueillent
pas allez pour leur confommation.
Il y a quantité de vignobles aux environs de Sancerre
, dont le vin eft d’affez bonne qualité. Outre
le débit qui s’en fait dans le p a y s , qui n’eft pas
médiocre, on en voiture affez confiderablement à
Paris où ils font conduits par la Loire & par le
canal de Briare.
Les rivières du Berry font peu navigables ; &
c’eft ce défaut qui empêche qu’on n’y faffe un auffi
grand commerce qu’on y- pourroit faire fans cela;
mais par une eipèce de compenfàtion leurs rivages
font bordés de fi belles prairies & de fix abondans
pâturages, qu’ il n’y a guères de provinces en France
où l ’on élève plus de beftiaux, particulièrement de
bêtes blanches. Les plus confidérables de ces rivières
font, la Sandre, l’Eure ou Yeurre , la Vanife , le
Neere & l’Auron ; fans compter quantité d’autres
moindres ruiffeaux qui ne font point connus hors
du p a y s , qui engraiffent les terres qu’ils, arrofent
& qui leur font produire des herbages admirables
pour la nourriture des animaux*
C’eft dans l’éle&ion de Bourges & dans celle d’I f foudun
que fe fait la plus ^grande quantité de ces
nôurrjtures , & ce font aufli les beftiaux qui en font
le principal objet de commerce.
L e gros bétail fort d’abord à labourer les terres ;
au fortir du labourage, on Tengraifle; & quand il
eft engraiffé on le conduit à Paris , où il fe vend
dans les marchés de Poifty & de Seaux.
Quelque bon que foit ce négoce , il n’approche
pas de celui des bêtes à laine , dont pn peut dire
que le monde fe mêle dans ces deux élections &
dans quelques autres de la g én é ra lité , n’y ayant
point de perfonnes un peu accommodées qui 11’en
rempliffent leurs métairies; outre que la plus grande
partie des particuliers , bourgeois, gentilshommes ,
même jufqu’aux eccléfiaftiques , ont coutume d’en
donner à chetel aux payfans : ce commerce qui ,
félon les claufes & les conditions du contrat, peut
être légitime ou uluraire , étant"le plus commun &
auffi le plus utile qui fo faffe dans la province , &
étant regardé comme un moyen honnête & fur de
faire valoir fon. argent prefque fans aucun rifque ,
& de le mettre à gros intérêt, avec le profit, mats
non pas avec le blâme des ufuriers.
Ceux qui connoiffent le commerce du Berry efti- v
ment que c’ eft à l’ufage du chetel qui y eft établi ,
q'u'eft principalement due là prodigieufe quantité
de moutons qui s’y élèvent , tout le monde pouvant
prendre part à ce négoce qui eft d’ailleurs aifé à
faire , & ne demande pas de grands fonds.
L e débit de tous ces moutons fe fait ordinairement
aux foires d é jà province, auxquelles lorfqu’ils
ont été engraifles, "on les conduit depuis le mois
de mai, jufques au mois de feptembre , & où ils
font achetés par des marchands qui les mènent en-
fuite à Paris.
U n aaitre commerce' confidérable de féléctiôn de
Bourges, eft celui des chanvres qui y croifient de-';
très-bonne qualité & en fi grande quantité qu’on
croit qu’année commune, le débit en peut aller à
près de quatre cent mille livres ; & en effet ce chanvre
eft fi eftimé, que même dans les années les plus
abondantes , tout ce qui s’y en recueille eft enlevé
avant le mois de février.
L e pays qui s’étend du côcé Ju Nivernois, eft
fort chargé de bois; ce qui a donné la commodité
d’y établir quantité de forges de fer , dont la mine
n’eft pas éloignée. Ce métal qui eft doux & d’une
très-bonne qualité / s’emploie en partie à faire des
ancres pour les arméniens de mer, & des boulets
pour l’artillerie ; le refte fe fabriquant en fer de
différens échantillons, dont il en vient affez bon
nombre à Paris.
Une autre confommation des b o is , qui font en
B e rry, fo fait par le merain propre aux tonneliers,
qu’on y fabrique en quantité , & qui s’embarquant
fiir le C h e r , paffe dans la Loire , d’où on l ’envoie
dans tous les pays de vignobles qui font en montant
& en defeendant le long des rivages de cette rivière*
Les villes d’Iffoudun & de Saint-Amand, font celles
qui font la plus grande partie de ce commerce.
Les terres des élections de Bleré & de Château-
Roux , font très-mauvaifes & peu propres à être cultivées
, n’étant pour la plupart que des landes , des
forêts & des étangs. On nourrit dans les landes
quelques beftiaux ; les bois fe débitent pour quantité
de forges , & les étangs fourniffent d’affez bon poif»
fo n , ce qui ne laiffe pas d’y répandre quelque argen
t, qui fait fubfifter , mais qui n’enrichit pas les
habitans.
C O M M E R C E D E M O U L I N S ,
ET DE SA GÉNÉRA L I TÉ.
Les manufactures & les fa b r iq ue s de cette généralité
, qui contient le Bourbonnois, le N ivernois
& la haute Marche d’Auvergne, font les forges &
fonderies où fe fabriquent des canons, des ancres
& autres gros ouvrages de fer ; la manufacture de
fer-blanc, la fayance , les verreries , les. ouvrages
d’éma il, la coutellerie & quincaillerie, la manufactu
re de tapifferie , & celle des draps.
Les productions naturelles , confiftent en vins , en
chanvres , en mines de fer & d’acier, en charbon de
pierre , en beftiaux, en poiffon, en châtaignes &
en fromages.