
I l defcend auflî quelquefois à Bordeaux , des
vins blancs de Languedoc , jufqu’à la quantité de
mille tonneaux ; & encore huit à dix mille de la
haute Guienne, dont il y en a de rouges & de
blancs.
« Les vins de B ord ea u x , qu’on charge pour
» fortir du pays , paient les droits fur le pied de
» 17 1. quelques deniers le tonneau, outre les droits
» d’acquit & de vifîte, & le tonneau de fret.
» S’ils font chargés dans des vailïèaux étrangers,
» le droit eft de s o 1.
» L ’eau-de-vie, lorfqu’elle fc charge, pave 1 3 1 .
» 1 o'f. par piè ce, par le chargeur 3 mais le vendeur
» lui en fait bon de 7 1. 3 £
» Les vins de Languedoc paient 17 à 18 1. par
» muid, -du droit de'canal, jufqu’à Touloufej 40 1.
» par barique , de droit de foraine , au Villars j &
» pour la voiture de Touloufè à B o r d e a u x , depuis
» 45 f* j jufqu’à 3 1. 10 f i, & quelquefois 4 1. par
» barique fuivant que la rivière eft difficile.
» Ces vins payent ~au bureau des fermes , à B o r -
» de a u x y 18 1. par tonneau, lorfqu’ils arrivent aux
» Chartrons, & 5 1. de droits à la ville 3 & lorf-
» qu’on les charge , ils paient encore audit bureau
» des fermes, 9 , 10 , à u 1. auflî par tonneau, le
» tout avec les nouveaux fols pour livre. »
L e fauxbourg des Chartrons eft le lieu ou l’on
doit mettre les vins qui ne (ont pas des paroiflès qui
compofent la fénécliauffee de B ord eau x , parce
qu’ils ne doivent point entrer dans la ville-, & ne
peuvent être vendus qu’aux étrangers. '
L e commerce que la ville de Bordeaux fait avec
les colonies Françoifes dans l’Amérique, n’occupe
gù'ères que vingt-quatre à vingt-huit vailfeaux, du
port depuis cinquante , jufqu’à deux cent cinquante
tonneaux ; fçavoir, deux ou trois pour Quebec ,
trois ou quatre pour Cayenne , quatre ou cinq
pour Saint-Domingue , & douze*ou quinze pour la
Martinique & les autres ides Antilles de l ’Amérique.
Ce n’eft pas qu’il ne forte du port de B o r d e a u x ,
une plus grande quantité de bâtimens. pour les indes
occidentales ; mais comme il ne fe paye point en
France de droits de fortie des marchandifes defti-
nées à ce commerce , ce font la plupart des navires
de Nantes & de la Rochelle, qui viennent charger
des vins à B o rd ea u x y & s’afïortir deplufieurs chofes
qui leur manquent, & qui doivent entrer dans les
cargaifons pour ces colonies.
•Les navires qui vont de B ord ea u x à Quebec,
partent dansles.mois d’avril & m a i, & doivent mettre
à la voile pour le retour , à la fin d’octobre , ou
au commencement de novembre.
L eur cargaifon eonfifte en vins,,, draperies, toiles,
chapeaux , férailles, quincaillerie & outils de toutes
fortes.
Comme ils ne peuvent faire leurs retours de pelleterie
, le commerce n’en étant pas libre, quelques-
uns vont charger des morues en Terre-neuve , ou
au Cap B r e to n q u ’ils achètent en lettres de change
fur France y d’autres prennent à Q u çb e c , de la
farine, de la biè re, des p o is , des anguilles falées,
qu’ils y portent & qu’ils échangent pour des mar-
chandiles du pays 3 & quand ils n’en trouvent point
allez pour former une cargaifon entière, ils prennent
le refte à fret.
Les vailïèaux qui, vont à Cayenne , ne doivent
être que de petits bâtimens 3 un vaiffeau feulement
de cent tonneaux , ayant peine à y trouver fo
charge , enforte qu’il faut qu’il paflfe aux illes pour
l’achever.
C ’eft auflî avec de pareils vailfeaux qu’il faut faire
le commerce de Saint-Domingue , étant rare qu’un
plus grand bâtiment, à moins qu’il ne veuille, perdre
la faifon du retour, puifle trouver allez de marchandifes
préparées pour fa charge entière ; auflî la
plupart reviennent-ils à demi-charge. Les principale
s marchandifes qu’on en tire, fon t, du fu c re , de
l’indigo , du coton & des cuirs.
On peut employer des- vailïèaux de toutes grandeurs
, pour le négoce de la Martinique , & des
autres illes Françoifès , parce que les navires vont
d’ille en ifle faire leur chargement, demeurant ordinairement
jufqu’à la fin du mois d’ao û t, qu’on celle
de faire des fucrës 3 les cannes , comme on dit aux
illes", montant alors en flèche , c’eft-à-dire , n’étant
plus en état de donner du fucre.
L e temps le plus convenable pour partir de Bordeaux
, pour les illes, eft les mois de novembre &
dë décembre , afin d’y arriver au mois de février,
que l’on commence à faire le fucre. Il part néanmoins
des vailfeaux jufqu’à la fin de m a i, & même
quelquefois le voyage peut être bon.au mois d’août,
fur-tout fi les vailïèaux font chargés de bons vins
d’arrière faifon, & que les chaleurs ayent été grandes
aux illes, parce que les vins des premiers vaifi-
fèaux s’étant tournés, ceux qu’on y porte enfuite ne
manquent pas de prendre faveur , & de fè vendre
tout ce qu’on veu t, argent comptant.
Une cargaifon pour l’Amérique , d’un navire de
fix-vingt tonneaux , eft ordinairement compofée de
quarante tonneaux de vin, de cinquante barils de
farine , du poids de deux cent cinquante livres chacun
5 de vingt barils d’eau-rde-vie, de vingt barils
de lard de p a y s , de trente barils de boeuf d’Irlande
, de trois mille aunes de grofl'qs toiles de onze
à douze fols l ’aune, qui vient de Saintonge , ou de
Saint-Macaire 5 de quinze tours, ou rouleaux de fer,
pour les moulins à fucré j de toutes fortes d’uften*
files de cuivre & de f e r , pour le ménage & le fer,-
vice des moulins , à peu près pour cinq cent l i vres
; de plufieurs formes, ou pots de terre , pour
terrer les fucres $ de fix fiifils de boucaniers , à vingt
livres pièce : cette partie de la cargaifon eft d’obligation
3 de fouliers & chapeaux de toutes fortes ,
environ pour trois cent livres 3 d’étoffes, toiles,
nipes , &c pour l’habillement des habitans , pour
mille livres 3 quatre cent bariques en bottes , avec
' les cercles & ofier pour lçs relier , pour mettreJhe
fucre ; enfin , d’une grande barique en botte , contenant
dix à douze tonneaux , pour fervir à la charge
& décharge des marchandifes. Ce dernier article
n eft pas abfolument néçefïaire , parce qu’on en
'* trouve de louage aux illes.
Toute cette cargaifon, fuivant le prix ordinaire
des marchandifes, peut monter à quatorze mille
livres.
Les principales marchandifes que l’on rapporte
des ifles , font les lucres blancs Sc bruts , le coton,
le gingembre , le canefice , l’indigo , le caret , le
rocou & le cacao. On n’entrera pas dans un plus
grand détail du commerce qui fe fait aux ifles Françoifes,
devant en traiter amplement en un autre
endroit.
On remarquera feulement, que dans les pafleports
qu’on accorde aux vailfeaux de Bordeaux , pour
le voyage des ifles Antilles, de Cayenne & de Saint-
Domingue , il eft expreffément porté, qu’ils ne pourront
faire leur retour à aucun des ports de Nantes
, Dunkerque , ni Marfeille, parce que c e font
des ports francs.
r cuuuuem en î e i , plus ou
moins, fuivant que le navire peut contenir de milliers
de poifïbn verd, ou de quintaux de poiffor
fe c ; en lignes pour la pêche, en couteaux poui
habiller le poifïbn , en ais & planches de quoi foire
les échafaudages j en tabliers, en clous & en victuailles
, comme vins, légumes , &c. pour huit à
neuf mois.
Les navires qui vont au Banc, partent de Bordeaux
en janvier, & peuvent auflî partir dans tous
les autres mois de 1 année,, à la réfèrve de ceux d’octobre,
novembre & décembre.
Ceux qui vont en Terre-neuve, partent en février
ou mars, pour y arriver en avril ou au com-
n encement de mai, n’y ayant rien , ou peu' à foire
poi r ceux qui arrivent a la fin de ce dernier mois.
I es retours des vailfeaux de T erre-neuve, fe font
ordinairement à B ord ea u x y Nantes, la Rochelle
Bayonne , Marfeille & Bilbao en Efpagne. Il y en
a quelquefois qui vont à Lisbonne & à Cadix. Ceux
eu grand Banc rapportent leur pêche à B ord eau x y
au Havre-de-grace, à Nantes & à la Rochelle.
« On ne paie point de droits de fortie pour le
» lel qu on emploie à cette pêche , mais au retour
» du voyag e, on paie trois & demi pour cent de
» la valeur du poifïbn. »
Les vailïèaux dt B o rd e a u x , qui vont à la pêche
de la baleine , partent en avril &.mai : les retours
dépendent du fuccès de la pêche , revenant plutôt
quand le poiffon s’eft préfenté de bonne heure , &
plus tard li c’eft le contraire.
II eft rare néanmoins que les marchands de B o r deaux
m em des1 vailfeaux en propre pour la pêche
de la baleine ; mais il y f i l a beaucoup qui s W -
reifent dans les arméniens qui fe font pour cela à
Bayonne, Saint-Jean dè-Lux & Saint-Malo.
L e commerce que Ton fait de B ord e a u x en
Î L ' Sü e Sl dE fPaSne a B o r d e a u x , eft peu con-
«derable. On y envoyé des pots de fer &. du papier
de Périgord j du blé & autres grains , quand le
tranfporc en eft permis, fur-tout du froment & des
fèves.
Les marchandifes qui en viennent par les retours,
font du fer plat & du fer quarré , des ancres à navires
, des avirons 3 des pierres à aiguifer , des huiles
-de baleiné , & fanons 3 des clous de poids &
menus 3 des laines & des fardines , quand on en
pêche à la côte d’Efpagne.
Enfin, les marchandifes qui viennent à B ord ea u x y
du commerce que fes négocians entretiennent avec
quelques provinces, particulièrement du Périgord ,
du Q u e rc y , du Limoufîn , de l ’Auvergne , & du
Lyonnois , font des fromens & autres grains 3 diver-
fès fortes de légumes 3 des vins de Bommes & autres3
du papier, des châtaignes, des noix , des huiles de
noix y du mairain, des tables de n o y e r , <tu fer ouvré
& non ouvre, comme pots de fer , canons & autres
petites armes a feu , & épées 3 de la quincaillerie ,
de la mercerie, de la foirie 3 des toiles de Lyon ;
des fromages d’Auvergne & des tapifïèries de cette
même province. Tantes ces marchandifes defeendènt
par la Dordogne & viennent à B o rd ea u x , après
avoir pafïe devant Libourne.
I l ne fout pas oublier de remarquer , q u i l y â
deux foires franches à B ord ea u x ,* l’une le-premier
mars , & l’aùtre le 1 y octobre.
MÉMOIRE SUR LA RÉGIE DU GRAND BUREAU
d e B o r d e a u x , e t su r le s d if f é r e n s d r o it s
q u i s’y p e r ç o iv e n t .
R ég ie d u b u r e a u d e B o r d e a u x .
Ce bureau eft fèrvi par. cent douze employés ,
dont les appointemens au total , vont à près de
foixante & trois mille livres. Ces employés font :
L e directeur général & le caiflîer "général, qui
travaillent également aux,trois grands bureaux ; fea-
v o ir , à celui du convoi , à celui de la compta-
blie & à celui du courtage , q u i, outre ces deux
principaux commis , en ont encore de particuliers.
A u convoi, il y a un receveur , un contrôleur ,
& deux feribes.
A la comptablie ,■ un receveur & deux contrôleurs ;
dont l’un s’appelle contrôleur de la comptablie,
& l’autre , contrôleur du menu. Trois feribes
deux appréciateurs , un garde-magafin & un fous-
garde-magafin.
A u courtage , un receveur, un contrôleur,. deux
tailleurs de f e l , deux contrôleurs des billetiers.
Vingt-quatre billetiers diftribués aux portes de
terre & de mer de Bordeaux.
U n contrôleur au bureau, des Chartrons & quatre
vifiteurs.
T rois commis , au bureau des congés.
Un vifiteur d’entrée & fon fous-vifîteur.
Deux vifitëurs d’iflue.
Un garde-magafin & un fous-garde-magafin à la
nouvelle halle fur le port.