
l i e ; & de ces quatre , c’eû le négoce des vins qui
y eft le plus confidérahle.
PrefquetQus ces derniers fe voiturent à Paris par
le moyen des rouliers dont cette route eft fans cefîe
couverte. Ils ne confident pas feulement dans ceux
de l'Orléanais ; mais encore dans quantité d’autres,
qui fe tirent des provinces roifines de. la Loire Se
même de celles qui en font affez éloignées ; comme
les vins de Languedoc & de Bordeaux.
L e nombre de ces rouliers eft fi extraordinaire,
que pour ne pas laiflèr dépérir lès grands chemins ,
on a été obligé de fixer la charge de leurs, voitures
par des régleraens , qui leur défendent d’y mettre
au-delà d’une certaine quantité de demi-queues de
vin. V~oyt\ l’article des voituriers.
Les bleds & autres grains qui le recueillent aux
environs d'O r lé a n s , n’étant pas allez confidérables
pour fourenir le grand trafic que fes marchands ont
coutume d’en fa ire , on y fupplée par ceux de l’Anjou
, du Po itou , de l’Auvergne & de la Haute-
Beauffe , dont quand les années font abondantes,
on fait de grands amas dans les greniers & les ma-
gafîns de la v ille , pour enfuite en faire la diftribu-
tion dans les provinces qui en ont befoin , & où les
récoltes n’ont pas été fi bonnes.
Les épiceries viennent de Provence, & Orléans
en eft comme l ’entrepôt pour les provinces intérieures
du royaume , qui ne les peuvent pas recevoir
de la première main.
C ’eft de Bretagne & de la Rochelle qu’on tire les
fucres bruts, qui s’yrafînenraufiï parfaitement qu’en
aucun autre lieu de France; les épiciers de Paris
eftimant ceux qui fortent de ce raffinage , plus
blancs & mieux travaillés que tous les autres ; &
ayant coutume de les enlever prefque tous.
Il y a quatre ou cinq rafineries à O r lé a n s , où
i l fe confomme plus de cinq millions -4e mof-
couades. "
U n moulin à'papier & une verrerie, entretiennent
encore un affez bon négoce dans O r lé a n s , &
aux environs , on ces fa br iqu e s font établies, &
d’où , outre la confommation de la p rovince, il fè
tire encore pour Paris & d’autres villes du royaume
, affez confidérablement des diverfès marchan-
difes qui s’y font.
Le s manufactures d’étoffes de laines d’O r lé a n s ,
n’ont pas grande réputation ; & il s’y fait feulement
quelques ferges trémières, desfèrges à deux eftains,
des frocs. & des bayettes de demi-aune de large. Il
ne laine pas cependant de s’y faire un affez grand
commerce de draperies & laineries ; mais c’eft moins
de celles qui fe fabriquent dans la v ille , que de
celles qui s’y apportent du dehors , particulièrement
de Saint-Agnan ,' de Rômorantin , de Saint
G en ou x, de S a lb ry, de Souefme , de Brinon , de
Nonan-le-Fuzelier , de Vouzons-, de Chartres , de
B ro u , d’Authon, & de quelques autres lieux de la
■ généralité.
Les laines qu’on emploie dans le peu d?étoffes
qui fe fabriquent-^ O r léa n s , font partie laines du
•pays, & partie de Beauffe, de Sologne & de G â -
cmois, qui s’achètent par des marchands en gros de'
la ville , qui les revendent en détail aux facturiers.
Les memes marchands font aufiï le négoce des lai—
*nes d Efpagne , qui entrent dans la bonneterie qui
ife fait à Orléans.
La. manufacture des b a s y a toujours été très-
1 confîderable : il s’en fait de deux fortes; fçavoir,
des bas au tricot ou a 1 a iguille, & des bas au métier.
L a fabrique des premiers y eft ancienne & très-
eftimée ; il s’y vend pourtant quantité de ces. ouvrages
qui paffent pour être faits à O r lé a n s , quoiqu’ils
viennent de Beauffe : mais ils font à la vérité auflî
bons que ceux d1 Orléans même.
L a fabrique des b as au métier y eft très-moderne:
& cependant commence à étouffer celle des
; bas a l’aiguille, qui à la vérité font bien meilleurs 9
imais qui ne fe fabriquant pas avec la même facilité
& la même viteffe que ceux au métier, ne peuvent
s y donner à anfti bon marché.
Les ouvriers an tricot & ceux au métier, ont chacun
leur communauté féparée , qui chacune eft
compofee de plus de cent vingt maîtres ; les derniers
font travailler plus de quatre cent métiers. •
Les marchands de Paris , de L y o n , de Bordeaux.,
& autres principales villes du royaume, tirent beaucoup
de 1’ uné.& l’autre bonneterie, & il s’en envoie
auflî un affez grand nombre a l'étranger.
On eftime qu’il fe f a i t , année commune , à Orléans
, environ fois-ante mille douzaines de pairs
de bas, où l’on emploie quatre-vingt, milliers de
laines , partie laines de Be r ry , & partie laines d’Efi-
pagne.
Les teinturiers y font au nombre de fe iz e , dont
il y en a cinq du grand & bon teint. Les teintures
y font bonnes , a caitfe que les eaux y font propres
, outre qu’aux environs d* Orléans & dans quelques
lieux ae fk généralité , il fe trouve quelques-
unes des drogiies qu’on y emploie.
U n autre objet de commerce, qui fert à enrichir
la ville d'O r lé an s , eft celui de la préparation des
cuirs, fort forts,-foit menus, qui occupent près de
quarante corroyeurs & fept tanneurs.
L e trafic des peaux de moutons paflees en huile ,
& apprêtées en façon de chamois, eft fur-tout en
réputation. Il s’en confomme plus de douze mille
douzaines par an dans la ville même , & T on ne peut
dire combien on en tire pour Paris, & pour plur
fleurs villes du royaume , de celles qui font préparées
avec leurs laines, & de celles qui font paflees'
bu en chamois, ou en blanc.
L a chapellerie y eft pareillement auflî bonne, &
pour ainfî dire, auflî nombreufe que la tannerie.
Plus de vingt maîtres chapeliers font occupés à la
fabrique des chapeaux, partie pour la coniomroa-
tron du p a y s , & partie pour des ènvois au-dehors.
On a dit quelque chofe ailleurs du corhmerce des
arbres fruitiers, qui s’eft établi à Orléans depuis
environ cinquante ans, & qui fembie augmenter chaque
jour. Ces arbres ne fervent pas feulement aux
plants qui fe font dans le royaume ; mais il s’en rite
auflî beaucoup pour les pays étrangers. $
Enfin un dernier objet de commerce pour cette.
ville , confifte dans fes confitures qui s’y font en j
quantité à caufe du grand nombre de fucres bruts,
qui s’y raffinent. Celles qui ont le plus de réputation
, font les coings & la gelée qui fe fait de ce
fru it , qu’on nomme cotigrïac. VoyerL cet article.
Il ne faut pas oublier qu’il fe fait à Orléans des
forces à tondre les, draps, qui font eftimées très-
bonnes, & les meilleures après celles d’Angleterre.
On auroit du parler ici du canal de Briare & de
celui d'Orléans , particulièrement de ce dernier qui
commence au bourg de Combleux , à une lieue de
cette ville , parce qu’Orléans eft l’ entrepôt des mar-
chandîfes qu’on voiture par l’un & l’autre canal :
mais on en a amplement traité ailleurs.
M a n u f a c t u r e s de la généralité d’Orléans,
particulièrement des étoffes de laine.
O R L É A N S . On ne répétera rien ici de ce qu’on j
a dit des manufactures de cette ville , dans le pa- j
ragraphe précédent ; on peut y avoir recours. ■
Dourdans. Il n’y a point de fabrique pour les
étoffes de laine dans cette ville : mais il s’y fait une
très-grande quantité de bas de laine & de fo ie , partie
1 aiguille , & partie au métier, dont le débit
fe fait principalement à Paris. Ces deux fabrique s
occupent trente-cinq maîtres & vingt métiers.
I l y a auflî à Dourdans quelque chapellerie,
mais peu , n’étant entretenue que par deux maîtres
chapeliers.
B e a u g e n c y . Se's fabriques confiftent en ferges
drapées , en ferges trémières, & en ferges à deux
eftaifis. Toutes ces étoffes fe font de laine de Beauffe
& de Sologne. Douze métiers & dix maîtres fermer*
entretiennent cette manufacture, où il ne fe
fait gueres que cent pièces de ferge par an : on
y en marque environ autant qui font apportées de
dehors. L e débit des unes & dès autres fe fait dans
la ville même & aux environs.
^ L a chapellerie a quatre maîtres, & la corroye-
rie autant.
B l o is . On y fait des ferges trémières , des ferges
drapees, des étamines & des crêpons ; toutes ces
étoffes fe font de laines du pays. L e produit de la
fabrique eft de fix à fept cent pièces, année commune.
On y apporte de dehors environ-quatre cent
pièces qui y font marquées comme foraines : les
unes & les autres fe débitent pour la ville & pour
les lieux voifîns.
Vingt fergërs, trente métiets , deux teinturiers,
du grand teint, cinq du petit teint-, & quatre tondeurs
font emploiés pour cette fabrique.
Il s y fait auflî quantité de cuirs gros & menus ,
de chapeaux , & des ouvrages de bonneterie.
Les cuirs occupent dix tanneurs & autant de cor-
royeurs ; les c a p e a u x , feize maîtres chapeliers ;
& la bonneterie, fept à huit maîtres bonnetiers.
Il s’y fait auflî quelque ganterie qui s’envoie i
Paris.
V en d ôm e . Les étoffes de cette fa b r iq u e font des
eftamets , des ferges à deux envers d’une aune de
la rg e , & des ferges trémières de demi-aune.
Les laines qu’on y emploie , -font des laines de
Beaufle. L e produit de toutes ces laineries ne va
pas. à cent pièces par an , qui fe confomment dans
la ville même ; il y a cependant trente métiers j plus
de vingt maîtres fergers & deux teinturiers; mais
ils ne font pas tous emploiés. '
On y fait quantité de gants qui s’envoient tous
à Paris; cinquante maîtres gantiers y travaillent &
en font le commerce,
C ’eft auflî pour Paris que fe deftinent les cuirs de
• fes tanneries qui y font au nombre de quatre. Six
maîtres chapeliers y travaillent en chapellerie ; on
f eftime affez leurs, chapeaux.
L e Monto ir. Ç n y fait jufqu’à quatre cent pièces
de ferges blanches & gr ife s, qui s’appellent des
tourangejles ; & l’on en marque environ cent
autres pièces foraines de même qualité. Ces étoffes
fe font toutes de laines du pays , où il s’en recueille
quatre à cinq milliers : leur deftination eft pour la
ville de T o u r s , & c’eft peut-être de-là qu’elles ont
pris leur nom. Elles occupent vingt-quatre métiers
I & deux moulins à -foulon.
I l y a deux chapeliers & deux tanneurs.
Sa int-A g n a n . Cette ville eft célèbre par les
foires qui s’y tiennent cinq fois l’année, où fe portent
quantité de draperies des villes voiflnes, outre
une partie de fept cent pièces qui fe feint dans fes
propres manufactures.
Le s étoffes qui en fortent, font des ferges blanches
, grifes & brunes, d’une aune de large..; des
draps ou gros cordats propres pour les habits des
capucins ; & des ferges drapées blanches & gris de
fer , d’une aune de large. Toutes ces étoffes fe
font de laines" de Berry : elles fe débitent à Paris.
Orléans & Tours,
Cette fab riq ue occupe trente maîtres facturiers ,
trente-fix métiers, & trois moulins à foulon.
L a chapellerie y eft allez bonne , fix maîtres
chapeliers y travaillent.
R o m o r a n t in . C’eft la plus forte manufacturé
de toute la généralité ; & on y fait au-delà de cinq
mille cinq cent pièces d’étoffes par an.
Leurs qualités font des draps blancs de cinq quarts
de large ; d’autres draps de même couleur , d’une
moindre largeur; des ferges blanches, gris-blanc 8c
grifes, d une aune ; & des ferges croifées auflî d’une
aune. Les laines qu’on y emploie , font partie d#
Berry & partie du pays : de celles-ci on y en recueille
environ fix milliers. L a plupart de ces étoffes
fervent pour l'habillement des troupes.
On y a auflî établi une fab riq ue de draps blancs,
moitié laines d’Efpagne & moitié laines fines de
Berry ; ce s draps font propres à mettre en écarlate.
Les manufactures de Romorantin occupent en
to u t , eem trente maîtres fabriquais, cent trente-
O o ij