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Le s chanvres fe recueillent en abondance dans j
le Nivernois.
L a meme province , le Bourbonnois, & fur-tout
Ie ^Morvantfouraifïent les bois qui fe flottent juf-
qu’à Paris.
Le s mines de fer fo trouvent prefque par-tout
dans le Nivernois.
Le s environs de D e c ize , petite ville qui en déend,
ont quantité de mines de charbon, & le
ourbonnois quelques-unes.
Saint-Pourçain, Montiuçon , Creuzières, pro-
duifent les vins.
Les rivières & les .étangs donnent le poiltpn qu’on
tranfporte à Paris par le canal de Briare.
Les fromages qu’on nomme fromages d’Auvergne
> dont il fe confomme une fl grande quantité
par tout le royaume, fe font dans la haute Marche
: & c’eft aufli où croiffent les châtaignes ,
dont les habitans font en partie leur pain , & qui fe
débitent & dans le voiflnage 8c au loin,
Enfin, toute la géné ralité nourrit des beftiaux
ab-delà de ce qu’on peut s’imaginer, & il eft fur«
prenant combien il en fort tous les ans de bçeufs,
de vaches & de moutons , qui font conduits dans
les provinces yoifines , 5c aux marchés des environs
de Paris j même dans les temps de guerre, jufqu’en
Flandre , en Allemagne & en Italie.
I l s’y nourrit au fli, dans les années de glandées,
quantité de pourceaux, defquels une partie fe con-
fomme dans le p a y s , mais dont le plus grand nom«
bre fe conduit par grands troupeaux dans les provinces
du royaume les plus reculées.
..A l’égard des manufactures, le fe r , l ’acier, la
tôle^ 5c le fer-blanc , fe fondent, fe coujent & fe
fabriquent en divers ouvrages , prefque dans toutes
les forges bâties fur la petite rivière de Nièvre, qui
tombe dans la L o i r e , (ous les ponts de Nevers, &
qui avant que de s’y joindre, donne le mouvement
flux foufiiets , aux marteaux Sç aux autres machines
de plus de cinquante forges.
L a coutellerie & la quincaillerie fine , fe font â
Bourbon & â N e vers, Il fe fait aufli dans cette
dernière ville quantité de fayance & d’ouvrages de -
p ia il, qui s envoient par tout le royaume , & me me
peaucoùp à l’étranger.
A Aubuflon & a Feuille tin, il y a des manufaç
tu r e j de tapifferies de verdure, mais que jes mauvais
deflïns 8c les laines de faufîe teinture, qu’on
y .emploie qflez fouvent, ont fort décréditées, 8c
qui pourraient pourtant fe perfectionner & fe rétablir,
fi l’cm remédioit à ces deux défauts ,1 a fabrique
en étant d’ailleurs allez bonne.
I l en eft-â-pcu près de même des chanvres qui
s7 recueillent : les tiflerands ne font des-; toiles- que
pour l ’ufage des- habitans peu- fe débitent au*dçhors,
& les çh^ny.res fo tra.nfportçm bruts- dans les autres
provinces.
L qu peut en quelque forte mettre au nombre des
fourçes du commerce de cette gén é ralité , cinq on
j?| faille habitans de la haute Marche, qui en forteut
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vers le mois de mars, pour aller travailler, oit eu
rlandres, ou en lîîpagne, &c qui y rentrent vers
la fin de novembre , avec l ’argent qu’ils ont gagné ,
donc ils s entretiennent allez commodément eux 8c
leur famille , Ôc paient leur taille & autres impo-
fitionsi «
M É M O I R E fu r I s s d ra p s & 'autres étoffes de
laines , qui fe fo n t d M o u lin s & dans fa, généralité%
I l n’y a guères de généralités dans le royaume
ou il le fafle moins d’étoffes de. la in e , que dans celle
de M o u lin s . A peine y : çompte-c-on julqu’.i huit
chefs-lieux , où ces fortes de fabriques foient éta«
blies, 8c encore le produit des mieux entretenus eft-
il peu confîdérable.
Ces lieux de fabriques font M o u l in s , S . Pourçain,
Montiuçon, Hériflon , D e c ize , Ç e f ç y - la - T o u r ,
Moulins-Eugilbert & Nevers.
Autrefois on, mettoit encore de çe’nombre, Bour-
bon-Larchambaud, Château-Chinon , Saint-Sauge ,
Saint-Pierre-le* Moutiers & Dongy ; mais préfente-
ment il ne s’y fait plus rien , 6c ces cinq, fabriques
font entièrement tombées. Entr’ellés, celle qu’on
regrette davantage , eft la manufacture de Château-
Chinon, où il fe failbic de très-beaux draps : o-n croit
qu’il ne feroit pas impoflible d’en rétablir la fabrique
, fi l’on aidoit les ouvriers qui y relient & qui
font extrêmement pauvres, à avoir des la in e s , 6c fi
on les obligeoit à mieux faire dçgraiffer leurs étoffes
au foulon j ce défaut d’apprêt ayant en partie
été caufe du difcrédit où leurs draps font tombés
par la mauvaife odeur 6c les autres mauvaifes qua?
lités qui leur venoient du foulage. .
M O U L IN S . Des huit fabriques qui fubfiftent
encore dans le Bourbonnois, le Nivernois & les
autres cantons qui compofent cette g én é ra lité , ij
n’y a guères que celle de Mou lins qui ait de la réputation,
6c dont les étoffes, outre la confomirtation
du pa ys , foient aflez eftimées pour venir jufqu’â .
Paris , Ôc dans 'quelques autres principales villes du
royaume ; quoiqu a la vérité ces envois foient peii.
çonfîdérables.
Les étoffes qui fe font à Moulins 8c aux environs
, font des ferges, des étamines 6c des crêpons.
Trente -fix fabriquans, plus de foixante 6c dix métiers,
dix moulins à foulon ôc fix teinturiers font
occupés a leur fabrique 6c à leurs apprêts. Le débit
s’en fait aux foires de ville , qui fe tiennent fept fois
l’année , Ôc'où les marchands forains viennent les
ramalïer pour en faire le commerce.. Saint-Pourçain & fes dépendances. On y fait
les mêmes étoffes qu’à Moulins, mais en moindre
quantité , n’y ayant que fept à huit fabriquans,' <3$
au plus quinze métiers, JJ y a «tufli un teinturier du
grand teint.
Les tiflerands y font quelques toiles , mais prefque
toutes pour les bourgeois*
M on f r.uçoN, Cette fab riq ue eft un peu plus forte
que la précédente, 6c elle occupe jufqu’à dix fabriquans
ôc vingt métiers. Ce font pareillement des
forges, des étamines 6c des crêpons»
L a tifferanderie y eft comme à Saint-Pourçain.
H é r is so n . Mêmes fab riq ue s que ci-deffus : on
y compte lept fabriquans Ôc feize métiers.
Les tiflerands y travaillent pour leur compte, 6c
vendent leurs toiles aux marchés du lieu 6c aux foires
des villes voifînes.
D e c iz e . L a fab riq ue de cette petite ville du
Nivernois, fait travailler huit fabriquans , douze
métiers 6c un moulin à foulon.
Les forges Ôc les étamines qui s’y font , le vendent
pour la plupart aux citfqToires qui s’y tiennent
chaque année.
C eft aufli à ces foires que fe débitent les toiles
qui fe fabriquent à D e c i\ e , 8c qui y font un objet
ae commerce allez confîdérable,. n’y ayant point
de lieu dans toute la g éné ralité, â l’exception de
Moulins-Engilbert, où il s’en faflè davantage..
C e r c y - l a - T o ü r . C ’eft la moindre de toutes les
fabriques de la généralité de Moulins, n’ôccupant
que fept métiers , quoiqu’il y ait pourtant julqu’â
huit fabriquans. Les étoffes qui s’y fon t , fe portent
aux foires de Montigny, qui n’en eft pas éloigné,
6c où il s’en tient quatre tous les ans. Ces étoffes
fon t, partie ferges 6c partie étamines.
M o u l in s - E n g i l b e r t . On y fait des draps,
outre quelques autres étoffes des qualités qu’il s’en
fait à Moulins ; elle a fept fabriquans Ôc autant de
métiers.
Les toiles qui s’y font en aflez. grande quantité,
occupent fept tiflerands ôc n eu f métiers. Cette toilerie
, aulfi-bien que les étoffes de laine , fe débitent
aux trois foires qui s’y tiennent.
N e v e r s . Ses fab riq ue s confîftent en draps communs
Ôc en ferges communes, auxquelles font employés
douze fabriquans 6c douze métiers.
I l s’y fait aufli des toiles donc il en va peu dehors
la v ille , les ouvriers ne travaillent pas pour leur
compte, mais plus ordinairement pour les bourgeois.
Les tanneries y font allez bonnes, les cuirs qu’on
y apprête font du nombre.de ceux qui par les ré-
glemens de la halle aux cuirs de Paris, doivent y
etre apportés.
E S T IM A T IO N de tout le commerce q ui f e f a i t
dans la généralité de M ou lin s , f o i t p a r la
vente de f e s productions naturelles , fo i t p a r
Vinduflrie de f e s habitans.
i°» L e commerce des bois 3u Nivernois, du
Bourbonnois, & fur-tout du Morvant, va à plus de
quatre cent mille livres.
2°. L e commerce de charbon de pierre , du côté
de D e c ize , cent vingt mille livres.
3°» L e *commerce du p a illon , trois cent mille
livres.
4°. L e commerce des cochons, dans les années;
de glandées , trois cent mille livres.
5°. L é commerce des bleds 6c des chanvres, celui
de vins de Creuzières , Saint-Pourçain & Mont-
Luçon, 6c la vente des beftiaux , cinq cent mille
livres.
6°. L e commerce de fer ordinaire , trois cent
mille livres.
7°. L e commerce de fer-blanc, cinquante mille
livres.
8°. L a fayance 6c verrerie , deux cent mille
livrçs.
9°. La' coutellerie 8c quincaillerie, avec les ou-*
vrages 6c curiofîtés d’émail , cent cinquante mille
livrés.
i o°. Les manufactures de tapifferies -de haute-
liffe , de Feuiiledn 6c d’Aubuflon , qua tre-vingt
mille livres.
i i ° . Enfin, le travail de plus de fix mille ouvriers
; qui fortent tous les ans de la Marche , 8c
qui y rapportent â leur retour leur gain ,6c leurs
lalaires, plus de deux Cent mille livres.
L ’on peut y ajouter encore , comme un objet
de commerce confîdérable, la confommatiori qui fe
fait aux eaux de V ich y 6c de Bourbon, qu’on pèut
évaluer à plus de cent cinquante mille livres ; 8c
celle fur la grande route de Paris, à Lyon ôc en
Auvergne, qui produit prefque autant.
On n’a point parlé du produit ni des fa b r iq u é s
des étoffes de laines, ne de celui des toiles, ni de
quelques autres femblables ouvrages 8c marchandi-
fos , parce que fe confommant prefque tous dans la
géné ralité, fans aller au dehors , elles ne font pas
l ’occafion d’un nouveau profit pour fos habitans, 6c
n’introduifont aucun argent dans le pays.
G annat. Cette, ville de Bourbonnois , eft aufli
très-çonfidéràble par fon commerce, particulièrement
pour celui des huiles de n o ix , qui eft eftimé
un des meilleurs qui le fafîcnt en France. I l s ’y.
en fait en quantité â caufé du grand nombre de
noyers, dont tout fon territoire eft planté.
Ses bleds 8c fes vins font encore deux autres objets
de négoce, qui enrichifîent fes habitans.
Il s y tient une foire célèbre tous les ans, le jour
de l’exaltation de Sainte-Croix.
C O M M E R C E D’ A U V E R G N E .
L ’A u v e r g n e fe divife ordinairement en haute 8c
en baffe.
L a baffe-Auvergne, dont la Limagne fait partie ,
s’étend depuis Saint-Pourçain, du côté du Bourbonnois
jufqu’au Brioude ; Ôc depuis Brod en Limofîn
fur la Dordogne , jufqu’à Maflîac, petite ville du
côté du Velay.
L a haute-Auvergne comprend tout ce qui eft au-
delà de Brod 8c de Maflîac, jufqu’au Quercy , au
Rouergue, 8c au Gevaudan.
L a L im a gn e eft un grand vallon arrôfé par la
rivière d’A llie r , entre les montagnes qui fqnt du
! côté du F o re z , dû V ela y ôc du Limofîn j elle s’étend