la dîftribuées dans les provinces voifines, 8c particulièrement
à Paris.
• A 1 egard du commerce maritime , on peut dire,
en g é n é r a lq u e celui des Dieppois embrafle toutes
les quatre parties du monde, n’y ayant guères de
villes marchandes où ils n’envoient leurs vaiffeaux 5
& y en ayant prefquê tous les jours quelqu’un qui
part pour .la Hollande , l’Angleterre, les Pays-Bas,
ceux du N o rd , le Portugal, l’Efpagne , les Ke's
Françoifes de l’Amérique, les côtes d’Afrique, &
l ’une & l’autre Inde.
L e commerce néanmoins qui occupe davantage
de matelots.& de bâti métis Dieppois, eft celui que
produifent les différentes pêches.qui s’y font , p a r ticulièrement
du poifforîTalé, comttie de la morue,
du hareng , & du maquereau.
On ne parlera, ici que de ce qu’il ÿ a de particü-;
lier pour la pêche du hareng par rapport aux Dieppois
, renvoyant pour le refte a-uffi-bien que pour
les autres pêches, aux articles d e là morue, du
hareng 6c. du maquereau.
L a pêche du hareng fe fait dans deux différentes
faifons ; feavoir, au mois- d’aoùt & à la mi-octobre.
L a pêche d’aoùt le fait le long des côtes d’An- j
gleterre au N o rd , proche la ville de Gervine. Il y
va ordinairement foixante gros bâtimens du port de
vingt-cinq à ‘trente tonneaux , montés chacun de
douze à quinze hommes d’équipage, chargés feulement
de fel pour la falaifon du poiffon , de barils
•vuides pour les encaquer^. & j ie quelques vivres.
L e retour eft vers le milieu d’oftobre.
Ce poiffon eft beaucoup plus gros & bien meilleur
que celui de .l’arrière - faifoin.
L a fécondé pêche fe fait avec de petits bateaux
le long des côtes de France, depuis Bomogne jufques
vers le Havre. Les Dieppois y emploient au-delà
de cent bateaux bien plus petits que les autres, &
plus foibles d’équipage : cette pêche dure iufqu’à
N o ël. Ce poiffon qui. eft beaucoup moins bon &
moins gros que celui qui fe pêche fur les côtes d’Angleterre
, s’envoie pour la plupart à Paris , où il fe
mange frais. Il s’en fait pourtant forer une affez
grande quantité.
L a pêche du poiffon frais qui fe fait à Diep pe ,
eft très-abondante , & le produit îrès-conftdérable ,
& c’eft d’elle que vient à Paris une partie de ce
qui s’y en confomme.
Parmi les pêches de ce poiffon, il y en a trois,
qui fon t , pour ainfi dire , des pêches dé faifon ; &
le poiffon , un poiffon de paflàge ; fçavoir, les vives,
le maquereau & le merlan.
L a vive fe pêche en carême vers les côtes d’An gleterre
; elle fe nomme la Drege.
Ce lle de maquereau commencé1 à la fin d’avril ;
les Dieppois y .emploient cinquante à foixante
moyens bateaux.
C ’eft auffi vers le même tems que fe pêche le mer-
Jan, quoiqu’i l foie néanmoins vrai' que toutes les
faifons de l’année en fourniffent , mais en moins
grand nombre que le printems.
Les autres poiiïons frais qui fe pêchent à D ie p p e ,
& dont la pêche donne toute l’année, confiftent !eti
foies, barbues, faumons, limandes, épèrlans, rayes,
cadets 6c autres femblables efpèces , que les enaf-
fes-maréé apportent journellement à Paris, & dans
les meilleures villes qui font fur la route.. 1
L a v i l l e -d’ E u.
Le Commerce de cette ville eft confidetable : on
y fabrique des ferges., des frocs & autres femblables
étoffes de'draperie. Il s’y fait auffi un grand négoce
de toiles & de quantité de dentelles de fil, qui paf-
fent pour dentelles de Dieppe. Son territoire produit
des grains & des bois ’ à bâtir & à brûler. C’eft:
cette dernière commodité qui y entretient plufieurs
verreries. ‘ '•"■ ■ ■ ■ ■ ; 1 .;
H A R F L E U R .
Cette .ville eft dans le pays de Caux , à l’embouchure
de la rivière de Seine. Son principal commerce
confifte en grains & en chanvres. Ses blanchiries
de toiles font eftimées ; & l’on y en porte au blanchiment
de plufieurs endroits de Normandie. On y.
fait auffi beaucoup de dentelles femblables'à celles de
Dieppe, mais de moindre qualité: enfin, elle a
plufieurs brafferiés, dont la bierre fe débite partie
fur les lieux, & partie dans le refte de la province.
Ses marchés qui fe tiennent les mercredis de chaque
femaine, font confîdérables ; & il y a grand,
concours de marchands à fes deux foires franches ;
dont l’une fe tient à la faint Martin d’été ; & l’autre,
là la faint Martin d’hiver.
C o r m e i l l e s.
Ce bourg qui eft fitué a trois lieues de Lifîeux ,
eft3 connu par fon grand négoce de bleds , de toiles’,
& de cuirs ; les bleds fe débitent dans fes marchés ,
les toiles fe portent à Rouen & à Lifieux ; & les
cuirs s’envoient à Paris. Il s’y fabrique . auffi du
papier, dont il y à quelques moulins dans le voi-<.
finage.
E S T R E P A G N Y ..
Les dentelles qui s’y font, occupent un grau
nombre d’ouvriers ; elles font des mêmes qualité
que celles de Dieppe , & du Havre , mais moins fine»
il s’en tiré beaucoup par les marchands de Pa/s.
Lés , ch'anyfres q ui. s’y ■ recueillent , y* font auffi -in
objet de commerçe aflèz cônfidérable.j mais le lùs
grand qui Vy faffè , eft celui des grains -de tcites
fortes qui s’amènent à fes marchés de tout le ^èxin
Normand,' ou ce bourg eft fitue.fCes mariés fe
tiennent tous les mardis de chaque femaine.
M O N T I V I L L I E R Si; ƒ
Son commerce confifte en dentelles, er toiles
en tanneries, & eii quantité de petites1,$ffes de
laine. Il y à auffi un affez grand ‘nombrede. teia-.
turiers, qui font fuffifamment entretenus par. les
teintures des manufactures qui y font établies j &
par celles des lieux rïrconvoifïns.
B L A N G Y .
Ce bourg fitué dans le comté d’E u , eft célèbre
par fes marchés, & p a rle grand commerce qui s’y,
fait.
Outre les marchés ordinaires qui fe tiennent fous
des halles côuvertes, tous les lundis, mercredis &
vendredis de l’année , il y a encore un. gros marché,
franc le troisième mercredi .de chaque mois. C ’eft a
ce dernier marché que s’amenent les chevaux & le.
gros & menu bérail qui s’ élèvent dans les prairies
de ce bourg & dans une partie de là Normandie.
On y vend àufli. des étoffes, des toiles 6c diverfes
autres fortes de marchandifes & de denrées. A l’égard
des marchés ordinaires, on y débite le chanvre, le
bled & les autres grains.
L a rivière de Bréle, fur laquelle Blan g y eft fitué, •
fort à divers ufages, particulièrement aux tanneries,
qui fon t'au nombre environ de cinquante. Les
cuirs qui s’y apprêtent s’envoient pour la plupart à
Paris#
C’eft fur cettè même, rivière qu’eft le.moulin vulgairement
appelléje. moulin de Hollande , à caufe
d’un Hollandois qui l’avoit établi & qui l’a lpng-
tems gouverné j ç’eft-là qu’o ff dégraifîe la plupart
des draps qui fé fonrià Abbeville.
Enfin, les verreries de la forêt d’Eu font encore
un objet confidérable de commerce pour leshabitans
de Blangy , qui. outre .cela fréquentent les grands
marchés d’Abbeville, d’Aumale , de Neuf-Châtel,
de la ville d’Eu 8c plufieurs autres où-ils vendent &
achètent . diverfês marchandifes & ouvrages des
maniifaétures... /
R u G L E s.
C ’eft à Rugles que fe fait prefque tout le commerce
des épinglés qui fe fabriquent en Normandie.
Plus de huit cent ouvriers y travaillent, & l ’on y
emploie les enfans dès l’âge de fix à fept ans. Oiitre
les ouvrages d’épinglerie qui fe font à Rugles , c’eft
à fes marchés que s’apportent ceux qui fe font à
La ig l e s , a Couches & dans plufieurs villages des
environs, & c’eft-là où les marchands forains viennent
ordinairement les acheter.
C O M M E R C E D E B R E T A G N E .
L e commerçe de cette province eft de deux fortes :
celui des marchandifes du cru du pays , ou qui- s’y
fabriquent : .& celui des marchandifes qui y font
apportées par les vaiffeaux Bretons.
De la première efpèce font :
ï °. Les fels , qui fe font en deux endroits ; l’u n ,
dans les marais de Bourneuf, d’où l’on en tiré ,
annee commune, jufqù’à feize ou dix-fept mille
tnuids’5 lautre aux marais de Guerrande- ou du
Croific , qui n en fourniffent pas moins de vingt-fîx
mille muids. Ce font ordinairement les Anglois , les
Hollandois, & les nations du Nord , qui }es enlè-*
vent, comme meilleurs pou f les fâlàilons de leurs
pêches , que les fels d’Efpagne 6c de Portugal.
x°. Les beurres qui fe font dans 1 evèche de
Nantes, &..qui- s’envoient à Paris & en Anjou.
3°. Les vins", fur-tout ceux de la rivière de N an tes.
Ceux-ci ne fe vendent guères que brûlés, &
réduits en eau-de-vië, dont il fe débite aux H o llandois
& Hambourgeois, &c. environ fept mille
pipes par an. Lès autres vins , que les Nancois vendent
aux nations du Nord', fans les b rûler, font,
tirés d’Anjou , de Vauvray & du pays Blefois.
4°. Les grains, particul-ière ment ceux de l’évêché
de Vannes. L a province fournie , l’on peut envoyer
.en Efpagnè fix mille tonneaux de froment, & neuf
mille de feigle.
50. Les chanvres & les lins j dont la plus grande
partie fe cultive & fe-recueille dans les évêchés de
Rennes, de Tréguier , de Leon 6c de Dol. Ces lins
& ce§ chanvres 'fe vendent quelquefois en filafles ,
comme ceux de l’évêché de D o l, qu’enlèvent les
Malouins j ou fe filent en fils retords , qu’on appelle
fil-d e Br e ta gn e , comme plufieurs - de l ’évêché de
Rennes : mais, pour la plupart. & le plus ordinairement,
ils fe fabriquent en diverfes fortes de toiles
, dans beaucoup’ de' villes & de villages de la province.
Les toiles noyales., qui-fervent â faire des voiles
de .vaiffeaux, fe fon t, pour la plus grande partie
dans l’évêché de Rennes. On les appelle auffi des
P e r le s t des Locrenans, des P o lled a n y s & des p e tites
Olonnes, dés lieux où en font établies les
: fabriques. .
Les toiles de Quintin, qüi font toutes de lin,, &
dont il y en a d’auffi fines que les Batiftes de Picardie,
fç fon t'i Quintin, d’où elles ont pris leur nom, à
Condiac & à Moncôntour. Lies fines s?employent
en rabats & en manchettes pour hommes , & en
coeffures de tête pour femmes; & les plus fortes ,
en chemifes & en mouchoirs. Les unes & les autres,
outre le débit qui s’en fait à Paris, & dans plufieurs
provinces du royaum e , - s’envoient en Efpagile, &
dans les ifles françoifes de T Amérique.
C ’éft auffi à Quintin , 8c aux' environs:, que fe
font ces toiles de lin bleuâtre que l’on appelle toiles a.
tamis»
Les toiles dePontivy 6c les toiles Nantôifes, font
beaucoup plus groffes que celles de Quintin ; elles
ont néanmoins la même destination, 8 t fervent a
^faire des affortimens pour'les mêmes lieux.
Les toiles qui fe travaillent à Morlaix , Rofcoff , *
Saint Paul de L é o n , Guin g amg , G râ c e , &c. fé
nomment des xres. Comme elles font de diverfes
largeur 8c fineffe , pour les diftinguêr , on les p a rtage
en crès larg es, cres communes, cres G ra -
ciennes & cres Rofconnes. Les cres larges s’envoient
en Efpagne & dans les Indes occidentales :
les communes & les Gracîennes fe portent auffi en
Efpagne, ou font enlevées en temps de paix par
les Anglois ; 6c les Rofconnes font feulement propres
pour l ’Efpague.