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loin de pouvoir être regardée fur ce pied là-, elle eft
une des moindres du royaume par fon négoce foit
au-dedans, foit au-dehors.
L e P o ito u eft partagé en huit éleftions ; fçavoir ;
Poitiers, Châtelleraut, Saint-Maixent, N io r t , Fon-
tenay-le-Comtè., les fables d'Olonne, Thouars &
Mauleon.
X ’éleflion dé P o itie r s eft la plus confidérable, &
celle dont l’étendue eft la plus grande. Elle a différentes
produâions fuivantles diverfes qualités de fon
terroir. Ses principaux cantons font Civray, Roclie-
chouard, Parthenay & Lufignan. Les prairies & les
pâturages qui font excellens dans ces quatre endroits,
donnent la facilité aux habitans de nourrir quantité
de beftiaux; entr’autres des chevaux & des mulets ’
.dont ils font un commerce aflez-confidérable. Civray
& Parthenay produifent aufti des grains de toutes
fortes qui s’enlèvent pour l’Angoumois & la Sain-
tonge. Les vins de cette éleftion ne font pas mauvais;
mais ils fe confomment tous dans le pa ys , & il
-ne s’en fait, aucun tranfport, non plus que dés autres
denrées qui^’y recueillent,
L ’éleftion de Châtelleraut eft dans un pays très-,
b o n , & dont les terres pfoduiroient avec abondance ,
fi elles étoient fuftifamment cultivées , & fi la parefle'
des habitans ne rendoit leur fécondité inutile. Les
fruits & les denrées qu’on y recueille font des vins
des blés, des lins & des chanvres, dont on fait quelque
trafic dans les éle&ions voifines; mais non pas-
auffi grand qu’il.pourroit être , fi l’on profitoit de la.
bonté des terres qui font naturellement propres aui
jardinage, & produifent prefque d’elles-mêmes de '
toute forte-d’excellens légumes.
' L ’éleéiion de S a in t-M a ix en t, eft partie en prairies
& partie - en terres’ labourables ; ces dernières,
donnent de toutes fortes de bons grains, dont le débit
fe, fait dans les marchés du pa ys, & les prairies
nourrifiènt des beftiaux , des mulets & des chevaux
qui s’enlèvent par les marchands d’Auvergne, de.
L y o n , de laBeaufîè, du Piémont & de la Savoie: ce
commerce eft proprement l ’unique que cette éleèlion-
faffe au dehors, celui des graines ne s’ étendant pas
bien loin. «
t L élection de N iort s’étend fur des terroirs dedif-
férentes qualités; depuis N io r t jufqu’à laMothe-
Sainte-Heraye, & continuant jufqu’à Chef-Boutonne
autres paroilfes, le long dePéleftion dé Fontenay,
c’ eft un pays de plaines, très-bon & très-fertile, qui.
produit des grains de toutes fortes-en abondance. Du
.côté du feptemrion tirant dans la Gaftine, où le pays
eft couvert & les terres médiocres; on n’y peut p r e s que
recueillir que des feigles & des avoines : dans la
^partie méridionale,; on :y cultive,de la vigne dont On-
fait d aflez bons vins , qui-fei débitent tous à Niort ,)
pour la provifipn.de la ville., & ’Ia confommation-del
.environs. Enfin il y a quantité de. pâturages en plu-,
fleurs endroits, particulièrement du côte de la Mo-
.the-faime-Heraye, du côté des forêts de Cliizay A
d’Aunaye-, & du côté des marais. Les beftiaux, elle- I
vaux & mulets qui s’y élèvent fe vendent dans les I
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foires & marché de N io r t, même de la Mothe-Chan-
denier & autres lieux de ladite éle&ion;.
L a principale partie de l’élection de Fontenay-lew
Comte y eft fîtuée dans un pays de plaines, bon &
fertile en blés de toutes efpèces. Les marais qui ont
ete deflechés dans l'étendue de douze paroilfes de
Gf tte e^e<“^on y en produifent encore en plus grande
abondance que les anciennes terres de labour j & les
pâturages qui y font prefque par-tout admirables ,
mais particulièrement dans ce canton delTéché, font
fi propres pour la nourriture des chevaux, que Ton
regarde fes haras comme les plus grands de la pro-
vin ce } pc les bêtes qui en fortent comme les plus
belles de tout le P o ito u , & les .meilleures pour le
feryiee.
Cette eleélion fournit encore une aflez grande
quantité de fromages qui fe débitent dans quelques
élections voifines.
Enfin, elle a des vins qui' ne fervent guère» que
pour la confommation du pays , à la réferve néanmoins
de quelques-uns qu'on brûle, 6c dont on fait
des eaux-de vie qu’on envoie à la Rochelle & à Nantes
, par les rivières du L a y & de Saint Benoît, ôc par
le canal de Luçon.
Des neuf ports qui font fur les côtes du P o ito u ,
il y en a fept dans l’éledlion des fa b le s d'Olonne;
mais ils ne font propres que pour des barques, a l ’exception
de celui dont cette élection a pris fon nom ,
ou il peut entrer des navires de cent cinquante tonr
neaux. Il fort tous les ans de celui-ci quelques navires
pour la pêche de la morue blanche, dont le poifi-
fon fe décharge à Nantes, à Bordeaux & à la Rochelle.
Tous ces bâtimens fe conftruifont fur les lieux,
auflî-bien que ceux qui vont à la pêche de lafardine ,
qui donne aflez dans la faifon, ôc dont H fe fait un
aflez bon commerce. Ces deux pêches occupent douze
a treize cent matelots, trente à quarante navires , &
environ deux cent barques. I l vient aflez fou vent aux
fa b le s dOlonne des petits vaifleatix de Bayonne
& d’Angleterre, qui apportent du bray , de la réfine,
& du charbon de terre, qui fe troquent pour
du feI.
Les barques Normandes & celles des autres côtes
maritimes qui en font voifines , fréquentent auffi ordinairement
les petits ports de cette éle&ion, & y
chargent du fel en aflez grande quantité.
A l ’égard des productions naturelles, elles y fui-
vent la qualité des terres. Les plaines & les marais
defléchés.donnent beaucoup de graines, ôc l’on élève
dans les pacages un grand nombre de beftiaux, particulièrement
de chevaux dont il fe fait un commerce,
confidérable.
L ’éledion de Thouars fe peut partager en trois
differens terreins. Les terres de Gaftine produifent
quelques .grains : mais le principal confifte en pâturages
, ce qui fait quelles beftiaux y font le plus grand
objet de négoce de ce canton. Les terres quifui vent,
qui font'prefque toutes terres labourables, ne donnent
guères que des grains j auffi les habitans n’y
font-ils commerce que de blés: enfin, le refte de
I e ledion qui confifte en petites collines, produit des
vins blancs aflez bons j mais ^ qui font de mauvaife
garde, ce qui oblige les habitans de les; convertir en
eaux-de-vie, qui font leur plus g rand, pour ne pas
dire leur unique trafic.
L ’éledion de Mauleon eft mêlée de plaines, de
collines & de pâturages. Les bleds qu’on y recueille
fliftifent à peine pour la confommation du pays :,
ainfi fon foui commerce, eft celui des beftiaux, encore
n’eft-il pas bien confidérable.
Un objet commun de négoce pour toutes les huit
éludions de cette généralité , font les fruits & le s r
légumes focs, dont les habitans fe nourrifiènt, 5c dont
ils font entr’eux un commerce journalier. Le s châtaignes
5c les noix font du nombre de ces fruits ,
mais comme ce font ceux qui y croiflènt le plus
communément, 5c que les arbres en produifent avec
grande abondance , prefque fans culture, outre la
provifîon des habitans , il s’en débite beaucoup dans
les provinces voifines, 5c même à l’étranger.
M a n u f a c t u r e s d e P o i t o u .
PO IT IE R S , ville capitale du P o ito u , 5c chef-
lieu du département d’un infpedeur des manufactures
, qui a fous lui jufqu’à vingt-fept lieues de
fabrique , où il eft tenu de faire la vifîte 5c la marque
des étoffes ; ces lieux font Châtelleraut, Breuil,
Barretz, Lufignan,Saint-Maixent, la Mothe-Sainte-
Heraye , N io r t, Fontenay-le-Comte, la Châtaigne-,
ra y e , Cheuffois, la Meilleraye , Pouzanges, Rre-
fuire , Moncontan , S. Pierre du Chemin, Thouars,
Parthenay, Azais , Secondigny, Vernon , Vivofne,
Château - l ’Archer ., Mefle, Civray , Gençay 5c
Coûtante.
Les étoffés qui fè font â P o itie r s , font des camelots
, des étamines, dès ferges 5c des crêpes. Ces
différentes fab riq ue s occupent près de foixante-dix
facturiers , fix moulins à foulons ,^5c dix teinturiers
aflèz habiles, mais peu employés’ : le produit /des
étoffés n allant guères qu’à fix cent pièces par an.
II eft vrai qu’il s’y en débite plus du double -de
foraines, la marque de celles-ci allant ordinairement
à quatorze cent pièces : la Rochelle, Nantes,
Ly on & Limoges , font les lieux de leur débit* '
Les autres fabrique s confiftent- en bonneterie-,
en tannerie 5c mégîfferie , en chapellerie 5c en
tîfTeranderie.
L a bonneterie fournit quantité de bas drapés , 5c
de bonnets ÿ les uns. 5c les autres aflez greffiers ,
n étant faits que de laine du pays , Ôc encore de la
moindre qualité.
Les tanneurs n’apprêtent que de gros cuirs, 5c
peu -y mais les mégiflïers qu’on y nomme chamoi-
feu r s y 6c qui y font au nombre de dix ou douze ,
paflent quantité de peaux de boucs 6c de moutons
en chamois , qui eft parfaitement bon. Trois moulins
travaillent pour les chamoifeurs.
I l y a jufqu a vingt maîtres chapeliers Sc plus ,
mais qui ne font pas affe^de chapeaux pour la v ille 5c fes environs.
Pour la tifleranderie, c’eft peu de chofe , au
moins ne s en fait-il peu ou point <fe commerce-
au-dehors, aucun tiflerand ne travaillant pour fqa;
compte , mais feulement pour lès bourgeois.
Chastelleraut-. On y fait dès forges & des
étamines, od l’on n’emploie <^ue des laines communes
du pays. Le produit, annee commune, ne paflç"
paa fix cent pièces. Il y a cependant près de qua-
''ra“ c^ Mûriers qui y travaillent-g 8c tir-ois teinturiers
qmd&s mettent à la teinture ;• la plupart de ces
[étoffes fe portent à Poitiers , qui n’en eft'qu’à -fepf
lieues. • . - ; r ' r lf: ■ + r
On compte depuis cette ville jufqu’à Poitiers ,
quinze moulins à foulon fur le Clain , pour l’apprêc
des draperies. r
La coutellerie de Châtelleraut a beaucoup plus
de réputation que fa fabrique d’étoffes de lainej 5e
elle pafle pour être une des meilleures du royaume-*
particulièrement pour fes couteaux, fos rafoirs Sc Ces
cizeaux. Outre le débit qu’il s’en fait à Paris 5c dans
les principales villes du royaume, on en fait auflî
des envois confidérables à l’étranger.
^ Deux autres de fos fabriqu es ne le cèdent guères
a fa coutellerie , 5c l’on eftime beaucoup fos montres
Ôc fos ouvrages d’horlogerie, aufli-bien qua
fos feux diamans , auxquels les lapidaires réuflïflenc
mieux qu a aucun lieu dix monde , même fans excepter
Paris, ou Ion parle tant des diamans di£
Temple.
I l s’y faifoit autrefois de la chapellerie, mais cette'
fabrique y eft prefque tombée , 5c un ou deux chapeliers
qui y relient encore * ne paroiffent guères ea
état de la foutenir, ou de la rétablir*
Breuil & Barété. Ces deux lieux ne prodüi-
fent guères cjue quatre-vingt pièces d’étoffes, maie
qui ont de tres-bonnes qualités, Ôc qui ont beaucoup
de cours : on lès nomme vulgairement boulanger
de camp , quoique ce ne foit autre chofe que des
forces drapées de demi-aune de large, mais à la vérité
de pure laine d’Efpagne. Quatorze fabriquant
douze métiers ôc trois moulins à foulon, travaillent
pour cette fabrique. Le débit de ces forges fe fait,
à Paris, Lyon 5c Bordeaux.
L u s ig n a n . Il s’ y fait deux fortes de fo r g e s , des
rafes 5c dés drapées ; les unes Sc les autres de lain es
du pa y s , d’une demi-aune de lar^e. Il s’y fabrique
auffi quelques chape aux , Ôc i l s’y apprête des
cuirs..
S a in t - M a ix e n t . Les ferges rafes qui fo font
dans cette I ville , font eftimées pour leur finefle
quoiqu’elles ne fo faffent qu’avec des laines du pays’
dont à la vérité on choifit les plus belles. Du rebut
de ces laines , on fabrique des revêches, ôc autres
étoffes groffières.
La bonneterie y eft très - confidérable , particulièrement
pour les bas drapés ôc les bonnets doubles :
ces ouvrages fe font, partie lames du pays , 5c partie
laines de Limoges. Ceux ou l’on emploie de®
laines Limofines , font les meilleurs.
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