
tous fes cordages. Franc fu n in , e’eft une longue
corde plus ronde & moins applatie que les cordages
ordinaires, qui n’eft pas gaudronnee ; elle 1ère fur
les vaifleaux pour les plus rudes manoeuvres.
Chaque mât a fes fu n in s particuliers. Ainfi l’on
dit les fu n in s du grand mât, les fu n in s du grand
hunier, les fu n in s du mât de mizène , &c.
Outre Cette dénomination, pour ainfî dire g é nérale
, chaque fu n in a fon nom particulier qui le
diftingue des autres, comme les haubans, les gal-
laubans , l’itaque, la fauiïe itaque , les boulines ,
la balancine, &c. O n peut les voir tous à l ’article
de Y inventaire <£armement.
FU R IE . Satin ou taffetas des Indes & de la Chine,
peint dans le pays , ou imité en Europe, particulièrement
en-France, en Hollande & en Flandres.
Ces fatins ont été appellés fu r i e s , parce que les
premiers qui furent apportés en Europe , avoient
des dellîns fi extraordinaires , & jettes pour ainfi
dire , fur l ’étoffe avec fi peu d’ordre & de proportion
, qu’on eut pu croire qu’ils étoient l’ouvrage
de quelque furie.
L on tâcha d’abord d’imiter en Europe l’extravagance
des deffins Chinois , & l’on y réuflit ;
mais l’inconftance Françoife ayant fait peindre fur
les fatins ou taffetas, des fleurs , des oifeaux , &c.
l ’habitude qu’on avoit prife de les nommer f u r i e s ,
leur conferva le nom, quoiqu’il ne convînt plus à
la beauté des deffins de cette nouvelle fabrique.
U R .LO N G . C ’eft une des mefures dont on fe
fert en Angleterre pour l’arpentage des terres. L e
fu r lo n g contient quarante perches , & la perche
' feixe pieds Sc demi. Huit fu r lon g s ou 320 perches,
font un mille d’Angleterre ; ainfi chaque mille contient
1760 yards , ou 5180 pieds d’Angleterre , en-
forte que le dégré , fuivant la fupputation Angloife,
eft de 60000, ou pour en faire la réduction plus
pré c ife , de $po&o & demi.
F U S A IN , qu’on appelle bonnet de prêtre , à
caufe de fa figure à quatre angles. C ’eft un petit
arbre qui croît dans les haies aux lieux rudes & incultes.
Son bois fert à faire des lardoires , des fu-
fèaux & quelques autres inftrumens. Ses feuilles &
fon fruit font un poifon mortel pour les brebis &
les chèvres qui en mangent, s’ ils ne les purgent pas.
U n homme fe purge par le vomiflement & par les
felles', en avalant trois ou quatre de ces fruits. Ce
même fruit réduit en poudre, répandue fur la tête,
fait mourir la vermine. Etant appliqué extérieurement
en décoction , il guérit la gratelle ; & bouilli
avec fort vinaigre , la galle des*" chiens & des chevaux.
FU S É E ou BOBIN E. C ’eft un petit cylindre de
bois , qui eft entouré de chaque bout d’un cercle de
la même matière, qui fe place dans les rouets à
filer au milieu de l’é'pinglier, par le moyen d’ une
verge de fer qui le traverfe. C’eft fur la fu fé e que
fe dévide & s’arrange le fil i mefure que la fileufe
le tire de la filaffe qui eft fur la quenouille. L e I
mouvement de la roue du rouet qui fe communique |
â la fufée par le moyen d’üne corde paffèe fur toil$
les deux, eft ce qui fert â tordre les fils.
F u s é e . Eft aulfi le fil dévidé autour d’un fufeau ,
fi l’on file à la quenouille , ou d’une bobine,,fi l’on
filé au rouet. On dit, une grofTe fu f é e , une petite
f u f é e , dévider fà fu fé e , mêler fa fu fé e ; & de-là
: font venues plufîeurs expreflions proverbiales , qui
ne font pas de ce Dictionnaire.
FU S IB L E ou FU S IL E . Terme très-commun,
parmi diverfès fortes d’aftiftes & d’ouvriers.
I l fe dit de tout ce qui fe peut fondre. Les mon-
noyeurs , les orfèvres , les fondeurs , &c. le difent
des métaux ; les gentilshommes verriers & les fai-
feurs de glaces de miroirs , des matières dont ils
font leurs glaces & leur verre; les émailleurs, de
leurs divers émaux; & ainfi de plufieurs autres.
F U S IL . Longue arme à fe u , qui fert pour la
.guerre & pour la chafTe.
F usil boucanier. Sorte de f u j i l dont on fe
fert dans les Antilles Françoifes , qui a pris fon
nom des boucaniers de l’ iflè Saint-Domingue.
Ces fu f i l s ne fe faifoient guères- autrefois qu’ à
Diepe ou à la Rochelle, & c’ eft de-là qu’ils étoient
tirés pour les Ifles ; on en a depuis fait à Nantès ,
a Bordeaux , & dans d’autres ports de mer du
royaume, qui ne font pas moins eftimés.-
F usil. Infiniment de fer ou d’acier , dont les
bouchers, les cuifiniers , les chaircuitiers & autres
femblables perfonnes qui coupent & dépècent de la
viande, fè fervent pour fufiller & affûter leurs couteaux.
L e fer ou fuft de cet outil eft rond, & porte
ordinairement un pied de long fur trois à quatre
lignes de diamètre. L e manche eft de corne ou
d’o s , avec un petit anneau au bout pour le pendre
; les bouchers & les autres qui s’en fervent ,
l’ayant touj'ours pendu à leur ceinture.
FU S IL L E R U N C O U T E A U . C’eft le paffer
fur le fufil pour l’affuter & amorcer. V oy e^ ci-
dejfus.
F U S T ou F U T . VaifTeau rond fait de douves
ou de bois de mairrain, dans lequel on met du vin
ou d’autres liqueurs. Ce mot n’eft plus guères d’u-
fage que dans les provinces. A Paris on dit f u -
ta ille .
F ust. Les paumiers nomment le f u f t d’une raquette
, le bois qui en porte les cordes & qui en
fait le manche.
F ust. On nomme auffi le fu f t d’un fufil, d’un
moufquet, d’une arquebufe, le bois fur lequel ces
armes font montées.
Fust. C ’eft auffi , en termes de cardier ou f a i -
feu r de cardes , ce morceau de bois quarré long 8c
qui a un manche fur lequel fe montent les petits
fils de fer , qui compofent la carde.
Les meilleurs f u f t s font ceux qui fe font à
Troyes ; & les cardiers de Paris qui font eftimés
pour les plus habiles ouvriers en cette forte de fabrique,
ne s’en fervent guères d’autres.
F ust de girofle. Nom que l’on donne à un
certain petit bouton tendre & peu folide, qui fe
trouve au milieu de la tête du clou de girofle.
F U S T A IL L E ou F U T A IL L E . VaifTeau. où l’on
met du vin. On le dit auffi quelquefois des vaif-
féaux où l’on conferve l’eau qu’on embarque fur les
navires deftinés aux voyages de long cours ; mais
plus ordinairement on les appelle banques. Futaille montée. C’eft celle qui eft reliée &
qui a tous fes cerceaux, fes fonds & fes barres.
F u t a il l e en f a g o t . C ’eft celle dont les douves
font toutes préparées, & à qui i l ne refte plus qu’à
y mettre les cerceaux. On en embarque fouvent de
la forte fur les vaifleaux deftinés pour les ifles de
l ’Amérique , parce qu’elles tiennent moins de place
& qu’il eft facile de les monter, foit avec les cerceaux
que l’on porte auffi tous en m o le , ou que
l’on fait auffi en route dans les lieux ou fe trouvent
des bois propres à cela.
F U S T A Y E , que l’on écrit auffi F U T A Y E .
grands bois ou arbres qu’on a laiffé croître au-delà
de quarante ans, & qui n’ont point été coupés en
vente ordinaire comme les taillis.
Lorfque le bois a quarante ans, on l’appelle
fu ta y e fu r ta illis ; depuis quarante jufqu’à foixan-
te , demi-futaye , ou bois de haut revenu; depuis
foixante jufqu’à cent vin g t, jeune haute fu ta y e ;
depuis cent vingt jufqu’à deux cen t, vieille haute
fu ta y e ; & paffe deux cens ans, vieille haute f u taye
fu r le retour. Cette dernière eft ainfi nommée
, parce que le bois paffé deux cent arts ne peut
plus profiter ni croître , mais dépérit tous les jours
à caufe de fa trop grande vieillefle.
L ’âge du bois fe connoît par le nombre des cercles
qui font marqués fur le pied de l’arbre, lorf-
qu’ il a été coupé uniment, chaque cercle ayant été
formé par la fève d’unè année.
On nomme fu ta y e baffe, ou fu ta y e rabougrie,
celle dont les arbres font de mauvaife venue, étant
tortus & bas à la manière des pommiers qui font
venus dans de mauvaifes terres.
L a haute & pleine fu ta y e eft celle dont les arbres
font plantés drus les uns contre les autres,
& qui font d’une belle venue. Ce font fouvent des
taillis dè’ bonne nature que l’on a laiffé croître ,en
fu ta y e , ou des plans de graine qui n’ont pas été
mis en coupe réglée. On ï’appeMe haute fu ta y e ,
parce que -les arbres qui la compofent font d’une
grande nauteur ; & pleine fu ta y e , à caufe qu’elle
eft extrêmement peuplée , ou remplie de pieds d’arbres.
Les bois de fu ta y e , de quelque nature qu’ils
loient, fe vendent ou par arpent, ou par une certaine
quantité de pieds d’arbres défîgnés & marqués.
Ces bois doivent êrre coupés le plus bas de terre
qu il eft poffible, & la coupe en doit être faite dans
le 15 avril.
Les bois qui font fitués à dix lieues de la mer
& a deux des rivières navigables, ne peuvent être
vendus ni exploités', qu’il n’en ait été préalablement
donné avis au contrôleur général & au grand-maitre
, à peine de 3000 iiv. d’amende, & de confift
cation des bois coupés ou vendus. Ordonnance des
eau x & fo r ê t s du 23 août 1669.
L a vente des bois de haute fu ta y e la plus avan-
tageufe pour le marchand, eft celle qui fe fait par
arpent ; car celle qu’011 fait par pieds produit fouvent
des conteftations entre les vendeurs & les acheteurs
, à caufe des arbres qui peuvent tomber en
les coupant., fur les autres qui font réfervés.
F U S T E L , autrement F U S T E T . Bois propre à
la teinture, & dont les teinturiers du petit teint fe
fervent pour teindre en feuille-morte & en café. L ’on
prétend qu’il devroit être abfolument interdit dans
la teinture, ou du moins feulement fouffert dans les
provinces, où il n’eft pas facile d’avoir les autres
drogues qui entrent dans la compofition des mêmes
couleurs, mais qui les font beaucoup meilleures
& plus aflùrées. '1 doit paroître furprenant, dit Savary, que quoique
ce bois croifle en abondance en Provence, les
François aiment mieux cependant le tirer d’Angleterre
& de Hollande ; mais, aioute-t-il, cette fur-
prife doit ceffer , quand on fçaura que ce qui donne
lieu à la préférence ; eft que le fu f t e l Provençal
revient très fouvënt à beaucoup plus cher que celui
que nous prenons des étrangers.
Les feuilles & les branches du fu f t e l s’emploient
par les courroyeurs & autres ouvriers dans la préparation
des cuirs. Les tourneurs & les ébéniftes fe
fervent auffi dans leurs ouvrages , du bois de f u f t e l ,
fur-tout quand il eft bien jaune & agréablement
veiné.
F U S T O K . Bois jaune qui fert à la teinture &
aux ouvrages de tour & ,de marqueterie. L a couleur
qu’on en tire eft d’un très-beau jaune doré :
elle doit pourtant être aflîirée par le mélange de
quelques autres ingrédiens.
L ’arbre de fu f to k croît dans toutes les ifles Antilles
, mais particulièrement dans l ’ifle de T ab a go,
où il s’élève fort hauts- Ce font les Anglois & H o l-
làndois qui l ’apportent en France , ou les épiciers
& autres marchands qui en font commerce , l’appellent
Amplement bois jaune.
Les teinturiers l’emploient ordinairement pour
faire les noirs: les plus habiles néanmoins, ceux
qui ont le plus de bonne-foi & qui n’aiment à faire
que les belles teintures , & dont les couleurs foient
bien aflùrées, prétendent qu’il faudroit abfolument
défendre ce bois , même au petit teint.
F U T AIN F- Efpèce d’étoffe qui paroît comme
croifée d’un cô té , & qui a quelque rapport au bafin,
quoique moins fine.
Les futaines, doivent être faites tout de fil de
coton , tant en tréme qu’en chaîne. Il s’en fabrique
de plufieu&qualités & façons, d’étroites , de larges,
de groffes, de moyennes & fines ; les unes à p o il,
les autres à grains d’ orge & fans poil.
Il s’en fait beaucoup dont la chaîne eft de fil de
lin ou de chanvre , & quelquefois de fil d’etoupe :
cependant les réglemens concernant la manufacture