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encore i l s’en tranfporte beaucoup dans les pays
étrangers ; & les Suiflès, entr’autres, ont un traité
avec la France , pour fe eonfèrver la liberté de ce
commerce. On peut juger de ce que ces célèbres
fèlines en fourniflent , par le montant des droits du
r o i , chaque année, q u i , évaluées Tune par l ’autre,
vont à plus de lïx cent mille livres.
Les haras font très-confîdérables en Franche-
Comte y & particulièrement dans la montagne. On
compte près de quatre - vingt étalons , fournis &
entretenus par des particuliers, aux conditions portées
par les déclarations du roi. Les cavales propres
a porter poulains, vont au-delà de neuf mille , &
i l n’y a guères d’année qu’il ne tiaifle environ cinq
mille poulains, dont la plus grande partie eft enlevée
, ou du moins arrêtée à lix mois. Ce font les
marchands du duché de Bourgogne , de Cham-
pagne, de Brie & de B e r r y q u i les achettent ; &
les routiers de ces provinces en tirent, outre cela ,
plufieurs centaines de chevaux entiers par an.
Ces haras ont été d’un grand fecours pendant les
guerres prefque continuelles , des vingt dernières
années du règne de Louis X I V , toit pour la
remonte de la cavalerie, foit pour l’équipage des
vivr.es j v& il y a eu bien dès années qu’il en eft
fo r t î, chevaux & jumens , jufqu’à quatre mille ,
que les entrepreneurs payoient, depuis' deux cent
jufqu’à deux cent cinquante livres. V o y e% haras.
I l fe fait un allez grand négoce de fromages dans
cette province , que l’on fait ordinairement palier
pour fromages de Gruiers & de Berne ; ruais quoique
ce foient des Suifles qui y travaillent, ils ne
fout jamais bons que les véritables fromages
Suiffes. ’ 6
I l n?y a aucune manufacture de Mraperie en
Franche-Comté y lés laines n’y étant pas abondantes
, à caufe qu’i l s’y fait peu de nourriture de bétail
blanc , & que d?ailleurs elles font d’une très-
inauvaile qualité.
B efa n çon , capitale de la Franche-Comté. L e
poids de ,cette ville eft égal à celui de Paris. Sa
mefure pour les grains pèfe 3 6 livres , poids de
marc, en forte que 10 de ces mefures font trois
fèptiers d.e Paris.
L e pied géométrique y eft de 11 pouces 5 lignes,
pied de roj.
G ra y eft la ville de toute la pro v in ce, où il te
fait le plus grand commerce, à caufe que c’eft-là
que l ’on embarque fur la Saône , les fers & les
autres denrées & marchandifes qu’o» envoie au
dehors,
C O M M E R C E D U D A U P H I N É ,
ET DE SA GÉNÉRALITÉ.
Cette province étant partie en montagnes & partie
en plaines , les productions de la terre & le
commerce répondent à cette diverficç de tituation.
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Les montagnes produifent des lapins & autres
arbres propres pour la marine & pour les bâti-
mens. O n y trouve des mines de divers métaux &
de plufieurs minéraux. Les ruiflèaux & les rivières
qui en fortent, fervent à faire tourner les moulins
des forges & fonderies où te fabriquent divers ouvrages
de f e r , d’a c ie r , de cuivre & de plomb ,
fui vaut la diverfîté des métaux qui s’y fondent &
qui s y travaillent, particulièrement des canons ,
des ancres , dans les fonderies & les forges pour
,1e fer. : 0
A l’égard des plaines, il y croît des chanvres ; on
y recueille diverfes fortes de grains, & Pon y plante
& élève les mûriers blancs qui fervent à la nourriture
des vers à foie.
L a principale mine de fer eft dans la montagne
d'Allevard , à fix lieues de Grenoble; fon fer eft
d une excellente qualité , doux, fans paille , facile
à forger & à limer.
Les-1 mine? de cuiyre font dans la montagne de
la Cloche , & celles de plomb, dans le Gapençois,
près de la Baulme des Arnauds 9 & au village d’Ar-
gentières, à quatre lieues de Briançon.
L e terroir de Betfe a des ardoifièrés ; celui de
Larnage, une mine de vitriol & de couperofe, 3c
une de terre propre à faire des pipes à fumer du
tabac, qui fe fabriquent à Tain j Cezanne & CeP-
tiers dans le Briançonnois , ’donnent de la craie ;
& plufieurs endroits du haut & bas Dauphiné, du
charbon d.e pierre $c du fàlpêtre.
Les manufactures que tous ces divers métaux Sç
minéraux entretiennent dans le D a u p h in é y font
répandues dans toute |a province.
L ’acier te fabrique à Rives-Moirans, à Voiron 9
à Beaumorjt , Fures, à Tulins , à Beaucroiflanç, à
Chabons & à Vienne.
Les fe r s , qu’on nomme f e r s à fo rg es , fe font
dans les forges de Saint-Hugon , d’fïurtiçrs , dç
Thois , d’AJJevard, de Laval , 4e Goncelin, de
la Combe , de L a n te y , de Vriage , de R e v e l, des
Porfes, de Saint-Gervais & de Royans. Ç’eff à
Rives , Beaucroiffant, Tulins , Voiron , Beaumont,
Fures, & plus qu’ailleurs, à Vienne , que fe fabriquent
les lames d’épées ; comme à Vojrqn , &
à V iz ile s , les faulx & faucilles. Les canons fe fqn-
dent à Saint-Ge rva is j les ancres fe forgenç £
Vienne;
Enfin , i l y a des forges à cu ivre, à Vienne ,
à Tulins , à Voiron & à BeaucroitTant ; & l’on prépare
le vitriol & les attires minéraux dans les fabriques
& laboratoires d’Allçva rd, de L a v a l, de 1 a
Cloche , de Largentières, de L e fçh e t, de Bauriere
& de Larnage. .
Les autres manufactures du D a u p h in é y font Içs
laineries, les toiles & les foies.
Les laines pour ces manufactures, font prefque
toutes du pays ; & le négoce s’en fait principalement
à V a len ce , C re jt, Romans & Royans. I l fe
fùfpjc
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falfoit autrefois un grand commerce de toutes ces
laineries , dans la plupart des ''échelles du Levant ;
mais il eft tout-à-fait tombé, par le peu de fidélité
des fabriquans, qui en a dégoûté ces peuples aflez
•faciles à m rprendre, mais qui ne pardonnent jamais
la mauvaife foi, quand ils s’en font apperçus.
Les toiles, qui fe font toutes dè chanvres du p a y s ,
fe fabriquent a Saint-Jean-Cremieu, à la Tour-du-
P in , à Bourgoin , à Vienne , à Jatlieu , à R u y , à
ldfle-Dabo, a Artas, à Saint-Georges, à Voiron
& à la Builîè. C’eft prefque dans les mêmes lieux ,
o u leurs environs, que fe filent les fils pour la
couture & pour divers ouvrages de bonneterie : il
fe fait des uns & des autres, un aflez bon négoce.
Le s foies fe font dans toute la province , à l’exception
des bailliages des montagnes, & de quelques
terres trop froides.
I l y a outre c e la , dans toute cette gén é ralité,
plufieurs moulins à papier, où il s’en fabrique de
très-beau & de très-fin , des petites & moyennes ?
fortes pour l’écriture ; il s’y en fait autfi de com- 1
mun. Une partie des uns & des autres fè confomme
en France ; le refte s’envoie au Levant. Les papeteries
font celles de Saint-Donat, de Château-double,
de Perus , de Difimont, de Chabeuil, deSaint-
V a llie r , d eCreft, deVienne, de Rives, d e P a v io t ,
& de V izille.
Les fabriques de chapeaux font établies à Grenoble
, à Fontenil, à Saflenage, àV o rep p e , à Moi-
rans, à C re ft, & à Pont-en-Royans.
L ’on habille de gros cuirs à la Côte de Saint-
André, à Saint-Jèan-de-Bournay, à V ienne, à Serre
a Grenoble, à Lumbin , à Croies & à Goncelin.
Les peaux & menus cuirs, fe patient & te mettent
en mégie à Grenoble , V o iron , Romans , V a len ce ,
L o r io l, Livron , Montelimart, Dieu-le-fit, Vienne
& Saint-Antoine de Viennois.
Les fromages de Saflenage, ou des autres cantons
, qu’on débite fous ce nom y les gands de G re noble
, fi légers & fi fins ; lès pignons , les réfines
& gallipots, & quelques autres denrées qui font
envoyées à Paris par la voie de L y o n , .font autfi
©ne partie du négoce de Dauphiné.
E T A T des manufactures de lainage
Dauphiné.
L e département de Yinfpecfeur des manufactures
de cette g én é ra lité , eft divifé en dix-fept bureaux
ou chef-lieux, qui ont fous eux un certain
nombre de paroifles j les uns p lus, les autres moins,
fuivant l’éloignement des endroits où font établies
les fabriques des 'étoffes, ce qui ne va pour l’ordinaire
, q u a une diftance de deux ou trois lieues
au jplus.
C eft dans ces chef-lieux | dont on va donner le
x ô le , que doivent répondre tous les facturiers du
Commerce. Tome I L P a r t . I .
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D a u p h in é 9 & où ils doivent po rter leu rs étoffes
p o u r y ê tre vifîtées & m a rq u ée s .
Il fe marque dans tous ces bureaux, année commune,
depuis trente-huit jufqu’ à quarante mille
pièces d’étoffes.
G R EN O B L E . C ’eft le ch ef - lieu de toutes les
fabrique s des environs à trois lieues à la ronde ; Ü
s’y fait cependant & il s’y marque moins d’étoffes
que dans prefque aucun des bureaux de la généra-
l it é ; celles qui s’y fabriquent,’ font des' draps, le
produit defquels ne va gueres au-delà de cinq cent
pièces.
V oiron. Cinq paroifles y reflortiflent, fks fa b r iques
font des droguets & de gros draps; les dro-
guets donnent huit à neuf cent pièces par an; & les
draps un peu plus de deux cent.
T u l in . Ce bureau a fous lui neu f paroifles, on
n y fait que des draps, dont il s’en marque par année
environ mille pièces.
S a in t -M a r c e l l in . Il n’a que quatre pa roifles
où i l ne fe fait qu e trois cent pièce s de draps.
R o y b o n . On y fabrique & dans les fept paroifles
qui en dépendent, des draps , des ratines & d e s
ferges. Elles en fourniflent par an fept à huit cent
pièces en tout, des trois eîpèces.
S e r r e a huit paroifles, dans lefquelles , auffî-
bien qu’au chef-lieu, on ne fait que des draps. I l
s’en marque plus de huit cent pièces.
B e a u r e p a ir e . Ce font aufli des draps qu’on y
fa it , de même que dans les trois paroiffes qui en.
dépendent : c’eft une des moindres fa b r iq ue s de
toute la généralitéi
S a in t - J ean d e R o y a n s . Les fix paroifles qui
en dépendent, y compris leur chef-lieu , peuvent
fournir, année commune, au-delà de mille pièces
d’étoffes. On y fait des draps.
Ce lieu*eft très-commode pour une mànufa&ure,
à caufe d’une fource d’eau vive admirable pour le
dégraiflage des laines & des étoffes.
R om a n s . Les fa b r iq ue s de cette ville & des
douze paroifles qui en reflortiflent pour la marque,
(font les plus çonfidérables de toute la province, à
la réferve de Dieu-le-Fit. On y fait de quatre fortes
d’étoffes ; fçavoir, des cordelats, des ratines, des
eftameaux & des draps. Les cordelats donnent deux
mille pièces par an ; les ratines, mille ; les efta-
meaux, quatorze à quinze cent; & les draps , quinze
à feize cent.
P o n t e n R o y a n s . Ce bureau marque les étoffes
de dix-fept paroifles ; leurs fa b r iq u e s confiftent en
draps , dont.il fe fait par an plus de deux mille
pièces.
C r e s t . A Crejl & dans les treize lie u x , dont
les faéhirier's y vont pour la vifite & pour la marque
, il s’ y fait des ratines & des cordelats ; de ceux-
ci , mille pièces ; & de cellès-là, quinze cent.
M oN T E L iM A R D r Ce bureau eft celui de tout l e
V v