
i î ? H O L
l ’avantage de fou commerce, fur Tune & rautre
£Ôte.
Indépendamment de cela , la compagnie a des
comptoirs en divers lieux de l’A f ie , où elle fait un
trafic considérable par un débit prodigieux , J non-
feulement d’épiceries, mais encore de beaucoup
d’autres marchandises , qu’elle prend tant en Europe
que dans l’Inde. Elle eu tire de retour de riches
xnarchandifes qu’elle vend en partie dans l ’Inde
même ; après quoi elle vient répandre en Europe
ce qui lui en refte. C ’eft fur-tout dans le B en g a le ,
«ù elle pofféde diverfes lo g e s , dont la principale
fe nomme oug li, qu’elle a un grand débouché d’épiceries.
Elle y vend en outre des draps, du vif-
argent , du vermillon, de l’étain, du cuivre , du
p lomb, de l’ambre, du co ra il, du bois de fondai
& d’autres articles. Elle en tire beaucoup de foie ,
dont la qualité eft regardée comme la meilleure de
toutes celles des Indes ; des étoffes de fo ie ; du coton
6c des étoffes de coton ; du falpêtre , du mufc,
de la rhubarbe & de l’amphion. Ce commerce , quoique
cônfrdérable, n’eft cependant guères avantageux
à la compagnie, les frais énormes qu’il occafionne,
abforbant le médiocre bénéfice qui en réfulte.
I l nous refte maintenant a parler des divers pays
que fréquentent les vaiffeaux Hollandois en Afie ,
d’ Inde à Inde-, & à rendre compte en peu de mots
de 1a nature du commerce qu’ils y font.
Siam eft un royaume allez étendu , fitué dans
la prefqu’ifle de l ’Inde, où la compagnie entretient
une faCtorie ou comptoir, d’ôu elle va faire les
achats de l'étain de L ig o a , en conféquence du privilège
exclùfif dont elle eft en polfeffion. Elle en
tire aufli du plomb , du bois de Siampan*, des dents
d’éléphant, des peaux de c e r f , de l’or & de la
porcelaine, contre des épiceries & les autres articles
qui compofent les aflortimens deftinés pour le
Bengale. Achem eft la capitale de ce royaume.
R é g it , autre royaume faifont partie de la pref-
qu’ ifle de l’ Inde au-delà du Gange , produit de
T o r , de l’argent , des fophirs & dés rubis. L a compagnie
y envoie des épiceries, du bois de Sandal,
des toiles de coton, de l ’amphion & d’autres mar-
ehancfjfes.
L a Chine eft un des plus vaftes empires de l’O rient.
L e port de Canton y eft ouvert à tous les
peuples comme rçans de l’univers. L a compagnie y
a un comptoir, ou lo g e , qui y fait le commerce.
Elle y importe des épiceries, des toiles, des fer-
çrgs, des étamines, de l’ambre, du corail, des dents
d’éléphant, du bois de Sandal ; elle en exporte de
f o r , du v if argent , de l’a c ier, du fe r , du cuivre ,
de l’étain, des étoffés de foie, & des foies eri nature
, des camelots, du cqton, des pierres prëcieu-
fes. Mais, les principaux articles de ce commerce
font du thé, d e là porcelaine, des papiers peints,
& des ouvrages vernifles , que fournit c e riche pays.
L e Japon eft un autre grand empire de l’Afie ,
dont l’entrée eft défendue à tous les étrangers. Les
Hollandois même, qui feuls ont la peraufiïon d’y
HO L
trafiquer, tte peuvent, fous des peineé grlèves ,
franchir un pont qui fert de communication entre
la ville de Nangazaqui & une petite ifle où les Hollandois
font obligés de faire leur commerce. Ce
commerce confifte, d’une p a r t , à vendre aux Ja-
ponois des épiceries , des draps , de la foie 8c des
étoffes de foie , de la laine, du chanvre , des
toiles, du fucre , du mufc , du v if argent, des merceries
de la Chine, beaucoup de peaux de ce r f de
Siam , des dents d’éléphant & plufieurs autres mar-
chandifes ; & d’une autre part, à acheter d’eux de
l’argent, du cuivre & de la porcelaine. Quoique
l’or abonde dans cet empire, il eft défendu d en
exporter. L a ville de Malaca, que polîéde la corrv-
pagnie dans l’Inde, eft le rendez-vous des vaiflèaux
qui reviennent du Japon. ■
L e royaume de Tunkin , fitué dans la pre{qu*î:fle.
de l ’Inde au-delà du G ange, fournit à la compagnie
une grande quantité de foie, du bois d’aloës 8c du
mufc j & la compagnie lui porte en retour les mar-
chandifes qui ont le plus de cours dans le Bengale
& dans les autres échelles de l’ Inde.
Sumatra eft une des ifies du détroit de la Sonde ,
où la compagnie, qui eft feule en poflèffion du
commerce de ce pays, a plufieurs loges qui y achet-
tent beaucoup de poivre; de la mine d’o r , du camphre
& du benjoin , fic^qui y vendent du fel & des
toiles. Bornéo & plufieurs autres ifies du même- détroit
ont aufli un commerce ouvert avec Batavia &
les autres établiflèmens de la compagnie.
Su ra te , port fameux de l’Inde , fitué dans le
royaume .de Guzarate , fait un commerce très-aCtif
& très-important. L a compagnie y a une loge ou
comptoir, qui y débite des épiceries , de$ draps ,
de l’écaille de tortue, du camphre , du vermillon ,
de l’étain, du benjoin & plufieurs autres articles.
Elle en tire des foies 8c des étoffes de foie , du coton
, des agathes , de l’indigo , du gingembre , de
l’amphion, du falpêtre & de la Iacque.
Gomron , ou proprement Bender-AbaJJî , ville
de grand commerce du Golfe Perfîque, eft également
fréquentée par les* vaiflèaux de la compagnie,
qui y a une loge ou comptoir, dont l’établiflèment
a pour objet non-feulement de trafiquer dans les
ports du même g o lfe , mais aufli de faire le commerce
de Perfe ; la compagnie ayant pour cet effet
à Ifpahan, un comptoir qui relèved;e celui de Gomron,
ou au moins qui lui eft fubordonné. Comme,
eiiivsrtu d’une convention faite avec les rois de Perfe,
la compagnie ne paie aucuns droits d’entrée ni de
fortie des mardfèndifes dont elle trafique dans ce
royaume, elle çft obligée, par manière de com-
p e n fa t io n d ’acheter à un prix fixe quelques centaines
de balles de foie de z i 6 ib pefânt chacune.
L a compagnie y débite des épiceries, des draps ,
de l’indigo, de l’anis, du fucre, du vermillon , de
l’encens , du v if argent, du bois de Siampan, du
cuivre , de l’étain , du plomb , des toiles & d’antres
marchandifès. Elle en tire , outre les foies, des perles
, des turquoifes, des rubis , des laines de Cara-
H O E
matfte, 8c fur-toût de ces beaux tapis 8c de ces riches
étoffes d’or & d’argent fl artiftement travaillées & fi
fort recherchées dans les quatre parties du monde.
M oc ca, ville de l’Ârabie heureufè, fituée fur la
njer rouge, eft l’entrepôt du commerce que la
compagnie fait dans cette province. Les autres
ports fréquentés par fes vaiflèaux, font ceux de
Baflora , Z e b it , Adem 8c Maîcatté, villes de l’Arabie.
L ’importation qui ,s’y fa it , confifte en épiceries
, & l’exportation donne du café qui pafle pour
le meilleur de l’univers; de la mirrhe, de l ’encens,
diverfes gommes, de la ca fle, de la manne,
du heaume, du fangde dragon,, de l ’alocs &plu-
fieurs aucres drogues 8c aromates.
L a direction de la compagnie en Europe, eft
divifée en fîx chambres, dont l’adminiflration eft
confiée à foixante-fix directeurs. L a chambre S Am s terdam
, comme la plus confidérable, porte le nom
de chambre pre'Jidiale. Elle eft adminiftrée par
vingt-quatre directeurs : les bourgue-maîtres de cette
ville en choififlènt dix-huit ; des fix autres , il y en
a quatre nommés parles villes de Dordrecht, Haer-
lem , Leyde & G ou d a, & deux par les provinces
de Gueldre & de Frife. Les dix-huit premiers, dont
chacun doit au moins pofleder deux actions, fout
à vie & jouiflènt d’une penfion de 3000 florins par
an, argent de banque. Les fix autres , qui font en
charge feulement pendant trois ans , ont 1 zoo florins
par an; il fuffit qu’ils aient une feule aCtion
dans la compagnie. Il y a , outre les directeurs ,
quatre hauts-participans jurés, qui peuvent donner
leurs avis dans Certaines délibérations où ils ont le
droit d’aflîfter. Ils ont pour honoraire zoo florins
chaque année. Les principaux officiers de cette
chambre font deux avocats, un premier teneur de
livres , neuf autres teneurs de livres, plufieurs fous-
teneurs de livres , des commis ou cle rc s, un médecin
, un apothicaire, un conftruCteur de vaiflèaux
& une infinité de perfonnes dé clafles inférieures,
dont le nombre eft au moins de douze à treize
cens.
L a chambre deMiddelbourgeft. la fécondé en rang.
Ses directeurs font au nombre de treize, dont douze
font nommés par les villes de Zélande ; le treiziéme
eft choifi par la province de Gueldre. Celui-ci n’a
que douze cens florins par an d’appointement ; ceux-
là en reçoivent deux mille cinq cens. Deux haut£
patticipans jurés, qui ont aufli feance dans les aflèm-
. Liées, reçoivent par an chacun deux cens florins.
Au fervice de cette chambre font un premier teneur
de livres, onze afliftans , un avo£at>, un notaire,
un procureur, un conftruCteür de vaiflèaux &c nombre
d’autres employés.
L a chambre de D e l f t , troifiéme en ran g , eft
compofée de fept directeurs , dont fix font nommés
par la régence de cette ville & le feptiéme par la
province d’Over-Yiïèl. Ils ont par an un falaire de
quatorze cens, florins chacun. Elle entretient deux
teneurs de livres , uncaiflïer, un clerc , un garde-
Juagafin, un maître de pilotage, un conftruCteur
H O L yjijj
de vaiflèaux 8c plufieurs autres officiers & ouvriers*
L a chambre de Rotterdam , quatrième en rang,
eft adminiftrée par huit directeurs y cette ville en
nomme fept, & celle de Dordrecht le huitième. Leurs
honoraires font aufli de douze cens florins par an*
Elle a au furplus un. teneur de j livres , un fous-
teneur de livres:, un clerc , un garde-magafin , un
conftruCteur; de vaiflèaux 8c divers autres employés^
L a chambre de H o o rn , cinquième en rang , eft
régie par fept directeurs , à chacun defqliels cec
emploi vaut, également douze cens florins par an»
Les fix premiers appartiennent à la ville même de
Hoorn ; le feptiéme eft député par celle d’Alkmaar.
Un haut participant-juré y a féance dans certaines
occafions , 8c il jouit d’un bénéfice de deux ceiis>
florins par an. Les officiers qu’elle entretient font
quatre teneurs de livres , un caiflïer, deux c lerc s,
un conftruCteur de vaiflèaux , un maître d’équipages
, un examinateur des pilotes 8c divers ouvriers.
L a chambre diEnkhuifen, qui eft la dernière ea
rang , a aufli fept directeurs , dont les appointemens
font également de douze cens florins. Six font choi-
fis par la régence de cette ville ; le feptiéme eft
nommé par le corps des nobles de la province dé
Hollande. Il y a en outre un haut-participant, qui
aflïfte aux délibérations des directeurs 8c qui jouit
de deux cens florins par an. Deux teneurs de livres ,
un affiftant, un caiflïer , un garde magafîn , un
conftruCteur de vaiflèaux , un maître d équipages
& un examinateur des pilotesfbntles principaux offi-»
ciers au fervice de cette chambre.
Dans chacune des fix chambres on équipe un
certain nombre ,de vaiflèaux, on nomme les ofiï-*
ciers & les matelots qui y doivent fervir, on régie
les marchandifes dont les cargaifons doivent ♦ être
compofées, & on fait toutes les autres difpofitions
qui y font requifès. Mais pour la .direction générale
de toutes les chambres, il y a trois fois Pan une
affemblée formée des dix-fept directeurs, à laquelle
eft confiée la direction générale & fuprême des
affaires de la compagnie. Huit directeurs font députés
pour cette aflèmblée par la chambre d’Am -
fterdam , quatre par celle de Middelbourg, un par
chacune des quatre autres chambres, & le dix-
feptiéme alternativement par l’une de ces dernières.
L ’aflèmblée des dix-fept directeurs tient fes
féances tantôt à Amfterdam pendant fix années con-
fécutives, tantôt à Middelbourg pendant deux autres.
L a première féance a pour objet la vente des épiceries
& les dividendes à faire aux intéreflës. Dans la
fécondé l’on, délibère fur les ordres à envoyer dans
l ’Inde en réponfe aux dépêches qu’on en aura
reçues. Dans la troifiéme l’on régie les ventes qui
fe font régulièrement dans les mois d’oCtobre &
de novembre. L ’on fixe aufli le nombre de vaif-
féaux- à envoyer aux Indes , dont enfuite l’expédition
regarde chacune des chambres refpeCtives.
1 Les principaux officiers qui font à la tête du gou-
J y y î j