
chandifes fe fait dans la ville & aux environs de
Limoges.
B e r g e r a c , dans le haut Périgord. L e papier
& le cuivre font fon principal négoce. Les fabriques
de l'un & de l’autre font établies à un quart
de lieue de la ville ; le cuivre occupe quatre martinets
& le papier fept moulins. Quinze marchands
de draperie font établis dans la ville. Les vins &
eaux-de-vie font auifi une partie de fon commerce 3
les lieux de débit des marchandifes que produit
Bergerac & fes environs , font Bordeaux & An-
goulême.
L ib o u r n e . I l n’y .a aucune fabrique ; onze ou
douze marchands y font pourtant le commerce de
la draperie 3 les vins & eaux-de-vie font fon principal
commerce : on parlera ailleurs du refte de
fon négoce. V o y e \ plus bas après le paragraphe ,
od il eft parlé de Bayonne.
. V i l l e n e u v e d A g e n o is . Cette ville eft propre
pour les tanneries ; il ne s'y fait pas pourtant quantité
de cuirs , mais ils font exceüens. On y apporte
de Mazères, lieu de la généralité de Montauban ,
un grand nombre de bas pour y être foulés & apprêtés.
L ’apprêt de cette ville paffant pour un des.
meilleurs de la province.
AIo n t a n d r e . Aucune fabrique : il y a feulement
d^ bonnes foires & de bons marchés, qui y
attirent un bon commerce & quantité de marchands.
J o u s s a c ou J o n sa c , en Saintonge. I l fe fait
dans cette ville des draperies grolfières , qui ne
paffent pas cinquante à foixanre fols l ’aune 3 une
douzaine tant marchands que fabriquans, entretiennent
cette fabrique ; on y apprête auffi des chamois
qui ont affez de réputation. L e débit de ces marchandifes
fe fait aux foires de Bordeaux & aux marchés
de la province, j •-
P ons , en Saintonge. I l s’y fabrique une affez
grande quantité d’étamines , & l’on apprête beaucoup
de cuirs dans fes tanneries, qui font des plus
confidérables de la généralité. Six tanneurs travaillent
aux cuirs, & treize à quatorze marchands ou
apprêteurs , fabriquent les étoffes, ou les vendent.
L e débit, comme deffus.
S a in t e s , ville de F r a n c e > capitale de la Sain-
tonge , elle eft du département de Vinfpecteur des
manufactures de Bordeaux. L a fertilité de fes environs
, la proximité de plufieurs grandes villes, &
la commodité des rivières , dont toute la Saintonge
eft arrofée, propres à voiturer fes blés & fes autres
produ&ions, ont toujours fait regarder la ville de
Sa in te s comme une des plus riches & des plus marchandes
de la généralité de Guyenne dont elle fait
partie.
Les fabr iqu e s y font comme à Pons , c’eft-à-
d ire , d’étamines & de cuirs. Les étamines y occupent
vingt marchands & fabriquans ; & les cuirs; une
demi-douzaine de tanneurs. Kochefort & less ifles
cfOlerOn , font les lieux de débit pour l’une &
l ’autre marchandife. ~
C o g n a c , dans l ’Angoumois. Plus de vingt-cinq
marchands 8c fabriquans , foutiennent la fab riq ue
dès etamines de cette ville j elles fê débitent comme
celles de Saintes. Quoique ces étoffes foientun
objet conhdérable de commerce , le principal que
falient les bourgeois de Cognac ,confifte néanmoins
dans les eaux-de-vie.
B a g n ie r e s , Vîlle de la Gafcogne. Elle eft célébré
par fes bains plus que par fon négoce ; on y
fait neanmoins quelques cordelats & autres petites
étoffés de laine : fîx marchands ou fabriquans en
foutiennent la manufacture 8c le négoce j l a plupart
de^ces étoffes fe confomment fur les lieu x, & le
refte dans les villes voifines. Ces marchandifes font
fujettes à la vifice & a la marque de Vinfpeéïeur des
manufactures de Bordeaux»
^ nV a aucune fabrique de draperie ;
il s y en fait cependant un affez bon commerce par
fept ou huit marchands drapiers de la ville , qui
les font venir des autres provinces. Les tanneries
n y font pas mauvaifes , deux tanneurs en apprêtent
les cuirs;
O r t e z , en Béarn. Les tanneries y font confî-
derables & bonnes j fept ou huit maîtres tanneurs
y font travailler. I l s’y fait auflï commerce de draperies
qui viennent du dehors ; une demi - douzaine
de marchands drapiers font ce dernier négoce. Il y
a encore un martinet pour le cuivre , à un quart
de lieue de la ville. L e débit de ces marchandifes
fê fait à Bayonne & en Efpagne.
P a u , capitale du Béarn. Plus de vingt marchands
drapiers y font' le commerce des étoffes de laine
qu ils tirent de divers endroits 8c qu’ils" répandent
dans tout le Béarn. Sept maîtres chapeliers y foutiennent
une fab riq ue très - çonfidérable de chapeaux
, ils fe vendent trois livres dix fols pièce.
C a s t e l j a l o u x . I l s’y fait n é g o c e de papier.
O le r o n , en Béarn. I l s’y fait quantité de cor-
dillats; vingt-trois marchands ou fabriquans en entretiennent
la fabriqùe. Il s’y fait aum négoce .de -
papier dont il y a quatre moulins à un quart de
lieue de la ville.
N a y , en Béarn. Cette ville n’a aucune fabrique
de draperie ; elle a cependant huit ou dix marchands
drapiers. Son principal commerce confîfte en bonnets
à la Béarnoife , & en couvertures , qui fe font
dans deux différens lieux éloignés de la ville d’une
grande lieue : les couvertures font fines & bien
travaillées 3 elles fe vendent dix-fept à dix-huit livres
pièces.
L e M a s d’A g e n o is , S a in t - J o y , M e 2in e t
N e r a c , en Gafcogne. Ces quatre lieux n’ont aucune
fabrique ; il s’y fait cependant commerce de
draperies j au Mas , par trois marchands drapiers 3
à Saint-Joy, par quatre 5 à Mezin', par fept ,• & à
N e ra c , par dix.
Toutes les laines qui s’emploient dans le peu de
fabriqués de' lainage qui font établies dans cette
généralité, font'partie du cru du p a y s , & partie de
roitou.
Commerce de la ville de Bordeaux.
L a ville de BotdèauX à trois principaux objets
de commerce; la vente de feS vins & de fes eaux-
de-vie , que les étrangers viennent quérir jufques
chez elle ; les arméniens qu’elle fait pour les colonies
Françoifes de l’Amérique , où elle porte les
marchandifes de fon c ru , ou celles qu’elle raffèm-
ble d’ailleurs 3 enfin , la pêche (Je la baleine, & la
pêche de la morne , foit du poiflon verd , foit du
poiffon f e c , dont fes vaiffeaux rapportent une partie
pour fa confommation , & diftribuent l’autre
dans différens ports d’Efpagne, d’Italie & autres endroits
de l’Europe.
On peut encore ajouter fon commerce de proche
en proche , ,particulièrement avec les Efpagnols &
les Italiens; & celui qu’ elle entretient dans l’intérieur
du royaume : mais ces deux derniers font
moins confidérables.
L e commerce des v in s 8c des eaux-de-vie, qui fè
fait à Bordeaux , y attire tant de vaiffeaux étrangers,
que pendant toute l ’année elle a ordinairement
jufqu’à cent navires dans fon port 3 & que dans le
temps de fes foires , on y en voit en chargement
prefque toujours au-delà de cinq cent. Ce même
commerce caufe quelquefois fa pauvreté , quand la
récolte eft mauvaife , qu xjue la guerre en empêche
le débit aux étrangers.
' Le s principales nations, qui envoient leurs bâti-
mens à B o rd e a u x , pour le commerce de fes vins &
de fes eaux-de-vie, font les Anglois , les Écoffois, i
les Irlandois, les Hollàndois, les Suédois, les D a - '
nois & les autres peuples du Nord 3 mais les Anglois
& les Hollàndois, en Bien plus grand nombre j
ces derniers faifant ordinairement tout, feuls quatre
fois autant de levées de vins , que tous les autres
enfemble.
Les Anglois enlèvent, année commune , fix mille
tonneaux de vin & trois à quatre cent pièces d’eau-
de -vie. Les autres marchandifes qu’ils tirent de B o r d
eaux , font du vinaigre, des prunes^ de la réfîne,
de la térébenthine , des châtaignes, des tables de
noyer , du papier, du liège & du miel.
Celles qu’ils apportent ; confiftent en étoffes de
lainerie , en étain , en plomb , en charbon de terre,
en hareng blanc & ronge', en cuirs de toutes fortes.,
en boeuf falé pour les Ifies , en beurre, en fromage,
en fuif , en drogues pour la teinture , & en ce qu on
appelle de la caboche.
' Lorfque la balance des marchandifes ri’eft pas
égale , les Anglois paient le furplus en lettres de
change fur Londres & fur Paris.
Les vins que les Hollàndois tirent de B o rd e a u x ,
montent, année commune , à cinquante mille tonneaux,
& les eaux-de-vie, environ à dix ou douze ,
mille pièces. Ils chargent auffi du vinaigre , de la
graine de lin , dû fyrop & les autres marchandifes
qu’on a marquées-ci-demis, en parlant des Anglois.,
Celles qu’ils laiffent en échange, fon t, du bardillon,
des planches, des mats de navires , du chanvre , du
gaudrôn, du cuivre & du fromage.
L ’excédent de leur compte s’acquitte , ou argent
comptant, ou en lettres de change.
Les Suédois & les Danois apportent les mêmes
Inarchandifes que les Hollàndois, & font à peu près
les mêmes retours. I l eft rare néanmoins que chacune
de ces nations enlève plus de trois a quatre
mille tonneaux de vin , & a proportion d’eau-de-
vie j & cela ,parce qu’ils ont une reflource sûre chez
les Hollàndois , qui peuvent en fournir lorfqu’il
leur en manque , & qui rie les leur vendent affez
fouvent guères plus cher que de la première main,
à caufe des profits que cette facilité leur procure
d’ailleurs avec ces deux nations.
Les vins qu’on charge à B o rd e a u x , font des vins
blancs de Langon, de rreign as, de Barfac, de Sauternes
& de Bommes. Ces vins , dans les années
d’une récolte raifonnable , fe vendent depuis cenc
quatre-vingt livres , jufqu’à deux cent livres le
tonneau.
Les vins de Poudenfàc & de Ca ftres, font de
deux fortes 3 les blancs , qu’on vend vingt à trente
écus, & les rouges, trente-cinq à quarante.
Les vins de Graves de B o r d e a u x , font tous vins
rouges 5 leur prix eft depuis quarante jufqu’à quatre»
vingt écus le tonneau, mais il y en a peu à ce dernier
p r ix , 8c beaucoup depuis cent cinquante, ju f qu’
à deux cent livres.
Les vins des Graves de Medoc, fe vendent diver-
fement, fuivant les divers terroirs où ils croiffent 3
ces Graves, qui contiennent dix lieues de pays*; ne
produifant pas des vins d’une égale bonté, enforte.
qu’ il y a quelquefois cinquante pour cent de différence.
De ces vins , les uns fe vendent depuis quatre-
vingt-dix livres , jufqu’à cent francs 5 d’autres , depuis
cent vingt livres,, jufqu’à cent cinquante 3 &
quelques-uns , mais peu , depuis cent quatre-vingt
livres , jufqu’à deux cent.
U n autre débouché pour tous ces vins , outre ce
qu’en enlèvent les étrangers, confîfte dans les car-
gaifons des bâtimens qu’on charge pour les ifles ,
comme on le dira dans la fuite.
Enfin , il s’en confomme encore quantité dans la
fabrique des eaux- de-vie. Ceux qu’on deftine à cet
ufage, fe vendent environ cinquante livres les trente-
deux verges.
On eftime que dans la fénéchauflee de B o r d e a u x ,
il peut fê recueillir, année commune , deux cent
mille tonneaux de vin 3 qu’ il s’en charge pour le
dehors, cent mille 3 qu’il s’en confomme à B o r deaux
& aux environs , quarante mille , & le fur-
plus dans le pa ys, fans y comprendre les vins du
haut pa ys, petite jauge , qui peuvent aller à quatre
ou cinq mille tonneaux.
A l’égard des eaux-de-vie , comme on en brûle
plus ou moins , fuivant que les années font, abondantes
, il y en a où l’on en peut charger jufqu’à
vingt mille pièces, & d’autres feulement de douze à
quinze mille.