
même jufqu’en Italie, quand la récolte n’ÿ a pas été
bonne. Ce font de riches marchands établis à N arbonne
, qui font ce commerce aufii-bien que de
tous les autres grains où ils font très-intelligens.
Il n y a à Narbonne aucune fabrique d'étoffes. Il
s'y fait feulement des bas de laine à l’aiguille, par
les enfans de la charité, qui en fôùrniffent environ,
cinq à fix cent paires par an»
Ses tanneries donnent cent cinquante cuirs forts ,
& mille douzaines de peaux légères.
Beziers. Il fe fait a B éliers & dans tout fon
diocèfe j un commerce affez confidérable de diverfes
marchandifes, ou qui font de fon crû, ou qui fe font
dans fes manufactures.
A l’égard du dehors, à Roquebruneily a du marbré.
G dbian fournit cette huilè^jui porte fon nom , •
dont on donne un article dans ce Diftionnaire. Dans
le même endroit il y a des mines de charbon de terre,
& une efpèce de gomme propre à faire du gouldron.
A B ed a rieu x, ainfi qu’on l’a dit ci-deffus , il fe fait
de très-beaux droguets ; & dans le petit canton de
G raijfefac, compofé de fix bourgs, .on y fabrique
de la clouterie , qui fe débite dans le refte du Languedoc
& dans les provinces Voifinés;
Dans la ville il y a diverfes manufactures de laine
ries , entr’autrés celle des draps fins ; & celle dés
droguets femblables à ceux de Bedarieux , qui les uns
& les autres, fe débitent pour la plupart en Allemagne.
.
Enfin , on fait dans les tanneries, année commune, I
trois cent cuirs forts, cent cinquante douzaines de
bafànne , foixante douzaines de parchemins , & cent
douzaines de peaux en blanc.
Clermont. La manufacture royale de draps
fins, établie à C lerm ont, éït très-confidérable , eüe
occupe jufqu’à cinquante métiers battans pour ceux
de la grande largeur, & trois ou quatre pour les
draps étroits. Tous ces draps font deftinés pour le
Levant. Cette M anufacture en fournit jufques,à huit
cent pièces.
Outre ces; draps , il s’en "fait encore beaucoup
d’autres par les fabriquans particuliers, qui y font
au nombre de dix-huit ou vingt, qui y employant
jufqu’à trente métiers. Ces draps font de différentes
largeurs, & peuvent aller par an depuis fix jufqu a
fept^ cent pièces.
Il y a aufii un entrepreneur particulier de draps
fins, qui v«n fait environ cent pièces.
La fab riq ue des chapeaux de Clermont eft une
des plus fortes de tout ie Languedoc, elle peut
fournir par an jufqu’à trois mille douzaines de chapeaux.
Ses tanneries font bien moins confidérables, à
peine donnent-elles cent gros cuirs, & deux cent
groffes de parchemins.
Aniane. La fa brique des.cadis y occupe quinze
^maîtres & vingt à trente métiers. Ces étoffes font
de deux fortes ; les unes , de demi - aune ; & les
autres, de deux pans de larjSÇ. Il s’en fait en tout., i
lun e portant l’autre, jufqu’à • près de huit cent
pièce?}.
Trois maîtres, y travaillent au favon ro u x , qui
eft affez eftimé.
Sa fab riq ue de criftal de tartre , pour la teinture
d’écàrlate , eft pareillement en réputation ; elle
en fournit deux cent quintaux par an,
On fait dans fes tanneries jufqu’à deux cent cuirs
fo | s , neuf cent trente à neuf cent cinquante peàux
dç. vaches, & quatre-vingt-dix douzaines de veaux.
Enfin, pour dernier objet de commerce, il y a
un martinet qui travaille en cuivre.
B e a u c a i r e . Cette ville eft fameufe par fa fo ire ,
une des plus célébrés de l ’Europe j mous en allons
dire quelque chofe, après que nous aurons parlé de
ce'qui regarde fon commerce particulier & annuel.
Les fabriques établies à Beaucaire , font celle
des cadis, celle des bas au métier, & celle des chapeaux
J il y a aufii 'une affez bonne tannerie de cuirs
forts.
L a fabrique des cadis occupe quatorze métiers ,
d’où il fo r t , année commune , environ trois cent
pièces d’étoffes. Huit maîtres travaillent aux bas au
métier. T rois ou quatre maîtres chapeliers peuvent
faire jufqu’à trente ou quarante douzaines de chapeaux
; ôc dix maîtres, tanneurs, qu’on y nomme
des cuiratiers, préparent environ trois cent cuirs
forts.
L a foire fameufe qui s’y tient eft une des plus célèbres
qui fe'tiennent en France. Eile fe tenoit autrefois
dans l'enceinte de la ville de Beaucaire en
Languedoc , d’où elle a pris fon nom $ & l’on y voit
enéore plufieurs arcades qui traverfent les rues ,"ot'r
apparemment les marchands fai.foient leurs étalages;
mais depuis long-temps fa réputation & le concours
qui s’y fa it, fe font tellement accrus, qu’on a
été obligé de la tenir en partie en pleine campagne ,
fous des tentes qu’on élève dans une prairie voifine
; de la ville.
Cette foire commence le u juillet, fête de la
Magdelaine, & ne dure que trois jours. On y vient
de toutes les parties du monde ; & il n’y a point de
marchandifes r quelque rares qu’elles foient, qu’on
n’y puifle trouver, Âûfli , malgré le peu de temps
qu’elle dure , le commerce ÿ eft fi grand qu’il s’y
fait pour plus de fix millions de livres d’affaires.
C ’eft 1’infpecteur des manufactures de Nifmes,
aidé quelquefois de fes confrères des départemens
Voifîns, qui ayec les juges de police des manufactures
, & les maîtres & gardes & jurés, y va faire la vi-
fite & la marque des étoffes foraines.
Les directeurs des cinq groffes fermes de quelques
départemens du voifmage, ont coutume dé
s’y aftembler pour veiller aux intérêts de^ la
ferme.
L a franchife de la foire de Beaucaire eft un privilège
accordé aux habitans de cette ville en iz 17 ,
par Raimond , comte de Touloufe, tant à.caufe de
leur çonftante fidélité à fon fervice , qu’en confidératipu
du commerce pour lequel cette ville eft très .
hcurèffement fituéé.
Ce privilège $ depuis la réunion du Languedoc a
la couronne, a été confirmé par plufieurs de nos ■
rois, particulièrement en -i483 > Par Charles \ 111,
& encore fous le régne de Louis A ï 1, & fous celui
de Louis XIII.
La commodité du Rhône, fur lequel la ville de
Beaucaire eft ficuée , .foie venir à fa faire les marchandifes
de Bourgogne, du Lyonnois , de huiile &
d'Allemagne. Là mer dont, elle n'eft éloignée que
de fept lieues, lui apporte celles du Levant, ^Italie &
dlEfpaone; & elle reçoit par le Canal royal tout ce
qui peut venir du hautLanguedoc , de Bordeaux, de
Bretagne & de l’Océan.
Les marchands qui fréquentent davantage cette
foire font ceux de prefque toute la F rance, foit par
eux-mêmes, fait par leurs commiffionnaires. Les
Espagnols, les Italiens, les Allemands y viennent
auiïi en grand nombre , & il n y a gueres de nations
de l’Europe dont, les négocians ne s’y intéreflent.
0.11 y voit toujours des Arméniens, fouvent des
Perians, & quelquefois des Orientaux encore plus
reculés..
L e s ^principales marchandifes qui s’y vendant
font des épiceries ., des --drogueries , des merceries ,
des étoffes de laine & de foie , des laines d^Efpagne,
d autres'de Barbarie, outre de celles du cru du pays,
enfin de tout ce que fabrique & produit la France ,
ou qui lui vient du dehors , affez fouvent même des
pierreries.
‘ Il s y fait auffi un grand commerce d’argent pour ;
le change, & des remifes dans toutes les parties .du j
monde.
Comme c’eft la feule foire véritablement franche,
qui foit dans le Languedoc, c’eft proprement pour
,jouir de fa franchife que les marchands- fréquentent ]
les autres foires de la province pour y ramafîêr les;
marchandifes qu’ caire ils veulent mener à celle àtBeau- ) toutes célèbres que foient les foires de
Pezenas & .de Montagnac , on peut dire qu’elles ne
fe font que pour préparer les affaires de la foire de Beaucaire.
Avant l’année i f y z , la franchife de cette foire
étoit entière , mais depuis ce temps-là elle a- reçu
quelque atteinte par l’établiffement du - droit de
réapréciation qui fut impofé fur toutes les marchandifes
de la province de Languedoc , & dont celles
de la foire ne furent pas exemptes. Il eft vrai que ce
droit n’eft pas confidérable, puifque, année commune
, il ne rapporte au roi que Z5000 livres. On
y paie encore un autre petit droit de douze fols par
balle de .marchandifes qui ne font point déballées ,
le fermier prétendant qu’elles y doivent toutes l’être.
Ce droit Rappelle abonnement & ne produit qu’environ
çooo ii'V. peut-être que 'fi la franchife totale
étoit rétablie, .les marchands pourroient être davantage
animés à v augmenter leur commerce.
S a in t - A n d r é d e V a l - b o r g -n e . Les fabriques
qui y font établiesfont peu confidérables : on y
lait cependant des cadis , des chapeaux & quelques
cuirs.
Les cadis occupent douze maîtres & vingt-quatre
métiers, qui préfentement en font au plus quatre-
vingt pièces ; au lieu qu’autrefois il s’en fabriquait
jufqu’à huit cent dans cette m anufacture.
Un feul chapelier fait à peine dix douzaines de
chapeaux ; & un blancher ou mégiffier environ
trente douzaines de peaux d’aludes.
M a i r v a i x . Sa fa brique de cadis ne va guères
qu’à deux cent pièces par an ; il y a cependant dix-
fept ou dix huit maîtres , & près de trente métiers.
La chapellerie y eft meilleure ; treize maîtres
chapeliers y font deux cent douzaines* de chapeaux.
Les blanchèrsn’y font que du parchemin, ils font
deux ou trois qui en peuvent fournir environ deux
cent groffes.
V a l a r a n g u e . Il s’y fait que lques ch a p e a u x ,
j mais qui ne paftent pas trente douzaines pa r an.
Le principal objet de fon commerce font les cadis
, dont il y a plus de trente maîtres & près dè cinquante
métiers ; le produit par année monte à fept
cent ou fept cent cinquante pièces.
L e P u y . Cette ville eft la capitale de Vélay, petit
pays du Languedoc prefque entièrement fîtué dans
les montagfies.
* On y fait des dentelles qu’on débite dans les pays
étrangers , particulièrement en Efpagae & en Allemagne;
c’eft ce commerce qu’on fait monter à plus
de foixante mille livres par an, qui fait fubfifter la
meilleure partie du peuple.
On y fait aufii un affez grand négoce de mulets
dans les foires, & de cuirs apprêtés, qui s’y apportent
de toute part.
D es manufactures royales,établies enLanguedoc.
Quoiqu’on ait parlé ci-deffus de quelques-unes
de ces m anufactures ; comme on ne l’a fait qu’en
paffant, on croit ne pas déplaire au LeCteur d’en
ajouter icj une efpèce d’hiftoire abrégée un peu plus
fuivie,
C’eft à M. Colbert qu’on eft. redevable de leue
premier établïffement, par la protection qu’il leur
donna, & par les feeours qu’il obtint du roi pour les
foutenir.
Le Heur de Varennes ayant fait venir des ouvriers
de Hollande , avec l’agrément du miniftre, entreprit
la fabrique des draps propres pour le commerce
du Levant. Saptes près de Carcaffonne, fut le lieu
o_ù il établit fa m anufacture, & l’ on peut la regarder
comme le modèle , 5c pour ainfi dire, comme
la mère de toutes les autres qui font dans la province
Je Lçnguédoct *.