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ronge en forme 5e pierre, dont les doreurs fe fervent
à faire leurs bruniffoirs, les peintres pour défi»
finer & le s médecins dans quelques remèdes.
Pline en met de cinq fortes , fans compter celle
que l’on appelle aimant hématite , parce qu’elle •
a la propriété d’attirer l e fer. Ces cinq hématites
font l ’éthiopique, l’androdamas ou la noire, l’arabique
, l’élalites , autrement miltites, & le chiftos.
I l feroit long & affez inutile d’entrer dans le
détail des vertus que l’antiquité, & même quelques
modernes attribuent à ces minéraux , foit pour arrêter
le fàng , foit pour le mal des yeux. Tout ce
qu’il eft bon que le le&eur fçache , c’eft que les
marchands épiciers-aroguiftes de Paris n’en vendent
ordinairement que de deux fortes $ l’une fous le nom
-fle feret d’Efipagm , dont les doreurs & orfèvres
fe fervent pour brunir leur o r , & l’autre fous celui
de fa n g u in e , c e que lignifie le mot grec qu’elle
porte , & dont les peintres fe fervent dans leurs
deffins.
H ÉM IN E , que l’on écrit auflî ÉM IN E , ou ES-
JYIINE. Grande mefure de grains , en ufege , en
plufieurs endroits de France , & en quelques ports
des côtes de Barbarie. Uhémîne neanmoins n’eft
pas une mefure effective, comme peuvent être le
boiffeau ou le minot , mais pour ainfi dire , une
elpèce de mefure de compte , ou un compofé de
plufieurs autres certaines mefures.
A Auxonne Yhémine eft de vingt-cinq boiffeaux
du pays , qui reviennent à deux feptiers n euf boif-
feaux un tiers de Paris.
U hémine de Maxilly contient vingt-cinq b o ife .
féaux de ce lie u , qui font égaux à trois feptiers de •
Paris. ' ■ ' #
A S. Jean de Laune Yhémine eft de dix-fept
boiffeaux du pays , qui rendent à Paris deux feptiers
dix boiffeaux.
A Marfeille Yhémine de bled eft eftimée pefer
foixante Sc quinze livres, poids dedieu, oufoixante
livres, peu plus , poids de marc : elle fe divife en
Fuît fivailières.
En Barbarie Yhémine eft femblable à neuf b o iffeaux
de Paris.
L ’hémine eft auflî en uiage en Languedoc, particulièrement
â A gd e , àBefiers & à Narbonne ; Yhémine
d’A gde eft de^deux feptiers & pèfe i z o liv .;
celle de Befiers hors la rafe , donne deux pour cent
de plus & pèfe t n liv. ; Yhémine fe. Narbonne dont
le s deux font le feptier, pèfe è$ liv.
A Montpelier Yhémine fe divife en deux quartes.
Deux hémïnes font le feptier, & fix hémims font
on mude & demi d’Amfterdam.
A Caftres Yhémine contient quatre megères, &
la megère quatre boiffeaux. Il mut deux hémines
»our taire le feptier.
A Châlons 8c à Dijon Yhémine eft ég a le, celle
Ae froment pèfe 44 poids de marc, ceïîe de méteil
^ | celle de feigie 41 , & celle d’avoine a y livres.
Auxonne. On a déjà dit quelque chofe de fon hé-
tnine. On ajoutera que celle de froment pèfe -271.
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celle de méteil 16} celle de feigie if 8c celle <fa>
voine ,2 0 .
A D o le , Pontalier 8c Salins, les hémines font
de même poids y Yhémine de froment y pèfe 601. ,
celle de méteil S9 & celle de feigie 58 1.
A V ille r Suxel 8c Monjutin , Yhémine de froment
pèfe 45 b , Yhémine de méteil 4 4 , & celle de
feigie 43.
A Mont-Beillard , Herîcourt & Blamont, Yhé-
mine de froment pèfe 40 L, celle de méteil 39 & celle
de feigie 38.
Toutes ces réduétions font faites au poids de
marc.
Chez les Romains Yhémim étoit auflî une petite
mefure de liqueurs , qui revenoit au demi-feptier de
Paris, c’eft-a-dire , à la moitié d’une chopine. Tous
les feavans néanmoins ne tombent pas d accord de
cette évaluation y 8c Yhémine bénédiétine a donne
lieu à quantité d’écrits remplis d’une profonde érudition
que l’on peut confelter ; cette matière eu rieufe
ne convenant guères à un Diftionnaire de Commerce.
H E N E C H E N . Herbe qui croît dans quelques
endroits Je l’Amérique , particulièrement dans
rlfthme de Panama.
C ’eft une efpèce de chanvre dont les fauvages
tirent une filafle propre à être réduite en fil avec
le rouet ou la quenouille. On en fait d’affez belles
toiles & des cordes de très*bon ufage. Les feuilles
de cette plante (ont plus femblables à celles du chardon
qu’à celles du chanvre d’Europe. L ’ henechen eft
différent du cabvia autre herbe qu’on- file dans le
Pérou, qui reffemble auflî au chardon, mais qui a
fes feuilles plus larges & moins longues que 1 henechen.
H É P A T IQ U E . Ce qui tient de la couleur du
foye. O n appelle alo'ès hépatique, une drogue mé-
decinale qu on tire des Indes o r ien ta is , & qui fait
partie du négoce des marchands épiciers-droguiftes.
HERBAGES. V ie u x f i le t s que les corailleurs
ou pêcheurs de corail dubaftion de France , défont
8c écharpient pour attacher aux chevrons avec lef-
quels ils arrachent le corail du fond de la mer.
HERBE. Il fe dit des plantes dont les tiges pér'ff-
fent tpus.fes ans après qu’elles ont produit leurs
fleurs & que les graines qui doivent confcrver leur
efpèce font venues en maturité.
■ De ces plantes les unes font annuelles , qu’fl
faut femer toutes les années, les autres bifannueBes,
qui ne donnent des fleurs & des graines que tous
fes deux ou tous les“ trois ans y & les autres viva-
r e s , dont la racine fe conferye tous fes hyvers, 8c
poufîe tous fes printemps des feuilles, des fleurs &
des graines.
Les herbes potagères font celles qui fe cultivent
dans fes jardins , & qui font bonnes a manger. Les
jardiniers & maraichers de la ville 8c fauxbourgs de
Paris en font un grand commerce, particulièrement
dans 1e marché de jéetçe capitale qu’on nomme fe
halle à la p oir é e«
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Les herbes médecinafes font celles que les méde- .
eîns 8c apothicaires font entrer dans leurs reraédes.Le I
négoce de ces herbes fe fait par les herboriftes, qui I
font de pauvres femmes établies la plupart dans des
échopes aux coins des rues , particulièrement près
des boutiques des apothicaire? les plus achalandés.
Les herbes vulnéraires font celles qui prifes intérieurement
, ou appliquées .en topiques , font
propres à la guérifon des plaies. Les meilleures
viennent de Suiffe y elles font partie du commerce
de l’épicerie.
H e r b e ja u n e , ou h e r b e a j a u n ir . Plante qui
fert à teindre, en jaune, On la nomme plus ordinairement
gaif.de. Voye\ g a u d e .
H e r b e d e m a r o q u in . Efpèce d'herbe qui fert
aux maroquiniers à fabriquer feux maroquin à la
place du lumac.
H e r b e d e p â t u r a g e . Autre plainte qui fert
auflî à la teinture en jaune. Elle eft davantage connue
fous le nom dç giiie firole...
H e r b e d e P a r a g u a y . V oy e ç P a r a g u a y .
H e r b e d e t h é , V oy e% t h é *.
H e r b e . Se dit auflî des foins en verd , 8c qui
m’ont point été fauchés & façonnés« En ce fens on
dit-, vendre fes prés en herbe 8c mettre des chevaux
à Y herbe»
H e r b e , en termes de marchandife de chevaux
& de manège. Se dit encore pour marquer l ’âge des
chevaux. Ainfi on dit , qu’un poulain aura trois
ans aux herbes ,* pour fignifier qu.’// aura cet â g e ,
lorfqu’au printemps fes préç commenceront à pouffer
leur herbe.
H e r b e , dans les manufactures étrangères , particulièrement
dans celles des Indes orientales &
occidentales. S’entend des étoffes qui font fabriquées
avec des herbes réduites en filaffe, & enfuîtes niées.
Les principales de ces étoffes font fes herbes filées ,
les herbes de foie , les herbes lâches 8c fes taffetas
ilherbes.
H e r b e s f i l é e s . On nomme ainfi aux Indes
orientales upe efpèce d’étoffe ou toile luftrée , que
l ’on fait d’un fil tiré de diverfes fortes d'herbes.
Elles fe vendent ordinairement â Surate fur le pied
de vingt mamoudis les trois pièces. Les Européens
n’en achètent guères que par curiofité, ces étoffés
fe coupant très-aifément dans les plis.
Quelques-uns prétendent que ces toiles, qui font
Ordinairement de couleur , ne fe font pas d’herbes ,
mais de la foie que produit une forte de mouches
qui filent leurs •cocons dans les bois & qui les laif-
fent fer fes arbres. L a première opinion eft la plus
commune.
H e r b e s d e s o ie . Les Anglois de la Virginie
«onnen(' ce nom à une efpèce de chanvre, qui croît
naturellement 8c fans culture dans cette partie de 1 Amérique feptentrionale. Cette herbe fe file comme
le chanvre & le lin d’Europe, mais 1e fil en eft plus-
beau & plus liiftré. Les fauvages n’en faifoient que
des cordages 8c des rets ; mail les liabiçans Européens
commencent à en, faire des toiles & de légères
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étoffes qui réuflîffent parfaitement, biea. Ces étoffes
auflî-bien que la plante fe nomment herbes de finies
Outre 1herbe à foie qui fe trouve dans cette
partie de l’Amérique, que fes Anglois pofïedeirt Ac.
qu’ils nomment Virginie , i l y en a e-flRore une
autre efpèce dans l’Amérique méridionale, fur-tout
dans fes montagnes du Popayan & du Pérou. L a
racine de cette plante eft j>leine de noeuds j fes
feuilles font comme la lame"d’une épée % de l’épaif-
feur de la main dans fe milieu près de la racine ,
plus mince vers les bords & vers le haut, od elles
fe terminent en pointes. Les Indiens & les E fpagnols
coupent ces feuilles, quand elles font à une certaine
grandeur.
Après fes avoir fichées au fofeil, on fes b at, 8c
l’on en tire diverfes forte? de fils qui fervent à-diffé-
rens ouvrages fûivane qu’ils font gros ou fins; les-
plus gros s emploient â faire des niamacs , des cordages
, & ces efpèces de demi-çhemife , dont le s
femmes Indiennes fe couvrent de la ceinture en bas.
Les fils de la fécondé forte font ordinairement employés
à faire de petites étoffes , des toiles de foie , -
& des bas de foie auflî luftrés que ceux qui fe fpnt
en Efpagne. Enfin le fil le plus fin & le plus luifant,
fert à faire des dentelles dont fes mulâtres & les
nègres fe parent dans fes grandes cérémonies.
C ’eft de toutes ces marchandifes qu’il fe fait u»
grand commerce dans les principales villes de la
nier du Sud , & même bien avant dans les terres ,
ainfi qu’on peut voir dans l’État général du Commerce
aux articles de Q u ito , A r ic a , L im a , Pana-,
ma, Coquimbo & même jufqu’à A q u a p u la v
H e r b e d e B e n g a l e , en Portugais herva de
Bengale. Cette herbe a une tige d’un doigt d’épais
au bout de laquelle fort un gros bouton en forme
de Koupe. On file cette houpe , & l’on en fait uvt
fil fin & affez luftré , dont les tifferands cju pays
font divers, ouvrages , entr’autres des tapis 8c des
couvertures où ils repréfentent fur le métier diverfes
figures. On en fait auflî- ces fortes de taffetas qu’on
appelle en Europe taffetas d ’herbe.
H e r b e s l â ch e s . Étoffes des Indes orientales,
moitié herbe 8c moitié coton. YJherbe dont on lés
fabrique fe rouit , fe bat 8c fe file , comme les
orties dont on fait des toiles en France. Les pièces
ont .de portée fept aunes 8c demie de long fur trois
quarts ou cinq fixiéines de large.
T a f f e t a s d ’h e r b e s . C ’eft un taffetas, des Indes
fabriqué avec une matière foyeufe qu’on tire de
diverfes plantes qui croiffeut dans l’Indoftan 8c en
quelques endroits de la Chine.
HERBÉ. Terme de commerce de cheveux. On
appelle cheveux herbes , des cheveux châtains que’
l’on a fait devenir blonds en les mettant fur l ’herbe ,
8c les ,y laiffanf long-temps expofés au fofeil, après
les avoir fait pafler plufieurs fois dans une leflîvè
d’eau limoneule. Le. blond de çes fortes de cheveu*
eft fi beau 8c fi fin , que les plus habiles perruquiers
y font trompés, 8c n en peuvent çonnoître Panifice