lendemain de la Quafîmodo, & qui dure 15 jouis»
On en parle ailleurs»
F R A N C A R T E . Mejure pour les grains dont, on
fe fert à Verdun. L a francarte de froment pèfe 38
livres poids de marc, de métçii 3 4 , de feigle 31
8c d’avoine 25.
F R AN C E . ( É ta t actuel du commerce de )
Nous . allons donner la defcription du commerce
aïtuel de France , d’après les nouveaux
Editeurs H'ollandois du Traité de Ricard j nous y
joindrons plufîeurs. détails d’autres écrivains étrangers
& nationaux.
§. Ier.L e fol de la France eft en généraltrès-fertile :
il. y a a la, vérité quelques, contrées ingrates & des
montagnes, incultes ; mais comparées au total de la
furface , elles.font fort peu de çhofe. Généralement
tout^ ce qui fert à l’entretien & aux commodités de
la vie fe trouve dans ce royaume, les objets effen-
tiels avec profufîon, les autres en quantité fuffifante
poux la confommation. Dans les bonnes années la
France produit beaucoup plus de grains qu’il n’en
faut pour nourrir fes habitans.j elle n’a point de
province qui ne ptoduife du vin, & dans plufîeurs
il s’en recueille en fi grande abondance, qu’on
en eftime l’exportation annuelle à 15 millions de
liv re s , & celle des eaux-de-vie à 5 millions. L e
vin de Champagne pâlie pour le meilleur des vins de
France.y parce que les parties acides qu’il renferme
le rendent ftomachal, & qu’il eft également agréable
au goût & à l’odorat. L e vin de Bourgogne,
dont le meilleur fe fait dans les environs de vougeot
& de Beaune , eft d’une couleur vive , agréable &
d’un goût exquis. Les côtes de l’Anjou & de l’Or-
léanojs produifent des vins fumeux & entêtans,
mais qui n’incommodent point l’eftomac. L e Sau-
murois en produit de blanc qui relfemble allez au
vin du Rhin. A Bordeaux' & plus bas en Gafcogne,
on en recueille d’excellent, blanc & rouge j le
rouge , connu fous le nom de v in de G ra v e , porte
tres-bien la mer » & eft ftomachal fans porter des
vapeurs à la tête. L e blanc & le rouge ont naturellement
un goût un peu âpre & défàgréable , mais
qui le corrige par le transport. L a Guienne produit
le F ont ac & le Languedoc le m u fcat, vins également
forts & fuaves, connus fous; les noms de Fron-
t igna n 8c de Lunel. L e long, du Rhône, entre
\ alence & Saint-Valiere, croît un vin rouge agréable
, quoiqu’un peu rude, & dont le goût a quelque
choie d analogue, à celui des bayes de mirthe. On
le nomme vin. d’hermitage , & il palfe pour être
fort lain» L a Provence, fournit entr’autres vins le
M a lv o if ie , le Roquemore & le Claret, Une partie
du pays Meifin en produit qu’on fait, palfer communément
pour vins de Champagne. Ceux- d’Alface ,
rouges. & blancs;, fur-tout’ les Gentils y. jouifïent
aaffi d’une bonne réputation, & on en recueille en
abondance. Nous aurons encore occafion de parler
ci-après des vins , vu qu’ils forment la plus belle
branche du commerce de la France . Les fels, tant de
mer que de fouace , font aulfi partie du produit .de
ce royaume, & l’exportation en eft eftimée â 10
mi, , j.ns Par an* L e fel marin s’y fait fur les côtes
méridionale & feptentrionale, fur-tout fur la der-
niere, où il y en a de gris & de blanc. L e fel de
lource fe cuit principalement en Lorraine & Bour-
inépuilable. On fait en France
de 1 huile d olives , Ipécialemçnt en Provence 8c en
Languedoc , & le commerce en eft important. L e
fafran croit dans la Normandie, l’Angomnois, le
Languedoc, la principauté d’Orange, 8c le Gâtinois
qui produit le meilleur. Les légumes & les fruits
de toute efçèce viennent â fouhait dans toutes les
provinces. Celles du nord fournilfenc préférablement
les fruits propres â faire le cidre j & celles du midi r
notamment les environs de Toulon , donnent les
câpres , les oranges, les citrons , les figues, les
grenades, les olives, & c . , tous objets de commerce
de meme que les prunes que l’on exporte par
navires du côté de Bordeaux. Plufieurs provinces
font fertiles en lin & en chauvre, & font riches en
laine. L a foie s’y cultive aulfi avec liiccès , fur-tout
en Languedoc, en Provence, dans le Lyonnois 8c
; en Dauphiné.
; Les manufa&ures & fabriques- de France font
i fort encouragées, & parfaitement entretenues, aulfi
! jouiffent-elles d’une grande célébrité. Les manufactures
de tapilïeries de haute & balfe lilïe des Gobe-
lins de Paris, celles de Beauvais , Arras, Aubufïon
: en Auvergne., 8c plufieurs autres, diftribuées en
; differeus cantons du royaume j font univerfellement
connues-, & les tapilïeries qui en fortent font recher-
: chée§ avec empreffement. Elles ne font cependant
pas aulfi lucratives à bien des égards que des manufactures
de foiries , quoique celles-ci ne foient plus-
aulfi HorilTantes aujourd’hui qu’elles l’étoient autrefo
is , fur-tout avant l’édit de Nantes. A u refte ,
pour ce qui eft des fabriques & manufactures, qu’on
trouve en Fran c e, Abbeville, outre fes fonderies
de canons & lès manufactures de favon, de toiles ,
& autres ouvrages de chanvre, qui la rendent très-
recommandable , renferme des fabriques de draps
& autres étoffes en laine, qui égalent prelque en '
finefte & en beauté celles d'Angleterre & de Hollande.
Paris, Sedan, Louviers, Elbcèuf, &c. four-
niflent aulfi des draps fins. Il s’en fait des minces de
différentes efpèces en Languedoc ; toutes les villes
du royaume ont, depuis I7f4, la permilfion d’éta»*
blir des fabriques de bas. On fait à Rouen des
cotonines de nouvelles qualités, & l’on trouve dans
la haute Normandie d’excellens maîtres pour la
teinte des draps. L a Bretagne , fertile en chanvre
8c en lin , renferme quantité de fabriques de toiles ,
de cordages 8c de voiles. L e Berry vante à bon
droit fes toiles de lin j l’Auvergne fes dentelles,
fes draperies & fon papier qui pafîè pour le meilleur
de toute l’Europe. L a ville de lâint-Flour eft renommée
pour fes belles tapifferies & fur-tout pour fes
draps ; Montpellier pour fes liqueurs $ Langres &
ChateÛerault pour la coutellerie, & (aint-Quentia
F R À
poür fes fuperbes batiftes. L e Cambrai, cette magnifique
toile qui furpafie en beauté tout ce qui fe
fait au monde en ce genre, fe fabrique dans le
Cambrefis & le Hainault. Les manufactures dé glacés
a miroir & les verreries du royaume tiennent
encore un des premiers rangs , autant par leur
produit que par leur célébrité. L e verre qu’on fait
en Languedoc eft fort beau, quoiqu’il naît ni la
finefte ni la: blancheur de celui de Venife. Une
manufacture confidérable par fon utilité, c’eft celle
du plomb laminé. L a manufacture des armes blanches
établie en Alface , & celle d’ac ie r , qui doit
fon origine à la mine de ce métal découverte depuis
quelques années â cinq lieues de Strafbourg, font
d’un grand produit. L a porcelaine de Vincennes
jouit de la plus grande réputation , quoiqu’elle
n’égale pas celle de faint-Cloud. Il y a d’ailleurs
«ne infinité d’autres fabriques & manufactures en
France ; mais le détail en îèroit trop long. Si nous
voulions donner des comptes fîmulés & faire des
deferiptions de toutes les marchandifes qui en proviennent
, un volume de la groftèur de celui-ci ne
fuffiroit pas. Nous nous bornerons donc à parler
des principales productions de la France, qui font
exportées de ce royaume chez l’étranger ; mais nous
devons préalablement dire quelque chofe des colonies
& autres établiflèmens des François aux Indes
orientales & occidentales.
§. 11. L e roi de France , outre le plus beau
royaume de l’Europe, a plufîeurs établiffemens dans
les autres parties du monde : les principaux font en
Amérique, & fur-tout dans la partie de cet hémif-
phère connue fous le nom d’i f e s A n tille s . I l y
pofféde aufli faint-Dominghe , qui eft du nombre
des grandes ifles, & l’ ifle de Cayenne. Cette dernière
eft regardée comme faifant partie du continent
de l’Amérique feptentrionale , parce qu’elle n’en eft
féparée que par la rivière de Cayenne. Nous parlerons
tres-fuccinCtement de ces diverfes poffeftions
de la France, & des denrées qu’elles procurent au <
commerce.
Les ijle s A n tille s , fituéès fous la Zone torride ;
â prendre depuisle 1 Ie degré de l’équateur, jufqu’au
1 8e tirant vers le nord, ( depuis la partie orientale
de Portorico, jufques vers la côte feptentrionale de ]
l’Amérique méridionale ) font au nombre de 28 :
les François en poffédent 10.
L a M a r t in iq u e eft ia principale de ces ifle s,
& en même-temps la plus belle , la plus riche & la
plus floriffante qu’aient les François. Elle produit.
une quantité immenfe de fucre & de café , & beaucoup
de coton, de cacao & d’indigo ; de la caflè , I
des cuirs & diverfes autres denrées, dont on forme
les chargemens d’environ tço â 160 navires q u i ,
année commune en temps de p a ix , partent de la
Martinique pour l’Europe.
L a G cuadfloupf eft ^ntre l’ifle de la Domini-
nique au fu d , celle de Marie-Galante au fud-eft,
de la Defirade a l’eft 8c de Monferrat au nord»
F R A \6^
• Çefte ifle a environ 10 lieues de la rg e , autant de
lo n g , & 60 de circuit. L a partie orientale s’appelle
Grande - Terre : la partie occidentale , dont le
milieu eft hérifîè de montagnes, eft proprement la
Gouadeloupe, ou la Bajje-Terre. Cette dernière
eft beaucoup plus fertile & plus peuplée que l ’autre.
On y cultive du fu c re , du café , du tabac, du r is ,
& diverfes autres denrées.
, Marié-G alante , fitùée â l’eft de la grande-terre
de la Gouadeloupe , a environ 1 6 lieues de circuit ;
les cannes de fucre, l’indigo , le tabac & le coton y
viennent fort bien.
L a Désir ad e , fituée à l’eft de 'la Gouadeloupe,
n’en eft diftante que de | lieues marines. Elle a environ
4 milles de long, 8c ^ de mille de large.
Les Saintes fontxrois petites ifles, dont une n’eft
proprement qu’un grand rocher j elles font fitué.es
au fud-eft de la Gouadeloupe. L e trafic des habit ans ,
qui font en très-petit nombre dans ces ifles, con-
nfte en coton, moutons, chèvres & volailles.
L ’ ifle Saint-Martin , au fud-eft de celle de
l’Anguille, a 18 lieues de tou r , mais .fans port ni
rivière. On n’y cultive que du manioc , du tabac.,
du rocou & des ,poîs j elle eft partagée entre les
François & les Hollandois. L a colonie des premiers ,
compofée d’environ 200 perfonnes, y ppfïede le
bourg de S a in t -M a r t in , où l ’on compte une vingtaine
de maifons.
L ’ifle Saint-Barthelemy, au fud-eft de celle
de Saint-Martin, a 7 on 8 lieues de tour. L e tabac
eft la principale culture de l’ifle.
Sainte-L ucie , fituée au midi de la Martinique,
a 2 f lieu es, ou environ, de circuit.
Saint Domin gue eft une ifle partagée entre les
Efpagnols & les François. Ceux-ci font en poflèffioii
de la meilleure partie, fituée entre le Cap -L o t o s 9
au fud de l’ifle vers le Ponant, jufqu’au Cap-de-
S em a n a , au nord de la même ifle vers le Levant»
De cette grande étendue de pays 8c de côtes, plus
vafte que deux des principales provinces de France.,
les chaffeurs ou boucaniers, occupent ce qui eft
entre le Cap-Lobos & lé Cap-Trib on, ou Tiburon.
L e refte, fur-tout dans le voifinage de la m e r , eft
couvert de riches habitations, où fo n cultive la plupart
des denrées qui fe trouvent dans les ifles Antilles
, entre autres, le tabac, le fu c re , l’indigo , le
gingembre , le rocou , le coton, le cacao : cette
)artie de l’ifle fournit auffi des cuirs & des bois pour
a teinture. Les quartiers les plus habités de Saint-
Domingue fon t, la Grande-AnCe, Leogane , la
Grande-Terre'y le P o r t - P a i x , le P o r t -M a r g o t ,
L ançon-Lou ife y Trou-Charles M o r in , Limonade,
le C a p -F r a n ç o is 8c le Petit-Goave.
L ’ ifle de la T ortue , fituée au 20e. dégré 40
minutes de latitude , n’eft qu’à trois quarts de lieue
de Saint-Domingue j elle produit à-peu-près les
mêmes denrées, mais en petite quantité.
L ’ifle de Cayenne eft la feule colonie qu’aienc
les François dans l’Amérique méridionale ; mais en
y joignant quelques habitations qu’ils ont du côté