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jemi-aune de large , fin treize à qn ia zï aanes de '
lon g . . . _ ' . .
javelle , ou botte d’échalas. voye^
ÉCH A LAS .
JA U G E . Art ou manière de réduire à une me- I
fure connue ou cubique , la capacité pu confidence
inconnue de divers tonneaux , comme pip es, muids-,
demi-queues , banques & autres vaifieaux forvant ;
à mettre du vin -, de l’eau-de-vie & autres liqueurs 3 |
en forte que par la jauge on peut connoître corn- ;
!bien chaque vaifleau ou futaille contient de feptiers, î
de p in tes , ou d’autres, mefures,
j a u g e , ou b â t o n d e j a u g e . C ’eft l’-inftrument i
qui fert à faire ces. fortes, de. réduirions.
. Cé bâton eft ordinairement de bois , & quelquefois
de fer : il eft quarré de quatre à cinq lignes
de o-rofleur 3 fa longueur eft de quatre pieds aéfcx
ou trois pouces, longueur qui lui a été donnée à
caufe que la pipe , le plus grand de tous lès vaif-
feau i propres à contenir des liqueurs , a ordinairement
quatre pieds de long.
L a première dimenfion marquée fur les quatre
côtés de ce bâton -, eft la longueur du pied de r o i ,
contéhant douze pouces , & chaque pouce douze
lio-nes ; elle eft marquée par deux points fur chacun
des quatre côtés du bâton. Cette mefure du
pied de roi eft le Fondement des autres qui ^font
deflus le bâton pour jauger toutes fortes d efpeces
de tonneaux. C ’ èft pourquoi dans toutes les opérations
qu’il çonvient faire pour jauger , il faut
toujours commencer à appôfor l’extrémité du bâton
où eft marqué le pied de roi , & remontant de vue
a l’autre extrémité , vous rencontrez les caractères
des efpèces de futailles & les points excédans leur-
jufte jauge. ,
Toutes les efpèces de vai{féaux â vin ou autres
liqueurs , jüfqu’ à la continence de trois muids , fe
jaugent proportionnellement, fur la comparaifon
des neuf efpèces de vaifieaux réguliers, qui font
marqués en caractères, &leu r valeur fur le bâton ,
comme étant les plus ordinaires qui fe voiturent en
France , & particulièrement à Paris.
I l y a deux de ces neuf efpèces de vaifieaux fur
chacun des trois efpèces du bâton ; fçavoir, le muid
& le demi-muid fur le premier , la demi-queue d’Orléans
& le quarteau du même lieu fur le deuxième ,
la pipe & le bufiàrd fur le troifîème , & fur le quatrième
côté il y en a trois, qui font la demi-queue
de Champagne , le quarteau du même pays & le
quart de muid.
Ce font-là les neuf efpèces de vaifieaux réguliers,
fuivant la jauge defquels on peut jauger toutes les
autres piècesirrégulîères, en obfervântla proportion
& l’harmonie qu’il y a dans leurs dimenfions.
Chacune des neuf efpèces régulières eft marquée
deux fois fur le bâton ,* la première pour indiquer
fon fond, & la féconde pour connoître fa longueur.
Ainfi chacune de ces efpèces a ‘deux dimenfions $-
l’une de hauteur, qui eft pour jauger le fond du
tonneau 3 & l’autre de longueur , pour mefurer les
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douves de longueur du même tohnéait. Cela eft
fondé fur le principe de la définition du corps
folide-, qui 4 trois dimenfions > longueur , largeur
& profondeur , tel que peut être un muid bu tel
autre valfièau que ce fo i t , ayant la même forme &
figure.
Au-deffus dé traq u é caraCbere , qui marque chacune
des neuf efpèces de tonneaux , il y a un ou
deux points , qui font autant d’efpaces qui défignent
chacune un feptier de liqueur valant huit pintes
mefure de Paris, excédant la jufte jauge du toiv
neàu défigné par fon cara&ère. C ’eft à quoi l’on doit
bien prendre garde en jaugeant.
Pour jauger' & trouver lur le bâton ces points
de feptiers excédans, voici comme il s’y faut prendre.
Appuyez l ’extrémité du bâton où eft marqué
le pied de roi , fur le jable du tonneau qui vous èft
préfenté 3 faites en force de couper le fond en deux
parties égales , fans quoi vous prendriez un faux
diamètre , qui dé concerter oit toutes vos mefures 3
regardez au-deffous du jable oppofé à celui où le
bâton eft ap puyé, quel point y paroît. Si c’eft
juftement le caractère de l’éfpèce que vous jaugez
, elle eft de bonne jauge pour J a hauteur de
Fond 3 mais fi le point au-deffus de ce caractère entre
fous le jable , elle excède d’un feptier : fi plufieurs
points y entrent proportionnés au premier, comptez
autant de feptiers excédans que vous retiendrez,
pour les joindre â ceux que vous trouverez en mesurant
la longueur des douves au-defïhs du tonneau.
Il ne fuffit pas de jauger un'des fonds du tonneau ,
il faut, s’il fe p eu t , les jauger tous deux , pour
connoître s’ils ont du rapport l’un à l’autre 3 car
afiez fouvènt„ l’un a moins de circonférence que
l’autre , & par conféqueut le diamètre plus court,
ce qui ne donne pas tant de feptiers 5 en ce cas il
faut rabattre à proportion.
Après cette opération , pofez le bâton de jauge
le long du tonneau , en obfervânt de mettre l’extrémité
où eft marqué le pied de roi fur l’extrémité
d’une douve le long du tonneau, & après condui-
fez votre vue- le- long du bâton jufqu’à l’autre
extrémité 5 voyez où l’autre extrémité de la douve
de deffus rencontre le bâton , & à ce point de rencontre
reconnoifièz le caraârère de votre tonneau \
s’il eft juftement à l’extrémité de la douve de deffus
le tonneau , il n’y a point d’excédent j mais fi le
point qui eft paffé le caractère du tonneau fe trouve
a l’extrémité de la douve du-deflus , cela donne un
feptier d’excédent que l’on a trouvé de hauteur ou
de fond, & en compofez le total de votre excédenî
' de jauge.
Après avoir jaugé la hauteur & la longueur du
tonneau , il faut remarquer fi la pièce eft bien bou-
geue 3 car fi l’enflure ou bouge qui paroît au milieu
de la pièce èft confidérable, cela donne encore
de l’excédent de jauge ; comme auffi fi les jableo
font plus courts que l’ordinaire de la p iè c e , cela
augmente encore l’excédent.
I l fout aulfi avant que d’affecûr fpn jugement
j a u
fur la jauge du tonneau, obforver fi la pièce n’a pas
les fonds renfermés en dedans, ou les douves de
deflus larges & plattes 5 fi" elle n’eft point rognée
ou de mauvaife fabrique 3 car en tous ces cas , il
eft jufte de diminuer par proportion ce que l ’on y
trouve d’excédent de jauge fuivant le bâton.
Pour découvrir ce que doit donner (d’excédent le
bouge d’un tonneau, il faut le débondonner, y faire
entrer perpendiculairement un bâton qui touche le
fond, puis mettre le doigt à l’extrémité intérieure
de la douve du-bondon fur le bâton que vous retirerez
, & vous verrez l’intervalle qu’il y a de différence
entre cette ligne & le diamètre du fond 3
prenez-en la moitié, & rapportez-là à I’efpace des
feptiers au fond de la pièce marqués fur le bâton de
jauge y & vous compterez autant de feptiers comme
il y en a de marqués.
En Normandie, les commis des aides ont un
certain ruban qu’ils appellent ja u g e -, fu r lequel
font marquées les mêmes dimenfions que celles du
bâton de ja u g e , auffi s’en fervent - ils au même
lifege. •
I l y a encore une autre' forte d’inftrument dont
on fe fort pour la jauge des tonneaux ou futailles
a liqueurs, particulièrement d e c e l le s à e a u -d e -v ie .
Il a plufieurs noms, fuivant les différens lieux &
pays où i l eft en -ufàge. A Bordeaux , Bayonne ,
Hambourg -, Lubek & Embden , on l ’appelle verge ;
à la Rochelle , Co gn a c, en Tlfle de Ré & dans tout
le pays d’Aunis , verte ; en divers lieux de Bretagne
& d’Anjou , vélte ; en Hollande , viertel ou
viertelle, & en quelques autres endroits, yerle.
Cet infiniment, qui approche afiez du bâton de
jauge , eft une efpèce de" .bioche ou verge de bois ,
de fer ou de baleine , recourbée à l’une de fos extrémités,
dont la longueur eft à peu près femblable
a celle de l’aune.de Paris, qui eft de trois pieds
fopt pouces huit lignes.
Sur cette broche font marqués de côté & d’autre
les hauteurs • & les diamètres de plufieurs mefures
égales & certaines d’ e a u - d e - v i e , de v in , pu d’autres
liqueurs , dont on fè fort pour découvrir combien
de tellçs mefures font comprifes dans un ton- :
neau 3 ce qui s’appelle verger ou jauger.
Cette broche ou jauge fé met dans la pièce que
Ion veut jauger, en la faifanr entrer par le bondon
jufqu au bas de la circonférence des deux fonds ,
r?nt d un côté que d’autre , & fuivant qu’elle fe '
trouve plus ou moins enfoncée , ou qu’il y a de
liqueur , elle marque les hauteurs & diamètres du
nombre des mefures que la futaille contient , & ces
mefures font auffi appelléès, du nom de l’inftru-
ment » vei-gCj velte , verte , &c. Ainfi l’on dit,
cette fabrique , cette pipe d’eau-de-vie contient tant
,Vj r£es> .de veltes ou de vertes , &c. pour dire
quelle renferme tant de ces mefures.
Chaque v erge de liqueur e ft eftimée trois pots &
€mi un peu moins , le p o t valant deux pintes 3 de
prie que lorfque pa r la* ja u g e un tonneau fe trouve
e Sluarante v e r g e s , cela doit ^entendre qu’il con -
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tient cent quarante pots., qui font deux cent quatre**
vingt pintes.
A Bruges en F landre, la verge eft appellée fe fle r .
J a u g e . Eft encore la mefure commune & connue,
qu un muid ou .autre vaiiïèau doit contenir fuivant
les différens ufages. des lieux. A infi l’on d i t , ce muid
eft ja u g e , pour faire entendre qu’il contient jufte
le nombre de feptiers ou de-pintes qu’il doit naturellement
contenir.
On dit auffi qu’un tonneau eft de bonne ou de
mauvaife ja u g e , quand il eft plus ou moins grand
par rapport à fon efpèce.
L a ja u g e enfeigne auffi combien un navire peut
contenir de tonfteaux , combien un tonneau de, mer ,
qui eft eftimé pefor deux mille livres , peut occuper
de pieds cubes dans le fond de cale du navire.
Chaque navire doit être jaugé auflî-tôt qu’il eft
conftruit, par les gardes-jurés , ou prud’hommes du
métier de charpentier , qui font tenus de donner
leur atteftation du port du bâtiment, laquelle doit
être enregiftrée au greffe de l ’amirauté.
Pour connoître le port & là capacité d’un navire ,
& en régler la ja u g e , le fond de cale , qui eft le
lieu de fa charge , doit être mefure a raifori de quarante
deux pieds Cûbes pour tonneau de mer , art.
4 & 5 du titre 10 du livre 2* de Vordonnance de
la marine, du mois d'août 1681.
Mé th o d e po u r l a ja u g e d e s k a u ir e s .
i °. I l faut prendre la longueur du navire , qui
eft depuis la chambre du devant jufqu’à la chambre *
de derrière , ou plutôt de l’arrière en avant, depuis
l’eftambord jufqu’à l’eftrave, au milieu de la profondeur
de l’un & de l’autre, pour avoir une longueur
réduite.
z°. On doit prendre la largeur du navire au milieu
& à chaque bout, à huit pieds de l’eftambord
d’un bout^ & de même à huit pieds de l’eftrave de
l’autre b o u t , pareillement au milieu de la profondeur
pour avoir la largeur réduite, & de ces trois
largeurs différentes ôn en doit faire une commune
pour compenfor les largeurs.
50. Ou prend enfiiite la hauteur du navire au
milieu vers le mât & à chacun de fos bouts ce
qui doit s’entendre depuis la carlingue jufques fous
le bault , & au-defius dans les entre-deux ponts de
même 3 & de ces trois hauteurs différentes on en
_doit faire aufli une commune pour compenfor les
hauteurs.
Ces trois chofes étant faites, i l faut multiplier la
longueur par la largeur commune , & lè produit le
multiplier par la hauteur commune , & le deuxième
produit le divifer par quarante-deux pieds ; & le
quotient de cette divifion donnera le nombre des
tonneaux que le naviçe peut contenir à raifori de
quarante-deux pieds en bas pour chacun tonneau.
Pprp ij