années , pour-établir à Libourne l’entrepôt des marchandifes
du Périgord & du. Limofin ,, en rendant
navigables les rivières de Lille & de la Vezère , qui
tombent dans la Dordogne ; l’une aux petites de la
ville , & l’autre à Bergerac : fi, dis-je, ces entreprises
pouvoient avoir le fuccès dont on fe flatte , il
tIncertain que le coiïimeVce'de Libourne redeviendrait'très',
confidérable^ & qu’elle n’envieroit plus
celui que* Ton peut dire- que Bordeaux fait a fes’
dépens; püifqu elle ver roi t les'navires étrangers ve-'
n ir prendre dans fes magafîns les eaux-de-vie les
châtaignes & les autres denrées de deux riches provinces,
que ces deux rivières lui apporteroient ; fça-
voir Lille , celles du Péïigord • & la V e zè re , celles'
du Limofin : mais c’eftun avantage dont Libourne
ne jouit encore qu’en eîpérânce.
B u r e a u d e s f e r m e s a L i b o u r n e»
L e bureau des fermes du roi à L ib o urn e , eft des
plus confidérables de ceux qui font de la direttion
de Bordeaux , & fon produit, année commune, ne
va pas à moins de 400,000 livres de recette ; outre
qu’il fert de conferve au bureau de Bordeaux pour
la dcfcente des vins du haut p a y s , venant de Domines,
de Sarbac ; de Bergerac , de S a in te -F o y &
Caftillon, fitués fur la Dordogne , & pour toutes les
autres marchandifes qui en defcendent.
L a régie de ce bureauSe fait par douze employés ;
fçavoir un receveur , un contrôleur, un vifiteur-
tailleur de f c l , trois gardes : & peur le fervice de
la patache & de deux filadières, un capitaine, un
maître & quatre mate ots. L a dépenfe de ces douze
employés va à près de fix mille livres par année;
I l fe tient dans ce bureau jufqu’à treize re»if-
•tres ; fçavoir , le premier pour les déclarations&de
mer ; les fécond, troifiéme , quatrième & cinquième,
pour les diverfes recettes du convoi ; les fixiéme &
-ièptiéme, pour les recettes de la comptablie ; le
.Huitième, pour celle du courtage; le neuvième
pour lès droits des. excès d’eau-de-vie à k comptablie;
le dixiéme , pour les nouveaux droits; le on-
'z iém e , pour les droits d’acquits à caution, des
châtaignes, vins & autres marchandifes venant de
Caftillon pour les bourgeois ; le douzième, pour
les droits d’acquits à caution, qui fe prennent à
Liboume 8c Courras; enfin, le treiziéme 8c dernier
, pour les faifies qui fe font dans les bureaux
.de Caftillon & de Coutras , dépendans de celui de
Libourne.
Les droits qui fe lèvent au bureau de Liboume
font femblables à ceux de Bordeaux & des autres
bureaux fitués dans la fénéchauffée ; fçavoir, les:
droits de convoi, de comptablie 8c de courtage
avec quelque différence néanmoins pour la quotité
& les exemptions.
L angon. V ille du Bazadois, fituée fur la G a- 1
ronne à 7 lieues au-deflus1 de Bordeaux..
Il y a â Langon un bureap des fermes du roi
où les vins du haut p ys , qui y paffent pour aller
à Bordeaux, font obligés de prendre des acquits â
caution , qui portent que ces vins feront déchargés
a Bordeaux, & y paieront les droits de la décharge ;
defquels vins les marchands & voituriers' fe foumet-
tent de rapporter certificats au dos defdits acquits-.
I l pafië auffi à ce bureau quelques autres marchandifes
, mais en petite quantité. Les principales
font le mairain , les codres feuillars , les barres-
forts de bois, de pin, les lattes & tables du même
bois , & quelque peu d’huile d’olive & de noix :
! auffi ce bureau n’eft-il regardé que comme un barreau
de ‘ conferve pour celui de Bordeaux. Voyez
Parricle de cette ville.
\ ■ kes. droits qui fe lèvent à Langon , font la grande
: & petite coutume ; fçavoir 3 { pour cent de la va-
! -^eur & eftimatipn des marchandifes à l’entrée, &
\ \ Pour cent à Tiffue, avec les deux fols pour
[ livre de contrôle.
Le s marchandifes qui font déclarées audit bureau
pour le compte des bourgeois de L angon, font
exemptes des droits d’entrée & d’ifïîie , en confë—
quence d’un privilège confirmé par divers arrêts du
confeil.
ÏJ-y a auffi quelques communautés voifines , qui
jouifîent de cette exemption.. Ces communautés font
Saint-Macaire, Duras , Monfegur , Caftel-Moron ,
Saint-Ferme, & deux autres des environs.
Les vins du cru de Langon font réputés vins de
la grande jauge.
i l y a pour la régie du bureau de Langon f it
commis & deux matelots, pour une chaloupe. Les
fix commis font un receveur, un contrôleur-, deux
vifiteurs &,deux gardes.
L e receveur & le contrôleur tiennent cinq re-
giftres ;. le p remier, pour la recette des. droits d’entrée
& d’iffue ; le fécond, pour i ’enregiftremtnt des
vins du haut pays.,, eaux-de-vie, prunes & autres
marchandifes qui font déclarées par les marchands
& voituriers, être conduites à- Bordeaux , & les
droits y. être payés; le troifiéme qui eft imprimé,
pour enregiftrer les acquits à caution : le quatrième
, pour enregiftrer la quantité des fels montant
au haut pays , & for tant de Bordeaux avec les droits
qu’ils ont payés ; c’eft proprement le contrôle des
fels , qui foiit taillés au large à Bardeaux pour être
tranfportés hors dé la fénéchaufïee ; le cinquième -,
eft p'ourTenrègiftrement des faifies qui fe font au
bureau de Langon.
I l s y tient encore un fixiéme regiftre par les vifiteurs
, fur lequel ils enregiftrent toutes les vifites-
des bateau* & le nombre des eaux-de-vie r vins
prunes, f e l s & généralement toutes autres marchandifes
qui montent 8c qui defcendent par la rivière
de Garonne ► Blaye eft un port confîdérable-, fitué fur la rivière
de Gironde c’eft-à-dire ,, fur cette rivière qui
forme l’union de la Garonne & de la Dordogne ;
elle eft â huit lieues. au-deffous de Bordeaux. Son
commerce confifte en vins rouges & blancs, qu’011
recueille dans fon ter itoire, qui à: la vérité ne fout
pas fi bons q u ï ceux de Bordeaux ; mais qui auffi.
fe vendent beaucoup moins , ce qui y attire quel-
ques vaifTeaux étrangers , partipulierement quantité
de barques de Bretagne, où on les préféré aux
vins des autres'eantons de la Guienne. Il s y fait
beaucoup d’eau-dé-vie.
U n autre objet de commerce pour cette ville ,
eft Celui'.des bleds, foit de ceux quon recueille
dans les marais qu’on a defféché dans le voifinage
de jBlaye , foit de ceux qu’ on tire de la Xaintonge;
les étrangers y en venant charger une très-grande
quantité, lorfque le négoce en eft libre, & le transport
en eft permis.
B la y e eft encore oonfidérable par un bureau des
fermes du r o i , qui' eft d’autant plus important qu’il
fert comme de contrôle aux.bureaqx de Bordeaux,
de Lan g o n , de Bourg & de Libourne, pour les
marchandifes qui montent & defcendent les rivières
de Garonne $c Dordogne. Il eft vrai que la recette
n’y eft grande-qu’à caufé des vins , eaux-de-vie &
grains , dont il iè charge quantité à Blay e : les autres
marchandifes y entrant & fortant en moindre abondance.
I l y a pour k régie de ce bureau jufqu’à 7 ç employés
, dont les appointemens joints aux frais de
bureau, peuvent aller à près de 17,000 livres.
Ces commis & employés , font, un receveur, un
Contrôleur, un feribe, • deux vifiteurs , trois gardes
de terre, le capitaine & le lieutenant de la patache
, cinq commandans pour cinq chaloupes , dont
l’une s’appelle la chaloupe de vijite ; cinq matelots
8c un maître, pour le fervice de chacune defdi-
tes chaloupes ; un maître , un cpntre-maître , un
charpentier, un canonier, & un garçon de bord
pour la patache.
‘ Outre la patache de B la y e , il y en a encore deux
autres pour le fervice du même bureau, l’une qu’on
nomme lap a ia ek è de P o u i lla c , & l’autre p a ta che
de V e r d on , du nom des lieux où elles font
poftées.
L a patache de Pouillac , qui eft à deux lieues
au-deffous de B la y e , en defeendant la rivière , eft
èommandée par un capitaine qui a pour fon fervice
une chaloupe montée d’un foldat-commandant, d’un
maître & de cinq matelots. L a patache a auffi un
maître & un garçon de bord.
Les employés pour 1a fecopde patache font les
mêmes qu’à la première, : foit pour la qualité, foit
pour le nombre.
Cette patache eft à douze lieues ; au-defïous de
B la y e , prefqu’à l’embouchure de la Gironde. -Ses
ionèrions font d’empêcher tous les verfemens des ba-
timens- de montée & de defeente qui mouillent ordinairement
à Verdon, & de faire payer les droits
fur les denrées qui fe chargent à la côte de Medoc,
pour la Xaintonge, ou qui viennent de la Xain-
tonge en Medoc.
Enfin, il y a la brigade à cheval de Soulac, com-
pofée de quatre cavaliers, & commandée par un
capitaine 8c un lieutenant.
I l fe tient au bureau de B la y e douze regiftres;
le premier, pour les déclarations , que tient le feribe
du bureau ; le fécond , pour la recette des cargai-
fons , aux convois , tant en gros qu’en menu , que
tiennent le receveur & le contrôleur; le troifiéme,
tenu par les mêmes, pour la recette des ço f. par
tonneau ; le quatrième, pour enregiftrer les droits
des fels venant de Poitou ; le cinquième, pour la
recette des droits de comptablie ; le fixiéme, pour
les nouveaux droits ; le feptiéme, pour les droits
de courtage: le huitième , pour1 les droits d’acquhs
& émolumens; le neuvième, p o u r l’enregiftremenr
des barques de fel de montée. Ces fix derniers font
pareillement tenus par le receveur & le contrôleur.
L e dixiéme, que tient le feribe, pour enregiftrer
les acquits à caution, que font obligés de prendre
à B la y e , les cochers , meflàgers & autres voituriers
qui vont par terre à Bordeaux ; le onzième,
auffi tenu par le feribe, pojar fervir de contrôle à
tous les bâtimens étrangers- qüi chargent à Bordeaux
& à Liboume , 8c encore pour les 50 f. par tonneau
, qui fè lèvent fur lefdits vaifTeaux ; enfin, lie
douzième, pour les faifies ; c’eft encore le feribe qui
le tient.
Les fondrions des deux vifiteurs du bureau de
B la y e , font femblables à celles des vifiteurs d’iflue
de Bordeaux.
Les fondrions de la brigade à cheval de Soulac
font d’empêcher les fauxfonages qui peuvent fe faire
dans les marais falans de Soulac , 8c pointe de Soulac
; lefquels marais font au nombre de quarante-fîx
ou environ. L e capitaine de cette brigade tient trois-
regiftres; un, pour enregiftrer tous les fels qui s’enlèvent
de ces marais pour être tranfportés à Bordeaux
&. à Libourne , & ceux que. le fermier accorde
aux habitans de la firerie de Lefpave ; l’autre, pour
fervir de journal de la marche de fa brigade ; & le
troifiéme, pour enregiftrer lès faifies qu il fait.
Les droits qui fe perçoivent au bureau de B la y e ,
font femblables à ceux de Bordeaux, & co’nfiftent
en droits de convoi, de comptablie & de courtage.
I l faut cependant remarquer que les vins du crir
de B la y e , ne doivent en tout aù convoi qu’onze
•livres par tonneau ; & à la comptablie, 1 liv. 2 fi z d.
Pour le courtage, ils n’en paient point au fermier ±
mais à un feigneur particulier.
Quoiqu’on ait dit ci-defius, rl y a pourtant quelque
différence entre les droits de comptablie de
B la y e 8c de Bordeaux : ceux-ci ne montant, pou r
la grande & petite coutume qu’à 3 { pour ~ à l’entrée
, & 2 { à l’iffue ; & ceux de B la y e étant-dè y
pour | , tant à l’entrée qu’à l’ iffue.
I l fe lève auffi au courtage dans le bureau de
B l a y e , le premier tonneau de fret de tous les vins
de Medoc 8c de Bourg qui s’y chargent, duquel droit
les vins de B la y e font exempts. Les autres droits,
font, le droit de branche de cyprès, le droit d’acquits
&'expéditions * le droit de qui lia g e , celui de vifîte ,
celui d’expédition à la patache, que ùe payent pas
les bâtimens chargés de bois à brûler, di’oîgnons &;
de poterie, & quelques autres.