
Tonnere & V e \e la y , font les villes principales
gouvernement de rifle de F rance. Elles font toutes
quelque commerce en productions du p a y s , qui
confluent en bleds, vins , cidres, cuirs , fromages,
quelques draps & étoffes de laine, des toiles &
autres articles, qui fe débitent dans les foires & marchés
qui fe tiennent dans chacune de ces villes.
A m ie n s , ville de France fur là Somme, dans ce
qu’on appelle la moyenne P ic a rd ie , eft célèbre par
(on commerce, particulièrement par les étoffes qui
fe fabriquent dans fa fayetterie, telles que des ferges
de toute forte , des camelots, bouracans, diablement
forts , ras, étamines , revêches & autres étoffes
dont il fe fabrique plus de cent mille pièces par an
dans cette ville. Les camelots S A m ie n s , quoiqu’in-
férieurs à ceux de Bruxelles , font néanmoins très-
eftimés. L a manufacture des favons verds eft confî-
dérable à Am ie n s , & dans fes trois (avonneries i l fe
fabrique au moins dix mille quintaux de ces fortes
de favons, qui s’emploient au dégraiiîàge des étoffes.
A b b e v i l l e , capitale du comté de Ponthieu, dans
la baffe Picardie fur la Somme, eft fameufe par fes
belles fabriques de draps & autres étoffes de laine.
L a principale & la plus intéreffante eft celle de V a n -
voba is, dont l’établifïement a fervi de modèle à plusieurs
autres,, qui aujourd’hui prétendent l’éga ler,
tant par la fineffe de l’étoffé, que par la bonté dès
apprêts , la beauté & la durée des couleurs, & l’habileté
des ouvriers ; & qui même lui difputent la
concurrence par le bas prix : telles font les fabriques
de Sedan. ,.de Limbourg , d’Aix-la-Chapelle, de Ver-
viers, &c. Il fort aufli des fabriques S Abbeville d’autres
étoffes en la in e , comme bouracans , ferges,
dtoguets, tiretaines , pinchinas & ras ; & en f i l , des
coutils & toiles de diverfes fortes. On y fabrique du
Fi von qui eft fort efthné.
S a in t -Q u e n t in , capitale du Vermandois- fur la
Somme , fait un très-grand commerce des toiles qui
fe fabriquent dans fon enceinte ou aux environs ;
qualités & affortknens tels qn’on les defire. Les toiles
de Saint-Quentin confiftent en batifte, claires,
demi hollandes ou toiles fortes , trufettes, linons ,
gazes de f i l , toiles à cravates & mouflelines de différentes
largeurs &. longueurs, &. de diverfes qualités
& prix.
B e a u v a i s , grande ville de la même province ,
a diverfes manufactures d’étoffes, fpécialement de
ratines-, bures, ferges & flanelles.
S a in t -V a l é r y , autre ville de Picardie, fituée à
l ’embouchure de la rivière de Somme, a un port de
difficile accès & peu fur pour les vaifleaux qui y
féjournent. Malgré c e la , il s’y fait un commerce
d'exportation fort étendu en marcbandifes des fabriques
d’Amiens, Abbeville & Beauvais. L e commerce
^importation l ’eft encore plus , parce que Sa in t—
V a lé r y eft un des ports privilégiés pour l’entrée
des étoffes , drogueries & épiceries étrangères dans
le royaume.
-Ca l a i s , ville de Picardie dans le comté d’O y e ,
entre Gravelines & Boulogne. Son port & celui de
Saint-Valéry, font les fèuls par od les draperies
étrangères ont la liberté d’entrer dans le royaume.
L a fituation de C a la i s , qui n’eft éloigné des côtes
d’Angleterre que d’environ fept lieues, ravorife beau*
coup le commerce interlope que les fujets de ces
deux royaumes font réciproquement, notamment etv
Angleterre, où les riches étoffes dz F ra n c e , les
modes & quelques autres articles font infiniment e£-
timés. Boulogne , ou Boulogne fu r me r , a un port
petit & de difficile entrée, l ’eau n’y montant guère
que de fept pieds dans la plus haute mer, de forte
qu’il n’y peut entrer que des barques tirant au plus
5 à 6 pieds d’eau. L a pêche du hareng & celle du
maquereau font la principale occupation des habi-
tans de Boulogne. L e produit de la vente de ces
deux fortes de poifïons monte, année commune,
a 400,000 liv. au moins. On fabrique des toiles à
Boulogne dont les qualités font eftimées.
M o u y , M e ru , T r ic o t , Envoilé , Glatigny r
Crevecocur, B lic o u r t , B u ch y , P ifc e lie u , S en lis y
Molien , O ÿ ig n y , Betembaut & S a r eu , font les
principaux lieux d é jà Picardie ,>oû Ton fabrique des-
draps & des étoffes de laine, à l’inftar des manufactures
d’Abbeville. Peronne , N e jle , TiUoy, Flen-
v illie r , Naours , Beaucamp-le- V ie l , Grandvil-
lie r s , Feuquiers S c P o ix , font des villes ou-bourgs
du même gouvernement qui ont diverfes manufactures
en.étoffes de laine & entoiles , & qui font quelque
commerce en productions du p a y s , confiftant
en grains, chanvres & laines propres pour les fabriques
des petites étoffes. Reims,ou R h e im s , en Champagne , eft une ville
qui quoique fituée dans l’intérieur du p a y s , fait
un grand commerce, principalement en étoffes de
lainex tels que des étamines, dès r a s , droo-uets,
ferges, draps, flanelles, crêpons, bluteau & au-
très , dont elle a grand5 nombre de manufactures
dans fan enceinte. On compte aufli à Reims plu—
fièurs manufactures de bas de foie & dé laine, de-
chapeaux , cuirs & toiles. Sedan, ville de Champagne , eft célèbre par un
grand nombre de fabriques de draps dont les quav
lités font très-eftimées. On fait, à Se d an des draps
noirs fuperfins, forts, doubles & de toutes les qualités
dans cette couleur; des draps écarlates fuperfins
de la première force & qualité , & de tout autre
couleur quelconque , & de différens prix. Il y a
aufli une fabrique de ferges t-rès-cônfidérable a Sedan,
6 une manufacture de points qui fait fubfifter plu-
freurs milliers de perfonnes r tant au-dedans qu’aux
environs de cette ville. Chalons , ville de la même p rovince, a aufli un.
grand nombre de fabriques & manufactures d’étoffes
de laine, fur-tout dé ferg es , eftamets, éverfins &
étamines. On y fait quantité de toiles de lin: & d e
chanvre-
T r o y e s , capitale du comté de Champagne fur
la Sei nee f t célèbre par le grand commerce & les
richeffea de fes habitans , aufli-bien que parla: grande
quantité de fabriques & manufactures, qui y fïett-
riftent, & font vivre un nombre infini d’ouvriers.
Le s principales de ces fabriques, dont quelques-
unes font particulières d cette v ille , font d’étoffes
de laine, de fatins, de ferges drapées, de- toiles de
lin ôf de chanvre ; de bazins, treillis , coutils &
chapeaux. L e commerce de cuirs eft très-important
a Troyes.
R é th e l, Château-Porcien, Château-Regnault,
Charleville, Donchery, Mou fo n , Au tre court,
Rcnvoy y FiJ'mes, Damery, C h â tillon , Dormans,
V e n u s y Epernay y Sainte-Menehould, Siuppe
ou Suippe y Sommepy ou Sompy en Tartenois ,
Rout^ y P e r th e s , Su n vilie , Soijfons , Pierre-
P o n s y Moncorhet, V e rv in s , Fontaine, P lo u -
miçrs, G u ife , la Fere, Chaulny ,N o y ô n , V ille rs-
Cotterets y la Ferté-Milon , Neuilly Saint-Front y
la Fere en Tartenois, Château-Tierryk Charly y
Mommirel, Orb ay , Saint-d’A b loi s , Bremes ,
V itry y S a in t-D id ie r , V ig n o ry , JoinvilUyVaffyy
Chaumont y Langres , Bar-fur-Aube , Brienne ,
D ien v ille , les grandes & petites Chapelles , la
Ferté-Gauchery laFerté-fous-Jouarey Saint-Jufly
Anglure , Se\anne & P ro v in s , font des villes &
bourgs de la Champagne & de la Brie, qui tous ont
des fabriques de draps, ferges & autres étoffes de
lqine , de toiles & de beaucoup d’autres marchan-
difes. Il fe fait un commerce confidérable des vins
de Champagne dans plufieurs parties de l’Europe.
Ceux de l’éleCtion d’Epernay tiennent fans contredit
le premier rang entre ces vins , & particulièrement
ceux de la vallée de Pierry & de la côte d’A y &
d’Hautevilliers., On met ce vin en bouteilles pour
le tranfporter à Paris , en Flandre , en Hollande,
Angleterre, en Allemagne, en Piémont & juf-
qu en Pologne & en Ruffie , où l’on préfère communément
le vin-moujfeux de Champagne, au non-
moujfeux , qui moins agréable, peut-être, que le
vin-mouffeux, eft néanmoins & meilleur & beaucoup
plus fain. On ne peut fe difpenfer de remarquer
ici qu’étant impoflible de contefter à ces vins
leur excellence par rapport au goût, ceux qui ont
intérêt au débit des vins de Bourgogne & d’ailleurs,
ont affe&e de publier que les vins de Champagne
étqient funeftes, en ce qu’ils caufoient la goutte ; ce
q u i, de notoriété publique, eft contraire à la vérité
, puifque très-peu de perfonnes font attaquées de
cette maladie dans toute l ’étendue de ce gouvernement,
bien que parmi les Champenois il y en ait
bon nombre q u i, friands \du vin de leur pays , en
boivent avec excès. Les vins de Reims & de Sillery
peuvent être comparés pour le goût & la bonne qualité
aux vins de l’éleélion d’Epernay. I l y a encore
des vins dans plufieurs autres cantons de Champagne
& de Brie, moins délicats à la vérité , mais cependant
très-bons 5 comme ceux d’Oxmery, Bar-fur-
Aube , Muffy, EfToy, G ié , Châtillon, Vertu s,
Dormans , G uich y, Pargnant & Coucy.
D ijo n , capitale de la Bourgogne, fait un grand
commerce de draperies qui fe fabriquent dans la Provîn
ec, mais ne fabrique par elle - même aucune
étoffe de laine que des ferges, qui fe font avec des
laines du pays.
M a r c y V i t a u x , Sem u r , M o n tb a r t , R o u -
v r a y , A v a llo n , A u x e r re , Seignelay , N u it s ,
B e a u n e , A r n a y - l e - D u c , Châlon-fur-Saone *
Tournus y Verdun , Lon ch an s , Chiny , M â c o n ,
B ou rg -e ii-B rejfe , M o n t lu e t , P o n t - le - V a u x ,
Charolles , M o n t - S a in t - V in c e n t , A u xonn e ,
B elle garde, A u t u n , Châtillon-fur-Seine, J o ig n i ,
S e n s , Villeneuve-VArchevêque, B ig n y , A n c y—
le -F r a n c y Château - R e n a r d , font dés villes &•
bourgs de la Bourgogne , de la Brefte & du Bu-
g e y , qui ont quelques fabriques & manufa&ures de
draps, ferges & autres étoffes faites en plus grande
partie avec des laines du pays. Indépendamment de
ces articles, la Bourgogne en a un de la plus grande
importance dans fes vins y dont le commerce fait la
richeffe de cette province. On diftingue la Bourgogne
en baffe & haute, à caufe de fes vins. L a bafle
Bourgogne eft un vignoble fort étend.1, qui contient
plufieurs cantons renommés par leurs vins rouges &
blancs. Ils produifent, année commune, plus de
100,000 muids de vin, mefure de Paris* L e muid
contient 300 pintes, & eft divifé en deux feuillettes
, chacune de r5 o pintes. Le.vin de la baffe Bourgogne
eft un des meilleurs du royaume. Il eft ordinairement
un peu inférieur à ceux de la haute
Bourgogne , & quelquefois il les furpaffe. Les vins,
de haute Bourgogne valent mieux dans les années
humides; ceux ae la baffe l’emportent dans -les années
feches. O r , comme dans dix années il s’en
trouve à peine une feche , il s’enfuit que la haute
Bourgogne a un avantage marqué fur la baffe. Cependant
il fe trouve chaque année dans celle-ci des
vins d’élite qui peuvent être comparés à ceux de
Beaune & de N u its , & qui font achetés par les
pourvoyeurs du r o i, les Normands & le s Flamands^
Ces derniers les transvafent dans des demi-queues de
la haute Bourgogne, & les vendent comme s’ils en
venoient. Une autre preuve de la bonté de ces vins,
c’eft que lorfque la haute Bourgogne manque, les
pourvoyeurs de la cour y fubftituent ceux de la
baffe. Les principaux cantons de la baffe Bourgogne
fon t , A u x e r re , C ou lang e , Irencyy Tonnerre ,■
A v a lo n , J o ig n y , Ch ab lis : ceux de la haute Bourgogne
font, P om a r , Chambenîn , B ea u n e , le
clos de V ou ge a u , Volleney , Morache , la R o
manée , N u i t s , Chajfagne & Murfault. Les premières
cuvées d’Auxerre paffent pour les meilleurs
vins de la bafle Bourgogne ; ils ont beaucoup de
couleur, de corps & de faveur. Irency en produit
à-peu-près dë même qualité. On compare le fol
d’ïrency à celui de Nuits, parce que les vins qu’ils'
produifent fe refïemblent à divers égards, & fe gardent
également bien pendant quatre à cinq ans , iorf-
qu’ils font folgnés & qu’on les tire en bouteilles à
propos. Les vins rouges de Coulanges & de Ton-
nere font plus fins , plus légers & d’une feve plus
délicate. On les compare à ceux de Jfeaune, Vol*