
«$4 F R A
fon Ele&ion ; enfuite ceux d’Angoulême. Les autres
cantons font plus communs.
Il faut remarquer que Cognac n’eft plus de la généralité
de Limoges ; mais en a été démembré lors
de l’établiffement de celle de la Rochelle.
Le s vins rouges fe débitent en Limofîn & en Poitou
, & les blancs fe brûlent pour l’eau-de-vie.
L e débit des eaux-de-vie eft différent fuivant les
temps. Pendant la guerre, elles s’enlèvent par les mu-
nitionnaires François, pour la fourniture des armées
de Flandre & d’Allemagne. D’abord elles fe voiturent
par terre jufqu’à Châtelleraut, où elles s’embarquent
fur la V ien n e, pour paffer enfuite par la Loire ju f qu’à
Orléans, d’où elles fe diftribuent dans les lieux
de leur deftination.
En temps de paix , le débit en eft plus facile, plus
prompt & plus abondant , les flottés Angloifes &
Danoifes les venant charger à Charente, au-deflus de
Rochefort, & en enlevant une très-grande quantité ,
particulièrement celles de Cognac. I l fe paie à Charente
un droit fur les eaux-de-vie qu’on prétend faire
quelque tort à ce commerce.
L e fafran eft après les vins un des meilleurs commerces
de YAngoumois. Il eft vrai qu’il ne s’y fou-
tient pas fur un aufli bon pied qu’autrefois , la culture
de cette denrée dans quelques autres provinces
de France > particulièrement dans l’Orléanois & le
Gatinois, en ayant ‘ beaucoup diminué le produit,
qu’on faifoic alors monter à plus de cent mille livres
par an; une autre raifon de cette décadence eft,
que les autres fafrans ont plus de réputation que
ceux-ci.
Il s’en fait néanmoins toujours de grands envois en
Allemagne 8c à L y o n , d’où i l pafle en Hongrie, en
PrufTe, & dans les autres pays froids, où il eft d’un
grand ufage, Voye\ l’article du Safran.
Un troifîéme objet de commerce pour Y Angoumois
, font fes forges, particulièrement celles de
Rançogne, de Planche-mênicr, deRoche-feaucourt
& de Rouffines, dont le fer eft très-doux, très-facile
à la fonte, & d’un bon ufage fous le marteau. I l s’emploie
pour la plupart en canons , en bombés 8c en
boulets , pour les arfenaux de marine de fa majefté,
particulièrement pour celui de Rochefort.
F a b r i q u e s d ’ÉLt o f f e s .
L I M O G E S . V ille de France, capitale du
Limofîn. Cette ville n’ayant point de rivières navigables
, jn’a aucun commerce au-dehors avec l’érran-
“g é r , & tout celui qu’elle fait eft par charroi & dans
le dedans du royaume, n’y ayant guères de villes j
confîdérables dans les provinces, même les plus I
éloignées, où fes marchands n’aient des eorrefpon-
dances.
Limoges eft le chef-lieu du département d’un inf-
pe&eur des manufactures, qui s’étend fur toutes les
fabriques du Limofîn, & en partie fur celles de l ’Auvergne
& de la Saintonge.
Les principaux lieux de ce département, font
Saint-Jean d’A n g e ly , N e ra c , Angoulême, la Ro-
F R A
che-foucault, T u lle s , Brives, Sai nt-Leonard, & Au«*
beterre.
Les feules étoffés qui fe fabriquent à.Limogesy font
des reveches. Il s y en fait treize cent pièces.
S a in t - J ean d A ngèly. I l s’y fait des draps
d une aune de la rg e, & des étamines : les draps vont
a. quinze cent pièces par an ; & les étamines , à
cinq cent pièces. L e débit s’en fait à Bordeaux & à
Limoges.
N e r a c . Il s’y fa it , année commune, dix-neuf
cent pièces de draps, & douze Cent cinquante pièces
de ferges. Toutes ces étoffes fe débitent comme celles
de Saint-Jean d’Angely.
t A N G O U L EM E . Ville de F ran ce, capitale de
1 Angoumois. Sa fîtuation la rend très-propre ait
commerce, & elle en fait un très-confîdérable, foie
au dehors foit au dedans du royaume. Ses vins , fes
eaux-de-vie , fes fafrans , fes papiers & fes draperies
, font les principaux objets de ce commerce.
Ce font des ferges & des étamines qui s’y fabriquent
: de celles -ci, quatre cent cinquante pièces ;
de celles - là fix cent cinquante. Elles fe débitent fur
le lieu.
L a R oche-foucault. Sa fabrique n’eft que pour
les ferges ; elle en donne environ cinq cent pièces
par an. On y fait aufli des gands.
C ognac; Il s’y^ fabrique quelques étamines.
S e n t e r e u n e , ( la ) I l s’y fabrique quelques
draps.
T ulles. On y fabrique des revêches ou petitsraz,
environ huit à neuf cent pièces.
* Br iv e s . Ce font aufli des revêches; on y en fait
cinq cent pièces.
S aint-L eonard. On y fait.des draps forts 8c
grofliers, qui font propres pour l’habillement des
troupes & des payfans.
Toutes les étoffes fe confomment en partie dans
les lieux où elles fe fabriquent, & en partie à Bordeaux
, Limoges, & Angoulême.
A ubeterre dans 1*Angoumois. Il n’y a point
de fabrique d’étoffes de laine dans cette ville rmais
on y fait quantité de greffes toiles & de papiers ,
qu’on fait conduire à Bordeaux , à la Rochelle, & à
T ouloufe.
Commerce p a r t ic u l ie r de L im o g e s
e t d ’A n g o u lêm e .
L imoges eft fîtuée fur la V ienne, qui pafle lé
long de fes fauxbourgs du côté du levant. Elle n’en
tire pas néanmoins beaucoup d’utilité pour fon commerce,
cette rivière n’étant prefque pas navigable à
caufe des roches qui en coupent le cours, & ne pou*
vant fervir au plus qu’au flottage des bois.
Ce défaut de la Vienne, & l’éloignement de L imoges
de la mer, lui rendant impoflible le commerce
que les villes fîtuées fur les côtes, font ordinairement
au-dehors avec les Etrangers ; l’induftrie & le grand
travail de fes habitans,lui en ont fait au-dedans du
royaume un affez Considérable, par les diverfes cor*
redondances qu’ils yentretiennent, & pa r l’entrepôt
F R A
qu ils ont établi dans leur ville pour la plupattë des
marchandifès qui vont de Paris à T ouloufe, où de
Touloufè à Paris; aufli-bien que pour celles qui
viennent de Lyon à Bordeaux, & de Bordeaux à
Lyon;
C eft pareillement à Limoges què s’entrepofent les
lels de Brouage,. qui fe confomment en Auvergne;
& c eft .encore par fes marchands & fes commiflion-
naires que s entretient le commerce qui fe fait d’A u vergne
& de Lyon avec la Rochelle.
Outre ce Commerce d’entrepôt', Limoges a quantité
de différentes fabriques, foit chez e lle , foit aux
environs, dont elle trafique, ou dans le pays, ou
avec les provinces voifînes, & même jufqu’à Paris.
Ces fabriques font ; des étoffes de laine dont on a parlé.
ci-deflùs ; des cuirs, defquels il y a plufîeurs tanneries
fur la Vienne , dont les eaux font très-bônnes :
pour leur apprêt ; des gands qui fe font en quantité à .
Saint-Jiinien & dans quelques autres lieux voifîns ;
des papiers qui fe manüfafturent dans les moulins de
Saint - Leonard ; de la clouterie, particulièrement
pour la ferrure des chevaux, dont on tire beaucoup
pour Paris , où elle eft fort eftimée : des épingles qui
y occupoient autrefois, plus de vingt maitrès, & de
cinq cent ouvriers ; des fils de fer très-doux & très -
maniables : enfin, quantité de boutons de foie & de
f il, dont a la vérité, la fabrique a beaucoup fouffert ,
tant qu a dure la mode dès boutons d’étoffes ; mais
qui a commence à s’y rétablir depuis que l’ufàge en
a ete fî fevèrenvent défendu.
I l fo fait aufli à Limoges des émaux fur cuivre ,
dont les couleurs font vives & très-brillantes , à caufe
de 1 eau dé la Vienne qui eft propre pour les détremper
; mais les deflms en font fî peu çorreéts ,
que les connoiflèurs n’en font aucun cas ; il s’en débité
neanmoins dans les provinces voifînes ; 8c l ’on
en voit quelques-uns à Paris,
inunc uea” ----j. uc yçikC viuc , OC C Cil
par cette riyiçrç, ou qu’elle envoyé fès marchandifès
a 1 étranger, ou qu’elle reçoit celles dont elle a be-
ioin. Les marchandifès qu’elle envoyé, font principalement
des papiers & des eaux-de-vie; celles qu’elle
reçoit, font entr’autres des fels,
Ces fels viennent de Saintonge „ & font amenés à
Angoulême fur des gabares ou bateaux, d’où ils fe
tranfponent en Auvergne , en Limofîn, en Périgord,
& dans la Marche , fur des charrettes & fur d e f mulets
; mais malgré la néceflîté du fel dans ces quatre
provinces , les profits for cette marchandifo font très-
mediocres, tant à caufe des droits du bureau de
1 qmie-Charente, qui en emportent la meilleure partie,
que pour les différens péages des feigucurs qui
ont des terres fîtuées fur cette rivière, qui nq.laiffent
^re V f PlUS *pÜ au marchand.
A l egard des papiers & des eaux-de-vie, on peut
voir ce <ju c>n en a dit ci-deffus, en traitant du rom-
mçrce general de Y Angoumois ; les négocians d}An-
goulême ayant par rapport à ces deux objets de
Commerce. Tome I I . F'a/ç. f . .
F R A
commerce, les mêmes facilités, & aufli les mêmes
obftacles que ceux du refte de la province.
On ne répétera pas non plus ce qu’on a dit ci-
deflus dès manufactures de lainage de cette ville ;
1 & l’on fe contentera d’ajouter qui! y a peu d’autres
fabriques confîdérables, à la réierve de l’horlogerie
qui y étoit autrefois en réputation ; mais qui aura
peine a s y foutenir, les meilleurs ouvriers ayant pafle
à Saintes , à Blois & à Poitiers.
On ne fçait fl l’on doit mettre au nombre des mar-
chandifes qui fe font dans cette v ille , l ’eau qui de fon
nom , eft appellée eau <TAngoulême, qui fert à
embellir le teint. L e foin que les femmes ont toujours
eu de leur beauté, lui avoir donné affez longtemps
la vogue ; mais; foit qu’on ait été défobufé de
fes vertus , foit que le prix en ait dégoûté, à peine
s en débite-t-il encore affez pour en co'nferver queU
que mémoire* *
C O M M E R C E D U P O I T O U .
connns, la .Bretagne & 1 Anjou au feptentrion, la
Tourame, le Berry & la Marche à l’orient, l’An-
goumdis & la Saintonge au midi, & l’Océan au
couchant.
Les grains, les vins , les châtaignes & le chanvre,
font les fruits de cette province, dont il fe fait quelque
négoce avec les provinces voifînes ; aufli-bien que
de la la in e , qui eft en affez grande abondance. 1
^ Les prairies , dont 1 iierbe eft exeellentè pour les
plturages, fervent aux habitans i élever & nourrir
beaucoup de gros & menu bétail; des chevaux &
des mulets, donc il Ce fait un commerce très - cou •
lidérable.
Les- plus beaux haras-de chevaux font dans les
douze paroiffes cjue l ’on nomme le B o is tCEJlos.
Voye-[ Haras , a l'endroit des chevaux du P o ito u . '
Il y U dans quatre de ces paroiffes des marais fà-
lans, que l’augmentation des droits de la traitte de
la Charente a fait abandonner.
Il fe conftruit aux Sables d’Olonne des vaiffeaux
pour la pêche de la morue verte & fèche , & il en
part tous les ans quantité dans Btfaifon. U n e partie
du poiffon que les Olonnois rapportent, refte pour
la confommation de la province ; l’autre partie fe décharge
à Nantes ; à Bordeaux & à la Rochelle.
Il s'y lait aufli un affez bon débit de fe ls , que les
Anglais enlèvent en échange de charbons de terre 8c
des raifîns qu’ils y apportent.
L a généralité de P o ito u eft pour la plus grande
partie fîtuée fur la mer; & elle enferme une grande
étendue des côtes où il y a plufleurs affez bons port..
Les plus connus font, les fables d’Olonne , Beaül
voir-fur-Mer, la Barre-©einont, Saint-Gilles, le Jar
Saint-Benoît, de la Tranche , Noirmoutifrs & l’Ifle!
Dieu. Celui des fables d’Olonne eft le p r in c ip a l • les
autres font moins eonfidérables. r * !
Cette fîtuation & cette quantité de ports devroienc
faire, ce fenible, fleurir le commerce dans toute cette
généralité, particulièrement celui de mer; maisbico
L l