
en fers de Suede & en aciers de Hongrie ; en fanons
de baleine ; en bois & planches du Nord ; en divers
outils d’Angleterre pour les taillandiers ; en ■
drogueries & épiceries ; en draps & camelots de ;
Hollande ; en mifs & beurres d’Irlande d’An- '
gleterre ; en charbon de terre ; en plomb >, en
étain, en couperofe , en a lu n , en favons d’A licante
, en cuivre jaune de Hollande ; en quincaillerie
& en corne à faire des peignes & des
lanternes.
Toutes ces diverfes marchandifes étrangères ne
font apportées à S a in t-V a lé ry , que par les An-
lois , les Hollandois , les Suédois 8c les Ham-
ourgeoisv
L e port de Saint- V alé ry eft un des deux ports
de France , fixés par divers arrêts du confeil d’état
_du r o i , particulièrement par ceux des 8' novembre
1687 8c 3 juillet -16512, , pour l’entrée dans le
royaume de diverfes marchandifes , denrées & ma-'
nufaftures venant d’Efpagne, d’Angleterre & de
Hollande, particulièrement pour les draperies étrangères.
Ces marchandifes font :
Des camelots de Hollande de toutes fortes , aufli-
bien que tous autres camelots de fabrique étrangère.
Des draps de même fabrique de toutes eïpèces
& couleurs.
Des ratines drapées ou apprêtées en draps , des
ratines frifées ; les unes & les autres de toutes largeurs
& de toute fabrique étrangère. -
Des ferges de feigneur & ferges façon Afcot
Cyp rès, Angleterre, Hollande & autres fabriques
étrangères.
Des ferges drapées façon de Florence -, d’Angleterre
& autres pays , blanches & teintes.
Des bayettes d’Angleterre fimpies ou doubles.
Des burails croifés & des burails de Flandres.
Des couvertures de laine groffes ou fines*
Des draps, d’Êfpagne.
Des draps demi , appellés de douzaine.
Des draps d’Angleterre.
Enfin tous draps & étoffes de laine & de p o i l ,
ou draps & étoffes faits ou mêlés de laine , fo ie ,,
f il, p o i l , coton, ou d’autres matières, de fabrique
étrangère. - •' .
Des flanelles.
Des frifes communes,.des frifes d’Efpagne & de
Flandre , des frifes feches d’Angleterre , des frifes
blanches appellées de coton : enfin toutes autres
frifes de fabrique étrangère.
Des frifons d’Angleterre..
Des lingettes.
Des molletpns doubles, des crezeaux frifes ou unis.
Des peniftons.
. Des ferges d’Écofle demi-étroites , blanches ou
teintes, neuves ou vieilles, appellées p la id in s .
Des ferges de Londres , & toutes autres fembla-
bles ferges d’Angleterre.
Des ferges drapées de toute fabrique étrangère.
Des barracans.
Des ferlins.
Enfin les drogueries 6c épiceries , à la réferve
des cires & des fucres. Mais il faut remarquer
que c’eft bien après la fixation de 1687 8c 16pz ,
quele port de S a in t-V a lé ry a été ajouté aux autres
ports du royaume, qui avoient déjà été marqués
pour l’entrée defdites epiceries & drogueries.
I l y a a S a in t- V a lé ry auffi-bien qu’à Calais %
un infpe&eur du roi pour les manufactures étranr
gères.
Nous aurions pu placer ici le détail du canal de
communication entre la Somme 8c l’Oife & dont le
projet a été rendu public , pour faciliter le transport
des marchandifes étrangères du port de Saint-
V alé ry jufqu’à Paris : mais on le trouvera dans Ce
Dictionnaire, au mot canal.
C a l a i s , ville de Pica rd ie dans le comté d’O y e ,
entre Gravelines & Boulogne. Son port eft avec
celui de Saint-Valéry , le ieul par lequel les draperies
étrangères doivent entrer dans le royaume ;
& , comme à Saint-Valéry, on y a établi un infpec-
teur des manufactures pour en faire la vifite à leur
entrée ; de forte que tout ce qu’on vient de dire' ai
cet égard de cette dernière ville , eft commun à
C a la is . Voye3 le paragraphe précédent.
C’eft pareillement une des villes par lefquelles >'
fuivant l’article I. du titre III. de l’ordonnance 'des
fermes de 1687 , les drogueries & épiceries doivent
entrer en France , foit p&r terre , foit par mer. L e s
autres font Rouen, la Rochelle, Bordeaux , Lyon ,
& Marfeille. Saint-Valéry , comme on l ’a dit ci-
deffus > y a été ajouté depuis.
L a fituatïon de Ca la is qui n’eft éloignée des
côtes d’Angleterre que d’environ fept lieues 8c
où les vaiffeaux de Hollande peuvent arriver en peu
d’heures quand le temps eft favorable,, feroit très-
commode pour entretenir un grand commerce avec.
les. Anglois & les Hollandois , fi fon port n’étoit
devenu très-périlleux pour avoir été long-temps
négligé. Il eft vrai qu’on a fouvent -prôpofé de
l’achever & de le mettre en état de recevoir les
plus grands bâtimens ; mais jufqu’ici cette propo-
fition n’a point eu de lieu , quoiqu’on eftime que la
dépenfe ne pourroit guères aller qu’à quinze cenc
mille livres.
Du côté de la terre, Ca la is communique par des
canaux à Gravelines , à" Ardres, à Saint-Omer, à
Dunkerque , & à plufieurs autres endroits de la
Flandre Françoife & de l’Artois , ce qui rend le
tranfport des marchandifes étrangères. & Françoifes
ui y arrivent , très-aifé même jufqu’à Gand , &
ans les autres principales villes des pays-bas Autrichiens.
Les difficultés du port de Ca la is en diminuent
à la vérité beaucoup le commerce, mais elles ,ne l’empêchent
pas tout-à-fait. Les bâtimens François y
apportent desfels de Brouage , des .vins & .des eaux-
de-vie de Bordeaux , de la Rochelle & de Nantes ;
& lés Anglois , des beurres & des cuirs falés d’Irlande
, qui fe diftribuent enfuite à la faveur des
* canaux , dans l’Artois 8c la Flandre Françoife.
I l faut avouer cependant que ce commerce eft
peu coiifid'érable , en comparaifon du négoce fè-
cret que les marchands de C a la is font fur les côtes
d’Angleterre, foit en introduifant des étoffes de laine
des fabriques de France , des galons d’or , des
points 8c divers ouvrages des maimfaétures de Lyon ,
foit en tirant par le même,moyen des laines An-
g loife s , & d’autres marchandifes _ qui y font réputées
de contrebande pour la fortie. On parle ailleurs
de ce commerce indireéL V o y . dans ce Dictionnaire
l ’article du commerce d’Angleterre. Voy.erL auffi
celui des laines étrangères.
Les habitans de C a la is prétendent qu’on leur eft
redevable de l ’invention du foriffage des harengs.
Quoi qu’il en foit de cette prétention , il eft certain
qu’il ne s’y en fait plus préfentement. V o y e ^ à l’article
du Hareng , ce qui concerne les pêches Fran-
çoifes de ce poiffon.
B o u lo g n e , ou B o lo g n e fur m e r , capitale du
Boulonois.. L e port dé cette ville eft petit 8c de
difficile entrée , '1’eau n’y montant guères que fept
pieds dans la plus.haute mer ; de forte qu’il n’y
peut' entrer que des ballandes ou petites barques ,
tirant au plus cinq à fix pieds d’eau.
I l n’y a pas même de rade à B o u lo g n e , & le
mouillage y eft très-mauvais pour les vaiffeaux un
peu confidérables , n’y ayant qu’un feul endroit à
une portée de canon de terre au fud-eft de la T ou r -
neuve , où l’on foit en fureté; c’eft auffi là où les
pêcheuîs & les bâtimens marchands viennent mouiller
de baffe m e r , en attendant le flot dont il faut
qu’ils fe fervent, pour entrer dans le port.
L e commerce du dehors ne confifte guères qu’en
fels , en vins blancs & en eaux-de-vie qu’y apportent
les bâtimens de Bordeaux , de la Rochelle &
de Nantes , & en cuirs falés d’Irlande qui y viennent
fur de, petits, navires Anglois ; mais feulement des
uns & des autres ce qu’il en faut pour la confbm-
matipn du pays.
Son commerce du dedans eft principalement du
produit de fes différentes pêches , entr’autres du
hareng & du maquereau falé. On eftime que la
vente de ces deux poiffons , y compris ceux qui
fe falent à -Saint-Vallery , qui n’y font pas en fi
grande quantité qu’à B o u lo g n e , peut aller année
commune, à plus de quatre cent mille livres. Ces
poiffons s’enlèvent pour la Flandre & pour l’Artois ,
mais le plus grand nombre vient à Paris.
L a tifferanderie y eft auffi affez confidérable ; les
toiles qui s’y fabriquent , font fines & de bon ufage.
Il y a a Boulogne des marchés tous les mercredis
8c les famédis, de chaque femaine, & l’on y tient une
foire franche tous les ans, qui .commence le huitième
novembre, 8c dure jufqu’au vingt-fept inelufi-
vement.
L a foret a laquelle cette ville donne fon n om ,
fournit de bon bois pour la charpente & pour le
chauffage.
Commet ce. Tome I I . P a r t , I *
C O M M E R C E D E C H A M P A G N E ,
E T DE L A G ÉN ÉR A L IT É DE SOISSONS.
L a proximité, des deux généralités de Châlons>
& de Soijjons , & la grande reffemblah.ee■ de leurs,
productions naturelles, & des manufactures qui y ;
font établies, ont fait croire qu’il n’en falloir faire;
qu’un article.
. Les terres de l’une 8c de l’autre font fécondes en
toutes fortè's de grains , 8c particulièrement en bleds,
& en avoines. Leurs côteaux font chargés dp vignobles
, qui produifent des vins excëllens. On tire de
plufieurs mines, du fer & de l’acier ; & de quelques
carrières, des ardoifes guères moins belles & auffi
bonnes que celles d’Anjou. On y cultivé des lins1
& des chanvrës , dont on fait des toiles de toutes
fortes; & des fils , qu’on emploie en diverfes manufactures
de points & de dentelles.
Les pâturages y font admirables, & l ’on en peut
juger par plus de feize ou dix-fept cent mille moutons
ou brebis qu’on y nourrit, qui fourni ffent trois
ou quatre millions de livres pefant de laine , & dont
les abbatis d’une partie, auffi-bien que ceux du gros
bétail, entretiennent quantité de tanneries & de
mégifferies.
Enfin les rivières & lès ruiffeaux de ces provinces
font travailler un très-grand nombre de forges,
de fourneaux & de fonderies , pour le fer ; de martinets
, pour le cuivre ; & de moulins , pour le papier
: fans compter les prairies qui donnent les foins ,
qu’on conduit à Paris par la rivière d’Oife ; les forêts
où fe font les charbons,' qui y vont auffi par
la,même rivière; & les bois de chauffage & de charpente,
qu’^n y mène par celles d’Ourq , de Marne.
& de Seine.
Les lieux où fè fait le plus grand commerce de
grains, fo n t , pour le Soiflonnois, S o ijjon s , où les
marchands établiffent leurs magafins pour Paris ;
Laon , la Ferre, Vervins, C o u cy , d’où on les transporte
en Thierache & en Hainault ; & Beaumont ,
où les boulangers de Goneffe envoient acheter uns
partie des bleds , dont ils font eet excellent pain ,
dont ils fourniffent Paris tous les mercredis & les
famé dis.
A l’égard de la Champagne, elle a fes marchés
les plus confidérables pour les bleds, les avoines>
8c les autres grains qui s’v recueillent, à Fifmë ; à
Brême , à Chaulny , N o y o n , : Villers-Coterets , la
Fèrté , Château-Thierry, Châlons , Vaffy , & Bar-*
fur-Aube.
Les vins de Reims, de Sillery , d’Hautvillicrs ,-
(que quelques-uns prononcent par corruption Ovilé}\
d’Efpernay, de Château-Thierry, fur-tout les prc.
miers,;,’ &: tout ce qu’on nomme plus précifément
vins de Champagne, ont trop de-réputation en
France & dans toute l ’Europe, où on.les transporte,
pour douter que le grand débit oui s’en fait, neré-r
pande beaucoup de richeffes dans les lieux où fis
cultivent de fi excellens vignobles. Il y a encore
P ' Ee 1