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»aux qui facilitent la communication • de B ru ge s
avec cette première ville, font caufe que fes marchands
ont tourné le plus- fort de leur négoce du
côté de la mer , quoique pourtant ils eh faflent j
auflî un très-confidérablex du côté de la terre.
Son port eft au bout du canal qui vient d’Often-
d c , & le baflîn où le canal aboutit, eft; fi vafte,
qu’il y peut tenir jufqu’à cent navires marchands.
Il le fabrique à B ru g e s & aux' environs quantités
dé belles toiles qui .pafïerit pour toiles de Hollande;
elles fe vendent dan.s un marché qui fe tient toutes
les femaines fur les arcades.de l!hôtel-de-ville.
C ’eft dans la place.qui eft devant cet.hôtel, que"
font prefque tous les magafîns' de laines d’Efpagae.,
& d’Angleterre, de foie d’Italie , de coton & autres
matières qui fervent à foutenir les manufaélureside
cette importante ville.
Les étoffes qui s’y fon t , font entr’autres des ana-
coftes , des lamparilles & des ferges, qui font pro-j
près pour l’Efpagne & pour les Indes Espagnoles.
O n -y fait aufti quantité de bafîns 8c quelques came-
lots.
Les dentelles de B ru ge s paffent pour dentelles
de Malines, & fe vendent' fur le même pied.
Les autres marchandifes qui y font les plus communes
& dont il f e i a k aum un allez grand commerce,
font des grains & toutes fortes de graines
propres à faire de l ’huile , particulièrement du
colzac.
Pour ce qui eft des.marchandifes que cette ville
tire du dehors, ou que les marchands étrangers y
envoient , ce font à peu près les mêmes qui font
propres aux autres Villes de Flandres & du B r a bant
L e s poids, les mefures & les. monnoies, font
comme à Anvers. F o y e % ci-dejfus.
O s t e n d e . L a fïtuation de cette ville , , le feul
port considérable des P a y s - B a s Aut rich ie n s fur
l’Océan , eft des plus commodes pour y entretenir
un grand commerce. L e flux qui y monte par la
petite rivière de la Geule â l ’embouchure de laquelle
elle eftfiraée, porte les plus grands vaiflèaux
jufqu’au milieu de Ion enceinte, où ils font dans
une entière fureté dans les deux ports que les eaux
de.la.rivière & d é la mer y forment.
C’eft par les navires marchands qui s’arment dans
Oftende, que la. plupart des autres, villes de la
Flan dre & .du B ra b an t, qui ont été cédées a l’empereur
, par le traité de Raftat., particulièrement
Anvers, Bruges & Gand, font leur commerce du
côté de la mer.
Jufqu’ à ce traité, les Oftendois s’étoient-contentés
d’envoyer leurs varffeaux^dans divers ports Ef-
pagnols , entr autres à Saint-Sébaftien & à Bilbao ,
d’où ils rapportaient des laines , des fers & quelques
autres marchandifes du cru de l’Efpagne. A u plus,
ils vifitoient quelques autres ports dé l ’Europe ; mais
la puiftànce & la proteéUon de leur nouveau maître
, les ayant animés , ils ont porté leurs entrepri- i
fés de commercé en A fr iq u e , en Amérique , & ■
,'jufqii’àux Indes orientales & aux parties de d’Afto
«les plus reculées. •
. G’eft pour foutenir cè nouveau commerce, que
les négocians tfOJtende y formèrent en 1718 cette
compagnie, qui'enfin en 172,1 a obtenu des lettres-
patentes de l’empereur, & qui déjà excite la jalou-
'fie de ceux de leurs voifîns, qui par la réputation
[dej leur négoce.'& . le bonheur dont .il. a. toujours été
fuivi, fembloient. avoir le moins à craindre de cet
établifteinent.
On parlera ailleurs dé cette compagnie , de fes
lettres-patentes , des oppositions des Anglois & des
Hollandois, & dè tout ce- qui s’eft pafle dans cette
importante affaire , depuis que les marchands d’An- i vers , de Bruges, de Gand & de toutes les villes
Lde commerce des Pays-b as'. Autrichiens, fe font
aflociés avec ceux à’Ojleride : ,' pour en affurer' le
fuccès. F o yè ^ ci-après l’article dès compagnies.
Commerce de Dunkerque.
L a ville de Du nkerq u e, foie qu’on la confédéré
fous la domination des Efpagnols foit qu’on ■ la
veuille prendre pendant le. temps, qu’elle eft reftée
en dépôt entre les mains des Anglois , foit enfin
qu’on la regarde depuis qu’elle a été [réunie à la
F ra n ce , par l ’acquifition qu’elle en fit fous le régne
de Louis X IV , Cette ville s’eft toujours diftinguée,
par fon grand commerce 8c par le fuccès de fes
entreprifes maritimes*
Il faut cependancv-ayouer qu’elle n’a jamais été fi
floriiTante, que -depuis que l,es François en ont été
lés maîtres; fur-taüt après que par une déclaration
de l’année 16 6 a , elle eut été rétablie dans toutes
fes anciennes franchifes , exemptions immunités.,
& que fon port eut été déclaré port-franc , où tous
les marchands .& trafiquans, de quelque nation qu’ils
£ii fient, eurent permiffion d’aborder , vendre, débiter,
acheter & tirer hors . de la ville , toutes fortes
de marchandifes franches & quittes de tous droits
dtentrée-& de fortie foraine & domaniale ■ ££ de
tous: autres droits , fans en excepter ni reteniî
aucun. .
Il eft vrai qu’on a depuis donné atteinte à quelques
unes de ces franchifes , mais p eu , & en cho»
fes de peu dé conféquençe, . ■
Les - négocians de Dunkerque ont deux principaux
commerces ; fçavoir , celui qu’ils font par eux-
mêmes & avec leurs propres vaiflèaux , en portant
.leurs marchandifes au dehors; & celui qu’ils ont
avec les.étrangers , qui viennent avec leurs navires
leur apporter les marchandifes de leur cru. Tous
les deux font très- considérables ; le dernier Teft
encore davantage.
' U n troifiéme négoce pour D u n ke rq u e , eft .de
charger à fret quantité de marchandifes,, qui lui
font envoyées des-provinces voifines ; particulièrement
de la Flandre Françoife 8c de L ifle , qui en
eft la capitale. Enfin, un quatrième eft celui qu’elle
entretient dans l’intérieur du royaume & dans les
villes des Pays-Bas Autrichiens, comme Bruges ,
Gsand, Anvers, .■ Brpxellç.s '& pluficurs antres. '
' Il y a à Dunkèrque des. marchands de tpute espèce
& de prefque toutes les nations de l’Europe ,
dont les uns font le négoce pour leur compte,
d’autres par commiffipn.,. & la plus grande partie
l’un & l’autre.
Les étrangers avec qui les Dunkerquois font le
plus d’affaires j pu qui envoient le plus de vaiflèaux
a Dunkerque, font les Espagnols , les. Portugais ,
les Anglois,; les Irlandois., les Ecoflois>, les Hollandois
, les Suédois, les Danois, & tout le refte
du Nord & de k mer Baltique.
Il vient d’Efpagne quantité de vins, particulièrement
de ceux de Chères , d’Alicante', de Malgue,
Enfin-, de Hambourg ; des lain e s, du fer-blanc,^
de l’amidon, des bordages de chêne, des douves,
de l’avoine , des pois •& du bled farrafin.
de Tinte & des Canaries ; du bois de Campêphe ,
des rai fins de Corinthe & plufîeurs marchandifes des
Indes .occidentales.
L e Portugal lui fournit des fruits j des huiles ,
du tabac de "B réfil-, beaucoup de fucre & des. vins ,.
lorfque la récolte en,a manqué en France.
' Les'marchandises qu’on y apporte d’Angleterre,
font .des char b o,ns de t e r r e d u plomb , d e là coupe-
rofe , de l’alun , de l’ étain., du beurre, des cuirs en
poils , falés ou. fecs ; des peaux de, veau non apprê -
tées & du tabac, de V irginie, propre à fumer-.Cel-
les d’ Irlande çonfiftent en beurre , en viandesTaléês ,-
en fùif, en cuirs falés en grand nombre, c-n cuirs
fecs & < en faumon fale en baril. D’E c o f ï e i l ne
vient guères à Dunkerque, que -du charbon de
terre , mais,en. quantité;, &. du faumon falé, aufti;
en baril.
.Ces trois, commerces font ^rès-vifs ; & en temps
de paix., on y, voir,plus, de vaiflèaux de ces trois
nations , que de, toutes lés autres ; mais iîffaut remarquer
qu’il en arrive beaucoup plus de navires
chargés par coinmiflïon , que pour le compte des
marchands de Dunkerque; 8c q u e , malgré la fran-
chi'fe du port, les cuirs apprêtés paient vingt pour
cent de leur valeur en entrant.
Pour ce qui eft du commerce dés Hollandois à
Dunkerque , il corififte en tant de diverfés fortes de
marchandifes, qu’il n’eft pas poflîble d’en 'donner
lé détail; & il fùffit.de renvoyer à ce qu'on' en dira
plus bas , én parlant du négoce de la Hollande.
A l’égard du Nord & de la riifcr Baltique, il
vient de Norvège pour Duhkefqkè1# d&s- l^ois j^des5
planches de fapin & du- goudron, :niais’ qui n’en:
pas fi bon que celui dé'Suède.; :
r De Riga ' des chanvres,- àes m&ts ,- dû fer , de-
l’acier , du goùdron;, dé là dire , 'des cbrdàgés’, ■ du
fil’ dé caret ', du bourdillon, des dovtves pour faire
des pipes &. des bariques , des’ planches de. Pirufle ,
de;.la potaffe, de la fiiafle, du froment, du feigle,*&
quantité:de graine de lin , propre fu^-tout,pout la
Bretagne. :
De Suède; du fer , du-cuivrés dit goudron &du
hray.
, De Dantzic ; des bleds, des potafles,,. de l’acier ,
des laines 8ç des cuirs.., qui viennent de Prufle &
de Pologne.
Pendant les longues guerres du régne de Louis
X IV , où les Hollandois, les Anglois & les Efpagnols
, ont prefque toujours été ligués contre la
France ; les Suédois, les Danois, & quelques autres
nations neutres , ont fait tout le commerce de
Dun ke rqu e , mais toujours avec beaucoup de rif-
ques , à caufe des armateurs d’Oftende & de Zélande
., qui ordinairement en bouchoient l’entrée ; 8c
q u i , malgré la neutralité, enlevoiem tout ce qu’ils
pouvoient dq leurs vaiflèaux, dont ils faifoient auflï-
tôc vendre les - cargaisons, quitte à leur en rendre
le produit en argent, quand, ils étoient réclamés,
1 croyant avoir aflez'gagne, que d’en priver les, Dun-
jkerquois..
Il eft vrai qu’alors Dunkerque ne fe fentoit guères
‘de, cette interruption de fon commerce ; les vaif*
féaux armés en cou rfe, qui en fortoient chaque
jour & qui y rentroient continuellement avec de
riches prifes , lu i tenant lieu de négoce , & lui
fourniffant à meilleur compte & en plus grande
iabondançe , .de toutes les fortes de marchandifes ,
a vec lefqueUes elle avoit. coutume^d’entretenir fon
négoce pendant la paix.
Ce tte reiïource manquera déformais aux Dunker-
quois; mais fi leur commerce n’eft pas fi g ran d ,il
en fera plus aifé 8c plus tranquille , fur-tout en cas
de .rupture entre la France'8c fes voi’fins; puifque
ceux-ci n’ayant plus à craindre des autres , ces derniers
fe trouveront au51 délivrés de ces efeadres ,
qui n’ étoient deftinées qu’à le troubler.
Outre les vaiflèaux étrangers j, qui font attirés à
Dunkerque par le commerce , il y vient auflî quân--
tité de barques & de navires François, la plupart
chargés de vins, d’eaux dé-vie, de fé ls, de vinaigre,
[de prunes , de réfine, de miel & de fyrops, qui
■ ens’eu retournant, y prentieht du charbon, dés planches
, dn.'gaudïon', des petits mâts , dà bourdillc-a,
•du plomb- & du chanvre; mais le tout en allez p c - ‘
[rite quantité & füiyânt que ces marchandifes fe t rou-’
'vent plus ou moins çneres’ aux lieux d’oji^ils font
partis-, y- ayant même' fouvent une partie de ces
barques & de ces vaiflèaux j qui s’én retournent fans’
. charge.
Les ports'de Fiance ^ d’où il en vient ë ^ m ta g e ,
Tont Bordeaux , Nantes, la Rochelle , Brouage, le
Bournéuf, Saint-Martin de Rhé & quelques avitres
ports de Bretagne & du pays d’Aunis. -
Il -en"arrive aüffi de Languedoc & de Provence ,
oartieulièrement'; de Marfeille , "qui apportent à
Dunkerqu e, des huiles , ides figues, des raifîns|
dés .anchois, des amandes ; de l’anis , du. ris, 8c de=
toutes Fortes de «drogués & .de marchandifes , qui
fe tirent du Levant* :: ƒ. 1 ■ * ■
■ Quelquefois la .çargaifom de ces derniers eft coru-
pofçe,en partie de vins & d’egux-de-vie de Provence,
& de Languedoc 5 mais c’qft .feulement lorfque les,
vins & les çaux-de-viç , qui fe chargent à Nantes,
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