
des navires (ur Tune & l'autre mer> que pour lui
aller chercher dans les pays les plus éloignés, tout
ce qüe les quatre parties du monde ont de plus rare
& de plus précieux , & en remplir Tes boutiques &
Tes magafins.
Mais fi P a r i s eft redevable aux provinces de tant
de chofes propres à faire fleurir fon commerce , il
eft certain que par une efpèce de circulation qui s y
fait continuellement, non-feulement il leur en refti-
tue une pa rtie, embellie & enrichie par la main de
fes plus habiles ouvriers, mais encore qu'il leur
envoie celles qui leur manquoient ; cette grande
ville étant, pour ainfî dire , le magafin univerfel du
royaume , & comme un dépôt public où fe fait
l'échange des marchandifes des provinces, les unes
contre les autres.
Pour entretenir un commerce fl étendu , il y a à
P a r is fix corps de marchands : fçavoir, la draperie,
l ’épicerie, la mercerie, la pelleterie, la bonneterie
& l’orfèvrerie. On en a encore établi un feptiéme ,
qui eft la communauté des marchands de vin $ mais
les fix autres corps n’ont jamais voulu l’admettre
parmi eux.
Outre ces corps de marchands, on compte encore
jufqu’à cent vingt-quatre communautés des arts &
métiers , établies comme eux par lettres-patentes
des rois j & dix-fept autres guinierïit point de lettres ,
n’ayant point paru afîèz confîdérables pour les ériger
en corps de jurande.
C ’eft par les mains de ces fept corps de marchands
, & des maîtres qui compofent les communautés
des arts & métiers, que pafle tout le commerce
de P a r i s , tant pour la vente des marchandifes de
leur propre fabrique , que pour le débit de celles
qui leur viennent de dehors, n’étant permis â aucun
autre qu’à eux de tenir magafin & boutique ouverte.
I l y a néanmoins des exceptions à cette régie générale,
& l’on n y comprend pas ces célèbres manufactures
établies par l ’autorité fouveraine, & qui par
l’excellence & l’utilité de leurs ouvrages , ont mérité
d’être dilHnguées de l’ordre commun.
De ce nombre font, l’hôtel royal des Gobe lins,
où la fabrique des tapifleries de haute & bafle lifte,
& la menuiferie de bois de placage, qu’on nomme
marqueterie, ont été pouuèes au plus haut point
de perfection.
L ’hôtel de la Savonérie-, où le font ces riches
tapis de laine & de fo ie , qui approchent fi fort de
la beauté des véritables perles, par l’agréable mélange
des couleurs qu’on y ejnploie, & qui les fur-
pafient de beaucoup par le goût 8c par la perfection
du deflïn.
L a manufacture des glaces, où l’on polit & met
au teint les glaces de grand volume, qui fe font à
Saint-Gobin , château dans la forêt de la Fère en
Champagne. ^
Celle de ces ingénieufes tapifleries, dont les fonds
ne font que de toile , & l’ouvrage de laine hachée.
Enfin , la manufacture étabîfe au fauxbourg S.
Marcel, fur la petite rivière des Gobelins, par les
fieurs Gluc & Jullienne , pour la fabrique des
draps 8c leur teinture en écarlate.
On parle très au long de ces manufactures privilégiées
en plufieurs endroits de ce Dictionnaire.
On met auflï au nombre des ouvriers privilégiés f
ceux à qui l’habileté & l ’expérience dans leurs arts,
ont fait mériter des logemens dans les galleries du
Louvre : & encore, mais dans un ordre bien inférieur ,
les artifàns qui travaillent dans des lieux prétendus
privilégiés j tels que font le fauxbourg S. Antoine,
le Temple & quelques autres.
L ’on fait à P a r i s de plufieurs fortçs d’étoffes
d’o r , d’argent, de foie , & de laine mêlée avec la
foie ; entr’autres des brocards , des damas , de petits
velours, des moires liffes, des taffetas ,^|es gazes
unies & à fleurs, des ras de S. Maur, & cres reran-
dines, que depuis on a appellées grifettes.
L a manufacture des draps & étoffes d’or & d’argent
, qui avoit été établie au bourg de Saint-Maur,
a deux lieues de Paris , par le fleur Charlier, fabricant
de la ville de L y o n , a long - temps fourni à la
cour & aux pays étrangers, tout ce qu’on peut faire
de plus riche & de meilleur goût en ce genre : mais
les longues guerres de la France , & enfuite la mort
de ce célèbre manufacturier, ont fait entièrement
tomber cette fabrique , qu’il n’y avoit que lui capable
de conduire, & qui avoit été protégée par £
M. Colbert, & depuis par M. de Louvois , & foute-
nue par les grands fonds, que le roi Louis X IV lui
faifoit avancer.
C ’eft auffi au bourg de Saint-Maur, qu’ont été
mifes fur le métier, les premières de ces étoffes que
l’on a toujours appellées depuis de fon nom.
Les autres ouvrages qui fe font à P a r i s , & dont
le commerce y eft le plus confidérable & le plus
en réputation, font des rubans , dont ceux d’or &
"d’arp-ent l’emportent fur toute autre rubanerie ,
françoife ou étrangère ; & ceux de foie ne le cèdent
point à la rubanerie d’Angleterre.
Des o-alons & des franges de même matière, qui
font feul eftimés dans les provinces & dans les pays
étrangers, pour la beauté de l’ouvrage & de 1 or.
D « bas à l’éguille & a u métier, dont les ouvriers,
fur-tout ceux du tricot, fon établis pour la plupart
dans le fauxbourg S. Marceau ; & les autres au métier
, répandus en différens quartiers.
Des chapeaux de caftor 8c de laine , deftjuels on
fait de grands envois au dehors , particulièrement
de ces derniers pour les troupes des armées du roi.
Des perruques, dont P a r is fournit prefque toutes
les cours de l’Europe, où cette coeffure eft en ufàge,
& dont il s’y en fait des envois pour les pays les
plus éloignés. ' ' ’
Enfin, toutes fortes de ces précieux 8c agréables
ouvrages, qu’on appelle bijouterie , où la richefle
de la matière cède toujours à l’art de 1 ouvrier , &
qu’on n’eftime fouvent, que parce qu ils ont été travaillés
à P a r i s . < .
Les couvertures de laine, qui fe font aux faux-
bourgs
bourgs S. .M a r t i n S . Marceau ; le s ,cuirs,, dont
les tanneries font aüfli établies clans ce dernier faux-
bourg, fur la petite rivière dès Gobelins, & les’
favons, dont' il y a une manufacture au fauxbourg S.
G e rmainj font encore des marchandifes qui entrent I
ùans le commerce qui fe fait à P a r i s pour le dehors,
n’ëtânt p.as ‘ poffible d’entrer dans aucun détail dç,
celui du dedans, qui éft ihfî'ni, pour ainfi dire ,
auffi-bien;que le nombre d’acheteurs & dç vendeurs,
entre- qui il fe fàit.""1 ,
P o u r le cbmmerce joütnalief & Intérieur de
P a r i s , i l y a quantiçé de halies , dé .marchés '& de1
places publiques, diïpérfees dans toute îa ville, on
les marchands" de la campagne : viennent fous' les
mercredis & les famedis' é t a l e r v e ù d f e leurs denrées
8c marchandifes, particulièrement des' 'bleds
fromeiis , des f e ig l e s d e s avoines.& autrfes grains.;
des-farines, du p a in , dés ftlafles,. &b. & où, tous
les jours ie peuple trouvé tout'ce qui lui eft hécef-
faire dans une abondance qui paroît inépuifàbie. '
Les marchands forains peuvent auffi apporter a
P a r i s leurs' marchandifes , & les y vendre pendant
la première, quinzaine .de's deux foires franches,,qui
s’y tiënfiertt toüs ' les ans ; l’une , dans le: fauxbourg
S. Germain, après la fête de la Chandeleur,. &
l ’autre, au fauxbourg S. Laurent, autrefois ' le ‘lendemain
de la fête de ce faint; , & depuis nombiè
d’années dès la mi-juillet.
Les marchands d’Amiens, de Beaumont , de
Rheims, d’Orléans & de N o g en t,.fon t ceux qui ;
fréquentent le plus ces deux foires, particulièrëinent ■
celle de S. Germain. Le.s marchandifes qu’ils y
apportent, font les draps, ou autres étoffes de laine,
ou mêlées de foie & de laine , bu de laine r& de fil.
Au' de-là Ide la quinzaine accordée aux forains ,
Il pe relie plus gueres à ces deux foires, que les
marchands de P a r i s , particulièrement les merciers,'
& ceux du Palais, qui fe mêlent de bijouterie &
binibloterie.
Outre ce. négoce imménfe de toutes fortes de ;
marchandifes, qui fe fait à P a r i s , les marchandsï
& les banquiers y font auffi un commercé d’argent,
qui eft comparable à Celui d’Amfleidam .& dés autres ;
villes'du plus grand- négoce ; n’y ayant guèîes de J1
ville en Europe, où ils ne faflent des remifes, &
où ils n’ayent des correfpondans, pour acquitter les
lettres de change qu’ils tirent fur eux.
C ’eft pour foutenir & faciliter ce commerce ,
qu’ont été créés en divers temps jufqu’à quatre - vingt
àgens dç banque pour la feule ville de P a r i s , dont:
les fon&ions & les droits ont été fixés par divers:
édits, déclarations 6c arrêts du confeil.
On va finir ce qu’on avoit à dire du commerce de
P a r i s , en ajoutant trois remarques.
i° . Que ce font les prévôt, des marchands , &■
echevins , q u i'y ont infpe&ion & jurifdiftion fur
tçutes les marchandifes de grains, farines., v in s ,
eaux-de-vie, bières & autres bbiffbns ; b o is , charbons,
plâtres & chaux, qui arrivent à P a r i s par la
rivière, & qui font déchargées fur fes ports & étapes.
■ Commerce. Tome I L P a n . I ,
Que ( c’eft pardevant le lieutenant général de
policé;,,' qge fe p'ohënt toutes!les 'Coritéftadôhs' qui
naiflènt dahs'îè corps des marchand?, & dans lés '
communautés des arK 8c métiers : que leurs comptes .
fe rendent pardevant le procureur dü roi« au châtelet :
& que c’eft ce; dernier magiftrât , qui’ reçoit ie"
férmènt des maîtres à leur réception , après le chef-
d’oeuvre.
3°. Que pour juger’ fqmmairenîent de tous les
procès; qui' arrivent ;e,ntre; lés mar'dlraÙÙsj1 pour fait
dë 'commercé', il ÿ à Une jufifdiWbïi; Cblifulaire ,■
la fécondé .du royaume pour fon antiquité ; mais1
fur lé modèle de la'qiiéliè toutes les autres qui four
à préfent ,èn France au nombre de foirante, ont été
depuis établiës." 11 ,
'Pbfit' qn’oh puiflê mieux juger du. grand commerce
dé toutes fortes de marchandifes qui fe fait à
P a r i s , foïcde' celles qui'y font apportées dé dehors ,
foit de celles qui fe fabriquent au dedans ; on va faire
ici quelques remarques . fur la .confommation des
beftiaux , grains , falines & autres denrées qui y
arriv.ej.it annuellement, & qui s’y vendent pour la
: fubfîftànc|e0a é 'fes habitans ; ce qui. ne, fait pas une
des moiijdfës parties du négoce dé cette capitale du
royaume. 1
G e l femarqüës font tirées de trois mémoires, l’un
de ’ l ’-dnriée' i d 34^ dreffé par ordre de M. le T e llie r ,
alors procureur du roi au châtelet, élevé depuis par
fon mérité à ; la dignité de miniftre d’état & de
chancelier' de France j l’autre de 1659,' trouve dans
les papiërs •de Mv Savary le p è re ,. à,qui dans cette
même*1’année-la Terme -du Momstinebarfàp-e &
entrée d‘e P âr'is aj?oit été adjugée fous l’a fur-intèn-
dâncè dè M. 'Foiiquet ; & le troîfîéme qui n’a été
communiqué qùen \i-pzz mais qui paroît avoir
été .drefle quelques années auparavant.
diejje en 1654, i e t qu’i l f e trouve dans le&
antiquités de Paris, de S AU. V A L , 1 . 1, p . z 6 .
Séi,
600 muids.
Maquereau fàlé,
' : 800 barils.
Saumon fa lé ,
z,oqp_bârils.
Morue,
2,0,000 barils.
Hareng , •
% 3,000 barils.
Charbon,,
ï SXjOoo .muids»
Rosufs,
jOjOOO
P o rc s, 1 ’
27.000
Véauit,,
. 7 Qj.op,b ,
Moutons, ’
416,-000 ■
Bled , ‘
. 8o,2oq muids.
Morue en poignée.
1î 0>boô poignée?.
Avoine,
16.000 muids.
Foin & p a ille ,
6,000,00.0 de bottes.
Il paroît que dans ce mémoire là morue y eft mal
employée en deux'articles J & q u il'n e devoir contenir
, où que la mofue'en barils feulement, ou que la
morue réduite en poignée, ainfî qu’elle fç trouve
dans les deux autres mémoires.
C e