
L e mémoire ée M, Ssyary le père -, contient les
finîmes efpèces de bëftiaux, de grains & de denrées
quc e l ui de M. le T e llie r , à la réferve du feldont
i l n’eft point p a rlé , 8c à la place duquel on a fubfti-
tué \c b o is, mais dont le nombre de cordes n’eft pas
tiré en ligne , auffi n’en parle-t-on ici qu’à càufe des
quantités, qui font à plus d’un huitième de différence
fur- prefque.tous les articles ; ce qui fait voir combien
eîn moins de trente ans, le commerce & le peuple
de P a r i s étoit augmenté ,puifque la confommation
l ’étoît fi confîdérablement.
C ’eft encore la même rai£bn qui fait qu’on va
mettre ici le détail du troifiéme mémoire où l’on
verra la confommation augmentée de près d’un quart,
& ainfi;le peuple de P a r i s a crû pareillement fur
cette proportion d’environ z 00,000 habitans en
moins d’un fiéçle , fans y compter les étrangers qui
ri’y font que palier.
Mémoire J iir la confommation de Paris,
communiqué en IJ22•
S e l ,
Maquereau falé,
Saumon,
Ha ren g ,
Charbon ,
P o r c s ,
Boe u fs,
Moutons,
B led ,
Morue en poigné e,
A v o in e ,
‘ F oin & paille ,
750 muids.
950 barils.
1,400' barils. .
.18,000 barils
11.000 muids..
18.000
60.000
43.0,000
3po,o©o muids.
300,000 poignées.
>1,000 muids.
8,000,000 de bottes.
E n v i r o n s d e P a r i s .
I l y a aux environs de Paris , & dans fa banlie
u e , plufîeurs petites v ille s, bourgs, villages &
knaifons, royales , dans lefauels font établies des
manufactures, & où i l fe fait dés commerces qui
leur font particuliers. *
C ’eft à M a d r id , château bâti par François I er.
dans le bois de Boulogne, qu’on a commencé à travailler
aux bas au métier , fous la direction du 'fieur
Hindret, & où il y a eu long-temps une manufac-1
ture de points de France. Celle-ci n’y fubfifte plus :
l ’autre s’y continue.
Cl.oud a trois manufactures , celfe de porcelaine
fine, celle de la fayance commune, & une
verrerie. On dira feulement de la première, que
ces porcelaines ne cèdent guères p o u r 'la fînefîè ,
l ’émail & les couleurs, à celle de la Chine 5c du
Japon j & qu’elles remportent.beaucoup fur elles
par la beauté & la régularité de la forme & des
deflins.
I l y a auffi à S . Cloud des tanneries.
A G e n t illy , Garges & Antony , il y a d’excellentes
blanthifïèries ; cette dernièré eft la plus ëfti-
mée : & la manufacture pour les cires, qui y a été
établie par le ficur de Saint-Gilles, eft auffi tres-
confidérable.
.A S c e a u x , .pies le Bourg-la-Reine, Ce tient «ne
fois la femainè un fameux marché de gros & menu
bétail. Il fe tenoit autrefois le lundi & le jeudi: pré-
fentement il eft réduit au lundi ; le marché du jeudi
ayant été reftitué à Poiffy , â qui il appartenoit.
C eft à ces deux marchés que les Bouchers de
Paris & des environs , vont fe fournir de boeufs &
de betes blanches, qui y font amenés de Normandie ,
de la Flandre Françoife , de Picardie, de B e r ry , de
Champagne, d’Auvergne, & de quelques autres
provinces du royaume.
Surêne ôcArgenteuil font renommés pour leurs
vins, qui dans la primeur pafîent pour de la T o -
cane de Champagne : & F a n v re pour fon excellent
beurre.
Enfin, J . D e n i s , 1e plus cônfidérable de tous les
enviions de P a r is , eft célébré par fes deux foires
franches ; dont l’une, qu’on appelle vulgairement
le L a n d y , commence le lundi d’après la S. Bar-
nabé ; .& l’autre, qu’on nomme Amplement foire de
S . D e n i s , s’ouvre le lendemain de la fête de S.
Denis, au mois d’oCtobre.
L a prèmiere dure quinze jours ; la fécondé, feulement
hu it..
t e s marchands qui les fréquentent le plus ordinairement,
font ceux de Champagne, de Picardie
& de Poitou , qui y apportent des draps , Sc toutes
for ta® ^’autres étoffes de laine, ou mêlées de laine &
de foie.
I l y a auffi â S . D e n i s de très-bonnes tanneries,
pour l ’apprêt des,cuirs verds, qui viennent des
boucheries de Paris, où les tanneurs avant de les
enlever, font leur foumiffion d’en rapporter une
partie bien & duement tannée ; ce qu’il faut remarquer
pour toutes les autres tanneries, dont on parlera
dans la fuite , & qui font en très-grande quantité
dans la généralité de Paris.
Cette généralité a vingt - deux élections, dont
pourtant on ne traitera ici que d une partie , joignant
les autres aux provinces avec lefqueües elles fem-
blent convenir davantage par l ’elpècède leur commerce
j comme l’éleCtion de Beauvais à la Picardie ;
celles de Tonnerre, à Jo ign y , & de Sen s, à la
Bourgogne , ou à la Champagne ; & ainfi de quelques
autres.
En général, toutes les élections .dé la généralité
de Paris, à l’exception de celles qui appartiennent
â la Champagne, à la Bourgogne & à la Picardie »
ont peu ou . point de manufactures ; 5c leur plus
grand commerce ne ponfifte.guères qu’en bleds, en
vins, en bois y en laines, en foins, en cuirs, en
bëftiaux, en chanvres, en oeufs,, en beurre, en
volaille, en gibier, 5c en quelques toiles.
Il fe recueille dans l’éleCtion de M ea u x près de
quarante mille muftis de vin j mais comme il eft
de ceux, qu’en proverbe, & pour en dénoter la
mauvaife qualité, on appelle vins de B r i e , il ne s’en
fait guères de commerce au dehors ; tout fe con-
fommant dans le pays.
Ses bleds font excellens, & font une partie de la
provision de;Paris., où ils font .envoyés , par la rivière
de Marne. On en porte néanmoins auffi beaucoup
au marché de Brie - Comte - Robert , un des plus
célèbres de la Brie Champenoile, où les boulangers
de Paris le viennent enlever par charroi.
Les laines de cette éleCtjou ne fpnt pas bien fines :
cependant comme elles. réuffi fient parfaitement dans
de certaines manufactures , quand elles font mêlée;?
avec des laines.étrangères, lesmarchands de Rouen,
.de Beauvais & de Tro.yes, en enlèvent tous;les ans
pour des fbmmes confidérables ; 8c ce font ces laines
que ceux de Beauvais envoyenc laver à Senlis, comme
on le dira dans la fuite»-;
Il fe fait encore à M e a u x un aflez bon négoce de ’
gros & menu bétail, St les prairies,fournifient quantité
de foins,,..qu’on conduit à Paris. r 3,
Les tanneries de M e a u x ont auffi quelque répu- ;
ration ; & les tanneurs y préparent les cuirs verds , 1
qui leur viennent des bouchers. de Paris.
Enfin, c’eft dans cette partie de la Brie, qu’on
appelle' la B r ie F ra n ço ife , dont M e a u x eft la
capitale, que fe font ces admirables fromages, que
du nom de cette petite p rovince, on appelle fromage
s de B r ie , & qui font les délices des tables les
plus délicates de Paris, dû l’on en envoie tous lés
ans pour des foaimes qu’on auroit peine à croire.
Crejfy a des tanneries, Ôc des bois â bâtir fit â
Brûler.
C'olomiers, 8t fon éleCHon , n’a guères que des
b leds , qu’on charge à Meaux fur la rivière, pour
envoyer â Paris. Elle fournit pourtant auffi quelques
bois de chauffage fit des cuirs : mais pour les vins ,
ils ne font pas meilleurs que tous les autres vins dev
Brie ; 5c ils ont le même fort qu’eux , de refter pour’
le pays. Il ne s’y en recueille qu’environ cinq ou fix
mille muids.
I l y a à la Ferté-Gaucher une petite manufacture
de ferges.
P r o v in s a des tanneries; 5c l’on y fait quelque
débit de conferves de rofes , feches ôc liquides.
L a tradition parle d’une ancienne fabrique de
draps qui y étoit établie , dont les ouvriers , dit-on,
apprirent jadis aux Anglois le fecret de les fabriquer.
Préfentement il n’y a aucune manufacture, ni même,
dans, toute-,fon élection, dont tout le commerce,
fi l’on en excepte Nan g is , confifte en bleds, qu’on
tranfporte à Paris par la Seine.
, Il fe tient à N a n g i s un marché franc tous les premiers
mercredis de chaque mois, qui eft-très-cété-'
bre ; 5c qui après .ceux de Sceaux 5c de Poifiy ,,
fournit le plus de boeufs 5c de moutons aux bouchers
de Paris , 5c de fes environs. L e négoce des
grains, des laines 5c des toiles , v eft auffi très-
confidérable.
II faut remarquer, en fortaqt de la B r ie , qu’elle
a quantité de coquetiers 5c ae poulaillers , qui y
ramaflent des beurrés, des oe ufs, de la volaille 5c
du gib ie r , pour porter à Paris ; les uns fur des
chevaux , Ôc les autres fur des fourgons.
L élection de Montereau eft fertile ,en bleds, qui
fè vendent à Paris. Ses fromages & fes cuirs font, fi»
refte de fon commerce, a la réferve de la petite
ville d’O mie i lle s , où il y a une aflez bonne manufacture
de draps.
Nogent-fur-Seine , no a plus que • fon électi on ,
n’a guères de commerce, que celui des foins, que
de vaftes prairies lui fourniflent ,en abondance; &
que la rivière fur laquelle il eft fîtué , lui donne 1;%
commodité d’envoyer à Paris'.
..Ses vins font p eu ,de .çliofe, en très-petite quantité,
5c de foible qualité. Il s’y en recueille environ»
deux mille muids.
Ses tanneries font meilleures y 5c les tanneurs, qui
tirent, leurs peau-x-^des bouchers de Paris, portent
quantité de cuirs à la halle de cette ville,
j Le s bois 5c les grains font le principal commerce
de P o n t-S a in t-M a x en c e , de Beaumont 5c de
Çompiégne , que la rivière d’Oife fert â conduire d
Pa:ris.
Çompiégne fournit outre cela quantité de bas ,
de bonnets, de chaulions ôc d’autres ouvrages de
bonneterie , qui fe font dafis la ville Ôc aux envisons, 5c dont la deftinarion eft ordinairement pour la
Flandre.
Les draps , les camelots & les peluches , qui fe
font à M a rg n y , village de cette ele&ion, font efti-
més. Ces manufactures n’y font pas bien anciennes ;
mais elles y font bien conduites*
Le s diaps .de S en lis avoient autrefois de la
réputation ; mais les ouvriers les ayant afFoiblis, en
diminuant les portées 5c les fils qu’ ils dévoient avoir,
cette manufacture eft tout-à-fait tombée ; Ôc lés
habitans pour tout ouvrage de lainerie, font réduits
à laver 5c préparer des laines pour les fabriquans de
Beauvais.
I l s’y fait quelque commerce de grains & de bois à
brûler.
Les deux élections de Melun Sx. de Nemours, font
à peu près le même commerce, qu’elles entretiennent
joutes deux avec Paris par la rivière de Seine ,
fur laquelle leurs capitales font fituées. Les b leds,
les farines, les vins, les fromages, lès pavés de grès
5c les cuirs, en font, le principal objet.
L e commerce de Montfort confifte en bleds, en
avoines, en vins,, en cidres, en fruits, en cuirs &
en bois. Ce dernier eft très-confidérable, particulièrement
quand la cour eft à Verfailles. Il fe fait
auffi à Houdan des bas de laine , qui s’envoyent à
Paris. C ’eft la feule manufacture de cette éledion.
Celle de D r eu x fait fon commerce, partie à
Paris, 5c partie à Rouen. Ses draps, qui fe font à
D r eu x 5c aux environs, s’envoyent aux marchands
drapiers de Paris, qui s’en fervent pour la fourniture
des. habillemens des troupes 5c l’on tranfporte à
Rouen les bleds 5c les v ins, d’où ils pafîent, ou,en
Angleterre, ou en Hollande.;
Les cuirs qui;s’y font, s’envoyent auffi à Paris.
Étampes; a desbleds, des laines 8c des cuirs. Ses
bleds vont prefque tous au marché de Montlhéry, 4’où ifs font conduits à Paris. Les cuirs font auffi
C c. i j