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gros’ intérêt, à caufe dés rifques q u i! y a à courir.
Quantité de perfonnés s’imaginent " que große
aventure & aßuranee font deux termes fynoni-
mes , ou du moins ils né croyent pas qu’il y ait em
tre Tune & l’autre beaucoup de différence ; il ne
fera pas inutile de leur faire remarquer qu’il y en
a extrêmement.
i° . L é bailleur a la große , avance les deniers en
lignant le contrat de große , & le réferve à lès retirer
avec le profit convenu, après le retour du
vaiiTeau.
L ’alïureur n’avance rien du tout 3 au contraire,
en lignant la police d’alTurance, il reçoit comptant
la prime convenue, 8ç ne débourfe rien qu’après que
l ’abandon de la çhofe allurée lui a été judiciairement
lignifié par l’alïuré.
2°. L e bailleur à la große par la perte du vaif-
Feau j perdnon-feulemént fes avances 3 mais auffi le
profit qu’il en efpéroit tirer.
L ’affureur en perdant la fomme par lui allurée ,
retient la prime par lui reçue 3 de manière que s’il
a alluré 1000 liv. a 10 pour cen t , en payant ces
iö o ö liv. i l ne perd que 5100 liv. parce qu’il a
raçu 100 liv. pour Ja prime , lefquelles 100 liv. lui
relient.
30. L e bailleur à la große a beibin d’avoir un
fonds confîdérable pour mettre dans ce commerce.
Non-Feulement Pafïureur n*a beFoin de faire aucun
fonds 3 mais fes affurànces lui fournilTént un fonds ,
par la quantité de primes qu’il touche d’avance fans
rien débourler.
4°. L e bailleur à la große court non-feulement
les rifques( ordinaires de là nier 3 mais il court en
outré celui de là Folvabilitë des débiteurs a qui il
confie fes deniers* - .
L ’aflurenr n’avançant aucuns deniers , ne court
que le premier rifque & jamais le fécond.
ç°. L e preneur d’argent à la große étant nanti des
deniers du bailleur , ne court aucun rifque avec lui
quoi qu’il arrive?
L ’afluré n’ étant nanti de rien , court le rifque de
la folvabilité de l’afliireür , 8ç outre fon vainèau,
perd fouvent fa prime , qui ne lui acquiert aucun
d ro it, finon la concurrence avec les autres créanciers
de fon aflurèur pour raifon de la fomme affurée.
6°. Dans la große aventure, le preneur a befoin
d’emprunter un fonds pour équiper & àvituailler
fön vaiffeau.
Dans l’affurance , l’afliifé a fon fonds tout fa it,
& il ne cherche dans fon afïuireur que le moyen
de né le pas perdre'.. G rosse. Signifie àuflî u n . ce rta in' compte de
doicçe douzaine s , c’eft-à-dire, dé douze fois douze,
qui font cent quarante-quatre 3 une demi -große eft
£x douzaines ou la moitié d’une große.
Il y a quantité de marcliâridifés que lés marchands
groffiers , manufacturiers & ouvriers vendènt à là
f r o ß e , entr’autres les lacets de foie & de fil , les
outons de foie, de p o il, de fil 8ç de cr in , les
boucles 8ç anneaux de fer pour les feljiçrs , les
G R U
çouteaux de table & ceux à refîort, les cifeaux $
lingèfes & à tailleurs, les limes de toutes fortes qui
fe font en France, les vrilles d’Angleterre , les poires
à poudre, les écritoires & étuis de cuir , les dez à
coudre de cuivre & .de fer , les fangles & furfaix
pour les chevaux de feile , les peignes-de buis, de
bois & de corne , les bufques de bois & de baleine ,
les peaux de veau paffées en alun pour les relieurs
de livres., les peaux de chevreau , de mouton &
d’agneau pillées en mégie , celles de porc & de
truye tannées.
L e fil à marquer fe vend aulfi à la g ro ß e d’éche-
veaux 5 les rubans de fil teints 8c liftés qui fe ■ font
à Rouen, auxquels on donne le nom de padous ,
lé vendent pareillement à là große , chaque große
çompofée de douze pièces de ruban de douze aunes
chacune : enfin il y a tant d’autres marehandifes qui
fe vendent à la g roße, qu’il feroit allez difficile de
les pouvoir toutes expliquer ici.
Quoique le parchemin neuf ne fe vende ordinairement
qu’à la Botte de trente-fix peaux , cependant
les droits d’entrée & de fortie du royaume , fe
paient fur le pied de la große de douze douzaines de
peaux?
G ROSSERIE , ou GROSSÏERIE. Ce font les
gros ouvrages que fabriquent les maîtres taillan-
diers-groffiers.
GROSSIER. Q ui vend , qui fait commerce de
marehandifes en gros. U n marchand größter d’ épi*
egries, de draperies , de foiries, &c.
A Amfterdam il n’y a point de différence entre
größter & dé tarife t ir , étant permis à chacun de
faire tout enlèmble le gros & le détail de fa mar-
jriiandife , excepté néanmoins ceux qui font le négoce
des vins 8c des eaux-de-vie étrangères. -
G r o s s ie r , g r o s s iè r e . Epa is, qui a trop de
groffeur. Ce drap eft trop größter ; bette toile eft
bien groffière.
G r o s s ie r s . Les taillandiers groffiers font ceux
des quatre métiers qui compofent 1a communauté
des maîtres taillandiers de Paris , qui fabriquent les
gros ouvrages de taillanderie , comme cremailleres,
haftiers , fommiers , chenets , landiers & autres
üftenfiles de cuifine, teftus , gréloits , deffaintroits.
G r o s s ie r s . Les horlogers groffiers font ceux
qui ne travaillent qu’en gros Ouvrages , comme en
horloges d’églife , en tourne-broches. s
G R O U P . Se dit des paquets d’or ou d’argent en
éfpèces, que les marchands & négociâtes s’envoienC
les uns aux autres par la pofte , par le meflager f
ou par quelqu’autre commodité. Ainfî l’on dit en
écrivant à fon correfpQndant 3 je vous envoie par
une telle yoie un group de quinze cent louis dont
vous m’accuferez la réception, c’eft-à-dire, un paquet
où eft contenu de nombre de louis d’or.
G R U . Fruit fauvage qui fe trouve dans les forêts
& que mangent ou grugent les cochons & autres
animaux qti on y envoie paître. Sous le 110m de 'gril
on comprend le gland, la faine, les châtaignes ? lés
pomiqes 8c les poires fauvages,
G U A
G ruau. C’eft de l’orge ou de l’avoine fechées
au four & mifes en groffe farine grenue par le
moyen d’une force de moulin, qui en les moulant
les coupe & les nettoie de leur^peau.
A Paris ce font les marchands épiciers & grai-
niers qui font négoce de gruau : ils le tirent ordinairement
de Bretagne & de Touraine 3 celui de
Bretagne eft le plus eftimé. L e gruau fert à faire
une bouillie excellente en la faifant cuire un peu
lentement dans du lait 3 l’on prétend qu’il eft très
bon pour engraiftèr & pour rafraîchir : on en fait
aufîi des eaux rafraîchiffantes.
G RUM E. ( Terme £ exploitation & de mar-,
chandife de bois, j II fe dit du bois qui eft encore
avec fon écorce & qui n’eft pas équarri.
G RUM E L ; C ’eft ainfî qu’on appelle , dans quelques
manufactures , particulièrement à Amiens , la
fleur £ avoine dont le fervent les foulons pour fouler
les étoffes.
Le réglement de fayetterie de 1666 , ordonne
qu’ il fera mis fur chaque vaiftellée- un lot de gru-
mel au moins, qui eft fleur d’avoine, & défend de
foh'e plus de deux vaifïèllées , avec les mêmes eaux
8c grumel.
GRUR IE . Petite jurifdid ion établie pour juger
en première inftance fur le fait des eaux & forêts.
Les appels des gruries reffortiflent aux maîtrifes
particulières , & ceux des maîtrifes particulières
a la table de marbre, établie dans chaque département.
I l y a un titre dans l’ordonnance de 1669 , qui 1
traite expreffémenc des gruries.
G R U Y E R . Officier fubalterne, qui juge des délits
& malverfations qui fe commettent dans les forêts.
Quelques auteurs prétendent que ce mot vient
de gru , terme ancien qui fîgnifioit les f r u it s fa u -
vages qui croiflent dans les forêts.
L e gruyer ne peut juger que des délits dont
l’amende eft fixée par les réglemens à la fomme
de i i liv. & au-deffous. Il doit avoir un marteau
particulier pour marquer les arbres de délits & de
chablis.
G RU Y ER E . Sorte de fromage qui vient de Suifïe.
Les marchands épiciers le nomment plus ordinairement
fromage de g r ie r s , de- la ville de ce nom ,
aux environs de laquelle il s’en fait & de meilleur
8c en plus grande quantité.
G U
G U A N C O , ou G U A N A C O . Animal du nombre
de ceux qui fournirent la pierre de bezoard
occidental, autrement bezoard du Pérou.
G U A N IN . Efpèce de métalcompofé d’o r , d’ar-
gent & de cuivre , dans lequel de trente-deux parts
il y en a dix-huit d’or , fix d’argent & huit de ,cui-
• Il y avoit autrefois des mines de guânin dans
, 1 ifle de S. Domingue 3 mais depuis que les habitans .
naturels de cette ifle ont. été exterminés par les
Efpagnols , on en a entièrement perdu la con-
noiffance.
GUE yit
G U E SD E , ou G U E L D E . Drogue propre'pour
teindre en bleu 3 on l’appelle autrement p a fle l. V . PASTEL.
G U E SD É . Drap guefdé. C’eft un drap auquel
on a donné un pied de guefde ou paftel.
G U E S T E . Mefttre de longueur dont on fe fert
en quelques endroits du Mogol j elle revient à une
! aune de Hollande V o y . la ta bl e des mesu res*
G U E U S E . Efpèce de dentelle de fil blanc, très-
lég ère , dont le fond eft deréfeau, & les fleUrS de
cordonnet fort délié , qui fe fabrique fur l ’oreiller
| avec des fufeaux & des épingles, de même que les
autres dentelles.
Il fe faifoic autrefois en France une aiïez grande
confommation de cette dentelle , mais préfentemenc
la mode en eft prefque perdue. O n lui avoit donné le
nom de gueufe à caufe de la modicité de fon prix ,
ce qui fait qu’il n’v a plus guères que les perfon-
nes de peu de conféqueace qui en veulent encore
porter. G ueuse. C ’eft auffi une petite étoffe qui fe fabrique
en Flandre , oiï elle fe nomme plus communément
picotte. G ueuse. Eft encore une groffe pièce de for de
dix à douze pieds fde long , fur dix ou douze
pouces de large , & du pcids de feizeà dix-huit cens
livres , même quelquefois davantage.
On fait couler cette gueufe du fourneau où la
matière minérale propre à faire du fer a été fondue,
& elle prend fa forme dans une efpèce de moule
de terre allez groffièrement fait ,_,où elle entre en
s’y précipitant comme un torrent de fou capable
d’infpirer quelque émotion à ceux qui voient pour
la première fois un fpèétable également terrible 8c
curieux.
G U E Z E . Mefure des longueurs dont les Perfans
fe fervent pour mefurer les étoffes, les toiles & autres
femblables marehandifes.
Il y a de deux fortes de gueye en Perfo 3 la gueçe
royale , qu’on nomme autrement gue^e monkelfer ;
& la gue-^e racourcie , qu’on appelle Amplement
gue^e ; celle-ci n’eft que les deux tiers de l’autre.
L a gue^e royale contient deux pieds dix pouces
onze lignes , ce qui revient à quatre cinquièmes
d’aune ae Par is, eu forte que les cinq gue^es font
quatre aunes, ou les quatre aunes font cinq gue^es.
Pour réduire les gue^es de Perfè en aunes de
Paris, il faut fe fervir de la régie de trois , & dire' :
fi cinq gue^es £ont quatre aunes , combien tant de
gue^es. feront-elles d’aunes ?
Et au contraire pour réduire les aunes de Paris
en guettes de Perfe , il faut dire , en fe fervant de
la même régie : fi quatre aunes font cinq gu e \ cs ,
combien tant d’aunes feront-elles de gue^es ?
On fe, fort dans les Indes d’une forte dé mefure
pour melurér auffi les corps étendus, qui s’appelle
pareillement g u e \ ê elle eft'p lu s . courte que celle
de Perfe d’etivirdn fix lignes , ce qui peut aller à
un-.foixante 8c dixiém'e d’aune" moins. Comme cette
différence eft peu fenfible,T on peut faire la réduction