
Les environs de Domfront, & le pays de Houlme,
font les lieux où les mines font les plus abondantes,
& de'fqijels on tire le plus de matière minérale pour
l'entretien des forges.
. I l ne faut pas non plus compter pour un médiocre
objet de commerce pour cette géné ralité, le grand
nombre.de chevaux , qu'on éleve dans les herbages
du pays d’A u g e , & qui fe vendent aux foires de
Caen 8c de Guibray , non plus que l'engrais des
beftiaux, qu'on mène a Paris , au marché de Seaux ,
ou à celui de Rouen ; du Neubourg & des autres
principales villes de Normandie. On “traitera des
chevaux Normands dans un autre article.
M a n u FACTURES de la généralité d’Alençon.
A L E N Ç O N . Les fa b r iq u e s de cette ville confident
en fermes fortes de deux tiers de la rg e , en
étamines de demi-aune, & en crêpons de même
largeur : le produit de ces étoffes ne va guères qu'a
cent pièces par an. Il s’y fait cependant un affez
grand commerce de menues draperies, comme droguées
, tiretaine & étamines de diverfes fortes ; mais
ce font toutes marchandifes foraines dont il fe marque
au bureau d'Alençon jufqu'à huit cent pièces,
année commune.
L a manufacture .des points de France, que dans
le pays on appelle v élin, à caufe du vélin ou parchemin
, fur lefquels ils Té travaillent, fe foutieiit
encore à Alençon 8c aux environs. ;
L a plupart des femmes & des filles de la ville y
travaillent, outre quantité d’autres qui font difper-
fée.s dans les villages circottvoifins, ce qui occupe
en tou t plus de douze cent ouvriers, & fait un négoce
de plus de cinq cent mille livres par an. Le
plus grand débit de ces points fe fai't a Paris, d’où
l'o n ’en envoie une partie dans les autres principales
•villes du royaume, & dans les pays étrangers.
L a fabrique'*les toiles que du noYn de- la ville
on nomme toiles d’Alençon , y eft toujours très-
confidérable, mais beaucoup moins qu'avant la
•retraite des’ religionnaires dê \France , qui y étoient
en grand nombre parmi les tiffèrands & les marchands
qui en faifoient le commerce .: on efilme que le
produit du négoce des toiles va encore à plus de
l'oixance mille livres par an, & que leur fabrique
occupe plus de quatre cent ouvriers dans la ville
feule , fans parler de ceux dès paroiflfes delà campagne.
L a deftÿaation de la plupart de ces toiles eft
pour Paris. •
L è s tanneries d’Alençon f o n t ’affez eftimées ,
elles font du nombre de celles dont les cu ir s , en
coaféquence des, réglémens , doivent être envoyés à
Paris. ,
H y a à Alençon trois foires confîdérahles ; l'une
a la Chandeleur5 l'autre, le premier lundi.de carê
me ; & la troifiéme, a la mi-carême. Ses ' marchés
fe tiennent trois fois la femaine ; fçavoir , les lundis,
les jeudis & les famedis.
Seez. L e principal commerce de la ville de See\
confifte en grains. Il s’ y. fait néanmoins quelques
menues draperies ; entrautres de petites ferges a
deux eftains, & des étamines ; mais qui à peine vont
à cent pièces par an.
Il s’y tient chaque année quatre foires ; la première
, le mercredi des cendres ; la fécondé, le
jeudi-faint ; la troifiéme , à la Pentecôte ; & la quatrième
, à la Tain: Gervais.-
. Elle a auffi deux marchés par femaine, les mercredis
& les famedis, C’eft à ces - marchés qu'e fe
portent les grains qui fe recueillent dans les environs.
A r g e n t a n . On y fait à peu près les mêmes
étoiles qu’à Seez, & en même quantité y les ouvriers
les appellent des p e t it s draps. Le déoit ne s'en fait
guères au dehors j & la plupart fe confomnjê*- par
les habitans du pays même.
Il s’y débite outre cela environ cinq cent pièces
: foraines| fçavoir, des frocs, des étamines , des dro-
guets & des tiretaines, qui font marqués au bureau
de vifite, établi dans cette ville.
La fabrique des cuirs tannés eft" proprement ce
qui fait tout le commerce d’A rgentan ; plus de cent
ouvriers y travaillent dans diverfes tanneries de la
ville , & il y en a encore prefque autant dans les
tanneries du dehors. On eftime que la bonté de
l’apprêt des cuirs qui s’y font, vient de la propriété
des eaux de la rivière d’Orne , le long de laquelle
tous les tanneurs ont leurs atteliers. Prefque toute
-cette- tannerie eft deftinée pour Paris , où les ouvriers
en cuirs leur donnent la’ préférence fur toutes
les autres du royaume,
Qnelques-unsdes-cuîrs qu'on y prépare, viennent
des boucheries de Paris; d’autres, des abbatis qui
fe font dans le pays ; mais le plus grand nombre
font des cuirs verds du Pérou, de Barbarie & d’Angleterre.
On fait monter la vente de ces cuirs a près de
quatre-vingt-dix mille livres par an en. tems de paix
ce qui en tems de guerre peut diminuer environ d un
quart.
Le refte de fon négoce confifte en grains , en
toiles & en chapellerie, qui fe vendent aux marchés
, qui s’y tiennent tous les lundis & les jeudis de
l’année. ^
Il y a auffi quatie foires par an ; fçavoir, a la faint
Vincent, à la Qu.afimodo, à la Pentecôte & au^pre-
mier jour d’août.
F a l a i s e . Les fa b r iq u e s de F a la ife 8c de fes
dépendances , font très-confidérables. Ces dépendances,
y compris le chef-lieu, font au nombre de
quatorze; fçavoir, Falaife, le fauxbourg de Val-
dante , ’le bourg.de Guibray, le Champ de la foire ,
l’Ormeau, le fauxbourg de- Rubrette , le fauxbourg
de,faint-Gervais, le village d'Herene , le village de
la Vallée , faim-Laurent de Vallon f No-ron ,Var-
fenville, fainte-Anne 8c Bons. ’
Près de deux cent métiers font partagés dans tous
ces lieux. Falaife en a dix; le fauxbourg deJVaidante
, trente-fept ; le Champ de la foire, deux ;
TOrroeau , fept ; i l fauxbourg de Rubrette , onze
le fauxbourg de faint-Gervais,, douze ; le village
d’Herene, fept; le village de la Vallée , un ; faint-
Laurent de Vallon, vingt-neuf; Norton, onze;
Varfenville, trois ; fainte-Anne, deux ; & Bons, onze. :
Ces centquatre-vingt-dix-fepç métiers fourniffent,
année commune, au-delà de quatre mille pièces
d’étoffes, qui font la plupart, ou ferges fur eftain,
d’une aune de large; ou ferges trémières, de fept
huitièmes. Le refte font diverfes petites étoffes de
moindre conséquence.
Une partie de cette draperie fe débité1 aux marchés
& aux foires des villes voifines , mais particulièrement
aux foires de Caen & à celle de la Guibray,
qui fe tient à Falaife même, au mois' d’août de
chaque année ; il s’en envoie auJîi beaucoup à Paris
8c en Bretagne. On eftime que le commerce des
étoffes qui forcent des fabriques de Falaife , peut
aller à cent mille livres année commune.
Les moulins à foulon où fe fait le dégraiffage , 8c
où l’on travaille aux autres apprêts de ces étoffes,
font fitués fur la petite rivière d’Ante , donc les eaux
font très-bonnes à cet ufage, aufli-bien qu’aux teintures.
Les autres manufactures de Falaife font la grofïè
coutellerie ou menue dinanderie, dont l’émo.ulage
de divers ouvrages fe fait par le moyen des moulins
à eau de la même rivière d’Ante.
La chapellerie,'qui fournit quantité de chapeaux
qui fe débitent aux environs. La tifférandrie, où
il fe fait beaucoup de toiles fines, qui font propres
pour lés pays étrangers 8c quelques provinces du
royaume.
Enfin, la fabrique des dentelles façon de Dieppe ,
dont les ouvrages s’envoyent à Paris.
On peut voir pour ces deux dernières, l’article
des toiles de Normandie, & celui des dentelles
de Dieppe.
Ce feroit, ce femble, ici le lieu de dire quelque
chofe de la foire de la Guibray, qui fe tient dans
un des fauxbourgs de Falaife ; mais on en doit traiter
ailleurs amplement.
On ajoutera cependant ici, que durant cette foire
qui dure quinze jours, on y marque plus de feize
mille pièces d’étoffes foraines; 8c qu’outre cela il
s'y en débite encore une grande quantité qui neTont
pas fujéttes à 'la marque de cette foire. Celles qui
ont déjà lès deux plombs ; fçavoir , celui de la fabrique
& celui de vifite, n'étant point obligées d’y
en prendre un nouveau , & ne s’y marquant que
les étoffes qui n’ont que le feul plomb de Imbrique.
A Domfront, Vimoutier, -8c aux environs, il ne
fe fait que de greffes toiles qui fe vendent en écru ;
on les appelle quelquefois canevas , mais improprement.
Lisieux. Il fe fait dans cette ville quantité de
ces étoffes de(laines qu’on nomme des frocs ,. dont
fuivant les • réglemens, ’ la largeur doit être de demi
aune.
Les métiers qui y travaillent, montent à près de
Tix vingt', qui en fpurniffent année commune, jufqu’à
fept mille pièces.
C ’eft 'auffi à U fie u x qu’eft établi le Bureau pour
la marque & la vifite des fabriques circonvoifines >
entf’àutres des ferges de Vemeuil , des tiretaines de
Freine & de Condé , & des frocs de Tardpuet; &
de Ronceret. Ces étoffes foraines qui recevoient le
plomb à Lijîeux, vont ordinairement au-dcli de
quatre mille pièces. . • <
L e débir de toutes ces draperies qui fervent a habiller
le menu peuple , fe fait pour la plupart dans
le pays même , ou en Poitou,; il en pafîe auffi • dans
quelques autres provinces voifines.
L a fabrique des . toiles h’ eft pas moins confidé-
î-able à L ifieu x que celle des étoffes de laine. Il s'en
fait de-deux fortes; dé claires que les marchands
de Rouen enlèvent pour l’Efpagne , 8c de fortes y
dont le débit fe fait i Paris. Ce commerce mOntoit
autrefois à plus de trois cent mille livres par an ,
mais il s'en faut b ien,qui! monte p refente ment fi
haut. L a plûpart de ces toiles fe vendent fous le
nom de blancars & d e cretonnes ; les cretonnes font
celles dont la chaîne eft de chanvre, & la crème- de lin.
L'apprêt des cuirs y eft excellent , & l’on y
compte plufieurs tan n e r ie sd o n t prefque tout le
produit le renvoie à Paris, d ou ces memes cuirs
leur avoient été envoyés en poil. •
T ardouet. Les frocs qui fe fabriquent a Tar-
douet , font de même qualité, que ceux de Lifieux $
où ils doivent être envoyés pour la marque. Il s’y en
fait onze à douze cent pièces, qui y occupent plus
de foixante & dix métiers.
Rouvray. Ce font auffi des frocs qui s’y font:
cinquante métiers y travaillent 8c en fabriquent fîx
cent pièces par an.
Bernay & fes dépendances. L a fabrique des frocs
qui y eft établie', eft après celle de Lifieux, la plus
confidérable1 de Normandie : fon produit -a fouvenc
pafte le nombre de quatre mille pièces , & Ion y a
longtemps vû plus de cent métiers battans. J1 eft
vrai qu'elle étoit un peu déchue d un état- fi flo-
riffant, & qu’en 16513 ,011 n’y comptoit guères que-
cinquante métiers', quoiqu'en lannee précédente
elle en eût jufqu’à cent quatre : mais le foin que
le confeil du commerce a pris de la foutenir par
divers -réglemens, particulièrement par celui de
1 7 16 , lui a rendu la première vigueur.
Les frocs de Bernay ont le même débit que ceux
de Lifieux, & -s’emploient au même ufage.
Il s'y marque 'une partie des ferges qui fe font
à, V ern eu il, & quantité de ffocs , droguets & tiretaines
des fabriques voifines..
Les toiles qui fe font à B e rn a y , paflent pour
véritables Brionnes , 8c fe vendent fous eç nom.
F'oyei l’article général des toiles où il eft parlé
de celles 'd e Normandie. -
Les cuirs tannés qui s’apprêtent i Be rnay , font
excellens : ils fe débitent prefque tous à Paris.
Dans les -élections de Brionne , Bernay, & le
Pontau-de-mer, il s’y fait quantité-de toiles de lin
qu’on appelle b lança rds.
V erneuil. Ses fabriques font des fergès .croifées
Rr i j