
tout Je laine, 8c J es Jroguets fil & laine. Leur
produit v a , année commune, à feize cent pièces.
Elles ont eu pour le nombre des métiers, le même
fort que celles de Bernay; & de près de quatre-,
vingt qu’elles occupoient il n’y a pas long-temps,
il ne lui en refte préfencement que foixante.
On y marque auflî quelques étoffes foraines ,
entr’autres des frocs & des étamines.
On travaille allez bien dans les tanneries de Ver-,
n e u i l , à l’apprèt des cuirs; & elles en fourniffent
quantité pour Paris.
D r eu x . Il fe fait à D r eu x des.draps-,- des fer-
ges fortes, des forges façon de Londres , des efta-
mets & des demi-eftamets ; ces derniers fe nomment
doublures, parce qu’ils en fervent aux draps , qui
* pour la plupart s’emploient à l’iiabillement des
troupes. Il ne fe fait de toutes ces fortes d’étoffes,
que cinq cent pièces, produit peu confidérable pour
le grand nombre de métiers qui y travaillent, dont
l ’on compte plus de deux cent cinquante.
Outre les étoffes qui fe fabriquent dans la ville ,
il s’y en marque de foraines au-delà de douze cent
piè ce s , ce qui y entretient un commerce confidé-
table de draperies. Ces étoffes foraines font des
ferges de F a la ife , des droguets, des tiretaines &
des frocs. Il s’y débite auflî quantité de laines qui
s’emploient, partie dans les fab riq ue s de la ville ,
& partie dans le refte de là généralité.
Les autres manu facture s de D r eu x , font des
toiles & des cuirs ; ces derniers s’envoient la plupart
à Paris; les toiles fe vendent aux foires de
Caen & à la Guibray.
Outre le négoce de la draperie , de la tifleran-
derie & de la tannerie, il fe fait encore dans cette
ville un grand commerce de beftiaux & de vins ;
mais ceux-ci font d’une très-médiocre qualité , le
terroir leur communiquant un goût défagréable.
A ukïale. Cette vilfe donne fbn nom à une manufacture
de forges qui eft très-eftimée •, elle en
eft comme le ch e f- lieu , & l’on compte près de
douze cent métiers qui y travaillent, tant dans A u male
même, que dans les paroiffes des environs.
Cette fabrique de ferges eft la feule de cette
efpèce qui foit dans le royaume , & l’on eftime
que le commerce qui s’en fait, va à près de deux
millions , lorfque les laines font à un .prix raifon-
nable. Elles fervent ordinairement pour les meubles
& pour des doublures. L e principal débit s’en fait
à Paris & dans les'autres villes du royaume; le
refte sfonvoie à l’étranger. «
■ La ville d’Aumale eft une des cent trente-fopt
ville s, qui fourniiïènt de cuirs tannées les ouvriers
de Paris , & les tanneurs font obligés de faire leur '
foumifiîon à la halle aux cuirs de cette capitale ,
d’y rapporter apprêtés les deux tiers des cuirs que
les bouchers leur vendent en poil,.
- Il s’y fait auflî quelques toiles des mêmes qualités
de celles qui fe fabriquent par les toiliers du
pays de Caux. Voye\ l’article général des toiles de
Normandie.
j II fe tient à Aumale trois marchés par femaîne,
& trois foires par an; fçavoir , les marchés, les lundis,
les jeudis & les famedis : & les foires, l’une,
à la Saint-Laurent ; l’autre , à la décolation de Saint-
Jean; Sc la troifîémè, à la Saint-Martin d’hyver. Il
fe vend une partie de fes ferges à fes marchés & à
fes foires; mais le plus grand débit s’en fait à la
Guibray & aux foires de Caen.
Nogent-le-Rotr ou. Ce Bourg eft de la pro-
i vince du Perche ,- mais du département des manufactu
res d'Alençon. Les étoffes qui s’y font, font
de trois fortes ; fçavoir , des étamines de laine ;
d’autres, de laine & foie ; & des droguets, fil 3c
laine. Plus de neuf cent ouvriers & plus de quatre
cent métiers font occupés à ces fa b r iq u e s -, & four-
■ niffent près de vingt-cinq mille pièces de ces différentes
étoffes. Le débit le plus grand s’en fait
aux marchands de Paris, de Lyon, de Rouen &
I d’Orléans ; mais il s’en envoie auflî quantité en
Angleterre & en Hollande.
Les fils d’eftain qu’on y emploie dans la fabrique
des étamines, fe tirent pour la plupart de Morta-
i g n e , qui en fournit pour plus de deux cent mille
! livres par an.
Les toiles font auflî un objet confidérable du commerce
de cette ville; celles qu’on y fabrique, fe
nomment des treillis , dont l’ufige le plus ordinaire
eft pour faire des facs, des fouguenilles, des guêtres
, des culottes & autres hardes femblables pour
les valets , payfans & manouvriers .- les largeurs
communes font de trois quarts ou deux tiers & demi*
Voye\ l’article général des toiles , où il eft parlé de
celles qui fe font dans le Perche. V o y e \ auflî l’article
particulier du treillis.
Il s’y fait encore quantité de cuirs tannés , tant
des abbatis du pays , que de ceux des boucheries
de Paris, où les tanneurs de Nogent font obligés
d’en renvoyer les deux tiers , conformément aux
foumiflîons qu’ils font tenus d’en faire aux officiers
de la halle aux cuirs. Voye% l’article des cuirs 3c
celui des tanneurs.
De toutes les toiles qui fo fabriquent dans la
généralité dé A len ço n , les plus belles , les plus
, fortes & les plus blanches fe tranfportent à Paris
les plus claires fe deftinent pour Rouen, cfoù elles
paflent à Cadix, pour être emploiées dans l’Amérique
Efpagnoie,& les moindres reftent dans le p/ vs.
Souence. On- y fait des étamines ; les unes , tout
de laine ; & les autres -, de laine & de foie. Le produit,
année commune, eft de quatre a cinq cent
pièces, qui occupent environ quarante métiers*
Ecouchay. Cette fab riq ue donne des forges
fortes d’une aune de large , 3c des ferges trémières
de fept huitièmes. Trente métiers en donnent*plus
de fopt cent pièces.
On fait auflî à 'E c o u c h a y quantité de bonne horlogerie;
mais les ouvriers y montent rarement leurs
ouvrages , fe contentant de fournir aux maîtres de
Paris & de Rouen , des mduvemens tous dreffés pour
monter leurs pendules ou leurs njontres.
L a i g l e . Les fabriques des étoffes de laine y
font peu 'confidérabies, 6c il ne s’en fait guère que
cent pièces par an , partie forge s, partie étamines
, & partie autres femblables petites étoftes. «
Son. principal commerce eft celui des épingles,
& enfuite celui des cuirs. Les cuirs s’envoient a
Paris , 8c les épingles fe vendent aux marchés de
Rugles , où les marchands forains viennent en taire
leurs achaits. • ' - ' 1
Cette ville a quatre foires par an ; l’une , a la
tranflation de Saint-Benoît ; l’autre , a la Magde-
laine ; la troifiéme, le premier vendredi de Septembre
; & la dernière, à la Saint-Martin dhyver.
Ses marchés font confidérabies; ils fo tiennent les
mardis de chaque fomaine.
On a dit ci - deffus que les laines s’emploient
dans la généralité d'Alençon^ 3c l’on y trouve
auflî le nombre des pièces d’étoffes qui s’y fabriquent
par chaque année.
C O M M E R C E D E D I E P P E
DE QUELQUES AUTRES LIEUX
d e N o r m a n d i e .
L a ville de D iep pe eft très-marchande , & fes
•habitans font un commerce, également confidérable ,
foit des différais ouvrages qui' fe fabriquent chez
eux , foit de quantité de marchandifos qui leur arrivent
du dehors fur leurs “propres vaiffeaux on finies
vaiffeaux étrangers# foit enfin par les pêches du
oiflôn frais & fa lé , qui occupent un grand nom-
re de bàcimens & de matelots, fuivant les diverfes
(aifons de l ’année.
On va d’àbôrd parler des principales fa b r iq u e s
où s’appliquent les ouvriers de' cette ville , & l’oii
entrera enfuite dans le détail de fes pêches, & du
commence que font les marchands du côté de la mer.
A l’égard des manufactures, on peut voir pi-
deffus ce qu’on a dit des draps- & autres étoffes de
laine , qui fe fabriquoient autrefois à D ie p p e , ou
qui s’y fabriquent encore ; & l’on ne fera pas une
répétition inutile, de ce qu’on en a rapporté en parlant
des matiufattures de la généralité de Rouen ,
(où l’on peut avoir recours.,
( Les autres ouvrages qui s’y f n- , font res ’en-
telles , de la quincaillerie , des peignes & toutes
tartes de curiofirés d’vvoire.
\ Les dentelle" d e D i e p p e fe font au fufoàu & fur
Ibreiller. En général elles ne font pas d’une grande
fiefle , mais elles font d’un bon ufer ; les unes
foç à rezeau., & les autres à brides. Pour les hau-
tetts , il eft difficile d’en rien dire; de certain , dé-
pédant de la mode. Autrefois il s’en faifoit dèpuis
fix \ fept lignes de haut, jufqu’à quatre pouces ;
préiQtement les plus hautes ne paflent pas un pouce
& déni, au plus deux pouces. Depuis quelque
tempSjl s’Ÿ fait des mignonettes façon de Malines
8c de$yalenciennes ; mais qui n’approchent pas
des derelles qu’elles veulent imiter. Comme la
fabriqutde ces fortes de dentelles a commencé à
Dieppe, e l l e s e n o n t p r i s l e n o m , q u ’ e ll e s o n t
e n fu i t e c om m u n iq u é à c e l l e s q u i fe fo n t d an s p lu -
f îe u r s v i l l e s d e N o rm a n d ie , a l a r é f e r v e d e c e l l e s
d u H a v r e q u i o n t c o n f e r v é l e u r p r o p r e n om .
L e s l ie u x d o n t le s d e n t e lle s p a f f e n t p o u r v r a ie s
Dieppes , f o n t H o n f l e u r , H a r f l e u r , P o n t le v ê q u e ,
G i z o r s , F e c a m p , C a e n & q u e lq u e s a u t r e s ; m a is
i l s’ e n fa u t b ie n q u ’ e l l e s fo ie n t n i a u f l î b o n n e s , n i
a u flî e fth n é e s : o n e n d if t in g u e c e p e n d a n t H o n f l e u r
& l e H a v r e , q u i p o u r l a b e a u t é de le u r s d e n t e l l e s ,
p r e n n e n t r a n g p e u a u - d é f io n s d e Dieppe, l e r e f t e
n e c o n f i f t e q u ’ e n o u v r a g e s a f f e z g r o f l i e r s . L e s m a r c
h a n d s d e P a r is t ir e n t b e a u c o u p d e d e n t e lle s d e
Dieppe ,• m a is i l s’ e n e n v o ie e n c o r e d a v a n t a g e e n
E fp a g n é , o ù e ll e s fo n t d ’ u n t r è s - b o n d é b it .
L a q u in c a i l l e r i e y e f t a f f e z b o n n e ; o u t r e c e q u i
s’ e n c o n fom m e d ans le s p r o v in c e s v o i f in e s , e l l e
e n fo u r n i t a u flî à P a r i s , & q u a n t i t é p o u r l ’E fp a g n e ,
d’ o ù e lle p a f fe a u x In d e s o c c id e n t a le s .
L a fa c i l i t é q u e l e s D i e p p o i s o n t d e t i r e r d e s p a y s
é t r a n g e r s , p a r l a v o ie de F o u e n , le s d iffé r en te s m a t
iè r e s q u i fe r v e n t à l a t a b le t t e r ie , p a r t ic u liè r em e n t
l ’y v o i r è , l e b o u is & l a c o r n e , y a é t a b l i u n e t r è s -
g r a n d e fabrique d e to u te s fo r t e s de p e i g n e s , q u i
fo n t e n le v é s p o u r l a p lu p a r t p a r l e s m a r c h a n d s d e
P a r is i q u i le s d é b ite n t p o u r o u v r a g e s d e R o u e n ,
& m êm e q u e lq u e fo i s p o u r o u v r a g e s de P a r is . I l s’ en
fa it a u flî d e s e n v o is a f îe z c o n f id é r a b ie s d ans le s p a y s
é t r a n g e r s . Voye\ l ’ a r t i c le d es tablettiers, peigniers.
Voye-{ auffi c e lu i d e s peignes.
I l y a .lo n g - tem p s q u e le s D i e p p o i s fo fo n t r e n d
u s c é iè b r e s p a r le u r s o u v r a g e s d’ y v o i r e , fo i t q u ’ i ls
le s fa f le n t a u t o u r , fo i t q u ’ ils l e s em b e li i f le n t de b a s
r e l i e f & d ’a u t r e s ô rn em e n s d e r o n d de. b o f fe .
L ’a v a n ta g e q u ’ ils o n t e u d e d é c o u v r i r , le s p r e m
ie r s d e to u s , le s E u r o p é e n s , l e s c ô t e s d’ A f r i q u e ,
o ù fe t r o u v e r l ’ y v o i r e , & d’y e n t r e t e n i r u n c o m m
e r c e c o n f id é r a b le de d en ts d’ é lé p h a n t , p lu s d ’u n
f ié c le a v an t q u e l e s P o r tu g a i s e n f le n t te n té l ’ h e u r e u x
p à f l fa g e . d u C a p d e B o n n e - E f p é r a n c e , p o u r a l l e r
a u x "g ran d e s In d e s : c e t a v a n t a g e , d is - je , a y a n t
r e n d u l ’ÿ v p i r e t r è s - c om m u n d an s l e u r v i l l e , i l s n e
l e r e g a rd è r e n t d ’a b p r d q u e c om m e u n e m a r c h a n -
difie p r o p r e à e n t r e t e n ir q u e lq u e c om m e r c e a v e c
le u r s v o i f in s , p a r t ic u liè r em e n t a v e c les., t a b le t t ie r s
de P a r is ; L e s o u v r a g e s ; d e c e u x - c i a y a n t e u de l a
v o g u e , i l s fu r e n t 'im ité s à Dieppe , & b ie n - tô c fu r -
p a f le s ;. e n fo r te .q u e l e s , o u v r ie r s de c e r te v i l l e fe
fo n t d e p u i s c o n fe r v é . l a r é p u t a t io n de m i e u x to u r n
e r & d e m ie p x t a i l le r l ’y v o i r e q u ’ a u c u n s a u t r e s
pu fp y a u fn e . ,
-. L e déb it- d e c e s o u v r a g e s fe fa it n o n - f e u lem e n t
à F a r i s & d ans to u te s lè s p r in c ip a le s v i l l e s de France ;
m a i'; e n c o r e p ,a r to u te l’ E u r o p e , & m êm e , ju fq u ’a u x
g r a n d e s In d e s & dans l ’ A m é r iq u e E fp a g n o l e o ù l ’o n
e n fa it , d e s e n v o is c o n f id é r a b ie s .
U n a u t r e c om m e r c e - , ' o ù à l a v é r it é les é t r a n g e r s
o n t g r a h a -p à r t , e f t c e lu i des é p i c e r ie s q u e le s H o l -
la n d o i s y a p p o r t e n t en q u an r i- é ; & a q u i l a v i l l e
d e Dieppe f e r t c om m e d’e n t r e p ô t , p o u r ê t r e d e