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janvier dans leur plus grande maturité , c*eft-â-dire,
lorfqu’elles commencent à rougir. Quand on les
met au moulin aufli-tôt qu’elles ont été cueillies ,
on en tire cette huile fi douce & d’une odeur fi
agréable , qu’on appelle huile vierge, & dont la
meilleure vient de Grafle, d’Aramont , d’Aix , de
Nice, &c. mais comme les olives nouvellement
cueillies rendent peu d’hui l e , ceux qui cherchent
la quantité, & non pas la bonté , les laiflent quelque
terns rouir fur le pavé , & enfuite les prenent.
Cette fécondé huile eft d’un goût & d’une odeur peu
agréable. Il s’en tire néanmoins encore de moindre
qualité , qui eft Y huile commune ; ce qui fe fait en
jettant de l’eau bouillante fur le marc , & le preffant
plus fortement.
Outre la Provence , le Languedoc & la côte de
la rivière de Gènes , où fe recueillent les meilleures
huiles d 'o liv e , il s’en fait encore quantité , mais de
moindre qualité dans le royaume de Naples , dans
la Morée , dans quelques ifles de l’Archipel, en
Candie , en quelques lieux de la côte de Barbarie ,
dans Piflé de Majorque , & dans quelques provinces
d’Efpagne & de Portugal.
Les huilés à?olive les plus fines & les plus efti-
mées font celles des environs de Grafle 8c de Nice ,•
celles d’Aramont & celles d’Oneille , petit bouro-
des états du duc de Savoye fur les côtes de la rivière
de- Gènes.
Les huiles d’Aramont l’emportoient autrefois fur
toutes les autres ; mais préfentement les huiles d’Aix,
de Grafle & d’Oneille , font le plus en vogue, &
on: le plus de réputation.
Les huiles .fines de Grafle fe tirent pour Paris , :
où il s’en fait une grande confommation j & celles
d’Oneille pour Rouen , d’où enfuite elles fe distribuent
en Normandie, en Picardie , & en quelques
autres provinces de France ; il s’en fait même
des envois confidérables de Rouen à Paris.
Lés huiles d'olive de Provence fe vendent par
roillerolles, qui reviennent à Toulon à foixante-fix
pintes , & a Marfeille à foixante pintes mefure de
Paris , & à cent pintes mefure d’Amfterdam. Celles
d’Oneille fe vendent en barils de fept rubs & demi,
qui pèfent enfemble autant que la millerolle de
Provence.
Quantité d'huiles de Languedoc & quelques-unes
de Provence fe voiturent fur des mulets dans des
outres ou peaux de bouc en poil j mais les connoif-
feurs & ceux qui fe piquent d’un goût exquis en
hu ile 9 croient remarquer que ces peaux lui com-
ipunîquent une qualité & une odeur peu kgréable.
L’on'ne croit pas néceffaire d’entrer dans un pareil
détail fur toutes les huiles d'olives étrangères dont
on fait quelque commerce en France ? puifque les
François n’y ont recours pour l’ordinaire , que quand
celles de Provence , de Languedoc & d’Oneille ont
manqué.
Une partie de l’ifle de Candie, & fur-tout dans les
environs de la Canée, eft couverte de forêts d’oliviers
aufli hauts que ceux de Toulon & de Séville $ &
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comme I’afpeét du foleil fur cette ifle la garantît de
toute g e lé e , ils s’y multiplient en abondance , & y
fiibfiftent' beaux & verds bien des années.
Les meilleures huiles de Candie font celles de
Retimo & de la Canée. Celles de Girapetra font
noires & bourbeufes, parce qu’avant de vuider leurs
cruches , les marchands brouillent avec un bâton Y huile & la l i e , que l ’on nomme f a i f e , & vendent
le tout enfemble.
Il y a dans l’ifle de Candie un conful qui réfide
à la Canée, avec dix ou douze maifons de marchands
François, qui ne font prefque point d’autre commerce
que celui des huiles. Ils en tirent aufli des ifles de
l’A rch ip e l, & particulièrement d’Athènes , qui font
plus eftimées que celles de Candie.
U huile d'olive fe vend à Amfterdam par livres
de g ro s , le totmeaù contenant 7 17 mingles ou.
bouteilles,mefure de cette ville. Les bottes ou, pipes
d'huile contiennent depuis 20 j'ufqu’à 25 fteckans de
16 mingles chaque fteckan.
En Portugal elle fe vend par almoudes, dont les
2 6 font une pipe : l’almoude fait douze canadors,
& le canador une mingle d’Amfterdam.
Le commerce des huiles ne fçauroit fe faire avec-
trop de précaution, fur-tout pour celui qui fe fait en
g ro s , tant à caufe des friponneries qui fe peuvent
Faire fur la marchandife, que des rifques qu’on peut
courir fur la terre : le plus sûr c’eft de ne s’engager
qu’avec des correfpondans ou commiflionnaires, habiles
& fidèles , & de bien prendre garde aux
coulages, à quoi cette marchandife n’eft que trop
fujette.
A l’égard de l’ufage de Y huile d'olive , i l n’y a
perfonne qui ignore qu’elle eft une des chofes des
plus nécenaires à la vie ; & il feroit comme impofi
fible d’entrer dans le détail de toutes celles où elle
eft employée, foit pour la nourriture , Toit pour la
médecine, foit enfin pour ces fortes d’ouvrages oh
les ouvriers & artifans en ont befoin. I l s’en con-
fomme aufli à brûler.
H u i l e d e P a l m e , qu’on nomme aufli h u i l e d e
S é n é g a l o u P u m i c i n . C ’eft une liqueur onétueufe
& épaiflè comme du beurre, d’un jaune doré, &
d’une odeur de violette ou d’iris. On l’appelle huile
de p a lm e , parce qu’elle eft tirée par ébulition, ou
par expreflïon, de l’amande d’un fouit que porte
une efpèce de palmier qui fe trouve en plufîeurs
endroits de l’Afrique , fur-tout au Sénégal, & qui
croît au Bréfil.
Les Afriquains & les Bréfiliens fe fervent de Y h u ile de p alme , quand elle eft nouvelle, comme
on fait ici du beurre 9 8c la brûlent quand elle eft
vieille. En Europe, on la croit un remède fouverain
contre les humeurs froides , & qui foulage même la
goutte. I l faut choîfîr cette huile nouvelle, d’une
bonne odeur , d’un goût aufli doux & aufli agréable
que nos meilleurs beuïres frais, & fur-tout,haute en
couleur, qui eft une marque qu’elle eft nouvelle.
| On la contrefait quelquefois avec de la cire , de
! T huile d’olive, de l’iris & de la terra-merita3 mais
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il y a une double coupelle où l’on peut l’épi'ouver,
l’air & le feu ; l’air qui change la couleur de la
véritable huile de palme quand on l’y expofe, &
ne fait rien fur la fauflej & le feu qui au contraire
altère la couleur de la faufle, & la rend à la véritable
quand on l’y fait fondre lentement.
H u il e d e C a m o m il l e . Cette huile fe fait avec
les fleurs de la plante qui porte ce nom, miles dans
l’hüile d’olive que l’on expofe au foleil dans les plus
fortes chaleurs de l’été. Sa couleur eft bleuâtre. Quelques
- uns y font entrer de la térébenthine fine.
Quand cette huile eft vieille, elle en eft plus eftimée.
On s’en fert pour la guérifon de plufieurs fortes de
plaies y aufli quelques-uns la regardent comme une
efpèce de baume.
H u il e d e P e t r o l l e . Efpèce d'huile extrêmement
inflammable, qui brûle dans l’eau , & qui eft de
quelque ufage dans la médecine. Cette huile eft
ajnfi nommée des mots latins petra 8c oleum, dont
l’un fignifie huile 8c l’autre pierre, à caufe qu’elle
fçrt par les fentes de certaines roches qui fe trouvent
en plufieurs endroits, fur-tout en Italie dans le
duché de Modène, en Languedoc près Beziers , &
dans quelques ifles de l’Archipel.
Quoiqu il y ait des huiles de petrolle de diverfes
Couleurs, rouges, jaunes, vertes, blanches , noires
, &c. on ne les connoît ordinairement chez les
marchands épiciers - droguiftes, que fous ces deux
derniers mots. U huile de petrolle blanche s’appelle ordinairement
Naptha d’Italie, & la noire eft nommée Petroleum. Le naptha coule d’une roche du duché
de Modène : au fortir des fentes de la roche elle eft
reçue dans des tuyaux de cuivre, d’où elle tombe
dans des chaudières de même métal. Les diverfes
couleurs de cette huile viennent, à ce qu’on croit,
des divers afpeCts où la roche fe trouve par rapport
au foleil : ainfi la blanche qu’on eftime la meilleure,
Coule du côté le plus expofé aux rayons de cet
iftre, enluite la rouge, puis la jaune & la verte, &
enfin la noire qui eft la moindre de toutes.
Le naptha blanc , autrement huile de petrolle blanche, ne fe peut contrefaire, & ne fouffre aucun
mélange. Il faut la choifir blanche, claire , légère ,
très-inflammable, 8c d’une odeur forte & pénétrante ,
tirant aflèz à celle du foufre. Ceux qui en font commerce
doivent ufer de grandes précautions contre le
feu, s’enflammant du moins aufli aifément que la
poudre a canon. L'huile de petrolle noire d’Italie
doit être choifie d’un rouge clair & jaunâtre, & d’une
odeur de foufre fupportable. A l’égard des huiles vertes, jaunes, &c. on n’en voit point en France.
Le petrollèum , qu’on nomme aufli huile noire de Gabian, vient de Languedoc ; & la roche d’où
elle coule fe trouve au village de Gabian près de
Beziers.
Il y a encore quelques autres huiles de petrolle,
mais qui méritent mieux le nom de bitumes, comme
celles de Colao , de Sirnam 8c de Copal.
H u il e c e ç h e y a j .. Geft de la graijfe de cheval
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fondue & clarifiée. On s’en fert pour entretenir les
lampes des émailleurs, & il n’y a qu’elle qui foit
propre à ces fortes d’ouvrages qui demandent un feu
très-vif & très-clair. Ce font les chiffonniers qui la
fondent & qui en font le négoce. Elle fe débite à la
pinte ou à la liv re , 8c eft à proportion aufli chère
que la meilleure huile d’o live, quelquefois davantag
e , fuivant la mortalité des chevaux qu’on jette
à la voirie. H uile d’Acajou. Voye^ Acajou.
H uile Ætherée. V oy e 1 T érébenthine.
H uile d?Ambre. Voye-[ Ambre jaune.
L'hu ile d’Ambre p a ie en France de d roits -
d entrée 10 liv . du cent pefant. H uile d’Anacardes. V oy e\ Anacardes.
H uile d’Anis. V oy e\ Anis.
H uile d’Antimoine. Voye\ Antimoine.
H uile d’Arsenic , ou Beurre d’Arsenic.
Voye\ Arsenic.
H uile d’Aspic. Voye\ Aspic.
Huile de Colsa ou de Colzat. Cette huile fe
fait avec la graine d’ une efpèce de choux rouge
1 qu’on nomme colfa , dont on feme en Flandres
des campagnes entières. L 'huile de colfa fert a
brûler & à faire des favons g ras, verds & noirs. L a
tige de la plante eft bonne à brûler. Quelques-uns
confondent la graine de colfa avec celle de navette ;
mais quoiqu’elles fe reflèmblent beaucoup pour la
forme & pour l’u fag e, élles font produites par des
plantes bien différentes.
Les Hollandois enleveiic quantité de colfàs ën
grains , 8c font Y huile chez e u x , afin d’en gagner
la façon.
L a culture de cette plante eft fort avantage ufç
à la province de Flandres. O n la feme ordinairement
â la fin d’août,, & on la transplante ear
octobre. Huile Vierge. S e dit des huiles qui ont été
exprimées des olives , des noix , &e. fraîchement
cueillies fans avoir été chauffées ni trop preflurées. Huile grenue. Eft celle qui eft figée en petits
grains. C ’eft la meilleure & la plus eftimée, particulièrement
des huiles d’olive.
Ce qu’on nomme fa ijf e ou fe jfe d huile n’eft
autre chofe que la partie la plus groflière ou la
plus épaiffe de Yhuile , qui étant repofëe fe précipite
au fond des vaiffeaux où elle eft renfermée. C ’éft
proprement la lie de Yhuile.
. O n appelle un bouc d'huile , un .outre d 'h u ile ,
celle qui eft envoyée dans la peau d’un bouc encore
couvert de fon poil. On met les -huiles dans des
peaux de bouc pour la facilité de leur transport,
& pour les mieux conferver.
1 Far le fecours de la chymie, on peut tirer dés
; huiles de toutes fortes de corps naturels, tels que
ifont les animaux , les végétaux, 8c les minéraux. II
y a quantité de ces fortes d’huiles extraordinaires
qui ne font point expliquées dans ce Dictionnaire ,
la connoiffance en étant plus curieufe qu’utile aux
négociais.
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