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meme de prêter Ton nom audit porteur , en cas qu’il
faille donner des affignations & faire des pourfuites
judiciaires contre les endojjeurs précédons : tous les
frais qui feront faics pour raifon de.ce, même les
ports de lettres & autres , feront payés & acquittés
par ledit porteur de la première lettre-de-cnange
qui aura été perdue, Sc faute par le dernier èrtdof-
Jeur de ladite lettre , & en remontant par les autres
endojjeurs , d’avoir prêté leurs offices & leur nom
audit porteur , après en avoir été requis par écrit j
celui defdits endojjeurs qui aura rcfufe de le faire ,
lera tenu de tous les frais & dépens, même de faux
frais , qui pourront être faits par toutes les parties
depuis Ion refus.
E N F A N T S DE L A N G U E . On nomme ainfi
dans les échelles du Le vant, particulièrement à
Gonftantinople & a Smyrne, de jeunes François
que fa majefté très-chrétienne entretient dans le L e van
t, pour y apprendre les langues T urqu e, Arabe
& G re q u e , pour enfuite fervir de drogmans à la
nation,particulièrement aux confuls & aux négocians.
Ce font les capucins François qui ont foin de leur
éducation.
EN F L E R DES P A R T IE S , EN F L E R U N MÉMOIR
E . C ’eft y mettre les marchandifes qu’on a
livrées à plus haut prix qu’elles ne valent, ou qu’on
n’en eft convenu.
On dit auffi, enfler la dépenfe d’un compte',
pour lignifier y employer des a r tic le s , qui n’y
peuvent ou n’y doivent point entrer.
E N G A G É . On nommoit ainfi aux Antilles , ceux
qui s ertgageoient avec les habitàns des i.fies , pour
les fervir pendant trois ans. On les appelloit néanmoins
plus communément trente-Jix m o is , à caufè
€[üe trois années, à douze mois chacune, reviennent
à ce nombre de mois.
E N G A G EM E N T . Se dit dans le commerce ,
de toutes: les choies dont les négocians conviennent
enfèmble pour le fait de leur négoce. On l’entend
encore des conditions fous lefquelîes les commis des
compagnies de'commerce s’engagent dans leur fer-
vice. J’ai ligné mon engagement avec les directeurs
de la compagnie de là Chine.
Il en eft de même des apprentifs & des garçons
des marchands, &'des compagnons des artifans.
E n g a g e m e n t d e m a r c h a n d i s e s .
Monfieur Jean-Pierre Ricard, dansfon Traité du
négoce d’Amfterdam, donné au public en 172.2 ,
parle d’une efpèce Je commerce- ou de négociation
qui fe fait a Amfterdam, & qui eft tout-rà-fait inconnu
en F ran c e, auquel il donne le- nom Rengagement
de marchandifes. Pour fatisfaire la curiofité
Ju leéteur , on va donner ici un extrait de ce qu’en
dit cet Habile & exaét auteur. '
II , y a plniîeurs conjonctures qui donnent prdinai-
fêiïieiit occafionâ ce s'eiigagem ens : lés plus conii
munes font lôrfquc lép r ix dés mardia'Mïfes diminue j
çonfîdérabiement par la trop grande, quantité qui ;
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s’en trouve dans les magafîns & cheà les marchands,
ou qu’il y a au contraire apparence que ces mêmes'
marchandifes pourront beaucoup augmenter dans
quelque temps. Dans ces deux cas , les marchands
qui ont befoin d’argent comptant ,■ & qui veulent
cependant éviter une perte .certaine en .donnant' a
trop bon marché une chofe qui leur a . beaucoùp
coûté , o u s ’affurer un profit 'qu’ils: penfent pôuvoir
; efpérer de l’augmentation de leurs denrées, en différant
de les vendre, ont recours à.ïengagement de
leurs marchandifes , qui fe fait de la manière
fuivante.
L e marchand qui les veut engager, s’adreffe à
un des courtiers qui fe mêlent de ces forces de négo-j
dations ; il lui donne une note de celles quai veu t.
mettre en gage ; on convient de l ’intérêt qui eft
ordinairement depuis trois ou trois & demi, jufqu’à-
fix pour cent par an, félon l’abondahèe .ou la rareté -
de l’argent} on régie ce qu’il en doit coûter pour
le magafiqggej enfin tout ce qui convient à la qualité
des marchandifes. L ’accord étant fait, le courtier;
en écrit l’obligation fur un fceau , - c’eft-à-dire , fur
un papier fcellé du fceau de l ’état} à-peu-près commet
;ce qu’on appelle en France du p apier timbré, &
[la dreffe dans la forme qu’on donnera dans la fuite..
U "faut remarquer- que ces.forces d’obligations font
fi communes à Amfterdam, qu’on en trouve de tout,,
imprimées chez la plupart des libraires , & que les
, courtiers n’ont plus qu’à remplir les blancs , fuivant
la différence des. marchandifes, de leur intérêt
. des temps dont on convient.
L ’exemple que M. Ricard fe. propofe pour en
donner; un modèle, eft d’une quantité de 8000 livres
de ca fé , valant lors de Rengagement 28 fols la
livre , qu’on engage fur le pied de 25 fols la livre
pour fix mois, a quatre pour cent d’intérêt par an,
& à trois fols par balle par mois de magafînage.
F o r m u l e d ’ u n e n g a g e m e n t d'e
M À R C H A N D I S E Si
« Je’ fouffigné çonfeffe par la préfente, devoir
» loyalement à Monfieur N. N. . . . la fomme de
» d ix mille flo r in s argent courant , pour argent
» comptant reçu de lui à ma fatisfaétion} laquelle
» fomme de d ix mille flo r in s je promets payer en
: » argent courant dans fix mois après la date de là
» préfente, franc & quitte de tous fra is, audit
» fieur N. N . . . . ou au porteur de' la préfente,
» avec l’intérêt d’ic e lle , à raifon de' quatre pour
» cent par an : & en cas de prolongation , jufqu’a a
» paiement effectif du capital & de l’intérêt enga-
» géant pour cet effet maperfonne & tous mes biens,
» fans exception d’aucun, les foumettant à tons jugés
» & droits. En foi de quoi j’ai figné la préfènte de
» ma propre main. A Amfterdam, le 2 novembre
» 1718. J . P . R . a
On ajoute enfuite ce qui fuit :
'« E t pour plus grande* efpérance du contenu ci-
» diffus, j’ai délivré & remis. au pouvoir dudit fieur
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») N. N . , . . .comme un gage volontaire, 1 6 balles de
» café marquées J . P . R . de numéro 1 à 16 ,
» pelant 8000 livres ou environ, defquelles je le
» rends & fais maître dès-à-préfent, l’autorifant de
» les vendre & faire vendre comme il trouvera à
» propos, même fans en demander aucunepermiffioti
»> eu juftice , fi je ne lui paie pas la fufdjtè fomme
» avec les intérêts & les frais au jour de l’échéance,
» & au cas de!prolongatiôh, jufqu’à fon entier rem-
» bourfement. Promettant de plus de lui payer trois
» fols par livre' à chaque fois que le café pourra baif-
» fer de deux à trois fols par liv re , & trois fols par
*) chaque balle par mois pour le magafînage, &
•» tous autres frais qu’il pourra faire fur lefdites
» 16 balles, l’affrancnifïant biën expreffément de la
» perte ou dommage qui pourroit arriver audit
»,café, foitpar eau, foit par fe u , par v o l, ou par
» quelqu’autre accident prévu ou imprévu. A Amf-
» terdam, ce 2 novembre 1718. J. P . R . ».
I l faut remarquer que lorfque l’intérêt eft bien
haut, comme feroit celui de fix par a n , on fe garde
bien de le fpécifier dans l ’obligation, parce qu’elle
feroit traitée d’ufuraire, & que l’on feroit fujet à
l ’amende qu’encourent les uluriers } mais dans ce
c a s , on met que l’imérêt fera payé à ~ pour cent
par.mois, ce qui eft la même chofe dans le fond,
mais que-Ton tolère , parce que l’emprunteur eft
cenfé avoir la liberté dé retirer fà marchandife cha-
què mois.
Si. l’émprùnteur veut retirer une marchandife engagée
pour fix mois , avant l’expiration de cè terme
, comme au bout de, trois ou quatre mois , il
n’en paye pas moins l’intérêt des fix mois .tout entiers
}. ce qui à la vérité paroît iojufte, mais qui
cependant eft autorifé par la coutume , fur la fup-
pofition affez vraifemblable que l’emprunteur ne la
veut retirer que pour la vendre à un prix où il
trouve de quoi fe dédommager de l ’intérêt de fon
engagement.
-Lorfque l’emprunteur ri’eft pas dans le defîein
de retirer fa marchandife au bout du terme convenu,
il en avertit le prêteur deux ou trois jours
avant l’échéance } & s’ils conviennent d’une prolongation
, ils en font mention au bas de l’obligation
, autrement l’emprunteur courroit rifque, quelque
peu qu’il tardât de retirer fes marchandifes,.
dîen payer au moins un mois d’intérêts, y ayant
des prêteurs qui en prétendent pour deux mois &
même pour trois, quand le terme ne feroit pafïe
que Je deux ou trois jours} la coutume néanmoins
eft qu’on en eft quitte pour un mois.
Quand l’emprunteur veut vendre fa marchandife
pendant qu’elle eft engagée, le prêteur ne peut re-
fufer de la faire voir aux courtiers où aux marchands
qui la veulent acheter} & fi la vente fe fait
a un homme bon & connu ., il la lui délivre fur un
ordre par écrit de l’emprunteur, fur quoi le prêteur
la- livre en fon nom ; & quand l’argent eft entré,
il :en fournit le compte à l’emprunteur & lui paye
le furplus de la marchandife, après en avoir déduit
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tous les frais & l ’intérêt qui lui eft dû : il y a des
I prêteurs qui en ce cas fe font payer une demi-
commiffion , pour la peine qu’ils ont de livrer la
marchandife & d’en tenir compte } ainfi fi les emprunteurs
n’ entendent pas la payer, ils doivent auparavant
s’en expliquer avec eux.
Il eft d’ufage & de- l’honnêteté que le prêteur &
l’emprunteur s’avertiffent mutuellement j l’un qu’il
veut retirer fon argent au bout du terme , & l’autre
que dans le même terme il veut retirer fa marchandife.
.
Si le prêteur a averti l’emprunteur qu’il aura
befoin de fon argent à l’échéance du terme , &
que celui-ci ne fe foit pas mis en peine de le lui rendre
, l’autre eft en droit de préfenter fa requête aux
échevins, pour être autorifé à vendre la marchan-.,
dife engagée pour le compte & aux rîfcjues de l’emprunteur
j ce qui eft toujours accorde , quand ce
dernier ne peut alléguer de raifon valable.
En ce cas-, la vente doit toujours être faite en
public par les officiers commis à cet effet, & l ’emprunteur
a 1a liberté de s’y trouver pour faire enchérir
fa marchandife & la pouffer le plus haut
qu’ il lui eft poffible} & après la vente, fi le produit
excède Ce qui eft dû au prêteur , l ’excédent
eft délivré à l’emprunteur : & fi au contraire il
n’eft pas fuffifant pour l’entier paiement du prêteur,
celui-ci peut pourfuivre l’emprunteur pour le paiement
du refte, & le faire condamner aux intérêts ,
jufqu’à ce que tout foit acquitté.
Toutes fortes de marchandifes ne font.pas propres
à être engagées, fur le pied de leur valeur ni
pour long-temps , & celles qui peuvent fe gâter aifé-
ment comme les prunes féches , les raifîns de Co rinthe
& les figues, ou s’aigrir & couler comme les
vins , s’engagent ordinairement pour peu de mois,
& encore à 15 , 20 , 25 , & quelquefois 50 pour
cent moins qu’elles ne valent , ce qui fe régie,
auffi fiiivant que ces marchandifes font de bon ou.,
^de mauvais débit, ce que les Hollandois-appellent.
marchandifes courantes & incourantes.
Il faut auffi remarquer que le mois de magafî»-
nage & de cavage fe compte dans ces obligations
autrement que dans le louage ordinaire des magafîns
& des caves , où les mois ne font que de 28
jours, & où par conféquent l’année eft compofée de
13 mois , au lieu que dans les engagemens , les
! mois fe payent d’un jour fixe, comme du 1 j mai au
15 ju in , ce qui ne fait l’année que de 12 mois 9
comme elle eft naturellement.
E N G A G E R . Mettre engage. Ilfîgnifie auffi d if-
pofe r d'une chofe. J’ai engagé mes fonds , ) engagerai
plutôt ma vaiffelle d’argent que de ne pas
vous payer à l’échéance de mon billet.
E n g a g e r . Avec le pronom perfonnel, veut quelquefois
dire, s [endetter, quelquefois entrer dans
une affaire , dans une fociété ; d’autres fois , cautionner
quelqu’u n , & fou vent, prendre p a r t i avec
Un- maître,.
Dans toutes ces lignifications , on d it , en terme