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s’occupant de tous les genres poffibles d’induftrie ,
procurent au commerce de ces provinces une infinité
de chofes qui font maffe dans la circulation
intérieure des . mêmes provinces , ainfi que dans les
exportations du commerce étranger. Sans entrer dans
un long détail touchant cet objet, nous dirons feulement
que les marchandifes fabriquées dans les
Provinces - U n ie s , qui forment autant de branches
de commerce » font des draps & ratines , quelques
étoffes de foie, des toiles peintes, des toiles blanches
, du papier, du lucre raffiné, du tabac préparé
en feuille , en poudre & râpé ; de l’huile de
l in , de noix & de navets; enfin des drogues de
différentes efpçces pour la médecine & la teinture.
I l y a dans les Provinces - Unies quantité de-moulins
de fabriques & des manufactures conitam-
ment occupés à fabriquer quelqu’un de ces objets.
I l y a , à Amfterdam fur-tout, plulieurs fa b r iques
de draps qui travaillent principalement pour
fubyenir aux demandes qu’on leur en fait pour le
commerce du Levant. Il y en a aufli d’étofïes de
fo ie , dont la majeure partie eft deftiaée pour l’A llemagne.
L a ville d’Ufrecht eft en réputation de
fabriquer les plus beaux draps noirs que l ’on eon-'
noi-lfe. Les draps & lçs ratines de Le y de , font extrêmement
eftimés,, tant en Hollande qu’en France ,
& en d’autres pays. L a ville de Harlem eft renommée
pour les blanchifferies. On y apporte des pays
étrangers , fur-tout de l’Allemagne, des toiles en
écru, qui au moyen de l’apprêt qu’on fçait leur
donner , acquièrent une blancheur éblouiflànce, qui
en fait le principal mérite , 8c qu’on voit rarement
dans les toiles blanchies ailleurs.
Le s rafî-neries de fûiçre font fort communes dans
la Hollande. On en compte dans la feule ville d’Amf-
terdarçi plus de cent, qui une année portant l’autre,
travaillent- environ cent quarante à. cent cinquante
houcauts dé fucre, dont une afïez grande partie
paftè dan? 1’ Allemagne 8c dans lé . nn.rd. Les papeteries
& le plus grand nombre des fabriques Si
manu facture s , font dans le Nord-Hollande , ce
pays étant plus propre pour les moulins & autres
machines hydrauliques, que la Hollande méridion
a le, a caufe des rivières & raifieaux qu'on y trouve
à chaque pas» L e terroir de la Nord-Jri ojiande étant
auffi meilleur pour les pacages que pour d’aintes
productions, on y fai? »ne plu« grande quantité de'
fromages qu ailleurs., de -la -plupart de ceux qui
s’expédient pour l’étranger viennent de-là, L e beurre
connu fous le nom de beurre de F r ife , fort également
, eu plus grande partie, d e là Nord*-Hollande,
I l »'eft pas eonfcàrfak auflî délicat que celui
-de Leyde j mai« on §q, fait prefque autant de cas que
de celui d’Irlande,
L a préparation du tabac , tant en feuille qu’en
powdr-e & râp é , eft \me branche d’induftrie des plus
importantes des provinces- Unies. L e commercé
qui en r-ifeitg eft fort étendu. l\ peut être çonfidéré
ç<n»me un ftu*.& r-eftux: par la’ quantité’ironie »fe
de tabac qui s’y importe de l’étranger, Si par çelte
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qui s'en exporte pour l’étranger. Cet objet & plu-
-fîeurs autres, qui font relatifs au commerce des
villes principales des Provinces- U n ie s , feront traités
ci-après avec l’étendue convenable. Nous allons
parler maintenant du commerce d’Amfterdam , &
enfuite de celui de Rotterdam, deux villes- de la
province de Hollande, qui font prefque tout le
commerce des Provinces - Unies.
N °. I I . Commerce p articu lier d! Amfterdam,
Les principaux établiflemens de commerce qu’il y
a à Amfterdam , & qui font autant de moyens
d’exercer avec facilité le négoce tant pour le commerçant
Hollandois habitué au train des affaires de
fon pays, que pour le négociant étranger qui ne
faifant que s’y établir n’en comioît pas encore tous
les ufages ; fon t, d’un côté , les courtiers, les car-
gadors , les convoy-loopers, les fehuytenvoerders
& les waagdragers, & d’un autre cô té , les caif-
fiers & la banque.
I l y a deux fortes de courtiers, les uns jurés,
nommés par le magiftrat, les autres non-jurés exerçant
cette profeffion fans aucune autorité. Les premiers
peuvent travailler dans quelque branche' de
commerce que ce foit ; mais il ne leur eft pas permis
de faire le courtage dans le même genre d’affaires
dont ils font eux-mêmes commerce. Les -féconds
peuvent, au contraire, travailler de 1 une &
l’autre manière en marchandifes ou autres objets de'
commerce quelconques ; mais en cas de différend1
fur quelque marche qu’ils auroient arrêté comme
courtiers avec des négocians , ils ne font pas crus en-
juftice, & leur marché refte nul. L e nombre des
courtiers non-jurés eft confidérable; 8c furpafie de
beaucoup celui des courtiers jurés : le nombre de
ceux-ci n’eft que de cinq, cent parmi les chrétiens
& de cinquante parmi les juifs.'
. Les cargadors font, aufli des: courtiers qui s'occupent
à trouver aux navires qui fie mettent en; cueillette
pour un p o r t , les marchandifes nëeeflàires
pour former leur chargement j ou plutôt ils raf-
femblent les marchandises que plufieurs négocians
. ont à expédier pour un même p o r t , & en compo-
: {eut le chargement du navire qu’ils, ont deftiné ,
: J ou qu’ils peuvent deftiner pour un tel voyage. Ils
’ ■ ont loin .en outre., Lorfqu’un navire arrive de quelque
poîî , chargé de marchandifes-, dé faire la li-
vraifon de celles-ci aux propriétaires ou eonfigna-
taires refpeétifs, qui leur en paient les frets. On
Compte aujourd’hui à Amfterdam trente^trois car-
gadors chrétiens , & cinq juifs. Chacun d’eux fe
borne aux affaires du département dont il a fait
choix. , ' v - . ’.’-vûs' L HÀ._ ?S'T
Les convoy-loopers, font des commis au fer-
vice des négocians , pour lefqûe'ls ils font àd’ami-
rauté les déclarations des ■ marQhaniçlifes qui arrivent
ou qui s’expédient j ils en acquittent aufli les droits
& en procurent les convois ou paffe^ports requis.
U y a à prêtent vingnquacre convoy-loopers, qul
h o L
fervent prefque toutes les maifons de Commerce
d'Amfterdam,
Voici çe que les convoy-loopers fe font payer
pour leurs lalaires par les négocians, fçavoir :
P o u r un pajfeport d ’ entrée.
î3
de zo fi. . . . . . . . .11. 18 f.
de JO . . • » • • • • ■« . 1 u
de 40 . • • • • . • • 1 2
de 5 0 • ■ ■ » • » • . • » . 1 4
de 60 . . • • . • • • • . 1 6
de 7 0 . . . • • » » » • • 1 8
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de z80 3 ^ tO1;,’
de 290 • • •' » • - •' » • • • $ - Ï 2
dé JOO -. -• . . . . . . . . 3 14
de j 00 fl. à 10 f. p. 100 flor.
P o u r un paffkport de fortie .
de 16 f.
de ■ ^o . . . • . . • 18
fle 70 . • • • • • . 1 ji i
de 8 0 . . • . . * • 1 f 2
de 90 . . . . . . . 1 4
•de 100 . . • - • . . • 1 6
de 1 1 0 . . « . • • . 1 8
de 110 • • * . • • » • 1 10
de T J O • . . • . • . 1 T 2 i-'
de 1 4*o • . . . . . 1 16
de 15-0. . . . . . • 1 l6
de zoo . . . . . . »' 2 4
de 2 50 » . » -• . » • 2 10
de J OQ • p ‘ • , ’ . • p 2 16
de J 5® . » » . » . 4
de 40,0 . . . . . . • 4 . Y/îlw
: de y 00 , . • 4 ■ s |S
de 550 . • . . . . » 4 I 6 ;
de 600 • • • • • - • » 5 .i' 11
^en-fusde 600 ‘fl. à 10 f. pour -ï-OO flor.
h ° L sss
Les fehuytenvoerders Sons, des maîtres de bateaux
qui s’emploient également au fervice des négocians
non-feulement à faire- trahfporter les marchandifes
de ceux-c i, des magafins aux navires, & des navires
aux magafins ; mais encore à veiller à l ’arrivée &
au départ des navires, afin de faire fçavoir quand
ceux-ci entrent & fortent du T e x e l ou du V lie , deux
entrée? du port d’Amjlérdam. Les bateliers vont
tous les jours: chez leurs patrons refpeétifs leur donner?
ces informations & recevoir leurs ordres.
Les ! waagdragers font des porte - faix publics
nommés par le magiftrat, en la fidélité defquels on
a la plus grande confiance. Ils font divifés en plu-
fieurs fociétés', plus ou moins nombreufes, félon
I qu’il y en eft befoin ; • chaque foçiété étant au fer-
vice de 'di vers nçgoeians dont lés affaires font fufeep-
tibles d’une augmentation ou diminution confidérable.
L e devoir des porte-faix eft de recevoir du bateau
les marchandifes qui' arrivent, & de les mettre en
magafin j & lbrfqu’elles ont été vendues de les retirer
du magafin, les porter à l’un des poids publics
les y faire pefer & en délivrer là note du poids &
des frais de pefage au vendeur, une femblable note
devant être délivrée à l’acheteur par les porte faix
qui font à fon'tervice. Les porte-faix règlent leurs
comptes àveç leurs patrons quatre fois feulement
par. an. 8
Les e d i f f ers font des perfonnes d’une réputation
bien établie , & d’une probité reconnue , a qui les
négocians-& d’autres particuliers riches confient des
ternîmes confidérables d’argent comptant. Lorfque
ceux-ci ont à payer des lettres de change en argent
courant, ou un compte dune fomme un peu forte,
ils en indiquent le rembouts au moyen d’une ailï-
gnation fur leurs caiflïers refpeétifs , qui font tenus
d’y faire honneur à la préfentation. L a provifion
ordinaire qui fe paie aux caiflïers eft de f .pourcent
que ceux-ci retiennent fur l ’agio de l ’argent de banque
qu’on fait écrire en leur faveur à la banque , ou
qu’ils portent fur le compte des femmes qu’ils ont
touchées en argent courant. Il y a cependant des
maifons opulentes qui ne paient à leurs caiflïers que
i par mille, & même que pour, cent j ce q u i,
pour le dire en paflànt, ne laïfle cependant pas que
d’être très-profitable aux caiflïers , q u i , au moyen
des fommes que çes maifons-là leur confient, trouvent
d’ailleurs à gagner quelque chofe dans le commerce
d’argent courant , contre de l ’argent de banque
que ces mêmes caiffiers font chaque jo u r , comme
nous le dirons ci-après. Les- caiflïers font aujourd’hui
en tout -cinquante-quatre, dont un feul eft
juif. Comme ce font eux qui font prefque tous les
; paiemens en argent courant, ils fout int-érefles à te
faciliter réciproquement les opérations , & fe fer-
, veut pour cela en général du rifcoutré qui eft le
j moyen le plus fimple ainfi que lè plus commode &
! le .plus arlc*. Le rifeontre eft., -comme tout négo-
! ciant doit le fçavoir, un échange de billet contre
b ille t , de lettre de change contre lettre de chancre ,
ou autrement un troc d’un effet ayant une valeur
Aaaa i j